Nous étions au milieu de la matinée sur le tout nouveau port de Kiri, et il fallait dire que vu le temps de construction total, c’était nécessairement un très très beau port que voilà ! La construction du port militaire avec des installations dignes de ce nom d’un village militaire avait pris plusieurs mois, sûrement des problèmes de retard à cause de la construction. Ce genre de métier était friand de ce souci récurant des retards de chantiers. A part être mauvaise langue, le port était magnifique, de grands quais, des systèmes de sécurité, de quoi mettre au sec les navires pour réparations, des rampes d’évacuation, et plein d’autres petits trucs très chouette. D’ailleurs, elle avait participé à la mission afin de vérifier que tout était bien en place et fonctionnelle. Cela avait été d’ailleurs bien amusant ! Elle se rappelait d’ailleurs très bien du test de l’alarme. Cela faisait d’ailleurs un moment qu’elle se promenait dans le port afin de trouver une ouverture pour s’amuser un petit peu.
Le port était très animé, il y avait toutes sortes de gens entre des pêcheurs, des vendeurs de diverses natures, des gardes évidemment. Cela pullulait de partout en permanence, mais quoi de plus normal pour une cité portuaire. C’était l’entrée majeur de l’activité, surtout lorsque l’on pensait qu’il y avait des marais partout autour de la cité fortifiée avec des pièges à dans les eaux boueuses et dangereuses. C’était donc quasiment le seul lieu d’entrée viable naturel de Kiri face au monde, c’était sans doute pour cela que le port était si assidument surveillé. Il y avait une légère pluie, mais c’était davantage du crachin qu’une réelle pluie, alors les locaux travaillaient comme d’habitude.
Madoka marchait tranquillement le long des quais, elle était de repos aujourd’hui, alors vu qu’elle n’avait pas vraiment de chez elle à proprement parlé, elle trainait dans les rues le plus souvent. La ville entière était un jeu à ses yeux, le seul souci c’était que les gardes de la cité était également au courant, alors la fille aux longs cheveux d’argent devait faire preuve de plus en plus d’inventivité afin de passer inaperçu. Elle était habillée par son habituel robe blanche avec quelques parties vertes juste histoire d’agrémenté le tout. Elle avait de grandes manches et une légère traine derrière. Des manchettes et des bottes couvraient un corps frêle, voire légèrement malingre. Assurément, elle n’était pas une spécialiste du corps à corps. Elle avait l’air d’avoir dans les quinze ou seize ans, mais à la voir évoluée vraiment, elle faisait bien plus jeune et assurément peu mâture.
Madoka passa alors à côté d’un des boutons de l’alarme l’air de rien. Elle fit rapidement et discrètement une suite de mudra afin de faire apparaitre un clone juste à côté du poteau. Cependant, ce dernier disparut en utilisant une technique, il était devenu parfaitement invisible, et sans technique de détection, impossible de dire qu’il y avait eu quelque chose ici précédemment. Tout cela avait été très rapide, et la jeune fille continuait sa route l’air de rien avec toujours le même visage un peu perdue, rêveur. Elle se dirigea vers un marchand qui proposait quelques grillades et autres brochettes. C’était vraiment très tentant, et vu qu’elle était assez gourmande, depuis ses nombreuses privations enfantines, elle se laissait aller à juste titre assez souvent. Tout était très calme, comme d’habitude, mais alors que l’alarme du port se fit entendre et qu’un léger nuage de fumé fit son apparition en même temps, Madoka regardait alors effarée, presque paniquée de curiosité à ce bruit, qu’elle connaissait fort bien. Un de ses clones venait d’appuyer sur le bouton, puis de disparaitre immédiatement en priant pour que le bruit couvre sa ruse. Pourquoi provoquer une alarme dans le port et provoquer la mise en sécurité du port. Les gardes se mirent rapidement aux positions clés, ils observaient la situation apparemment très calme. Le responsable du port accompagné d’un gratte-papier à lunettes apparemment bien coincé dans son rôle de fonctionnaire sortirent alors de la capitainerie du port. Cela allait bon train sur un risque de faire une maintenance, était-ce un problème technique ? Quelqu’un avait-elle vu la petite manipe ? Quoi qu’il en soit, on pouvait se demander pourquoi avoir fait cela ? C’était fort simple, car, c’était amusant !
Datalia Madoka • « Ho ! Mais ! Que se passe-t-il donc ?! »
Fit alors mine Madoka en regardant dans tous les sens en quête visiblement de réponse. Elle zieutait également sur les brochettes viandes et fromages, au cas où il était possible d’en prendre une au passage dans la panique.
S’il était une étrangeté dans le projet qui avait amené Chiyoko à traverser le continent, c’était bien sa surprise lorsqu’elle avait embarqué pour Kiri. C’est que, préparée à toutes les éventualités de ce voyage et impatiente comme tout, la jeune femme avait bêtement oublié que Kiri se trouvait au beau milieu d’un archipel. Et qui dit archipel dit île, et donc bateau. Ce n’était que pure logique, une réflexion qui n’avait pas traversé l’esprit impétueux de la jeune femme. Laquelle s’était précipitée sur l’embarcation sans se poser plus de questions. Jusqu’à ce qu’elle découvre les joies - question de point de vue - de la navigation. Dans son pays, il n’y avait que les forêts. Si tout y était dangereux, au moins, le sol était stable. Qu’était-ce que ces diableries de navires qui la chahutaient dans ses repères et lui retournaient les tripes de cette façon ? Si elle n’avait pas été un peu plus maline que ça, Chiyoko aurait bien volontiers insulté les vagues pour calmer leurs ardeurs.
La longue traversée avait eu raison de son énergie assez rapidement. Au bout du compte, elle s’était assise sur le pont, dans un coin, à bouder en regardant ses pieds. Eux, au moins, ne tanguaient plus. Autant que possible, elle avait pris de grandes inspirations pour calmer les hauts-le-coeur. Au moins, l’air iodé lui était agréable et quand bien même elle le découvrait tout juste, cette odeur avec un petit quelque chose de familier qui la réconfortait. Avec un peu de chance, l’arrivée à Mizu no Kuni se ferait naturellement et, bien vite, elle trouverait ses marques. Il fallait l’espérer, du moins. Sa méditation forcée fut bien interrompue en quelques occasions par un ou deux voyageurs curieux, parfois bien intentionnés, d’autres fois, moins. Même en proie au mal de mer, Chiyoko gardait le sang chaud et savait montrer les dents. Tourmentée par son état, elle avait renvoyé dans leurs confins chacun des importuns, indifféremment. Peu importent qu’ils cherchent à la chouchouter, elle n’était pas d’humeur.
Alors qu’ils approchaient du port de Kiri, Chiyoko reprenait des couleurs. Peut-être était-ce la bonne nouvelle annoncée par l’un des marins, ou bien l’habitude - à force, l’organisme s’habitue. Toujours est-il qu’une bonne demi heure plus tard, ils accostaient enfin, et Chiyoko affichait son premier sourire depuis un bon moment.
Ah ben, quand même ! S’exclama-t-elle en ignorant les regards dubitatifs des marins et des voyageurs. Sa voix était un peu plus tremblotante que l’aurait laissé supposer la teneur du propos et le ton qu’elle employait. Peu lui importait l’image qu’elle avait auprès de ces gens, l’important se profilait devant elle.
Kiri. Son port était bien plus majestueux et actif que la Kaguya ne l’avait imaginé. Et pour cause, même si elle ne le savait pas, celui-ci était tout récent. A ses yeux, ce n’était qu’une impressionnante structure bien entretenue, typique de ce qu’elle imaginait de la part des villages cachés. Et puisque l’endroit avait l’air civilisé, Chiyoko avait hâte de se nourrir, et prendre un long bain. Sur ce bateau, elle n’avait que peu mangé, la faute à un estomac barbouillé par la traversée. Pour ce qui était de l’hygiène, ce n’était visiblement pas la priorité de ces gens trop occupés à manoeuvrer le bateau. Il avait fallu faire avec les moyens du bord, ce n’était vraiment pas une croisière de luxe, et le voyage terrestre n’était pas bien mieux.
Les pieds enfin sur la terre ferme, Chiyoko n’avait pas gardé pour elle son enthousiasme à prendre enfin son envol dans le village caché de la Brume. Allez, ciao les nazes ! S’exclama-t-elle en se précipitant vers le premier stand de nourriture qui lui passait sous les narines. Elle ne mourait pas vraiment de faim, mais elle savait qu’une fois son estomac remis d’aplomb, il en serait tout autrement. Autant s’y préparer. Alors qu’elle achetait de belles brochettes de viande, un mouvement de foule, l’emporta. Une réaction à un bruit tonitruant qui déchirait ses délicates oreilles de ressortissante du pays des forêts. On avait pas idée d’assourdir ainsi de pauvres gens, c’était ça, la vie citadine ?
Agacée, exaspérée, même. La Kaguya se faisait bousculer d’un côté, de l’autre, elle tenait ses brochettes près d’elle tout en évitant à grand peine de tacher son dernier vêtement propre. Mais faites gaffe, bordel ! Beugla-t-elle sur un vieux type qui la bouscula avec détermination. Si elle se montrait vulgaire, Chiyoko ne faisait que masquer une panique naissante en elle. Elle était seule, perdue dans un environnement qui ne lui était pas familier et qui ne ressemblait en rien à ce qu’elle avait toujours connu. Et elle ne comprenait rien à ce qui se passait. Pas un seul visage amical ou familier, rien. Alors qu’elle cherchait des yeux autour d’elle sans savoir ce à quoi elle s’attendait exactement, elle vit une jeune fille, somme toute discrète par son attitude mais remarquable par son physique et sa tenue - tout du moins aux yeux de la Kaguya. Celle-ci jetait un regard amoureusement affamé à des brochettes semblables aux siennes. Plus soucieuse de se lier à n’importe qui de potentiellement amical qu’aux suites d’un larcin de la part de la gamine, Chiyoko se faufila dans sa direction et lui tendit une brochette. La plus grosse. Elle aurait bien l’occasion de s’en racheter une autre si elle survivait à cette attaque à ses tympans. Hey ! Cadeau ! J’ai pas si faim que ça. Enfin, je te la donne si tu me dis ce qui se passe et ce que font tous ces gens. Elle fit une pause, remettant en question brièvement sa méthode et ses manières. S’il te plaît ? Son ton autant que son visage montraient qu’elle n’était qu’à moitié convaincue par son propre charisme mais soit. Elle ne savait pas quoi faire d’autre pour gagner quelques repères dans cet endroit.
Madoka regardait avec envie la personne qui venait d'acheter des brochettes de viande juste sous son nez. Elle avait accroché ses petites mains sur le bord du comptoir, en espérant qu'il y en avait un sinon elle serait en train de faire cuir ses petites mimines. Elle regardait avec désespoir comme si elle n'avait pas mangé depuis des mois avec l'espoir d'un mendiant face à une douce friandises. La jeune fille tendait son visage comme si humer le doux parfum de cette cuisson pouvait remplacer le goût dans sa bouche. Elles semblaient parfaites ces brochettes, bon elle devrait peut-être tricher pour en avoir, qu'est-ce qu'elle attendait ? Mais il fallait dire que c'était ces brochettes là qu'elle désirait hardiment et pas d'autres. La fille aux cheveux d'argent ignorait tout le bruit, la bousculade, elle en avait même oublié sa petite blague qui monopolisait tout de même pas mal de gens. L'alarme fut rapidement coupée et des patrouilles commencèrent à fouiller le port à la recherche de quelque chose d'inhabituel. Évidemment, certains regards se tournèrent dans la direction de l'innocente jeune fille qui adulait les brochettes comme des kamis puissants. Peut-être que pour une fois, elle n'avait rien fait du tout, ce serait une première ! Quoi qu'il en soit, elle avait la capacité à passer entre les mailles du filet des autorités. Ce n'était pas son premier coup de Trafalgar, et pourtant, elle était toujours libre et non inquiétée par les autorités.
