Je venais de rentrer de Tsume. Le retour n’avait pas vraiment été une partie de plaisir. Je regardais la lune, les étoiles et je me remémorais le combat. Pourquoi est-ce qu’une personne était à nouveau morte à mes côtés ? Pourquoi est-ce que je n’étais pas capable de ne pas laisser mourir mes compagnons ? C’était une question que je me posais, mais cette fois-ci et contrairement à mon dernier combat, je n’allais pas me laisser abattre.
Le Fidèle était derrière moi et je n’allais pas laisser Rei prendre sa place. Rei allait trouver sa place un jour où l’autre. Le cimetière l’attendait. Je portais avec moi une petite boite en bois contenant ce qu’il restait de mon camarade Kumojin. Tengoku était peut-être mort, j’aurais peut-être pu faire mieux et le sauver, mais aujourd’hui je devais avancer.
Cela faisait bien trop longtemps que j’étais bloqué et que mes démons m’empêchaient de vivre correctement. Il était temps de réaliser ce que j’avais à réaliser.
Quelques jours plus tard Kumo. Le village t’avait manqué et le savoir sain et sauf te rendais heureux. Kumo, ni même Kaminari n’avait reçue de visite incongrue pendant que je n’étais pas là. J’avais rendez-vous avec Raizen aujourd’hui, lui qui avait été élu Raïkage aux dernières élections.
J’avais des choses à lui dire et depuis notre dernière petite conversation, je n’étais pas allé le voir. C’était aujourd’hui l’occasion de se rattraper. Je prenais avec moi ce petit cube de bois, je voulais l’amener à la famille de Tengoku s’il en avait une ici, sinon je les rendras au village afin qu’il puisse avoir la sépulture qu’il mérite.
Je frappais à la porte du local où se trouvait le Raïkage et j’attendais que celui-ci m’invite à entre, chose qu’il faisait quelques plus tard. J’entrais donc dans la salle et saluais Raizen.
« Raizen. » Devais-je l’appeler par son titre ? Je me posais cette question. « Raïkage, bonjour. »
Disais-je au Meikyû tout en entrant dans son bureau. Je faisais quelques pas avant de m’arrêter et de planter mes yeux dans les siens.
« Je viens au rapport concernant Tsume no Kuni. » Je patientais quelques secondes avant de prendre un air un peu plus grave. « Je ne ramène pas que des bonnes nouvelles. »
Observant Kyohei, cela faisait un bon moment qu’il ne l’avait pas vu. Lui ayant donné une mission relativement particulière en lien avec la coalition, le Meikyû savait particulièrement que ce serait un moment passablement de transition pour le shinobi qui avait jadis été traumatisé par le Le fidèle.
Membre du Fukkatsu, mais surtout Kumojin de la Nouvelle Shitaderu, il était une fleur en pleine croissance qui pouvait voir son potentiel fleurir à condition d’en maîtriser le venin qui venait avec cette croissance. Si son retour incarnait possiblement de bonnes choses, la mort d’un de ses partenaires de mission avait tout de même fait écho à Raizen qui n’avait pu s'empêcher de se demander comment le jeune homme le vivrait.
Ainsi, c’était le moment tant attendu, ce moment dans lequel il en saurait davantage sur les événements de Tsume, mais surtout sur l’apparence que porterait le développement du fameux Kyohei.
-Bonjour Kyohei, tu peux m’appeler Raizen si tu le désires.
Posant des bases relativement saines, le Meikyû détestait être appelé par son titre même si c’était visiblement contre-intuitif.
-Après avoir terminé ton rapport, j’aimerais que tu me partages ton ressenti personnel à propos de la totalité des événements s'étant produits à Tsume.
Important, le Meikyû jouait cartes sur table, soulignant le fait qu’au-delà du rapport subsistait une facette humaine qui n’était pas à négliger, surtout au regard de ses antécédents passé. Bien que résilient, Raizen appréhendait le fait que les événements s’étant produits en territoire étranger aient atteint un niveau de complexité trop élevé. Après tout, si c’était un minimum similaire aux événements de Wasure, il y avait de fortes chances que le tout ait été pénible, voire chaotique.
Je me tenais face à Raizen, prêt. La Fidèle m’avait bien trop empêché de vivre et je n’allais pas donner cet honneur à Rei. Aujourd’hui, j’avançais. Raizen voulait, en plus de mon rapport sur les événements de Tsume, connaître mon ressenti personnel. Même si je préférais ne pas trop en parler, je savais qu’en venant ici j’allais devoir y passer.
