La nuit était déjà tombée. Je n'étais pas fan de l'hiver : la neige, le vent, le froid, les courtes journées, la peau qui sèche, les lèvres qui gercent et le verglas de la mort par terre. Bref, un tas de souci que j'aimais éviter. Mais c'est vrai que ça avait quelques bons avantages : les couvertures toutes douces et bien chaudes, les soupes misos comme on les aimes, les chocolats et thés bien chauds, ça c'était cool.

J'étais rentrée au village hier. Je savais où dormir mais pas où manger. Je ne voulais pas emmerder ma mère plus que ça, sachant que ça faisait à peu près dix ans qu'elle n'avait pas eu de mes nouvelles. Alors pour répondre à ce besoin primaire qu'était s'en mettre plein la pense, je n'avais pas miles options : le restaurant qui faisait l'angle de la troisième rue avec la bibliothèque était un parfait compromis.

Après cette longue journée à m'être promenée dans le village, je suis entrée dans la petite bâtisse toute mignonne : le Fukiya. Je me suis installée à une table de deux, même si j'étais seule et je me suis mise à côté de la vitre. J'avais vue sur la rue et les passants emmitouflés dans leurs écharpes, bonnets et gants. Quand la serveuse s'est présentée, je me suis contentée de lui demander un bol de soupe et un autre de riz avec quelques brochettes de bœuf. Pleine d’appétit, j'attendais ma commande et peut-être quelqu'un qui aurait su me tenir compagnie.