Madoka se tourna alors en direction du stand, avec désespoir, elle allait mourir de faim en regardant de la viande frire, personne n'allait l'aider. Elle avait une drôle de touche avec ses vêtements, elle ne portait pas le bandeau de Kiri, comme à son habitude. Alors il était sans doute difficile de dire si elle faisait vraiment partie des forces de Kiri, le village caché de la brume. Grâce à ses super sens de ninja trop badasse, l'adolescente put sentir davantage avec son nez qu'autre chose, mais ne le dites à personne, l'arrivée vraiment très proche d'une brochette tout proche de son visage. Son corps resta face au stand alors que lentement sa tête se tourna sur le côté d'une manière mécanique comme un film d'horreur, alors qu'elle planta ses yeux dans la viande ruisselante au bout du bâtonnet de bois. Elle allait se jeter sur la fameuse brochette, mais tout d'abord, elle analysa la longueur de celle-ci avec l'autre que gardait cette jeune fille si gentille. C'était la plus grosse, alors c'était vraiment une grande âme si noble ? C'était peut-être un piège ! Elle forma rapidement un mudra à l'aide de ses mains afin de procéder à une technique.
Datalia Madoka • « Kai ! Hmmm... Ha bah non, ce n'est pas une illusion... »
Dit alors la kunoichi en ayant apparemment procédée à une technique pour briser les illusions. Apparemment maintenant satisfaite, elle accepta alors la brochette avec délectation en mordant dedans avec un petit morceau. Elle était bien décidée à en profiter le plus possible, donc en prendre peu à chaque bouchée augmenterait drastiquement le temps de plaisir sans baisser le goût prononcé en bouche. Maintenant qu'elle y avait touché, on ne risquait pas de venir lui prendre, surtout que la jeune fille aux cheveux d'argent risquerait de la défendre comme si sa vie y dépendait. La parfaite étrangère semblait chercher à comprendre ce qu'il se passait avec cette alarme. Elle regardait à droite, puis à gauche. Cela semblait pourtant évident, mais apparemment il fallait bien expliquer la situation.
Datalia Madoka • « Et bien en faites, tous les six mois, il y a un tirage au sort pour gagner des places gratuites pour un voyage en bateau autour des plus belles îles de l'archipel ! Et donc, on test l'alarme pour l'occasion, qui est le signal du tirage ! Et si tout le monde court et se dépêche, c'est pour être sûr de pouvoir prendre un billet de loterie ! Dès qu’il y a quelque chose de gratuit les gens tu sais … »
Commenta alors du tac-o-tac Madoka avec une grande facilité de mensonge, un peu comme si elle avait fait cela toute sa vie, ce qui n’était pas tout à fait faux d’ailleurs. Le seul souci, c’était qu’elle croyait à son propre mensonge, tant et si bien que pour prouver que tout cela était vrai, elle pouvait aller très loin. Elle fit signe de la suivre jusqu’à un attroupement où les plus angoisser venaient poser des questions à quelques gardes qui tentaient de calmer la situation. Il fallait dire que la ville avait tendance à se faire attaquer un peu trop souvent au gout des civiles. Elle se fichait de ce genre de situation, comme du sort de tous ces gens. Cependant, elle avait une situation à prouver, l’adolescente avait une très forte imagination pour créer des mondes chimériques plus vrais que nature. Elle faisait la queue tranquillement avec un sourire, avec Chiyoko par la main histoire de ne pas la perdre. Il fallait bien dire qu’elle s’accommodait fort bien d’une nouvelle venue sans aucun problème. Elle lâcha la main de la blonde afin de mettre quelques mètres entre elle, le garde et Chiyoko en espérant qu’elle n’entende pas trop la discussion.
Datalia Madoka • « Bonjour, je viens pour prendre deux billets de loteries s’il vous plais. »
« Pardon ? Mais de quoi parles-tu Madoka ? C’est encore une de ces blagues ? »
Demanda alors le garde un peu perplexe face à cette étrange demain. La fillette tendit alors les mains pour prendre celle du garde et hocha la tête doucement en faisant mine de prendre quelque chose.
Totalement perplexe, le garde se gratta l’arrière des cheveux un peu perdu, alors qu’il regardait l’adolescente s’écarter à travers la foule avec les mains dans le dos. Elle retrouva alors Chiyoko un peu plus loin de la foule, alors qu’elle chantonnait apparemment toute contente. Une fois un peu à l’écart, elle sortait ses mains de son dos en tenant apparemment vraiment des billets de loterie classique en papier. Elle en tendit un avec le numéro 646 vers Chiyoko, alors qu’elle garda le sien précieusement.
Datalia Madoka • « Ne le perd pas surtout ! Sait-on jamais, tu pourrais peut-être gagner quelque chose, ou un lot de consolation ! »
C’était évidemment un genjutsu, que Madoka venait de lancer totalement hors de contrôle, ce n’était que sa manière de voir la vie. Le monde réel n’avait qu’à ses yeux un gout fade, voir désagréable en bouche, alors elle s’était habituée à inviter tout un tas d’aventures, de situations extraordinaires et rocambolesques bien plus amusantes que la vie réelle.
Chiyoko allait presque se résigner, abandonner son initiative et sa tentative de se lier à la première venue lorsque celle-ci s’adressa à elle. Elle avait une drôle d’expression, à la fois affamée, dubitative et méfiante. Après tout, Kiri était un village hautement militaire, à première vue. Nul doute que des gens qui s’entouraient de telles murailles devaient se montrer méfiants face à ceux qui débarquaient tout justes. Et Chiyoko se connaissait bien, elle ne faisait pas la meilleure des premières impressions, la plupart du temps. Pour autant, la jeune femme ne pouvait pas s’en empêcher et n’était pas discrète, dans cet endroit si inhabituel.
Le premier réflexe de l’inconnue fut de tenter de dissiper une illusion. Chiyoko ne sut pas, instinctivement, si elle devait en rire ou être vexée. Et dans le doute, ce fut la seconde solution qui prit possession de son esprit un court instant. Eh, mais ! Commença-t-elle avant d’être interrompue par le geste de l’adolescente qui se jeta sur la nourriture comme la misère sur le monde. Eeeh ben. Ils vous nourrissent pas dans ce pays ? Ne put-elle s’empêcher de commenter à voix moins basse qu’elle ne l’aurait voulu. Les sourcils haussés dans une expression de curiosité autant que de malaise, la Kaguya la regardait faire. Elle avait l’air d’une petite chose fragile et douce comme ça, mais sa façon de se jeter sur la nourriture cassait un peu l’illusion de pureté que son apparence laissait supposer. Non pas que Chiyoko soit un exemple de féminité, mais si toutes les kirijines étaient ainsi, la mère de la jeune femme d’Hayashi no Kuni avait en partie menti.
L’explication qu’elle lui donna sembla tirée par les cheveux, mais la détermination de la jeune fille et l’enthousiasme avec lequel elle le déballait la rendait franchement crédible. Au final, ce n’était pas elle qui perdait en superbe, mais le village de la Brume, au yeux de la Kaguya.
Des voyages en bateau ? Parce qu’il y a des gens qui font ça pour le plaisir ? Ca me dépasse. Le souvenir du trajet était encore trop frais dans la mémoire et dans les tripes de Chiyoko pour qu’elle ne puisse envisager ça comme autre chose que du pur masochisme. Dans quel univers consentit-on à se retrouver bloqué sur une embarcation, secoué dans un sens puis dans l’autre, à rendre à la mer chacun des repas laborieusement ingurgités ? Cette idée passait bien au delà de la compréhension de la jeune femme. C’est pas un peu con de conditionner les gens à réagir à une alarme importante comme à une distribution de bouffe gratuite ? Chiyoko voyait encore des tas d’inconvénients et problèmes à ce procédé mais qui était-elle pour juger les méthodes d’un pays où elle venait à peine de poser le pied ? Elle haussa alors simplement les épaules, jetant un oeil à droite, à gauche, constatant que le mouvement semblait se calmer doucement. Sans doute parce que les gardes eux mêmes étaient moins paniqués et agités qu’auparavant, et que plus personne n’avait l’audace de la bousculer.
Trop perdue et seule pour protester lorsque l’inconnue l’attrapa par la main, elle se laissa entraîner. Euuh je t’aurais suivie, hein ! Lança-t-elle tout de même, sa voix couverte par le brouhaha de la foule. Sans doute ne l’avait-elle pas entendue. Ca n’avait aucune forme d’importance, de toute façon. Mieux valait progresser main dans la main avec une Kirijine plutôt que risquer être accusée de choses et d’autres de par son statut d’étrangère.
Son attention était attirée par tant de choses qu’elle avait bien du mal à suivre ce que l’autre faisait, alors elle l’attendait, patiemment, essuyant quelques regards intrigués au passage. Il y avait tant de monde pour un tel endroit, comment pouvaient-ils seulement savoir si elle était d’ici ou non ? Sa tenue n’était pas si anormale, ou bien était-ce sa posture ? Pourquoi en regardaient-ils pas l’inconnue de cette façon, alors ? Contrite, elle leur renvoyait leurs regards en y ajoutant une pincée de défi et d’agressivité. Ce n’était pas le lieu ni le moment de l’emmerder. C’est alors que l’adolescente la retrouva et lui tendit un papier orné d’un numéro. Loterie ? Heu … Ouais enfin, si le lot de consolation implique que je mette encore les pieds sur un bateau je m’en passerai volontiers. A peine finissait-elle sa phrase qu’un type, la quarantaine bien tapée, s’approcha avec intérêt, les yeux rivés sur ce qu’elle tenait, et tenta de le lui prendre des mains. Et comme toute humaine normale, Chiyoko se sentit soudainement très attachée à cette idée de loterie précisément parce qu’on tentait de la lui refuser. Eh ! Bas les pattes ! C’est mon ticket ! Elle ne sortit même pas une de ses armes et se contenta simplement de faire pousser rapidement des crochets d’os au bout de ses doigts, comme pour faire comprendre au gars qu’il ne valait mieux pas insister. L’homme, probablement plus impressionné par le clan auquel elle appartenait sans doute que par Chiyoko elle même, s’éloigna immédiatement.
C’est alors que la Kaguya se retourna vers l’inconnue, un grand sourire aux lèvres. Il avait suffi d’un malotru pour la rendre vraiment enthousiaste vis à vis de cette histoire de loterie. Dans tous les cas, si elle venait à gagner un voyage en bateau, elle pourrait toujours le vendre à quelqu’un, pas cher, et se faire un peu d’argent de poche. Avec le voyage, le besoin de renflouer les caisses se faisait de plus en plus ressentir. Après avoir mordu avidement dans la brochette qui lui restait, l’étrangère remercia la Kirijine avec un enthousiasme nouveau. Merci pour le billet ! On doit se présenter où pour le résultat ?
