Il faisait déjà nuit depuis longtemps, rien d’anormal en hiver ceci dit, mais c’était plus qu’ayant pris du retard dans ses dossiers avec son entraînement, la Nara avait fini proche des cloches de minuit. Pourtant, elle ne pressait pas le pas, Shiro était sûrement déjà endormi et Nué toujours dans ses histoires de méditations pour le renforcement de son esprit. Sayo ne comprenait pas bien l’intérêt, mais elle respectait, lui dans sa singularité, comme Shiro dans la sienne. Il semblait lui faire la gueule depuis leur dernière « petite » conversation, cet idiot aussi, qu’est-ce qu’il lui avait pris de lui dire ça, même s’il le pensait vraiment ou non au final. La jumelle prenait conscience petit à petit de son hypocrisie vis-à-vis de lui ce soir-là… Tout se dire hein ? Mais maintenant elle prônait le contraire dans sa tête, à croire qu’elle ne savait pas ce qu’elle voulait en passant la porte de leur chez eux.

Silencieuse, à pas de chat, elle se faufilait dans la maison pour n’y réveiller personne, son tort à elle de rentrer si tard. La table était vide et la Nara grimaçait, fut un temps pas si lointain, ou faute de l’attendre, il lui laissait une collation pour l’accueillir. Simplement, elle haussait ses épaules en se disant que cela finirait bien par lui passer. En ouvrant le frigo, elle entendait un bruit de fond… La Nara refermait le conteneur en emportant sa bouteille de lait avec elle, le bruit s’intensifiait, une sorte de petit boucan venant de la chambre… Shiro faisait un cauchemar ?

-Shiro ?...

Glissait-elle dans un murmure en ouvrant la porte de la chambre, le gémissement s’intensifiait, difficile à décrire, alors elle tirait la couette n’imaginant pas qu’il oserait… Une femme hurlait surprise en la voyant arrivée comme un fantôme, la jumelle recrachait son lait sous le choc. Dans, dans SON LIT ! IL AVAIT OSÉ!

-SHIRO ! Lui hurlait-elle dessus d’un ton furieux. Non, mais t’es sérieux là ?

Elle regardait la fille qui se rhabillait comme elle pouvait en demandant qui était la brune. La même qui l’informait être sa sœur à cet énergumène…

-Shiro, dans mon lit ! Dans mon lit, c’est ! Mais c’est !

L’autre fille décampait, trop bizarre pour elle. Sayo elle balançait un oreiller à la face de son frère en ressortant de la chambre furieuse et déconcertée….

-Espèce de crétin… Tu crois que j’ai besoin de toi pour un plan à trois ? J’ai plus de chance que tu n’en auras jamais. Lui fit-elle en logeant du bout des doigts sa silhouette en sablier.

Clairement pour le narguer et se venger aussi. Ceci dit, elle lui accordait un bon point sur le fait que sa réaction avait été excessive, après tout, c’était elle qui voulait qu’il vive ici et il n’y avait qu’une chambre… Un lit…

-J’ai juste été prise par surprise après une longue journée… On va instaurer un code pour la porte d’entrée pour quand on est « occupé » ET que ça comprend que l’autre ne peut pas s’y inviter. Tu comprends ça linotte ! Fais travailler ta main ? Ça te fera de l’excercice.

Elle tapait sur son front un sourire amusé de le voir frustré comme ça, bien fait. Avant de lui tirer la couette pour l’obliger à sortir de là…

-Viens manger avec moi au moins…

Avec sa petite voix mignonne bien évidement, celle qui dit je t’attendris pour que tu cèdes à mon caprice… Mais l’expérience avait montré que cela marchait plutôt bien. Elle insista sur le fait qu’il aurait dû la prévenir s’il voulait de la tranquillité pour ses petites affaires. La Nara aurait été dormir chez Shojito, c’était habituel…

- Elle n’était même pas jolie en plus… Pff, tu pourrais au moins faire un effort quand tu les dragues plutôt que prendre la première paumée !

Bon elle était un peu de mauvaise foi, mais au final ça la dérangeait un peu qu’il la mette sur la touche comme ça aussi simplement. Pourtant, la Nara aurait dû être contente, mais son égo lui. Trop grand celui-là, il faisait souvent du tort, mais quoi qu’il en soit, la fille prenait place à la cuisine pour manger elle ou plutôt grignoter. Elle se doutait bien qu’il allait encore plus lui faire la gueule maintenant…

-Allez, fais pas la gueule va ! Un beau gosse si charmeur comme toi blablbalbla, t’auras pas de mal à en trouver une autre non ?