« Nous traversions la forêt de Tsume avec Tengoku, lorsque nous sommes tombés sur un troisième homme. Lui aussi membre de la coalition. Il n’affichait aucune couleur, la seule chose que je peux dire, c’est qu’il se battait à l’aide d’un panda combattant. »
Je réfléchissais quelques secondes. Comment amener la chose, comment raconter cette histoire en détail tout en restant concis, ne pas être trop long ? Je ne savais pas vraiment…
« Pour faire simple, nous nous sommes regroupés avant de tomber sur une femme fuyant un homme qui n’était autre que Rei. Celle-ci se faisait appeler « Dame Sakaze » par l’Empereur. » La prononciation de ce mot m’arrachait une légère grimace. « Il lui demandait à qui est-ce qu’elle avait bien pu apprendre son kinjutsu, et que son « maître » voulait la voir morte. »
Une petite pause, je récupérais le plus grand nombre d’information possible, essayant de ne pas oublier de ramener une information cruciale, car après tout, tu étais le seul à pouvoir le faire dorénavant.
« Notre trio s’est interposé entre Rei et la femme, ce qui lui a permis de fuir. S’ensuivit un combat contre Rei… Celui-là même où Tengoku a perdu la vie. Nous avons uni nos forces et je pense que nous avons réussi à pousser Rei dans ses retranchements, mais rien de tout cela n’a suffi. Rei était bien trop puissant et ses ondes des flammes bien trop dévastatrices. Tengoku est mort en héro, carbonisé par les flammes de l’Empereur. » Je marquais une petite pause avant de plonger mon regard dans celui de Raizen. Je sortais de mon sac ce que j’avais pu ramasser des cendres du Kappa. « Voici les restes de notre compatriote. »
Il fallait maintenant parler de moi. Pour ce faire, il ne fallait pas voir en face de moi mon Raïkage, mais bien Raizen, ami et compatriote.
« Personnellement, je ne sais pas trop quoi en penser. Si ce n’est qu’à partir d’aujourd’hui je ne serais plus spectateur de ma propre vie. Ce n’est pas en restant dans cette bulle autodestructrice que je vais pouvoir avancer. » Je ne savais pas trop quoi dire de plus. « Voilà… Pour faire simple. » Mon visage passait d’une expression sérieuse et triste à un sourire gêné. « Et n’hésite pas si tu as d’autres questions, ou de remarques. »
Écoutant attentivement ce que Kyohei avait à lui raconter, Raizen était plus que perplexe à ce stade. Surpris d’entendre parler de l’Empereur du Teikoku et d'une femme portant le même nom de famille que l’homme au chapeau, il devait avouer être légèrement confus par tout cela…
En profitant ainsi pour poursuivre son écoute des plus actives, Raizen tentait de trouver tous les éléments clés qu’il devait noter à travers le rapport de Kyohei. Ne faisant ainsi omission d’aucun détail, il gardait chacune de ses interrogations dans le coin de son esprit afin de poursuivre son écoute…
Puis au moment d’apprendre la mort de Tengoku, Raizen ne put s’empêcher de se crisper légèrement, serrant soudainement son poing de manière à canaliser la frustration qui traversait ses membres. Bien qu’il ne connaissait pas vraiment le jeune homme, il avait tout de même pu le rencontrer avant de devenir une ombre. Ainsi, savoir qu’il était mort aux mains de Yamanaka Rei ne lui faisait pas du tout plaisir… À quoi jouait le Teikoku ?
Prenant une profonde respiration, la possibilité que Yamanaka Rei, encore connu sous le titre d’Empereur du Teikoku jusqu’à preuve du contraire ait tué un Kumojine et par conséquent affronté la Coalition ne signifiait rien de bon. Au contraire, soit le Teikoku avait officiellement tourné sa veste, soit il travaillait seul ou avec d’autres personnes…
Après tout, plus il y pensait et plus la mention d’un maître quelconque le laissait perplexe. Ne percevant en aucun cas une personne de cette stature avoir un maître, personne ne venait à l’esprit du Meikyû qui pourrait possiblement représenter le Maître de Rei. En dehors du postulat que le Teikoku était manipulé par l’homme au chapeau ce qui ferait de Rei un sbire de Sakaze Tosen, aucun autre maître possible ne lui venait à l’esprit pour le moment.