En train de mâcher une bouchée de sa brochette de viande au fromage, l’adolescente regarda perplexe la blonde qui semblait être vexée. Elle cacha plus près de son corps sa brochette de peur que la jeune femme ne tente de récupérer son cadeau. Ce n’était peut-être pas son genre, mais de un elle ne le savait pas, alors dans le doute … et puis, c’était bien trop bon pour en laisser même un petit morceau. Elle fit un petit pas en arrière en plissant des yeux. La jeune fille aux cheveux d’argent ne semblait pas avoir mangé depuis longtemps, mais il fallait dire qu’elle semblait avoir la peau sur les os comme on disait.
Datalia Madoka • « Ben ici, si on veut manger, il faut travailler, mais j'ai eu une enfance difficile que je conseils à personne, même à mon pire ennemi. »
Répondit alors Madoka au sujet de la nourriture dans le pays. Elle n'était sans doute pas le meilleur exemple d'ailleurs, surtout que si elle découvrait partiellement son corps, on pouvait également voir des blessures physiques faites généralement par des armes de toutes sortes. Elle n'en parla pas davantage sur le coup, mais cela ne semblait pas être une boutade sur le coup. Elle n'avait pas beaucoup de manière tout court, un peu comme si elle n'avait jamais été éduquée, ce qui était assez proche de la vérité au final.
Datalia Madoka • « Ho oui oui, il y en a qui aime bien se promener dans un navire afin de voir de nouveaux paysages. Surtout que dans le pays de l'eau, vu le nombre d'îles, il y a de quoi faire, alors les déplacements se font surtout sur un esquif qu'à pied. »
Madoka n'avait pas de souci sur l'eau, elle ne connaissait pas le mal de mer. Elle était habituée à naviguer, lorsque l'on était une fille de la mer, ce n'était pas une surprise. La question de la jeune femme au sujet de l'appel des personnes avec une alarme importante était bien juste et justifiée. C'était une évidence qu'il y avait un souci de logique la dedans, ce qui posait problème dans l'équilibre de son petit monde qu'elle venait de se créer. Elle se pinça les lèvres ennuyée, elle devait trouver quelque chose à dire, comme si c'était elle qui avait mis tout en place.
Datalia Madoka • « C'est... C'est parce que l'on est attaqué assez souvent, alors cela ne devient pas banal comme alarme tu vois ? Enfin bon, après j'en sais rien hein... C'est pas comme si c'était moi qui avait appuyé sur le bouton ! Hahahaha ! »
Dit alors en riant Madoka en se tapant la cuisse. Elle ne voulait pas perdre cette fille, qui on pouvait dire semblait avoir son âge, et puis elle apparaissait comme sympathique. Elle était assez tactile, elle touchait facilement les autres sans problème moral. Elle était devenue en quelques secondes sa meilleure amie, même si elle ne connaissait même pas son prénom.
Datalia Madoka • « Au faite, qu'est-ce que tu fais là à Kiri ? Moi, c'est Madoka et toi ? Tu veux que l'on soit copine ? »
Demanda tout de même l'adolescente curieuse afin de connaître davantage sa vis-à-vis. C'était la capitale militaire du pays, il était normal d'y voir beaucoup de monde, surtout dans le port principal. Dans chaque étrange, il y avait des vêtements, des habitudes, de la découverte permanente dans chaque regard et détail de ce qu'il pouvait l'entourer. Les habitants avaient pris l'habitude et la conscience que les étrangers pouvaient être un danger. La jeune fille s'en fichait pas mal, car me fait que Kiri brûle t'il n'était pas son souci.
Datalia Madoka • « Si un cadeau ne t'amuse pas, tu peux toujours me le donner ton billet, hihihi ! »
Dit alors toute contente Madoka en apparence, mais elle venait d'avoir des sueurs froides, bon pas grave. Il ne manquait plus que d'organiser une réception de tombola et des cadeaux en quelques secondes ! Elle tourna son regard vers l'homme qui tentait de chopper le billet de loterie et dans sa tête, elle imaginait déjà toutes les manières de tuer cet homme. Une aura palpable agressive et morbide put se faire sentir autour d'elle, alors que Madoka pencha la tête lentement dans sa direction. Cependant, elle fut surprise de voir des os sortir des doigts de sa camarade de jeu.
Datalia Madoka • « Ho Ben ça c'est amusant dis donc ! Tu sais faire la même chose qu'un type que j'ai croisé un jour. Lui aussi, il faisait pousser des os de partout, on a tapé des gens ensemble et il m’a offert plein de glace ! Il est cool ! »
Dit alors très clairement Madoka, alors qu’elle ne semblait pas être très étonnée de ce type de pouvoir. Le drôle de type s’éloignait, et c’était tant mieux. Elle se frotta l’arrière de la tête comme si elle semblait réfléchir à la question, où devait-on aller pour les résultats de la tombola ! C’était une question assez normale, et elle invita alors la Kaguya à la suivre dans les rues de Kiri. Elle s’arrêta alors un bref instant devant un magasin qui vendait des vêtements pour touristes, plein des jouets et de souvenirs, des babioles diverses et variées. Elle allait sans doute trouver son bonheur d’une manière ou d’une autre.
Datalia Madoka • « Si tu viens d’arriver, il faut se rendre dans ce genre de boutiques ! Il te faut un souvenir ! Viens allons voir ! »
Le commentaire de l’inconnue sur son enfance difficile releva une pensée dans l’esprit de la Kaguya. Les Kirijins étaient-ils tous aussi ouverts ? Elle avait entendu, par sa mère, que son clan ne faisait pas dans la psychologie et le bon sentiment. Qu’en était-il des autres, balançaient-ils de but en blanc les choses de manière impudique ? Chiyoko s’en accomoderait sans le moindre soucis, étant elle-même du genre à oublier de mâcher ses mots.
Je … Bien, j’imagine que je vais devoir m’y habituer. Commenta-t-elle lorsque l’autre jeune femme lui annonça la nouvelle, concernant la navigation. Elle ne s’attendait pas à un obstacle de ce genre mais Chiyoko n’aimait pas croire que quelque chose d’aussi insignifiant puisse avoir raison d’elle, et de sa détermination. Il lui faudrait seulement trouver quelqu’un pour lui enseigner la navigation, et une méthode pour éviter le mal de mer.
Lorsque l’adolescente tenta d’expliquer la raison pour laquelle les Kirijins utilisaient les mêmes alarmes pour les attaques et les loteries, elle sembla perdre un peu de son verbe. Chiyoko était pleine de volonté, mais ça restait louche. Néanmoins, elle ne se posa pas plus de question. Question de politesse, d’une part, et d’instinct de survie. La Kaguya n’était pas spécialement une grande stratège, mais dans ce cas précis, nul besoin de stratégie pour comprendre que se mettre à dos son premier contact Kirijin n’était pas la bonne solution pour se faire bien voir et accepter, tant dans le clan que dans le village. Elle ne savait même pas où aller, qui plus est.
Copines ? Dis donc, t’es du genre directe. C’est pas plus mal remarques, je préfère ça que les gens dont on doit deviner le sens des mots tout le temps. Ca me va. Commença-t-elle, un large sourire naissant sur son visage pour la première fois depuis son arrivée. Je suis à Kiri pour rencontrer mon clan, ma famille. Je m’appelle Chiyoko. Enchantée, Madoka ! Tout de même, en songeant aux manières de Madoka, elle ne pouvait s’empêcher d’être dubitative. Elle l’observa discrètement et réalisa que, peut-être, ce n’était pas la meilleure interlocutrice pour trouver ses marques dans le coin. Il lui aurait plutôt fallu rencontrer un shinobi du village, cette adolescente avait tout au plus l’air d’une vagabonde un peu particulière et ses informations hasardeuses sur le fonctionnement du port ne jouaient pas en sa faveur.
Tu as rencontré un Kaguya ? Le visage de Chiyoko s’éclaira d’un coup. C’était après tout le but principal de sa traversée du continent et de sa venue à Kiri. Elle ne savait rien de ce village et, finalement, s’en fichait un peu si ce n’était pour son clan. La description que faisait Madoka de sa rencontre avec un Kaguya avait de quoi faire sourire autant que se questionner. Taper des gens, oui, c’était à peu près ce à quoi la mère de Chiyoko l’avait préparée. Et fort heureusement pour elle, elle était sur la même longueur d’onde que son clan maternel, sur ce point. Et Hayashi no Kuni l’avait suffisamment endurcie pour qu’elle se sente assurée d’y être acceptée, au moins sur ce point. Cependant, sur la question des glaces offertes, cela contrastait assez avec l’image qu’elle se faisait des Kaguyas. Généreux ? Ce n’était certainement pas un qualificatif employé par sa mère à leur sujet. Il faudra que tu me dises son nom, que je sache un peu à qui je m’adresse. Je n’ai jamais rencontré personne de mon clan pour le moment. Sourcils froncés, elle se questionnait de mille façons à la fois. Mais chaque chose en son temps. La jeune femme du pays des Bois aurait largement le temps de se confronter à son clan, quelle qu’en soit la manière.
La jeune femme l’invita ensuite à la suivre dans les rues de Kiri. Voilà qu’après le port, elle découvrait donc le village, lui-même. Chiyoko aimait les belles choses, et découvrir le monde. Elle ne se flagellait donc pas de faire un peu de tourisme. Si elle venait à se mettre au service du village par la suite - elle l’espérait, c’était sa seule compétence viable pour gagner de l’argent - elle n’aurait sans doute plus le temps de se balader et observer béatement le village de la Brume. Elle qui était habituée aux minuscule villages éparpillés dans les bois était bien surprise de toutes ces structures. Malgré la verdure, tout ça lui semblait bien gris et lisse, mais ça avait un certain charme, et un sacré panache, il fallait bien l’admettre. Madoka l’arrêta devant un magasin proposant de nombreuses choses, vêtements, bibelots, jouets … Si Chiyoko n’avait pas vraiment prévu de budget pour les souvenirs, puisqu’après tout elle comptait rester, les couleurs tape à l’oeil réveillaient sa fibre consumériste, comme chez tout le monde, sans doute. Un souvenir ? Je savais pas que Kiri faisait dans le tourisme. C’est pas du toc, au moins ? Chiyoko était habituée aux objets de qualité, chers, mais faits main de son village. Elle ne savait donc pas à quoi s’attendre. Les vêtements et bibelots de cette boutique étaient plus chatoyants que ceux qu’elle avait l’habitude de voir. Et elle adorait ça. Chiyoko n’avait jamais trop aimé la discrétion nécessaire des attirails de ses pairs au pays des Bois. Tout du moins dans son village, on préférait jouer sur le camouflage plutôt que la prestance. Qui impressionneraient-ils avec de beaux kimonos colorés ? Elle même était considérée comme singulière et excentrique pour un peu de rouge sur ses revers et sa ceinture.