Elle haussait les épaules…

-Oû est Nué Shiro ? Je l'ai pas croisé depuis qu'il est rentré presque... Tu sais pourquoi ?

Allez, c’était reparti avec Nué… elle se retenait de lui dire que lui au moins savait comment faire pour sans servir avec elle… Mais elle n’avait pas envie encore de se disputer avec lui. Ils ne faisaient que ça presque ces derniers jours. C’était qu’il était borné ce Nara là ! Nu comme un vers, pas que ça la surprenait/dérangeait maintenant, il s’amenait pour la complimenter, l’air de rien. Au moins, à ce moment-là il lui décrochait un sourire.

-Évidement idiot, il n’y aura jamais plus belle que moi, puisque je suis toi en femme.

Elle haussait ses épaules avant de rouler des yeux sous ses remarques sur Nué. Étrange qu’il soit parti sans lui dire un mot… Mais ce n’était pas le moment de s’inquiéter pas vrai. Elle se demandait la dernière fois qu’elle l’avait vu, avant de se dire qu’elle devrait en parler avec Shojito… Il la déroba de ses pensées d’une façon peu ordinaire, encore que avec lui… c’était des méthodes régulières…

-Ce con c’est ton beau frère, habitue toi pour quand lui et moi on se mariera ! Aucune chance que ça arrive…. Mais il ne pouvait pas le savoir.

Puis… Ce coup-ci, il poussait le bouchon un peu trop loin après sa lourde journée, tant pis pour lui. Du tac au tac à ses propos et gestes, la Nara le fixa droit dans les yeux, toute son humeur pouvait paraître, quand elle lui filait un coup de boule, pur et simple, tête à tête avec tout l’élan et la force possible. Son propre nez à elle éclata sous un filet de sang qui caressait ses lèvres, mais quelqu’un de censé lui avait appris à ignorer la douleur. Simplement, elle laissait le liquide tiède ondulait sur son visage en le fixant jusqu’à ce qu’il trouve à nouveau son regard. Le sang avait fait son chemin depuis longtemps sur le long de son cou gracile, le regard sévère de la jumelle ne désemplissait pas. Elle se doutait bien qu’il s’en foutait.

-Tu vois, c’est ça entre autre notre lien, quand tu as mal, moi aussi, aujourd’hui grâce à toi. Bien joué !

Lui lançait-elle ironique en se levant enfin pour rejoindre l’évier et au moins essuyer tout ça. La Sayo fragile à l’époque, la bonne de leurs jeunes années, n’était plus depuis longtemps, elle qui pleurait en se cassant un ongle… qui aurait cru.

-Va t’habiller pour commencer, je ferais en sorte de ne plus de déranger en mettant en œuvre mes talents de « shinobis » et quand je serais trop fatiguée pour ce jeu-là, je ne rentrerais pas du tout. C’est mieux comme ça ?

Elle le fixa en retenant le sang de son nez avec un doigt à plat.

Les répliques fusaient du tac au tac, comme si l’un était déjà dans la tête de l’autre et avait donc le temps de remettre une couche intensément. Shiro pouvait le nier autant qu’il le voudrait, il existait bien une connexion entre ces deux-là d’une façon ou d’une autre.

-Ah ? Et bien c’est peut-être un signe qu’il faut que tu changes de jeux non ? Elle le fixa. Non?!

S’amuser hein ? Sale con, elle te lui foutrait de l’amusement. Il jurait ne plus lui parler sans excuse et pourtant, il faisait tout pour son attention, à se demander s’il n’était pas un peu maso sur les bords, aimant qu’elle le maltraite. La Nara le fixait perplexe, fut un temps elle était douce et compréhensive avec lui, parce qu’elle en ressentait le besoin et maintenant ? Malgré tous ses efforts pour se rendre insupportable, son jumeau lui manquait trop vite, comme si elle était conditionnée à un peu trop s’habituer à tous ses caprices. D’ailleurs il lui en faisait un gros là, nu comme un vers sur son canapé jouant les enfants gâtés. Soit. Elle allait dans la chambre lui ramassait un oreiller et une couverture, qu’elle jetait à ses pieds.

-Comme tu voudras Shiro, ça me fera des vacances. Bonne nuit.

