Le trépas n'est jamais que la fin d'une histoire. Et le début d'une autre.
Komorebi l'apprenait à ses dépens, au péril de sa santé.

Des mois que son paternel fut emporté par l'éveil d'un dieu à l'autre coin du continent. Hiatari, fier représentant de l'héritage séculaire des Pupilles d'Albe, retourna à la poussière par sa maîtrise modeste du Doton. Mais si son corps avait disparu au même titre que son chakra, son souvenir persistait dans les mémoires. Plus particulièrement dans l'esprit torturé de Komorebi.

Le phénomène demeurait rare. Le traumatisme qui en résultait, lui, s'avérait bien plus douloureux et persistait dans le temps. Il se produisait spontanément, sans crier gare. Comme un père qui débarque pour invectiver son enfant par surprise. Généralement, la crise survenait en plein entrainement. Une pénible réminiscence de ces séances aux allures de torture pour celle qui portait sur sa chair les stigmates de ce passé enterré depuis l'incident de Hayashi. Pourtant, l'image de Hiatari n'hésitait pas à hanter de temps à autres sa propre fille.

Le phénomène gagna en ampleur, au point où il devint presque insupportable pour la Déchue. Il fallait agir. Autrement, le spectre de son paternel écornerait son esprit bien plus durement que de son vivant. Plutôt que de consulter l'expertise de ses pairs, le reflet vicié de Toph se dirigea vers l'hôtel-Dieu de la Roche. Cette terrible expérience, c'était la sienne. Pas celle de ses apparentés. Elle tenait à ne pas leur en faire part, de peur d'aggraver sa situation au sein du clan.

Sur place, la Hyūga patienta dans les allées, au milieu des patients en tout genre. De peur d'être surprise par un des siens, elle avait le prétexte parfait pour sa venue. Sa main sur la cheville, elle s'apprêtait à tout moment à raconter à qui voulait l'entendre qu'elle ressentait une douleur musculaire à l'issue d'un entrainement. Finalement, après plusieurs minutes à espérer ne pas être trouvée par la mauvaise personne, elle fut interpellée par un homme en tenue médicale qui la conduisit auprès d'un ninja médecin. Elle ignorait tout de lui, mais rapidement, on le présenta. Alors, lorsque la porte se referma derrière elle, dans la petite salle de consultation, elle laissa s'échapper cette interrogation…

— … Shimajima… Yugure ? C'est bien vous ?

Une fois la confirmation obtenue, elle dévisagea son interlocuteur. Il était bien plus jeune qu'elle. Différent aussi. Cela l'importait peu. Cela la rassurait presque. Son potentiel sauveur s'éloignait des standards des héritiers du Jūken. Alors, avant d'entrer dans le vif du sujet, elle préféra s'offrir une ultime assurance. Ses pupilles pâles lorgnèrent sur le visage qui lui faisaient face, avec gravité.

— Avant quoique ce soit… Est-ce que vous pouvez m'assurer que rien de ce que se dira ici ne sortira de cette pièce ?

Une des responsabilités de l’Irounin était de veiller à la bonne santé des Iwajines, qu’ils soient ninjas ou civils. En travaillant à l’hôpital il y a trouvé un arrangement pour que son frère et lui soit logé gratuitement aux frais du contribuable. Après tout, ils n’avaient plus aucun endroit où vivre Iwajuku étant un des endroits les plus touchés de la catastrophe provoquée par Yonbi. Enfin, ce n’est pas pour ça que le crime disparaitra. Il se demande si avec la reconstruction en cours le crime va changer de quartier voir même atteindre les hautes sphères de la société du pays de la roche. Mais, après tout, tout cela ne le concerne pas. Chacun fait ce qu’il peut pour vivre et tant qu’ils ne tuent personne cela ne le regarde pas.

Le Kazejine s’est toujours battu pour une justice équitable qu’importe le lieu en ce monde. Les frontières n’ont jamais eu de limites comparées à son idéologie de paix, tolérance voire même d’Amour universel.

Mais, aujourd’hui, nous ne sommes pas ici pour compter son histoire mais celle de quelqu’un d’autre. Une femme, bien plus petite que lui, se présente à son cabinet médical semblant bien terne voir réticente à recevoir des conseils. Ce genre de client, il les connait ils sont souvent du genre à mentir sur leurs maux et à ne jamais écouter ses conseils. Il hausse les épaules. Après tout chacun est libre de faire ce qu’il veut même si parfois certains patients, possédant un crâne bien dur, ont du mal à comprendre certaines subtilités de la vie dont ils auraient bien besoin s’ils ne veulent pas mourir de septicémie voire d’une crise cardiaque arrivant à la trentaine d’année.

C’est avec un sourire bienveillant que l’Eisenin se tourne vers sa patiente du moment pour tenter de la rassurer. D’une voix calme, il prend la parole.

- En effet, c’est bien moi. Cela est étrange d’entendre mon nom au lieu de « l’apprenti de Chiwa Aimi ». Un changement mais pas désagréable.

Dit-il toujours de son air sympathique que Senken juge souvent comme hypocrite.

- Ne vous en faites pas : Nous sommes tenus au secret professionnel.

Sur son bureau, il sort un rouleau et une plume avant de regarde son interlocutrice face à lui.

- Dites-moi tout. De quels terribles maux souffrez-vous ? Et ne vous en faites pas même si je venais à dire quelque chose en dehors de cette pièce on me traiterait assez facilement de « Menteur comme toutes les Kazejines ». Parfois les stéréotypes ont la vie dure.

Ce qu’il vient de dire ne semble pas le toucher le moins du monde, comme si cette situation lui passe par-dessus la tête.