De plus, même en pensant aux prémisses de cette possibilité, il avait du mal à comprendre les motifs qui feraient en sorte que Rei représente le dénommé Sakaze Tosen et soit en quête de commettre le meurtre d’un membre de sa famille…
Poursuivant sa réflexion, il s’arrêta soudainement lorsque le jeune homme ajouta quelques paroles qui provoquèrent un léger frisson sur le derme du Meikyû… Il aimait ce qu’il entendait.
-Merci pour ce rapport Kyohei !
Prenant une grande respiration alors qu’il ordonnait ses idées, il amorça le dialogue :
-Tout d’abord, je tiens à mentionner que ce que tu viens de dire est bel et bien réel. On a bien souvent le choix d’être un spectateur, un acteur ou le protagoniste de notre propre vie. Ainsi, si tu désires prendre les choses en main, je ne peux que t’encourager et la maturité que tu sembles manifester me prouve que tu as su évoluer à travers les dernières épreuves… au-delà des blessures du passé.
Contextualisant ses paroles, il ajouta :
-Tout comme je sais que perdre de nouveau un camarade sur le terrain de combat est difficile, ta réponse à tout cela ne peut qu’être positive pour toi, mais aussi pour ceux dont tu veux honorer la mémoire. Au final, ce n’est pas tous les jours que quelqu’un peut affronter un homme de la stature de Yamanaka Rei et s’en sortir vivant. Pour l’avoir rencontré lorsque je n’étais encore qu’un genin, même sans sensorialité, je pouvais voir à quel point l’écart de nos forces était beaucoup trop élevé pour me permettre de faire quoi que ce soit. Ainsi, l’avoir mis à mal prouve ton talent et vos compétences de travail en équipe.
Le félicitant alors qu’il voyait là l’évolution nécessaire pour un passage de grade, il comptait tout de même conserver sa décision finale pour la fin afin de terminer la réunion sur une note positive. Pour le moment, Raizen se contentait de libérer un sceau afin d’y glisser les dernières cendres du Kappa.
-Merci aussi d’avoir ramené ces cendres. Le tout sera remis à sa famille pour qu’ils puissent faire leur deuil. Maintenant, si tu le permets, j’ai quelques questions à te poser …
Compatissant à la situation, Raizen tout comme Kyohei devaient dorénavant regarder de l’avant. Or, pour savoir de quelle manière aborder le futur, ils devaient tous respectivement comprendre le passé.
-Sais-tu de quel Kinjutsu Rei faisait-il référence ?
Commençant par une question inusitée alors qu'il connaissait l'existence possible de d'autres sceaux au regard de ses discussions avec Jotaro, il poursuivit dans une lignée tout aussi similaire :
-Sais-tu aussi à qui Yamanaka Rei fait référence en parlant de Maître ? A-t-il semblé affilié d’une quelconque manière avec le Teikoku ou semblait-il faire cavalier seul ?
Se posant de nombreuses questions, il poursuivit :
-Savez-vous ce qui est arrivé à la femme en question et est-ce que Rei a révélé d’autres informations sur ses motifs, objectifs ou autre ? Je dois avouer être un peu perplexe sur la situation que tu me décris. J’ai l’impression que nous passons à côté d’une information importante. Sachant que Rei est encore affilié au Teikoku jusqu’à preuve du contraire, il est techniquement censé n’avoir aucun maître tout comme j’ai du mal à comprendre les motifs derrière son désir de tuer un membre de la parenté de l’homme au chapeau…
Ne pouvant s’empêcher de vouloir reconstruire un casse-tête qu’il n’était pas en mesure de reconstruire, se pouvait-il que Rei connaissait le point faible de Tosen ?
-Tous les détails pourront nous aider sur le cas suivant. Toutefois, si tu ne t’en souviens pas, ce n’est pas grave. Tu pourras tout de même visiter la police pour y décrire les aptitudes de Yamanaka Rei puisque nous ne savons pas quand sera notre prochain affrontement et ce type d’informations pourraient justement sauver des vies…
Laissant ainsi le plancher à Kyohei pour poursuivre cette discussion, il se demandait si celui-ci allait peut-être se souvenir de détails assez utiles dans la situation actuelle.