Son tour d’haussait les épaules et de partir vers SON lit, la scène lui revenait vite en tête, lui laissant un air de dégoût. Elle tira les draps comme avec des pincettes pour les virer et les envoyer au lavage direct. Tout en refaisant son lit, elle s’amusait de l’impatience de son jumeau qui « ne voulait plus lui parler ». Il était mieux placé que personne d’autre pour savoir que Sayo ne s’excuserait jamais, même dans le pire des torts reconnus. JAMAIS. Le lit s’achevait et la fille n’avait qu’une seule hâte, retrouver les bras de son tendre Morphée, définitivement son seul amant acceptable par ici… Assise sur ce dernier, elle guettait une dernière fois son frère avant de spontanément se mettre à rire. Elle ne se moquait pas, cela l’amusait vraiment au final.

-T’es gonflé de me faire la leçon depuis que t’es dans ma vie je n’ai pas eu une seule occasion avec Nué. Cela devrait être moi la frustrée ici. Elle secouait la tête en faisant subitement la moue.

Ou le Metaru. Elle se rappelait de la chambre « secrète des jeux de Shuuhei » dont Nué avait visiblement les accès. Ses sourcils se fronçaient, même si elle savait se faire de mauvais plans dans sa tête.

-Viens te coucher idiot et si tu râles encore je t’étouffe avant de m’endormir.

Finalement, il arrêtait ses caprices et la Nara l’observa en secouant la tête se glissait dans les draps, suite à quoi elle éteignait la lumière. Pour simplifier les choses, elle s’écroulait en lui tournant le dos, en quelques minutes mimant un ronflement peu gracieux pour s’assurer la paix et lui laisser entendre qu’elle était endormie… Elle le sentait s’agiter à côté, peut-être que leur « dispute » perturbait son sommeil à lui aussi… puis le lit se balançait… dans l’obscurité la Nara ouvrait les yeux une face blasée imperceptible… Sérieusement ?...

Inutile de se retourner ou de spéculer pour savoir ce que ce gros con était en train de faire, d’une main, la fille se frottait l’arrêt du nez-douloureux encore, perplexe entre l’idée de faire comme de rien ou de lui éclater le nez à nouveau. Elle doutait que la violence était quelque chose d’efficace avec lui. Alors la Nara prit son mal en patience en bouillonnant dans son coin… Résultat, son affaire classée, le jumeau s’endormait sur sa fin, alors que la jumelle ne fermait plus un œil de la nuit…

Aux premières lueurs du jour, elle s’extirpait du lit frustrée, fatiguée et terriblement agacée… Pire qu’un pied gauche qui se posait en premier, un nuage noir semblait planer au-dessus sa tête menaçant d »orage foudroyant comme autour. Son café s’écoulait dans son percolateur, la maison affichait un silence de mort… goutte à goutte le breuvage remplissait la tasse produisant le seul son répétitif audible. La mâchoire de la Nara se crispait.

Bloup…. Bloup… bloup… bloup…

Elle jetait la machine, la tasse et tout le compo à la dernière goutte entendu s’écouler. Le tout s’écrasait sur le sol de la cuisine avec fracas, déversant le liquide brulant sur le sol qui répartissait les morceaux de céramique de la tasse détruite. Sa préférée offerte par Nué en prime. La kunoishi enjambait la catastrophe, pas sûre que cela ait suffis à réveiller son frère toujours dans le lit qu’elle chevauchait par-dessus les draps ses petites mains autours de son cou. Elle ne l’étranglait pas, mais une pression y était, leurs iris carmin se confrontaient et subitement elle lui souriait en se penchant totalement vers lui pour embrasser son bout de nez sournoisement en le fixant. En tenant son cou, elle s’assurait qu’il se tienne tranquille d’une certaine façon…

-Bon matin… Lui soufflait-elle en se redressant un petit un sourire malicieux. Tu as bien dormi ?

Il voulait jouer à la rendre folle hein ?... Il était peut-être temps de tester les nerfs des deux jumeaux. L’étreinte toujours là pour le plaquer sur place, elle s’amusait sadiquement de sa réaction sans bouger de son trône humain sur lequel elle se redressait. Une façon de lui dire qu’elle avait les règnes d’un jeu qu’il n’était pas prêt à assumer. Elle avait à la fois, la pire et la meilleur maîtresse de l’art pour la plus grande malchance de son frère à l’esprit abruti par ses hormones.

-Oublie le petit-déjeuner, un peu de sport à jeun, c'est excellent pour la santé.


