Nous y voilà. Comme il est souvent coutume, c'est lorsqu'on réalise qu'on a plus tellement envie de mettre les pieds à un endroit qu'on s'y retrouve finalement bien vite. Takara franchissait de plus belle l'Arche Grise afin de répondre à une invitation du clan ; outre les festivals ou autres cérémonies il n'y avait pratiquement plus que cela pour l'attirer au sein du village caché, ne pouvant mettre sa rigueur de côté au point d'en délaisser ses obligations auprès de sa famille. Certes les membres majeurs de celle-ci étaient habitués à son recul, d'autant qu'elle n'était pas plus marginale que certains autres, mais la trentenaire comptait malgré tout parmi les effectifs ninjas suite à sa formation au Fuinjutsu - Se soustraire au moindre regard révélait donc de l'impossible. Et puis ce type de visite ne la dérangeait pas tant que cela. Non, l'ennui, c'était tout le reste. Cette flopée de camarades genins, grosso modo composée au deux tiers de gamins à l'émotivité volcanique et aux aspirations abruptes et peu réfléchies. Elle ne les condamnait pas vraiment, à condition de ne pas trop souffrir de leur fréquentation. Hélas, quand on se retrouvait sous la tutelle d'un chuunin ou embrigadé dans de quelconques activités shinobis, on avait rarement son mot à dire. A moins d'être un gamin à l'émotivité volcanique et aux aspirations abruptes et peu réfléchies. Evidemment. Ce qui n'était pas son cas, loin s'en faut. La Suzuri aussi possédait ses tords, cependant, lorsqu'elle se voyait sollicitée on pouvait compter sur son entière collaboration. Sa façon à elle de se montrer reconnaissante vis à vis des ressources fournies par Kumogakure ; quand bien même son clan demeurait l'un des pionniers et qu'il représentait à lui seul un bloc de culture et de connaissance bien vaste, elle ne se montrerait pas ingrate pour autant envers le reste de la communauté.
Bref.
Se précipiter dans les quartiers Suzuri telle une agoraphobe atterrée ne lui ressemblait pas non plus. Aussi Takara décida de profiter de cette peu commune présence urbaine afin de redonner du peps à son inventaire privé. Or son quotidien frugal sur bien des facettes s'avérait pour le moins gourmand en matière de thé, les tisanes à base de plante sauvage ne suffisant pas à sa soif de diversité. Cet intérêt la conduisit donc au Sadocha, établissement de luxe catalogué comme exceptionnel et précurseur dans le domaine - Si elle en avait déjà entendu parler à quelques reprises, jamais encore elle ne s'était essayée à y goûter la marchandise... Autant donc profiter de la civilisation comme il se doit. Une brève marche plus tard, elle y accéda enfin. Le prestige de l'endroit ne l'impressionna pas. Ce n'était pas une campagnarde, d'ailleurs personne ne l'aurait jugé comme telle en l'observant un tantinet soit peu... Elle appréciait la beauté et l'ordre, voilà tout. A en croire l'aura du lieu, elle n'aurait pas à attendre pour être accueillie ni à prendre les devants, c'est pourquoi elle se contenta d'effectuer quelques pas, laissant son regard de jade parcourir tout ce qui s'offrait à elle.
"Mais on juge les gens parce qu’ils sont liés aux autres et au monde, qu’ils le veuillent ou non. C’est leur destin. Dans ce cas, lorsque les sentiments personnels de quelqu’un se retrouvent confrontés à la volonté du monde, cette personne est considérée comme une vulgaire existence confuse et vaine.."
Une délicate attention est apportée à ses courbes voluptueuses, insistant sur un séant bien fourni en matière rembourrée. Les servantes se plaisent à passer l’eau pure sur son corps divin tandis qu’elle se détend au mieux. Relaxation. Rien de plus. Aujourd’hui elle allait se relaxer, oui. À la vue de son sourire ravi, quelques doux et cristallins rires féminins se font entendre dans les thermes. Si elle était satisfaite, elles l‘étaient aussi. La nuit et ses plaisirs ne connaissaient pas de limites quand l’eurythmie des jouissances concernait les fabuleuses.
***
En cette adresse, c’est non sans une certaine retenue que les notables du villages (avec certains penchants sombres, admettons le pour cette fois) s'adonnaient à divers loisirs. Le thé de qualitay, le décors somptueux (avec la plupart des éléments faits de cristaux d’une multitude couleurs se mariant parfaitement bien) et les diverses activités proposées aux divers étages avaient le mérite de pouvoir tenir en éveil et en euphorie ces personnes de la haute, difficiles en divertissement.
C’est ici qu’elle passe quelques une de ces journées, déchargeant ainsi sa sœur quant à la tenue du lieu. Certes des servantes sont présentes, capables de s’atteler à sa place à cette occupation. Mais le but derrière tout cela était avant tout de lui faire gagner en maturité, entre autres. Il devait probablement y avoir d’autres raisons à cela, mais seule Shana en avait les fins secrets. Ah, vraiment. Quelles manigances avait-elle en tête encore ?
Mais l’heure n’est pas aux rêvasseries et une appétissante blonde est entrée dans le salon huppé. En laissant s’échapper maladroitement un sourire pervers, c’est pourtant avec un air professionnel, mêlant sérieux et chaleur, qu’elle accueille la jeune femme.
Bienvenue au Sadôcha, madame. d’une voix douce, en s'inclinant légèrement.
Souhaitez-vous profiter de nos diverses activités ou simplement vous détendre en vous sustentant de notre cru ? en montrant délicatement du bras les endroits prévus à ces effets.
Pour tout autre renseignement, il paraît évident que l’héritière à la crinière smaragdine est toute disposée à répondre aux interrogations du regard de la même teinte.