A peine entrée, elle ne se retint pas le moins du monde et se précipita vers la première robe kimono courte qui lui passa sous les yeux. Semblable à son propre vêtement mais arborant de jolies couleurs bleutées et quelques teintes de violet, il n’en fallait pas plus pour attirer son regard en mal de frivolité. Doucement, elle passa ses doigts sur le tissu d’une qualité moindre qu’elle ne semblait à première vue. Ce n’était pas médiocre, mais il ne fallait pas s’attendre à quelque chose d’exceptionnel dans une boutique pour touristes. Cependant, le style contrebalançait bien la qualité de l’étoffe qui restait tout à fait respectable. Elle baissa les yeux vers le petit panneau qui en annonçait le prix. Si elle achetait ce vêtement, il lui faudrait trouver très rapidement de quoi gagner de l’argent, auquel cas elle ne tiendrait pas plus d’un mois à se nourrir. Et c’était sans compter l’éventualité que les Kaguya ne l’hébergent pas. Par acquis de conscience, elle préféra demander son avis à Madoka. Qu’est-ce que tu en penses ? Ça vaut le coup ou c’est de l’arnaque ?
Madoka n'était sûrement pas le meilleur exemple de kirijin du moment, que ce soit passé, présent ou à venir. Le souci était de le savoir. Heureusement, que peu de monde était si ouvert que cela, sinon tous les obscures secrets de la cité seraient déjà sur toutes les lèvres du monde entier. Elle était une personne plutôt directe, qui ne réfléchissait sans doute pas assez d'ailleurs. Il ne fallait sans doute pas grand-chose pour qu'elle raconte le reste de sa vie à une parfaite inconnue, ou alors c'était pour se faire plaindre.
Datalia Madoka • « J'ai ma cheffe d'équipe qui est née dans ce pays, qui ne supporte pas du tout les voyages en bateau alors tu sais, il ne faut pas s'inquiéter plus que cela. Tu verrais quand je produis des rafales de vent dans les voiles ! Hahaha ! La tête qu'elle fait ! »
Dit alors en riant franchement de sa bêtise digne d'une enfant en bas âge, mais apparemment, cela lui plaisait beaucoup. Elle s'essuya une larme de bonheur au coin de l'œil d'un doigt. Elle hocha la tête lentement très sérieuse.
Datalia Madoka • « Tu as l'air d'être cool, alors pourquoi pas hein ? Il faut en profiter pendant que l'on soit encore en vie, car en tant que shinobis, on ne sait pas si demain le jour se lèvera vraiment. Après tout, un arbre qui tombe la forêt lorsqu'il n'y a personne, fait-il du bruit ? Un shinobi doit être un combattant, une arme, pas de sentiment et réussir coûte que coûte sa mission. »
Commenta alors la blanchette avec des mots vraiment difficiles à entendre, mais terriblement vrai.
Datalia Madoka • « Chiyoki, je suis heureuse de te rencontrer, mais c'est amusant que tu parles du clan Kaguya. »
Madoka croisa les bras dans son dos, regardant pensive les différents cadeaux qui s'offraient à elle sous ses yeux. Elle semblait être assez à l'aise en tout cas dans la ville, mais s'il fallait une preuve de son appartenance aux guerriers des ombres, c'était bien celle-là. Elle fit une suite de mudra et un clone d'elle-même apparut, cependant, c'était n véritable clone tangible, pas une simple illusion. Son clone utilisa la métamorphose pour prendre l'apparence d'une grosse dame brune qui se promenait tranquillement dans les allées du magasin en faisant visiblement beaucoup de bruits. Madoka hocha la tête doucement.
Datalia Madoka • « Oui ! Il m'a dit que les Kaguya n’étaient pas vraiment un clan, qu’ils étaient fâchés et désunis, mais bref, oui, j'ai bien rencontré un Kaguya, Kaguya Wutu-fuku. Un drôle de prénom quand même. Enfin, il n’avait pas l’air de vraiment apprécier sa vie de ninja … »
Visiblement, Chiyoko était vraiment très intéressée par cette rencontre, alors peut-être devait-elle en parler d’avantage ? L’adolescente ne comprenait pas vraiment pourquoi, elle avait fait des exploits bien plus extraordinaire, enfin bon, tant que cela lui faisait plaisir.
Datalia Madoka • « Oui alors en faites, tout commença un soir, où je patrouillais en ville. Sautant de toit en toit comme une pélican berserker ! Je découvris alors un jeune homme entouré de toute une bande d’alcoolique barbus dégénéré du clan des Hyosa, le nouveau clan qui a pris le pouvoir, qui semblait vouloir le taper. Alors ni une ni deux, j’ai sauté pour aller le sauver en me battant dans la mêlée ! Et c’est là qu’il a fait des trucs chelou avec ses os ! Bon alors après, on a été dans mon repère secret, mais je n’ai pas le droit de t’en parler, et puis pour fêter notre victoire, il m’a offert tout un tas de glace que j’ai mangé avec mes clones ! En gros …. C’est ça ! »
Madoka ne semblait pas avoir vraiment compris, que c’était davantage le Kaguya qui l’intéressait que son histoire de poivrots et le combat. Elle se frotta la joue doucement en entendant la demande de la blondinette à propos du jeune homme.
Datalia Madoka • « Haaaaa ! Ben lui … je me battais quand même beaucoup mieux que lui ! En plus, il n’a pas voulu que je tues ces types … Il semblait ne pas trop aimer devoir devenir une machine à tuer. Apparemment, le clan l’a élevé, mais il n’a pas apprécié la dureté de ce qu’il a vécu. Je pense qu’il a pas mal de ressenti là-dessus. Comment j’aurais trop aimé ça ! Mais bon, j’ai toujours été seule, et j’aurais bien aimé avoir une famille, mais ce Wutu-fuku le regrette. Il ne sait pas ce qu’il perd … »
Finit par dire alors Madoka en haussant les épaules avec un léger soupir. Il semblait qu’il y avait bien quelque chose de ne pas du tout digérer à ce propos. Le magasin où elle avait emmené cette nouvelle venue à Kiri n’était pas encore dans la ville, ça non. Ce n’était que quelques rues qui entouraient le port. On pouvait voir au loin de hautes murailles et deviné un marais tout autour avec une brume plus ou moins dense. Ce n’était pas quelque chose de très agréable à voir comme cela, mais c’était un village militaire après tout. Elle n’avait jamais vraiment vécu en pleine forêt ou dans la nature, elle était une citadine. Cela pouvait sans doute se voir, mais peut-être pas ici dans ce magasin, mais quoi qu’il en soit, elle était parfaitement à l’aise.
Datalia Madoka • « Il vaut mieux sans doute faire attention aux prix et ce que tu prends ici, sait-on jamais. Il y a du matériel plus ninja pour le combat à Kiri la ville haute, ici dans le port, il y a un peu de tout, mais bon après tout, si tu comptes tenter d’entrée en ville, il faudra une bonne raison. C’est un village militaire, et ils ne font pas entrer n’importe qui. Tu es là pourquoi d’ailleurs ? »
Demanda assez curieuse au final l’adolescente sur un ton léger. Elle profita un bref instant où Chiyoko se tournait vers des robes et autres vêtements pour sortir un parchemin de ninja avec un sceau de fuinjutsu. Elle prit alors en main une peluche de panda assez grosse en main, et apposa son autre main sur le sceau. Immédiatement après, le jouet disparut, certainement emportée dans le sceau, si tout du moins on s’y connaissait un minimum en fuinjutsu. Il y avait une légère fumée, mais elle était bien incapable de savoir si la blonde l’avait vu ou non. Elle rangeait tranquillement le rouleau à l’arrière dans une petite sacoche, et apparemment, au même moment, son clone déguisé en grosse dame semblait poser plein de questions étranges à propos de plusieurs produits au marchand de la boutique. Quelle étrange coïncidence.
Datalia Madoka • « C’est jolie comme robe, pas tout à fait mon style, mais hmm … bon …. C’est sûr c’est chère, surtout que moi je suis une genin alors … Tu trouveras peut-être mieux ailleurs hein, on peut y aller maintenant. »
En voyageant, Chiyoko s’attendait bien à rencontrer toutes sortes de gens, et surtout, confronter sa vision des choses à celles, opposées, de parfaits inconnus. Elle avait un rapport paradoxal à ce qu’énonçait Madoka concernant la vie de shinobi, finalement. Dans son pays, elle avait été éduquée avec une certaine bienveillance mais aussi de la sévérité. Il fallait survivre dans un milieu plutôt hostile, au risque de se transformer en ermite faiblard et craintif, incapable de sortir de sa cabane. Toute excursion était un danger potentiel et Chiyoko n’était pas enfant à se laisser enfermer. En ce sens, les dons Kaguya qui lui furent transmis par sa mère étaient une bénédiction. Très tôt, elle avait appris à se protéger avant même de savoir manier parfaitement les armes, l’enseignement de son père étant arrivé un peu plus tard. Cependant, et peut-être était-ce parce qu’elle ne répondait pas à l’autorité d’un village avant d’arriver à Kiri, elle ne comprenait pas cet essentialisation du shinobi. Profiter je veux bien, mais je ne serai jamais seulement une arme. Énonça-t-elle, l’air vaguement vexée mais surtout, de prendre la chose à la légère. Obéir, elle savait faire. Aider, aussi. Si on lui demandait de partir en mission, elle le ferait certainement. Mais jamais elle ne se verrait comme une arme sans sentiment prête à sacrifier tout le monde pour la réussite d’une mission. Résiliente et combative, elle n’hésitait pas à se mettre en danger elle-même, quitte à y perdre beaucoup. Mais les sacrifices aveugles ne faisaient pas partie de sa façon de fonctionner. Et cela alors même qu’elle n’était pas une grande stratège ni un génie militaire, loin de là.
L’étrangère observa Madoka faire son petit manège, un sourcil relevé, l’air circonspect. Elle allait protester et lui demander pourquoi elle faisait ça mais finit par sourire. Ce petit spectacle était divertissant et ne faisait de mal à personne, au bout du compte. Et puis, ce n’était pas sur elle que ça retomberait si quelque chose se passait, alors autant profiter du spectacle.
Pas vraiment un clan ? Les choses ont du changer alors. Maman disait toujours que le clan n’avait qu’un coeur, partagé de tous, que chaque membre du clan était à la fois le sang et les os d’un seul être. Fusionnel. Maladif, précisa-t-elle même une fois, lorsqu’elle était enfant. A l’époque elle ne pouvait vraiment le comprendre mais lorsque sa mère lui avait expliqué plus en détail les conditions de son départ du clan, elle avait un peu mieux compris. Il lui était nécessaire de connaître ces détails car l’accueil de son clan maternel n’était pas garanti d’être chaleureux. Nul doute qu’ils pourraient se montrer rancuniers envers elle, simplement à cause des actes de sa mère. Enfin, je suppose qu’il me faudra le rencontrer pour en savoir plus. C’est ma prochaine destination, le domaine Kaguya. En espérant que cette désunion n’aie pas changer ce point, la tendance qu’avait le clan à vivre en un seul et même grand domaine, semblable à un village dans le village. C’était ce qu’on lui avait raconté sur le voyage mais de quand dataient ces informations ?
Avec une grande attention, la Kaguya écouta le récit de Madoka sur sa rencontre avec ce Kaguya Wutu-Fuku. Un nom singulier, effectivement. Un pélican berserker ? Chuchota-t-elle en tentant de suivre les propos de Madoka. Mais son expression ne trompait pas, elle était franchement surprise. Elle n’avait jamais vu de pélican avant la traversée vers Kiri, mais de ce qu’elle avait vu, les pélicans n’avaient l’air ni furtifs et grâcieux ni redoutables. Voilà qu’elle parlait d’un repère secret. Si elle ne pouvait pas en parler, pourquoi en faisait-elle mention ? Chiyoko sourit à cette idée. Heureusement pour Madoka que l’étrangère n’était pas mue de mauvaises intentions. Il lui aurait été franchement aisé de soutirer des informations à l’adolescente. La Kaguya continua d’écouter, portant sa main à sa bouche, de surprise, en plusieurs instants.