Elle avait ce petit air à la fois malicieux et sadique, celui qui dit qu'il ne s'annonçait rien de bon. Ne relâchant pas sa prise, la brune ne relevait pas ses remarques son regard carmin toujours fixe et dévorant. Il allait peut-être avoir un aperçu de cette sensation désagréable d'avoir l'impression d'être un morceau de viande devant un loup affamé. De tout son poids, la fille se penchait offrant une belle vue qui n'allait en rien calmer la pulsion matinale, mais c'était exactement ce qu'elle voulait. Ses cheveux chatouillaient son visage perplexe et il avait raison de l'être, le chat et la sourie s'étaient inversés.

-On pourrait commencer gentiment par s'étirer ? Non ? Elle se redressait langoureusement étirant son buste en arrière pour jouer ses atouts sous leur meilleur angle comme dirait Asami. Je sens que tu es deja réchauffé toi...

Elle ne s'était pas trompé de mot quand elle posait sa main sur une zone sensible que ses doigts empoignaient fermement alors que dans le meme genre de mouvement que son étirement, la fille avait basculé sur un côté du lit. Les pieds au sol, elle riait, mais le ton etait différent de l'ordinaire...

-Allez lève toi, viens me rejoindre. C'est une bonne idée que tu as eu ! Mais rajoutons du piquant. Battons nous ! Si tu gagnes je te donne une récompense, si c'est moi, jen prends une. OK ?


La Nara continuait d'avancer en ondulant pour jouer avec ses nerfs et le laisser profiter ou se faire abuser par son celebre fessier kumojins. La kunoishi ne prenait pas le temps de l attendre, enfilant ses chaussures et rejoignant la sortie en évitant les debris de ses degats matinaux. Apres tout,pourquoi lui donnerait elle plus de sa patience ? Sans se soucier s il la suivait ou pas, Sayo prenait la direction d'un terrain d'entraînement. Il était encore tôt, une petite brume flottant au ras du sol donnait une ambiance speciale, mais aussi l'utilisation de leurs ombres plus compliqué. Elle grimacait sans pour autant s'en décourager...

-Honneur au challenger de commencer !

Decidait elle en étirant ses membres pour passer aux choses sérieuse....

A la place d’un entraînement, il lui offrait quoi ? Une leçon de moral. La Nara soupirait en attrapant le mot au vol pour le froisser sans ménagement, elle n’avait plus quatre ans pour se faire dire quoi faire et avec qui, encore moins à qui elle devrait parler ou non. Les commentaires sur ses fréquentations la laissaient de mauvaise humeur. Il disait pareil de Nué ! Bientôt il en aurait après Shojito ?

-Pff, pauvre imbécile.

Qu’elle se mette à lui ressembler c’était une si mauvaise chose que ça ? Pour Shiro visiblement que oui. En faisant quelques pas, la Nara s’amusait en se disant que s’il savait que sa pire ennemie l’encourageait à aller dans son sens, ou son lit pas que pour y dormir… Il reverrait sa position. Elle roulait des yeux en avançant toujours, une idée bien précise pour sa destination. Quel bordel… Elle adorait peut-être un peu trop de monde. Si seulement ça pouvait être vrai qu’Asami déteignait sur elle, la Nara n’en aurait plus grand-chose à faire de déplaire ou se débarrasser de ses contestataires ou risquer de les perdre. Peut-être que parfois, elle commençait à en avoir marre de contenter tout le monde toujours en se pliant en quatre positions et pas forcément ses favorites.

Quelques minutes plus tard, sa silhouette faisait face au restaurant de son frère, celui où il travaillait. Quelques autres minutes d’hésitation, et sa jumelle s’invitait à l’intérieur, direction le comptoir où elle patientait longuement jusqu’à ce que cela soit lui qui se présente devant elle. La brune lui déposait son brouillon chiffonné sur la table et le fixant droit dans les yeux, bien décidé à crever l’abcès.

-Depuis quand c’est ton genre de fuir à toi ? C’est Nué qui commence à déteindre sur toi on dirait. Tu as des choses à me dire frérot ? Fais-le en personne, pas sur un papier. Elle croisait les bras. Quant à Asami, peut-être que je ne mets pas à l’imiter et qu’au final j’ai toujours été comme ça, juste je le cachais mieux. Cela t’as jamais effleuré l’idée ? Arrête de faire comme si j’étais une petite fille influençable, puis c’est quoi ton problème avec elle à la fin ? Ça ne fait aucun sens cette dualité entre vous !

Oh, il pouvait bien la snober, elle ne lâcherait pas l’affaire, même qu’elle le poursuivrait dans les cuisines s’il le fallait. Ou dans des cabinets !