La mission du jour était assez singulière, il avait un problème de grande envergure au domaine Inuzuka. Une plante singulière semblait avoir des effets néfastes au contact des canidés, attaquant la psyché de l’animal. Mon fidèle compagnon ne faisait pas exception à la règle, il faisait alors partie des victimes de cette mystérieuse herbe à chien. Je ne parvenais pas à ramener à la raison mon ami à poils. Il était méconnaissable, une vraie bête abandonnée à son instinct primitif, lui qui d’habitude était si calme et digne. Ruth semblait mener les troupes des chiens rebelles, les truffes toujours imprégnées des effets délirant, fouillant les ruelles en quête de ces plantes.

De nombreuses plaintes étaient adressé au domaine sur les saccages causaient par les chiens en ville. Les anciens tentaient de régler les conflits d’intérêts m’intimant l’ordre de résoudre ce conflit pacifiquement. J’étais particulièrement inquiète pour Ruth, j’espérais qu’il ne tombe pas sur une personne mal intentionnée dans son grabuge. Il fallait régler ce problème au plus vite, je m’étais donc précipitée en ville en quête d’indices. Le plus important était de déterminer la provenance de cette plante afin d’éradiquer le cœur de la gangrène.

La seule piste que j’avais était un échantillon dans un tube hermétique afin de tracer son odeur. Le clan n’avait pas constaté d’effet probant sur les membres humains du clan. Le contenant permettait seulement de ne pas attirer les chiens déboussolés. Alors, en entrouvrant la fiole pour m’imprégner de l’odeur pour pouvoir suivre sa trace, je m’orientais dans la ville à l’aide d’une technique olfactive. Je pouvais dors et déjà constater les ravages orchestrés par les compagnons canins. Je prenais le temps d’interroger les gérants des échoppes renversées pour affiner mon enquête.

Alors qu'il semblait que je sois remontée jusqu’à la source, c’était à un jeune homme aux cheveux bruns et aux yeux clairs que je faisais face. Il ne donnait pas l’air d’être suspect, mais je ne pouvais pas me tromper : il empestait l’herbe à chien. Il était donc mon principal suspect. Dans la hâte provoquait par la situation, je lui avais attrapé fermement le col avant d’approcher mon visage assez proche pour lui crier dessus. J’affichais un air sévère, les traits du visage étaient aussi crispés que mes mains sur son col, je n’étais assurément pas de bonne humeur.

Ayuu, furieuse – C’est ta faute, c’est ça ?! Il va falloir me dire tout ce que tu sais et m’aider à régler cette pagaille. Tu as mis mon clan dans un sacré pétrin…

J’éloignais l’homme de mon visage, tenant toujours fermement son col pour ne pas lui laisser l’occasion de s’enfuir. Je lâchais un long soupir avant de reprendre.

Ayuu, hésitante – Quel est ton objectif ? Je te laisse une chance de t’expliquer, mais je ne pardonnerais pas de t’être servi de Ruth ainsi.

Je n’aimais pas parler sur ce ton, il était rare de me voir énerver. On pouvait entendre le décalage que mon mal-être engendrait.

Mission:

Alors que je venais de débusquer le principal suspect de cette affaire, l’homme que je tenais si fermement dans mes mains venait de profiter de ma décontenance pour me faire ingérer ladite substance. Je n’avais pas eu le temps d’analyser ce qu’il venait de se passer que j’avais déjà avalé l’échantillon qui se trouvait entre mes crocs. L’instant d’après, ma poigne se faisait moins insistante, laissant le jeune homme se débusquer. J’étais encore déboussolée en l’écoutant se présenter, puis se lamenter. Il m’accusait d’avoir mangé son précieux échantillon, mais il venait de le mettre dans mon palais de force. Je trouvais cette situation peu appréciable, ce voyou était incohérent en plus d’être exécrable. Je chuchotais alors quelques mots, en baissant la tête, j’étais perdue dans mes pensées.

Ayuu, susurrant – Assez… tu m’ennuies.

Il ne semblait pas m’avoir entendu ni même écoute qu’il continuait de converser dans le même registre. Il évoquait le nom de Medyûsa avec une facilité déconcertante. Comment pouvait-il la connaitre ? Il semblait faire partie de la même unité, mais il n’avait assurément pas sa place près de mère, une cellule lui conviendrait mieux. Il avait parlé de lieutenant ? S’agissait-il de Medyûsa ? Il faisait donc bien partie de l’unité de recherche. Il n’avait pas l’allure d’un scientifique.

Ayuu, pensive – Qu’est ce que tu lui veux à Medyûsa ? Et qu’est ce que tu viens de me faire ? Tu m’as fait avaler ton échantillon de force, c’est une violation. Tu es le seul à blâmer.

Je réfléchissais un peu plus aux éléments qu’il venait de m’apporter, qui était-il au juste ? Hanae Hideto, membre de l’unité de recherche. Il possédait un échantillon de cette herbe à chien, qu’il venait de perdre bêtement pour une raison encore obscure. Il pouvait s’agir du responsable de ce remue-ménage ou bien d’un ninja cherchant à résoudre ce mystère ? Dans un cas il serait mon ennemi et dans l’autre un piètre allié. Il fallait lui demander clairement ce qu’il attendait de moi.