Je le comprends un peu, je pense. Enfin, des poivrots, on les assomme et on les jette dans une cave - vide, hein - pour décuver, pas besoin de les tuer. Cela lui semblait évident, mais Madoka avait l’air convaincue que la bonne solution était de tuer. Assez surprenant de la part d’une adolescente aussi enthousiaste et joyeuse. Chiyoko n’avait pas d’hésitations blesser, handicaper ses assaillants. Mais elle tentait de faire la part des choses quand il s’agissait d’ôter la vie de quelqu’un. L’important pour elle était de mettre hors d’état de nuire. Couper un bras ou paralyser indéfiniment suffisait généralement. Certains auraient trouvé ça plus cruel encore qu’ôter la vie. Peut-être avaient-ils raison. On est jamais content de ce qu’on a et surtout, on veut toujours précisément ce qu’on ne peut pas avoir. Regardes. J’ai traversé la moitié du monde connu pour ça. J’aurais pu rester tranquille à Hayashi no Kuni mais non, ça me faisait chier.J’ai préféré partir pour rencontrer des gens qui me détestent probablement, juste par esprit de contradiction. Expliqua-t-elle en riant. Il était étrange de voir à quel point, parfois, elle pouvait avoir un recul et une certaine clairvoyance sur elle même, tout en se laissant aller à céder à ses instincts idiots.
En écoutant Madoka, Chiyoko se décida et laissa la robe, se contentant de regarder avec attention ce qui se trouvait sur les autres étagères, perdant Madoka de vue un instant alors qu’elle faisait ses petites affaires de son côté. Mieux valait éviter de se laisser avoir par les pièges à touristes et attendre un peu. Ma famille vit à Kiri. Enfin, pas ma famille proche, mes parents vivent à Hayashi no Kuni. Mais ma mère vient du clan Kaguya. Je suis ici pour les rencontrer, tenter de renouer, qui sait. Quel optimisme. Jusque dans son ton on pouvait sentir l’exaspération envers elle-même. C’était d’une naïveté confondante. Mais en même temps, elle ne savait tellement rien de Kiri qu’elle apprenait presque tout juste de la bouche de Madoka que c’était une ville militaire. J’ignorais que ce village était aussi strict. Maman n’y a jamais mis les pieds, elle n’a rien pu me dire ... Ajouta-t-elle en sortant de la boutique. En plus de l’appréhension, c’était l’agacement face à l’imprévu qui montait en elle. Si tout ce voyage ne menait à rien, Chiyoko ne répondrait probablement plus de rien. J’espère que mon sang suffira à me laisser entrer parce que, très franchement, j’ame pas négocier ma légitimité. Elle était tendue, sa mâchoire, crispée.
Un profond soupir. Elle s’avança un peu plus en direction de la ville haute au loin. Elle n’était pas vraiment à Kiri, finalement. Il n’y avait pas de quoi se réjouir, tout n’était pas terminé. Mais avec un peu de chance, le reste serait aussi accueillant que Madoka. Vers laquelle elle se retourna pour lui poser une question. Tu sais où se trouve le domaine Kaguya ? Et qui est à la tête du clan en ce moment ? J’aurai sans doute besoin d’eux pour entrer, je doute que mes os suffisent à prouver ma bonne foi aux gardes de Kiri.
Madoka haussa les épaules en entendant la réflexion de Chiyoko au sujet d’être seulement une arme.
Datalia Madoka • « J’ai simplement dit que c’était le code ninja que l’on nous enseigne ici, après, ce que l’on en fait … Moi, je ne suis pas du genre à faire ce que l’on me dit, je fais simplement ce dont j’ai envie. »
Dit alors la jeune fille aux longs cheveux d’argent avec un grand sourire plein de dents. Elles ne se connaissaient pas encore bien assez, même si elle commençait à avoir eu quelques exemples de ses agissements bien particuliers et originaux. Elle n’aimait pas du tout être utilisée, dans sa vie, quasiment tout le monde l’avait traité ainsi par divers moyens détournés, mais au final, ce n’était que pour la manipuler. Cependant, elle était plus intelligente, plus éveillée qu’elle désirait bien montrer derrière son masque de folie. Elle avait bien d’ardents désirs assez sombres et définitifs, mais elle n’était pas encore prête à les mettre en œuvre. L’adolescente semblait prendre tout cela à la légère, car elle ne le respecte absolument pas. On pouvait se demander si autant de sacrifice était demandé à ceux qui avaient pu se hisser jusqu’au sommet. Elle n’y croyait pas du tout, elle était bien certaine que ce système criminel était en place, que Kiri n’était qu’une autre bande de malfaiteurs qui avait réussi à abattre les autres afin de prendre le pouvoir.
Madoka avait une grande habitude du vol, mais ce n’était pas qu’elle manquait d’argent, elle en avait peu certes, car sa manière de faire l’immunisait contre les responsabilités et la monter de grades, mais c’était d’avantage par jeu. C’était devenu comme une seconde nature, mais fort heureusement, ce n’était que d’insignifiant détail. Il n’y avait jamais de violence ni de grosses sommes. Etait-ce pour cela qu’elle n’avait jamais été inquiétée ? Peut-être bien.
Datalia Madoka • « Alors peut-être que ce Wutu-fuku a été mis au banc de ton clan, et qu’il n’est pas représentatif des Kaguya, ça je n’en sais rien du tout. J’imagine qu’avoir une grande famille …. Ça doit être vraiment cool … »
Commenta alors simplement la jeune fille avec un regard vague au loin. Si elle pouvait être jalouse de quelque chose, c’était bien de cela envers quasiment tout le monde dans le village. Chaque personne avait bien une attache, un oncle, une tante, des amis, elle se retrouvait seule que ce soit par la malchance comme le destin ou ses propres agissements. Désirait-elle prouver qu’elle avait raison d’agir ainsi en se coupant de tout le monde ? L’adolescente regarda alors un bref instant la jeune femme à ses côtés, c’était bien la première fois qu’elle agissait en cherchant une amie, une grande première. Elle n’avait jamais vraiment de mauvaises intentions, en tout cas, quand on ne la cherchait pas.
Datalia Madoka • « Le domaine Kaguya hein ? Il se trouve dans la ville haute … hmmm … sans doute pas très loin des Yuki, c’est un clan important. Il y a aussi le clan des barbus qui sont au pouvoir évidemment, ils ont débarqués il y a pas longtemps en gelant tout partout ! C’était génial ! On pouvait glisser sur le sol hihihi ! »
Ce qu’avait oublié de préciser l’adolescente, c’était qu’elle parlait du Mizukage, et d’une invasion, mais visiblement, ce n’était pas ce genre de détails qui encombraient son esprit. Lorsqu’elle parla de Pélican berserker, elle hocha la tête vivement, mimant volontiers avec des effets spéciaux de hautes qualités produites par la bouche de la conteuse.
Datalia Madoka • « Ils étaient insipides, brutaux et stupides ! Sur le coup, tous les tuer me semblait être quelque chose de normal …. Les perdant doivent mourir, sinon le public ne serait pas très content … Hmmmm ça non … »
Finit par dire Madoka en secouant la tête doucement. La vie de quelqu’un ne semblait vraiment pas peser grand-chose à ses yeux, pire, c’était quelque chose d’obligatoire, de normal. Il y avait plusieurs facettes bien distinctes dans cet enfant, et le tout était de tomber sur la bonne au bon moment, ce qui était rare. Des événements ou des tentations faisaient resurgir certaines, et ce n’était pas forcément une bonne chose.
Datalia Madoka • « Ha oui tu crois ? On n’est jamais content de ce que l’on a ? Hmmm peut-être … Ce que l’on ne peut pas avoir … on peut avoir tout ce que l’on veut quand on est très très forte, quand personne ne peut contester vos dires. La puissance, voilà un facteur qui permet d’avoir tout ce que l’on veut, tout le temps et personne n’ose dire quoi que ce soit. »
Madoka n’était pas encore assez forte pour faire absolument tout ce qu’elle voulait, mais cela progressait. Lentement, elle accumulait de la force et déjà, on ne la traitait pas de la même façon qu’à ses débuts. La réponse était pourtant évidente, car elle avait gagné le respect par la force, alors ils verront quand elle deviendra si puissante que plus personne ne pourra contester ses décisions …
Datalia Madoka • « Moi je ne suis jamais sortie vraiment du pays, mais voyagé d’iles en iles de temps à autres, mais cela s’est accéléré avec les missions. Après si les Kaguya sont méchants avec toi, ignore les. Ils viendront de manger dans la main quand tu seras capable de massacrer la moitié de la ville d’un claquement de doigt. »
Dit alors sur un ton léger la jeune fille en haussant les épaules, très naturellement. Elle écouta la raison de la venue de cette fille ici, et elle ne se posa guère de question si c’était vrai ou non, car elle se fichait pas mal de la sécurité du village. Il était tellement plus aisé de vivre en se fichant de tout, en ne pensant qu’à elle, mais était-ce vraiment la vérité ? Ne se mentait pas à elle-même ?
Datalia Madoka • « Et bien avant … il y avait plein de bandes de méchants qui fichaient la pagaille, jusqu’à ce que les grands héros libérateurs les ont tous tuer ou mis en déroute ! Ce qu’ils oublient de dire ce sont les dommages collatéraux quand ces grands héros sont partis … mais ça …. Ils s’en fichent. J’imagine qu’ils sont tellement contents de partir à la guerre, qu’ils ne pensent pas aux autres. Des armes …sans sentiment … obéir … il y en a qui doivent le prendre au sérieux ces règles. Ce village existe depuis peu en même temps, quelques années à peine. Quatre ou cinq ? enfin, je ne sais pas trop, un truc du genre … »
Commenta alors d’une manière légère. Elle haussa les épaules par la suite.
Datalia Madoka • « Ton sang ? Les Kaguya ? Ho bha ça j’en sais rien. Ils pleurent tous d’une future guerre contre Iwa ou Kumo, alors les étrangers, ils doivent être interrogés. Enfin, j’imagine, moi ... je suis arrivée ici comme trophée quand ils m’ont …. « libérée ». »
Madoka marchait alors tranquillement dans un quartier où il y avait de plus en plus d’hangars. Les personnes qui y étaient ici semblaient être des travailleurs ou des personnes louches, mais deux jeunes femmes, c’était assez étrange. Cependant, la blanchette semblait vraiment connaitre le coin. Elle finit alors devant un hangar apparemment comme les autres, et ce fut alors ce moment où elle commença à chantonner doucement.
