Le fraîcheur du sol pénétrait à travers ses chaussures, glaçant ses pieds et son sang. Un sang qui, coulant dans ses veines, refroidissait peu à peu ses jambes, son corps, malgré les couches successives qu’elle avait entassé sur ce dernier.
La boue solidifiée par le froid hivernale était particulièrement glissante. La couverture nuageuse ne laissait passer que peu de lumière et pourtant, celle-ci se réfléchissait sur cette boue gelée, comme un avertissement à quiconque oserait la défier. Les yeux rivés sur le sol, Hideko prenait garde à chacun de ses pas, afin de ne pas glisser. Elle ne diffusa pas son chakra, n’utilisa aucunement ses aptitudes, car celles-ci étaient faites pour combattre, pour sauver des vies et non pas pour de telles broutilles.

Marchant dans une fine ruelle du village, de chaque côté d’elle s’élevaient des murs de plusieurs étages. Ces bâtisses qui se dressaient vers le ciel étaient le logis de bon nombres d’habitants : spartiates, mais confortables ; surtout, très abordables. Un logis qu’elle même utilisait, bien que le sien se composait de deux pièces. Un déshonneur pour son clan, un luxe pour le commun des mortel et pour elle, une vie à laquelle elle s’était parfaitement accoutumée. Bientôt, Aya allait la rejoindre chez elle. Bientôt, toutes deux vivraient ensemble… mais pour peu de temps, car ses pas allaient l’amener à voyage par maintes contrées. Un temps pendant lequel elle ne pourrait être avec elle. Un temps pendant lequel elle devrait la faire garder et qui de mieux pour cela que Kamui pour le faire ? Qui d’autre.
Allait-elle accepter ? Comment allait-elle prendre sa demande ? Le doute l’habitait, mais aucune autre solution ne lui paraissait envisageable. Surtout, elle se refusait de la confier à ce clan dégénéré, au risque qu’ils ne tentent de l’éloigner d’elle.
Jamais.

Une silhouette s’approcha. Hideko continua sa route. Leurs épaules s’entrechoquèrent, mais Hideko ne bougea point et continua. L’homme bourru se retourna, voulu l’injurier, puis quand il vit sa chevelure d’argent, il se retint et continua. La crainte qu’elle inspirait n’avait pas disparu, même avec sa promotion, peut-être ne disparaîtrait-elle jamais.

Arrivée au premier croisement, elle tourna mécaniquement à droite. Le sol de terre laissa place aux pavés. Hideko put relever les yeux, observer cette foule, ces gens se hâter à leurs occupations. Tout au bout, à droite, se tenait là sa maison : la maison de @Harusame Natsumi. Jamais encore n’était-elle venue jusqu’à elle ainsi. Au fond pourtant, il n’y avait ni doute, ni crainte. Ce chemin qu’elle entreprenait était le seul, le seul qui permettrait de racheter ses pêchés et de la protéger.

Ses bras tombait sur ses hanches. Les poings serrés, le regard déterminé, elle traça sa ligne, jusqu’à enfin arriver devant l’épaisse porte en bois qui délimitait la fin de son monde et le début du sien. Hideko prit une profonde inspiration, lourde de la tâche qu’elle s’apprêtait à mener, du lègue qu’elle allait lui donner, mais l’heure n’était plus aux réflexions. Elle expira, un nuage de vapeur lui réchauffa le visage.
Elle n’était point femme à douter.
Sa main droite se leva. Elle toqua puissamment deux fois, puis attendit.

Plusieurs secondes passèrent, puis des bruits de pas pressés se firent entendre. La porte s’ouvrit, un jeune homme se dévoila derrière elle : son frère. Elle le reconnut sans mal et l’aborda sans détour.

« Bonjour, je suis Hideko, chuunin. Puis-je entrer ?