Ayuu, sérieuse – Tu cherches quoi au juste ? Et qu’est ce que tu me veux ? Je n’ai pas de temps à perdre avec toi si tu n’es pas lié à cette affaire. J’ai perdu assez de temps.

Je sortais de ma poche mon échantillon logé dans son tube hermétique, débouchant le contenant pour l’amener jusqu’à mon nez. Bémol, j’étais restée plusieurs secondes comme ça, sans que rien ne se passe. J’avais beau m’y reprendre plusieurs fois, rien à faire. Je ne sentais plus rien. J’avais du mal à me l’expliquer, je venais de perdre ma seule piste et j’étais incapable de m’orienter sans odorat. Je repensais à l’herbe qu’Hideto venait de me faire ingérer avant de réafficher un air sévère.

Ayuu, agacée – Toi. Tu viens de me faire perdre mon odorat avec tes expériences ! Tu dois prendre tes responsabilités et m’assister dans ma mission. On doit gérer ce problème d’herbe à chien.

J'étais déconcertée, je venais de perdre mon seul atout en tant qu'Inuzuka et mon compagnon canin se rendait responsable de cette pagaille en ville. Je n'osais même pas compter la rencontre avec l'autre énergumène dans le compte, mais je passais vraiment une sale journée.

J’étais surprise de voir le malfrat bougonner quelques négations, il était celui à blâmer. Il semblait se trouver des excuses car, d’après ses dires j’étais responsable de la perte de sa plante puisque j’avais agi comme une brute. Je pouvais lui concéder ce fait, j’avais sans doute mal agi, mais étais-je en tort pour autant ? Il me pointait du doigt, l’air de dire que je devais réfléchir à mes actes. Et l’instant d’après, il proposait de faire table rase puisque nous avions un objectif commun. Il semblait comprendre ma situation bien que j’aie du mal à le suivre. En définitive, Il n’était pas le coupable, je m’étais donc bel et bien fourvoyée.

Ayuu, rechignant – Je me suis trompée sur ton compte. Tu sentais l’herbe à chien à plein nez, je t’ai prêté de mauvaises intentions sans chercher à vérifier ton identité. Je n’avais pas imaginé qu’un membre extérieur au clan se serait intéressé à cette mascarade. Je n’aurais pas dû te secouer pendant ton investigation, je m’en excuse Hideto. Je te suis reconnaissante de me pardonner si facilement, disons que nous avons des torts partagés puisque tu m’as fait avaler ton échantillon. Il est plus facile de faire table rase ainsi.

J’écoutais la suite de son monologue sans trop l’interrompre, il semblait être habitué à parler sans s’inquiéter de l’attention de son auditoire. J’avais encore du mal à lui faire confiance, mais je n’étais pas en position de refuser son soutien. Je venais de perdre mon seul atout me permettant de tracer l’origine du problème et je n’avais pas le temps d’attendre que les effets se dissipent. J’avais besoin de toute l’aide disponible pour sauver Ruth et les autres canidés, la place du clan en dépendait.

Ayuu, sourcillant – Je ne suis pas ce genre de personne et tu étais le seul à empester l’herbe à chien. J’ai simplement fait une erreur, mais tout est en ordre à présent. Je compte sur toi pour la suite, Hideto.

J’étais chiffonnée par un détail assez surprenant, je ne savais pas comment procéder sans utiliser mes sens olfactifs. J’avais déjà attrapé des rhumes rendant mes sens inutilisables, mais ça n’avait rien à voir avec ce que je vivais actuellement. Je n’étais pas habituée à procéder sans, j’étais curieuse de savoir comment les autres faisaient. Hideto vint interrompre ma réflexion pour mettre en avant l’évidence de la situation. Il estimait que nous touchions au but puisque nous avions été guidés au même endroit. Sans qu’il puisse en dire davantage, une voix criante vint foudroyer le silence environnant. On ne pouvait que traduire la haine présente dans les mots prononcés. Que les civils soient remontés contre les inuzuka, je pouvais le comprendre, mais proférer de telles menaces me semblaient hors de propos. L’affaire pouvait être réglée dans la journée et Urahi avait connu bien d’autres remous, notamment pendant les conflits d’intérêts militaires.

Ayuu, inquiète – On devrait les neutraliser, non ? Ils sont particulièrement hostiles envers mon clan. Je me demande d’où vient cette haine… Je ne pense pas que ce soit lié aux débordements, mais ils peuvent profiter de la situation pour recruter du monde. Je crains le pire…

Je m’orientais vers la foule regroupée autour d’une petite bande d’hommes et de femmes capuchonnés. Ils semblaient ne pas vouloir passer inaperçu tout en camouflant leurs visages. J’avais du mal à sentir quoi que ce soit, mais je pariais sur le fait qu’ils devaient empester l’herbe à chien. Il était frustrant de ne pas avoir confirmation, il fallait que je puisse vérifier ça de mes propres yeux. Je faisais un signe de la main pour signaler à Hideto qu’on devait y aller. Je m’étais alors redressée pour courir en direction du groupe, espérant en bousculer un au passage. La cible était celui le plus en arrière, il semblait transporter quelque chose dans sa hotte en osier. Je voulais simplement en vérifier le contenu…