Datalia Madoka • « Si je sais où se trouve le domaine Kaguya ? Plus ou moins … Qui le dirige, ho bha ça j’en sais rien du tout non. J’imagine que le plus simple est de se présenter à l’une des portes, de tout expliquer à ceux qui vont venir d’interroger, et cela se passera sans doute merveilleusement hein ! Il n’y a pas de raison … »
Madoka semblait être l’espace d’un moment concentré, mais elle finit par ouvrir d’un grand coup d’éclat les portes. C’était un hangar apparemment à l’abandon ou presque. Il n’était pas forcément très propre, mais il y avait des meubles disposés un peu partout, plusieurs lits et une grande bannière d’un oiseau noir sur fond rouge. Il y avait une estrade avec un pupitre, mais le plus étrange fut les personnes à l’intérieur. Il y avait un lapin habillé de façon très classe avec un chapeau haut de forme, un criquet géant bien habillé, un chat rose et violet qui semblait patienter en regardant vers l’estrade. Il y avait plus au fond une sorte de grosse chenille en train de fumer, elle avait dû se mettre à l’écart pour cette raison. Il y avait bien plusieurs humains également, mais leurs visages semblaient être si banals que l’on pouvait les confondre. Tout ceci ne semblait vraiment pas être très réel.
Datalia Madoka • « Et voilà ! On est arrivé au grand tirage ! »
Le rapport que Chiyoko entretenait avec sa famille n’avait rien de vraiment particulier ou dramatique. Elle n’avait que ses parents, étant enfant unique exilée de sa famille maternelle. Du côté paternel, il y avait des liens, quelques uns. Mais on ne pouvait pas parler de chaleur et de rapport fusionnel. C’était ainsi. Sans autre exemple ni attentes basées sur son éducation, elle ne s’était jamais questionnée sur ce sujet parfois épineux. Cool ? Je suppose, oui. Elle ne savait pas vraiment quoi dire. Ca avait l’air dramatique, mais elle était bien incapable de se mettre à la place de Madoka. On ne perçoit jamais l’accablement de la solitude tant qu’on ne l’a pas vécu. Dans le cas de Chiyoko, elle voguait tranquillement entre nouvelles rencontres et éloignement consenti, naturel. Chez elle, on vivait d’une drôle de façon. Un mélange de solidarité ponctuelle et de débrouillardise. Il faut savoir s’endurcir seul, ne pas toujours compter sur les autres. Mais ça n’avait pas les accents dramatiques que l’on pouvait imaginer dans le cas d’orphelins. Il en était juste ainsi.
Chiyoko écoutait silencieusement Madoka développer et ne put s’empêcher de sourire lorsqu’elle se mit à parler des Kaguya. J’espère que tu as raison, mais je doute que les Kaguya soient du genre à manger dans la main de qui que ce soit. Douce naïveté. Avec tous les récits de sa mère, sur sa jeunesse au sein du clan, l’épéiste imaginait une famille pleine d’honneur et surtout, têtue. Du genre à s’imposer et prendre la tête de toute opération. Typiquement des gens qui ne s’en laissent pas conter et ne plient devant personne. Quelle douce ignorance de la part de quelqu’un qui ne connaissait pas encore la place des Kaguya dans ce village. Il lui était facile de les idéaliser, sourire aux lèvres, et d’imaginer tout ce qu’elle apprendrait à leur contact. Nul doute que quelle que soit la part de vérité dans tout cela, Chiyoko serait déçue par la réalité. Elle s’emballait toujours beaucoup trop.
De grands héros, hein ? J’imagine qu’ils doivent être encore en vie, quelque part dans le coin, si c’est si récent. Le genre de personne que j’aimerais bien rencontrer. Répondit la Kaguya d’un ton enthousiaste, presque rêveur. Elle ignora l’allusion à une éventuelle future guerre, et ce pour deux raisons. Elle ne savait rien et ne pouvait pas comprendre les tenants et aboutissants de tout cela. Iwa, Kumo, c’était encore plus flou pour elle que Kiri. Et puis, Chiyoko avait été éduquée de façon à se tenir éloignée de tous les conflits du monde, allant même jusqu’à ne jamais se considérer concernée par quoi que ce soit. A peine arrivée à Kiri, il ne lui était pas encore naturel de se faire du soucis pour l’avenir du village. Ce n’était pas dans sa nature de se sentir menacée au nom d’un village ou d’un pays.
C’est alors qu’elle réalisa, en suivant Madoka qui lui expliquait toutes sortes de choses sur ce qui pourrait survenir sur sa route par la suite, qu’elle n’avait fait que se concentrer sur son but. Sa vie. Son projet et son arrivée. Une tendance à l’égocentrisme, à oublier les autres et leur vécu dont elle ne parvenait que difficilement à se défaire. Chiyoko agissait souvent avant de réfléchir alors il n’était pas étonnant de la voir ignorer les autres tant son projet est son unique pensée. La jeune femme du pays des Bois allait interroger Madoka sur son allusion à son statut de trophée et, plus généralement, sur sa vie à Kiri et ses origines lorsqu’elles débarquèrent dans un hangar.
Chiyoko n’avait pas prêté la moindre attention à l’environnement et s’était contentée de suivre Madoka, l’écoutant avec autant d’attention dont elle était capable alors qu’elle songeait surtout à la façon dont elle allait entrer dans la ville haute. L’odeur du hangar lui prit le nez et éveilla des sensations spasmodiques de dégoût dans son estomac. Elle qui ne connaissait que la forêt n’avait évidemment pas l’habitude des endroits abandonnés qui sentaient le renfermé. La décoration, l’environnement, tranchait du tout au tout avec cette impression cependant. Décoré d’une drôle de façon, éclectique et originale, il était le reflet des bizarreries dont la Kaguya était témoin depuis son arrivée. Nul doute que Madoka se sentait particulièrement concernée par ce grand tirage, cet endroit lui ressemblait, ou tout du moins dans ce que Chiyoko avait perçu de sa personnalité. C’était presque trop parfait.
Mais Chiyoko était naïve. Circonspecte, certes, devant des animaux aux couleurs ou tailles étranges, parfois vêtus, parfois non. Tout cela prenait une tournure des plus bizarres. Tellement bizarre que ça en devenait menaçant. C’était beaucoup trop improbable. Pourquoi n’y avait-il pas d’autres gens ? Et puis, c’était quoi ces bestioles ? Euuuuuuh ... Un long silence se posa. Comme un long bug. Chiyoko regardait droit devant elle, et ne bougeait plus. Il semblait que son cerveau surchauffait tant elle réfléchissait puissamment. Après deux longues minutes silencieuses, elle se retourna vers Madoka, le visage crispé, elle avait l’air presque malade. C’eeeeest quoi ce bordel ? Elle n’osait même plus regarder la scène, se contentant de regarder dans le vide, globalement dans la direction de la kirijine. Tu m’as amenée ici pour me tuer, c’est ça ? T’as des complices là dedans ? C’est pour ça que ça pue, c’est l’odeur de la mort ? Parce que de toute évidence, c’était la seule solution possible. Une tentative d’assassinat. Mais quand bien même elle évoquait cette éventualité, Chiyoko restait figée. Elle ne se préparait même pas à se défendre, son cerveau était bien trop embrouillé par ce qui l’entourait pour qu’elle fasse quoi que ce soit. Alors, en plein blocage, elle restait là. Le regard dans le vide.
Madoka était un peu troublée par la manière de réagir de Chiyoko, ce n'était pas du tout le genre qu'elle s'était mise ne tête du personnage. Elle n'en dit rien du tout, à part plisser légèrement les yeux en essayant de voir ce qu'il pouvait être cool. Elle n'avait jamais eu le choix que de devenir plus forte seule, vu qu'elle l'était depuis des années. L'adolescente avait dû faire face à toutes les épreuves que la vie lui avait mis face à elle en solitaire, et si au début cela avait été très dur, une fois ses nouveaux amis découverts, cela était déjà mieux. Au sujet des Kaguya, elle haussa les épaules. Elle n'en savait rien du tout, et comme cela ne la concernait pas du tout, elle s'en fichait comme de sa première chemise. La jeune fille était loin d'être une spécialiste en politique, elle savait à peine qui était le mizukage et son importance. Peut-être que Chiyoko imaginait un clan extraordinaire comme des récits fantastiques de son enfance, sans doute que le réveil du rêveur allait se faire dans la douleur, mais elle n'était pas du genre à baisser mes bras. Elle ferait sans doute tout ce qu'elle peut pour que son clan colle à son imaginaire.
Madoka connaissait la part d'ombre qui habitait chaque personne avec plus ou moins d'intensité, c'était tantôt pas grand-chose, ou au contraire, cela provoquait des situations dangereuses. Il suffisait simplement de savoir quand exactement une personne allait la trahir, cela arrivait de toute manière. Elle était sans doute trop pescimiste, mais la vie ne lui avait pas donné l'envie de sourire. À côté Chiyoko semblait être une enfant, innocente, croyant encore au père noël sans doute, voir même à la petite souris !
Datalia Madoka • « Hmmm... Au sujet des grands héros, c'était ironique hein tu sais... »
Était presque gênée de dire la jeune fille en se grattant ma joue doucement. Elle n'avait presque rien contre ces pauvres types qui étaient trop idiots pour réfléchir, quand il était si simple d'obéir à un ordre. Elle ne souhaitait même pas les rencontrer, leur parler, c'était tout bonnement inutile. Si Chiyoko semblait ignorer les risques de guerre, elle risquait bien d'être fortement impliquée lorsqu'elle rejoindrait l'armée par le clan Kaguya, mais elle n'était pas du genre à faire ce genre de remontrance. Elle n'appréciait la guerre que pour profiter de l'état de grâce, cette période où toutes les folies étaient possibles. Tuer ses ennemis était quelque chose de normal. Madoka aussi était égocentrique, elle ne pensait qu'à elle et ce depuis longtemps, mais qui pouvait bien en être fautif ? Est-ce que cela avait vraiment une quelconque importance au final ?
L'arrivée à l'étrange endroit pour le grand tirage supposé avait coupé l'herbe sous les pieds de la jeune femme, qui l'accompagnait. Il était juste de dire que cet endroit semblait particulier pour ce que l'adolescente avançait. Peut-être que Chiyoko allait découvrir la déviance de la fille aux longs cheveux argentés. Le lieu semblait être à moitié abandonné, tout en ayant quelques éléments pour s'asseoir comme des chaises en mauvaises états, des caisses de transports, des bancs en bois usés. L'atmosphère était également très particulière, surtout au milieu d'illusions assez aisées à découvrir leurs véritables natures. Madoka ne fit guère très attention à l'odeur, elle n'était évidemment pas très agréable, un mélange entre du vieux, de la poussière, de la pisse et du sang. Il était sans doute difficile de savoir exactement tout ce qu'il s'était vraiment passé ici. Quoi qu’il en soit, cela ressemblait davantage à une partie de Jumanji, qu’à la réalité et pourtant, c’était bel et bien présent. Elle regarda alors Chiyoko apparemment complètement perdue, ne comprenant pas trop ce qu’il se passait sous ses yeux, et elle devait absolument agir, meubler, faire quelque chose avant que l’évidence lui saute au visage.
Datalia Madoka • « Bien ! Heuuuu … je vais … m’occuper du tirage ! Voilà ! »
Dit alors Madoka un peu gênée en se déplaçant en direction de l’estrade qui semblait être en place. Elle se plaça alors derrière le petit promontoire bien en évidence, alors que l’assemblée de personnes des plus étranges semblait s’animer, tout excité à l’idée de peut-être gagner quelque chose. Elle s’était alors auto-désignée comme la maitresse de la soirée, sans aucune contestation évidence du public. Elle montra alors à Chiyoko un siège devant avec un léger sourire.
Datalia Madoka • « Vas-y installe toi, tu vas peut etre gagner quelque chose avec de la chance, sait-on jamais ! »
Si l’adolescente avait pu éviter de réellement répondre aux premières interrogations de Chiyoko au sujet de l’étrange scène, elle ne pouvait faire fi de sa peur de se faire assassiner. Elle descendit alors rapidement de l’estrade en venant lui prendre ses mains sur un ton essayant d’être rassurant.
Datalia Madoka • « Mais non pas du tout voyons, si je voulais te tuer, je t’aurais plonger dans un genjutsu et te couper la gorge ou encore te découper en morceaux avec une attaque de vent ! Ne t’en fais pas, on est là juste pour faire le tirage, tout va bien se passer. Ce sont mes amis que tu vois là, ils ne sont pas méchants du tout, juste un petit peu taquin. »
Dit alors tout naturellement Madoka, mais pas certains que son discours avait de quoi rassurer sa partenaire de jeu. Elle la tira gentiment jusqu’à une chaise pour l’asseoir doucement en lui tapotant une main.
Datalia Madoka • « Pour l’odeur de sang, je n’arrive pas à la ravoir, c’est assez ennuyant, mais c’était des méchants ne t’en fais pas. »
Ajouta alors avec un grand sourire Madoka avant de rejoindre de nouveau l’estrade. Elle voyait bien que Chiyoko était totalement figée par la peur, terrorisée, ce qui était assez surprenant en sachant qu’elle faisait partie du fier clan Kaguya habitué à manipuler des os pour tuer au final. La jeune fille aux longs cheveux d’argent ne souhaitait évidemment pas tuer cette femme, elle préférait d’autres proies évidemment. Elle avait gagné ce lieu en se battant, en tuant des gens, mais ce n’était pas un souci à ses yeux, vu que c’était des méchants comme elle avait dit. Elle commença alors l’air de rien son discours en regardant de temps en temps Chiyoko avec de légers sourires rassurant.
Datalia Madoka • « Bonjour à tous pour ce grand tirage de la loterie de Kiri ! Je vous souhaite évidemment à tous bonne chance pour gagner plein de cadeaux ! Alors commençons du plus petit au plus grand gain pour plus de suspens ! »
Dit alors avec plein d’entrain Madoka en commençant à tourner une petite roue avec des billes numérotées à l’intérieur. Tout ceci n’était qu’illusion, mais cela ne troublait d’aucune façon l’adolescente de faire semblant. Ce n’était pas comme si c’était son sport préféré pour combler les moments de solitude d’une journée, et il y en avait beaucoup. Une boule après l’autre, elle distribuait des cadeaux des plus banales ou plus improbables comme des stylos, des fruits ou des insectes grillés, mais étonnamment les cadeaux étaient toujours d’à-propos, quelle chance ! Vint alors le temps où ce fut le tour de Chiyoko d’avoir de la chance, et alors, elle tomba sur la belle six cent quarante-six qu’elle leva bien haut.
Datalia Madoka • « Le numéro six cent quarante six ! Il gagne une super peluche de panda géante ! Le numéro six cent quarante six ! »
En espérant que cela fasse plaisir à Chiyoko, évidemment, rien n’arrivait par hasard, elle descendit de l’estrade pour venir offrir la peluche géante. Elle l’avait sorti de son sceau dans le parchemin depuis derrière afin d’être camoufler. Elle affichait un grand sourire évidemment, avec une aura bienveillante et joueuse.
Force était de constater que dans un tel déferlement de bizarreries, le plus sage était de rester silencieux et docile. Ce n’était absolument pas le genre de Chiyoko cependant. En temps normal, la jeune femme aurait simplement claqué la porte et serait partie très loin, avec quelques dégâts en bonus. Mais face à la douce folie fluctuante de Madoka, son enthousiasme étrange et l’atmosphère oppressante de fête morbide du hangar, la jeune femme du pays des Bois était décontenancée. Dans quel espèce de bouche de l’enfer était-elle tombée ? Si tout le village de Kiri était ainsi, elle aurait vite fait de retourner à Hayashi no Kuni pour ne plus jamais en ressortir.
Silencieuse et docile, la Kaguya levait les yeux vers Madoka, le regard perdu dans le vide, comme si elle regardait à travers elle. C’était tout juste si elle assimilait ses mots et fonctionnait en mode automatique. Parce que, pour admettre tout ce qui se passait autour d’elle sans perdre la tête, il fallait au moins ça. Gagner … Quelque chose ? Murmura-t-elle en se questionnant sur la nature éventuelle du lot. A ce stade, il était encore difficile de lui sortir de la tête qu’elle jouait peut-être sa survie ou au moins son état, dans ce hangar. Quel genre de taré organisait un tel rassemblement sans trembler des genoux ? Selon elle, quelqu’un de franchement dérangé.
Les mots de Madoka n’étaient qu’à moitié rassurants. Il y avait dans sa franchise quelque chose de rafraîchissant, il fallait bien l’admettre. Mais ce genre d’honnêteté était à double tranchant. Quelqu’un d’aussi franc sur la question pouvait tout à fait être un menteur doué. Ah non mais je suis ravie de savoir que tu as suffisamment envisagé la question de l’assassinat au hasard pour avoir une stratégie déjà toute prête pour me tuer. Il semblait que Chiyoko retrouvait un peu de contenance, assez pour être mesquine. T’es amie avec des criquets géants ? Ca court les rues dans le coin ? Bon sang, Kiri c’est vraiment bizarre. Il y avait sur son visage un mélange de surprise et de dégoût dont elle ne parvenait à se défaire depuis qu’elle était entrée dans cette pièce. Ah bien, si c’était des méchants ... Chiyoko n’aurait su dire si elle disait cela pour signifier une aisance retrouvée ou un sarcasme seul. Il y avait certainement un peu des deux. Cependant, il fallait bien admettre que son comportement s’en trouvait affecté. Plus le temps passait, plus Madoka ouvrait la bouche, plus il semblait évident à la Kaguya qu’il lui fallait agir avec l’adolescente comme avec les fous dangereux. Entrer dans leur délire et céder à tous leurs caprices pour sauver sa peau. Peut-être qu’au passage elle s’amuserait, un peu.
D’un pas lent, retrouvant son sérieux et analysant les alentours, elle se laissa guider, s’installa, sans lâcher Madoka des yeux. C’était encore la chose la plus saine à faire, Chiyoko préférant éviter de découvrir de nouveaux détails aberrant de cette mise en scène dérangeante. Poliment, puis avec de plus en plus d’enthousiaste, la jeune femme suivait le tirage, poussant parfois des exclamations lorsqu’une bille semblait proche de son numéro. Très joueuse mais mauvaise perdante, Chiyoko détestait ce genre de faux espoirs. Quand bien même les lots étaient ridicules et lui seraient inutiles, elle détestait être laissée pour compte. Si tout le monde semblait gagner quelque chose, hors de question qu’elle soit la seule à passer à la trappe. Soudain, Madoka poussa un grand cri, son numéro. Le lot était tout de suite beaucoup plus alléchant. Si Chiyoko n’était pas spécialement une admiratrice des peluches, elle adorait les animaux, en particulier les pandas. Et puis, ça avait une autre gueule qu’un stylo ou un fruit. La jeune femme bondit de son siège et se précipita vers Madoka qui descendait tranquillement de l’estrade, la peluche dans les mains. Merciiii ! Merci ! Oh c’est génial, merci beaucoup ! Voilà qu’elle s’était laissée prendre au jeu et qu’emportée dans son enthousiasme, elle avait oublié tous ses doutes et la terreur qui lui serrait les tripes un peu plus tôt. Même l’odeur de l’endroit semblait d’être dissipée, ou bien était-ce le doux parfum qui émanait de la peluche qui couvrait cet horrible mélange olfactif.
Ce fut lorsqu’elle vit passer derrière Madoka le criquet - encore lui - qu’elle reprit un peu plus ses esprits. T’es sûre qu’on peut lui faire confiance ? Je me méfie énormément des insectes. Non seulement elle s’en méfiait mais surtout, elle en avait une peur parfois panique. Alors voir le sujet de sa phobie à taille humaine n’était pas pour la rassurer. Dans son pays, lorsqu’un insecte avait la mauvaise idée de s’égarer un peu trop près d’elle, elle le repoussait avec de l’eau, ou le noyait, tout simplement. Dans le cas de celui-ci, la noyade serait un peu plus compliquée à amener. La Kaguya reporta son regard sur la peluche qu’elle tenait. Le tissu autant que la fausse fourrure étaient doux sous ses doigts, et lui rappelaient sa petite enfance. Très tôt, on lui avait enlevé ses jouets pour la forcer à grandir et se responsabiliser. Mais on n’oublie jamais vraiment la sensation du tissu sur la peau. Eh mais ! Ca me dit quelque chose … Tu la sors d’où cette peluche ? Elle est trop propre, elle a pas pu traîner ici, et puis, elle sent si bon ... Tout en posant la question, Chiyoko porta l’objet à son nez et prit une grande inspiration. Elle n’aurait su dire laquelle exactement, mais ce parfum était celui d’une fleur. Ou d’un mélange. Qui lui faisait tourner la tête étrangement. Peut-être n’était-ce cependant que le résultat de cette longue illusion qu’elle n’arrivait pas à percevoir, et que son esprit n’assimilait que difficilement.
Fort heureusement pour Chiyoko, l'entrée des enfers n'était localisée qu'autour de Madoka, qui avait la faculté de générer le chaos totalement naturellement pour son propre plaisir. Personne n'était vraiment épargner, mais la jeune femme blonde avait de la chance que les illusions se contentaient d'être simplement vivantes et ne tentaient pas des choses horribles envers sa future meilleure amie. Quelque part, dla voulait dire qu'elle aimait bien cette fille, mais il était sans doute difficile de pouvoir réussir à décoder entre deux moments de folies fantaisistes. Un spectacle vivant s'animait sous les yeux de Chiyoko, et c'était aussi crédible qu'un spectacle de marionnettes. Certains disaient que Madoka avait perdus la tête depuis longtemps, mais était-ce juste où alors qu'une impression qu'elle donnait ? C'étaient ses amis qui étaient présent ici même, certes, des amis qui n'existaient pas, mais elle était ainsi, sa vie était ainsi. Elle était toujours honnête, dans les bons comme les mauvais moments, même si à force de la côtoyer, on pouvait se dire que c'était sa folie qui s'exprimait.
Datalia Madoka • « J'ai été élevée dans une arène de combat, où pour gagner un lit, à manger ou d'autres avantages de ce type, il fallait tuer, alors, il ne faut pas trop m'en vouloir si jamais pour ce genre de choses, j'ai toujours plusieurs solutions. »
Répondit alors un peu gênée Madoka en se grattant la joue avec un rire jaune. Le meurtre était une seconde nature, mais une des lois du ninja disait bien qu'un shinobi était une arme, sans sentiment, alors pour une fois, elle respectait bien le règlement ! C'était à inscrire dans les annales de la ville. La vie n'avait à ses yeux aucune espèce d'importance, ce n'était qu'un don qu'il était facile à prendre, alors pourquoi ce gêner ? Surtout lorsque l'on n'avait que peu de sens morale.
Datalia Madoka • « J'aurai tout aussi bien t'éjecter en l'air avec un vent pour te piéger et déclencher j'en tornade pour avoir raison de toi, ou encore utiliser une technique de son pour neutraliser tes réflexes et ta vision pour ensuite enchaîner sur une autre technique meurtrière quelconque... Hmmm quoi d'autre... »
La blanchette semblait vraiment essayer d'envisager toutes les possibilités de meurtre possible, c'est dire comme son panel de techniques était étoffé. Elle leva ensuite un doigt toute souriante, alors que les différentes personnes présentent faisaient un coucou en même temps.
Datalia Madoka • « Pourquoi est-ce un problème d'être ami avec un criquet géant ? Il ne mange pas beaucoup, il est gentil, et c'est le frère de mon ancien meilleur ami tué par un papillon.... Méfies toi des papillons... Ils sont dangereux... Il fait tous les tuer ! Tous ! »
Dit alors avec une apparente grande motivation pour les tuer, aloès qu'une légère aura meurtrière pouvait se sentir à l'évocation de ces monstres. Elle regardait alors Chiyoko en haussant la tête entendue avec sa nouvelle amie.
Datalia Madoka • « Peu de personnes sont vraiment amis avec les miens, mais tu peux l'être également hein ! Ils sont tous très gentil, même si le chat... Peut-être un peu taquin des fois... »
Dit alors amusée Madoka en regardant le chat zébré rose et violet, qui sembla disparaître partiellement un bref instant avant de revenir dans la réalité. Elle ne savait pas tellement si Chiyoko appréciait ou non le fait qu'elle ait tué, si elle savait le nombre de morts pour son jeune âge, elle changerait sans doute d'avis sur cette fille aux cheveux d'argent.
Datalia Madoka • « Ici avant, cela appartenait à un gang qui trafiquait de la poudre blanche, mais je n'ai pas compris qui pouvait bien avoir besoin d'autant de sucre pour ses gâteaux ! Peut-être bien les magasins et les restaurants de la ville... Bref, quand je me suis installée ici, ils n'étaient pas content, je n'ai pas bien compris, une histoire de territoire, alors je les ai tous tué jusqu'à ce qu'ils ne reviennent plus ! Mais maintenant ça va. »
Dit alors souriante l'adolescente totalement très loin des réalités de la vie par moment. Elle était contente de voir que Chiyoko semblait enfin apprécier ce moment de jeu entre elle et ses amis. Elle prenait part au jeu sans hésitation en y mettant du sien.
Datalia Madoka • « Je suis contente que ça te plaise autant, mais tu as eu de la chance c'est tout. »
Dit alors Madoka en lui faisant un clin d'œil, après tout, un tirage était aléatoire, et elle croyait dure comme fer à ses propres mensonges sans aucun problème. Elle l'avait volé dans le magasin précédent, mais cela ne lui importait que peu. C'était un véritable cadeau, pas une illusion, mais sans doute qu'il était difficile de voir la différence pour le moment avec le réel. Les autres animaux et autres insectes géants voyant vraiment mal l’étrange cadeau d’une peluche d’animaux, eux également trouvaient que c’était vraiment nul excepté le chat qui proposa quelques souris à manger en échange de la peluche, juste par principe. Elle hocha la tête doucement en souriant.
Datalia Madoka • « Bien sûuuuur que tu peux lui faire confiance voyant ! Il mange des plantes voyons, et puis les insectes sont bien plus propres que les humains aussi ! Et puis généralement, les insectes sont nos amis, il faut les aimer aussi ! »
Madoka n’avait jamais eu de jouets dans sa vie, à moins qu’un surin en métal rouillé puisse être considéré comme une distraction évidemment. Elle pouvait bien choisir d’en avoir maintenant, mais elle n’en ressentait pas le besoin tout en jalousant les enfants avec. Cependant, elle donnait de bon cœur ce cadeau à Chiyoko sans hésitation, c’était … différent. On pouvait évidemment dire que la jeune fille aux cheveux d’argent n’avait certainement pas grandit d’aucune manière.
Datalia Madoka • « Ho bha ça … les cadeaux du grand tirage sont donnés par les marchands du coin ou autre, je ne sais pas trop. Moi, je ne fais que le tirage hein ! D’ailleurs, pour le grand cadeau …. Une croisière autour de l’archipel pendant deux semaines …. C’est le numéro … six cent … quarante … sept ! Félicitation au monsieur au fond ! »
S’exclama alors Madoka en sortant de derrière le pupitre une sorte d’énorme cheque géant avec des dessins de navires dessus. L’homme vraiment très heureux arriva en trombe avant de vite repartir tout aussi rapidement, le départ était proche après tout ! Le voyage était passé vraiment à deux pas de Chiyoko et de son billet.
Datalia Madoka • « Et c’est sur ce formidable déluge de cadeau que se termine ce grand tirage ! Félicitations aux gagnants évidemment et rendez-vous dans six mois pour le prochain ! »
Il fallait vraiment être là et avoir les yeux sur la situation pour comprendre le mutisme partiel de Chiyoko. Ce n’était pas dans ses habitudes de se taire ainsi mais l’atmosphère, l’ambiance, tout lui était nouveau et particulièrement déstabilisant. La même personne qui s’était aggripée à une pauvre brochette un peu plus tôt, qui se conduisait comme une gamine enthousiaste, déblatérait en même temps sur son enfance tragique et son goût du meurtre. Puis, les meilleures stratégies pour assassiner une inconnue dans un hangar qui pue le sang de trafiquants de poudre blanche. A quoi pouvait bien servir cette poudre ? La Kaguya n’en avait aucune idée et n’avait pas vraiment envie de savoir. A vrai dire, il était difficile de croire sur parole tout ce que racontait Madoka. Tuer tout un gang, seule ? Alors que les derniers malfrats de Kiri étaient probablement les plus puissants et les plus ingénieux, pour faire vivre un trafic aussi proche d’une cité à ce point militarisée et protégée ? Si elle n’en pensait pas moins, Chiyoko se garda, pour une fois, de soulever l’incohérence et la traiter de menteuse. Il lui fallut se mordre la lèvre, mais elle ne pouvait pas se permettre de casser l’illusion - sans mauvais jeu de mot.
Bah … Je peux quand même te remercier de m’avoir invitée, et donné un billet ? Bougonna-t-elle en prenant de la distance avec les “amis” de Madoka. Elle pouvait bien lui raconter ce qu’elle voulait, être amie avec ou peu importe. Chiyoko ne ferait jamais confiance à un insecte, géant qui plus est. Et le contexte ne s’y prêtait de toute façon pas du tout. Généralement ? Commenta-t-elle avec un petit sourire qui n’appelait aucune vraie réponse. Enfin, je ne juge pas, tant qu’on me laisse … à distance ... Reprit-elle en s’éloignant encore un peu plus. Elle finit même par se placer tout au bout, au niveau des derniers sièges, à bonne distane de tous les êtres bizarroïdes de ce rassemblement d’horreurs. Je vais rester un peu ici, hein ? Faites pas attention.
De là, elle préférait observer sans trop de commentaires cet étrange spectacle. Il était encore sain de tout prendre pour argent comptant et se préserver ainsi. Elle applaudit même, poliment, l’homme qui remporta le véritable gros lot. Officiellement. Parce que Chiyoko n’avait pas l’intention de croire une seule seconde qu’on puisse réclamer une telle chose. Monter sur un bateau, sans blague. Pendant deux semaines, en plus. Un sourcil arqué, elle regardait l’homme se réjouir sans parvenir à comprendre son état. Rien que l’idée de repartir en mer lui donnait des haut le coeur. A moins que ce ne soit cet espèce de rêve qui la balançait d’un côté, puis de l’autre de sa perception révolue du monde. Toutes ces nouveautés, ces étrangetés qui lui donnaient le tournis et ce depuis qu’elle avait quitté Hayashi no Kuni.
Je heu … vais prendre l’air, si ça te dérange pas. Lança Chiyoko à Madoka, tandis que l’ambiance semblait se calmer un peu. Une fois les lots distribués, il n’y avait pas de quoi continuer les réjouissances, mais les gens pouvaient parfois se laisser emporter dans leur allégresse. C’est pourquoi, pressée de sortir de ce hangar aux odeurs et images dérangeantes, la Kaguya se précipita vers l’extérieur. Enfin, elle cachait sa hâte du mieux qu’elle le pouvait, sans trop savoir pourquoi. Une fois dehors, elle prit une grand inspiration. L’air iodé lui était tout de suite plus agréable, lorsqu’elle avait les deux pieds sur terre. Même les odeurs de poisson, quand on y pense. Chiyoko restait là, immobile, elle regardait les gens passer. C’était apaisant, une vision crédible. Elle vit un homme devant elle, armé de lames similaires aux siennes et, instinctivement, elle passa les doigts sur Tsuki et Taiyo. Voilà qui la ramenait à la réalité. Celle qui lui rappelait qu’il faudrait se rendre au domaine Kaguya sans trop tarder. Si seulement elle pouvait trouver un guide.
Datalia Madoka • « Ce n’est rien ! C’est normal voyons ! Et puis tu as gagné une super peluche ! »
Dit alors toute contente Madoka, bien loin de comprendre que l’atmosphère plutôt étrange et inquiétante de leur rencontre pesait sur le moral et l’instinct de survie de sa jeune nouvelle amie. Enfin, ce n’était pas certains qu’elle ne le reste très longtemps vu tout ce qu’elle avait découvert sur cette jeune fille aux longs cheveux d’argent. Elle se frottait doucement l’arrière du crâne en souriant largement de toutes ses dents au commentaire sur les insectes. Elle avait une toute autre vision des insectes, qui avaient été sa compagnie durant toute sa séquestration. Sans doute était-ce difficilement compréhensible, mais c’était ainsi. L’adolescente voyait bien que Chiyoko s’éloignait de plus en plus, était-ce pour elle également ? Elle ne savait pas trop quoi faire, alors elle regardait cette jeune fille en penchant la tête comme prostrée sur place.
L’attraction principale étant finie, les étranges diverses créatures qui étaient là pour le tirage commençaient à se lever et se promener dans le hangar. Certains discutaient simplement entre eux, alors que d’autres profitaient déjà de leurs morceaux de viande ou de fruits à le dévorer immédiatement. Madoka était contente, et au milieu de ses propres illusions, elle se mêlait le sourire aux lèvres. Se rendait-elle compte que tout ceci était faux ? Jouait-elle la comédie ? Non pas du tout, ou en tout cas, on ne dirait pas. Elle fit un petit signe de la main avec un hochement de tête alors que Chiyoko disait de prendre l’air. L’adolescente continuait alors de discuter seule au milieu de ses rêves toute contente pour seule compagnie. Cependant et alors que Chiyoko avait réussi à fuir cet endroit, quelques personnes entrèrent dans le hangar. Si pour la plus part, cela devait être des inconnus, Chiyoko put alors se voir elle-même entrer dans le hangar toute souriante et bien plus enjouée à profiter avec les amis de Madoka de la journée.
L’adolescente préférait largement se baigner dans un monde parfait et illusoire qu’une réalité parfois cruelle et dure. Ce qui existait n’était que sa propre appréciation, sa propre perception des choses. Elle était trop souvent seule, alors, elle s’inventait plein de connaissance et celles qu’elle avait pu croiser devenait également des jouets dans son imagination. Bien entendu, une fois trop éloignée de Madoka, le billet disparaitrait comme par enchantement, mais la peluche elle était toujours et bien là. Elle allait s’organiser une petite fête avec tous ses amis et même s’il n’y avait rien pour cela dans le hangar, cela n’allait pas tarder à apparaitre comme par magie, comme si tout avait été là depuis toujours.