Les missions, les recherches, le travail. La vie s’enchaîne, jour après jour. Le temps passe, si vite… 4 mois à peine que suis promu Chûnin et voilà que l’on me confie une équipe. C’est comme si c’était hier. Confortablement assis sur le fauteuil de mon bureau, j’observe les deux dossiers posés sur mon bureau. De bon matin, à peine arrivé que déjà du travail m’attends. Deux dossiers, pour deux élèves. Deux dossiers, avec pour seul identifiant un numéro. Deux dossiers. Je saisis le premier puis l’ouvre. @Minamoto Haku – un jeune homme – un genin maîtrisant le Dokuton. Voilà une capacité bien intéressante… Et plutôt rare. Taille, poids, forces, faiblesses. La liste d’information donnée est longue et complète. Très complète. Jamais encore je n’avais eu entre les mains ce genre de dossier. Je me rends compte maintenant à quel point le village sait tout sur nous. A quel point, à travers les exercices anodins que nous pouvons passer durant notre évolution, nous sommes épiés et analysés. Personnalité, famille, situation, motivations… une soif de connaissance ? Intéressant. Une annotation indique qu’il a postulé à l’institut. D’autant plus intéressant. Voilà un jeune homme plus intéressant par le savoir que par la force. Une richesse, une force… Une qualité bien rare. Je comprends mieux maintenant pourquoi c’est moi que l’on me confie ce genin, cela va de sens. A voir s’il sera capable de s’adapter et s’entrainer en conséquence. Trouver l’équilibre en la théorie et la pratique. La connaissance et l’entrainement physique. Avant tout, c’est un shinobi. Pas un scientifique. Du moins pour l’instant. Je ferme le dossier puis le pose sur le côté. Le second maintenant. Mais… ce visage… @Kinu Lua… je la connais… Je me laisse tomber sur ma chaise, levant les yeux au plafond. Lua… cette Lua ? La jeune femme que j’ai rencontrée il y a plus de 6 mois dans cette grotte ? Oui. C’est bien elle. Aucun doute possible… Voilà qui risque d’être… Embêtant. Elle maîtrise le tissu – à nouveau une capacité intéressante – et semble avoir un problème relationnel avec les hommes. Je n’ai pas ressenti de gêne particulière à mon égard, mais la situation était aussi exceptionnelle. Ses motivations, beaucoup plus génériques, ne m’apprennent pas grand-chose de plus sur elle. Sa famille semble avoir été confrontée quelque fois à la police… Intriguant. Rien d’autre qui sort de l’ordinaire.
Ainsi je vais être responsable de ces deux jeunes personnes. Je pose le dossier sur la paillasse puis me lève, en direction de la fontaine à eau. Je suis habitué à gérer les personnes. Beaucoup de personnes. Mais ce sera très certainement différent de tout ce que j’ai connu jusqu’à maintenant. Je ne suis non pas responsable de leur travail, mais de leur évolution. De leur évolution. Dans un sens, de leur vie. Une responsabilité importante. Arrivé devant la fontaine, je me sers un verre d’eau puis boit une première gorgée. Avant toute chose, je dois voir de mes propres yeux se dont ils sont capables. Les mots ne suffisent pas pour se rendre compte de la valeur d’un shinobi. Surtout de ses capacités. Seconde gorgée. Un simple petit test fera amplement l’affaire. Je vais les convoquer d’ici… Demain ? Non je n’aurai pas le temps. Ni même les prochains jours… Pas avec l’institut. Donc ce sera pour cette après-midi… Je vais donc faire passer le mot à l’accueil, pour leur donner rendez-vous à cinq heure sur le terrain d’entrainement… le trois. Un terrain mixte, composé d’espace libre, de rochers et d’arbre. Il fera amplement l’affaire. Je n’ai de toute façon guère le choix.
Ma jambe n'a gardé aucune trace. Je m'y attarde parfois. Tout comme toutes ces blessures que j'ai encaissé dans de petits missions ces derniers temps. Des temps tumultueux. Des temps où j'ai eu du mal à jongler entre famille ignoble, entrainement solitaire, et devoir envers mon pays. Je n'ai plus de doute. Je ne vis plus que pour ça. Et quand une chose s'impose d'elle-même à vous, c'est une absurdité de chercher à la repousser. Même si être shinobi implique un statut particulier, même si ça implique de souffrir, ou de se sacrifier. Soit. Ça ne me dérange pas. Je n'ai pas une conception habituelle de ces choses il semblerait et je les garde. J'enfile ma seconde jambière après ce sommeil bien mérité, toujours assis sur mon lit , et pendant que je la sangle sur le coté, je regarde cette enveloppe qu'on m'a transmise ce matin. Une équipe. En ai-je vraiment besoin? Je n'ai pas encore lu le contenu. Ma jambe redescend doucement sur le matelas, mais mes yeux fixent toujours le pli. Je suppose que c'est un passage obligé. Pourtant, je suis nulle à ça et je le sais. J'aurais pu avoir trente ans ou quarante que ça aurait été pareil. Vais-je être un atout pour mon équipe? Vont-ils m'apprécier? M'aider comme je le ferai? Tolérer mes échecs, mes faiblesses? Me faire progresser? Je réfléchis trop. C'est parfois un problème. Et pendant ce temps, je fixe toujours ce papier. Ça m'avance tiens. En plus, que ce soit à cause de la pluie ou d'un incident embêtant, l'enveloppe a été mouillée. Est-ce qu'au moins c'est lisible dedans?
Trêve de questions. Je prend l'enveloppe, l'ouvre et constate avec désarroi que ma crainte était justifiée. Perplexe, je ne peux que déchiffrer un lieu et une heure. Je suppose que c'est aujourd'hui. Sans quoi je vais devoir y retourner tous les jours, sous peine de louper mon premier rendez-vous. Un sensei... des camarades. Je n'ai pas combien nous serons, ni qui va nous guider. Tant pis. Peut-être n'est-ce pas indiqué. Je ne peux pas le voir de toute façon.
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Le temps n'est pas au beau fixe, comme un peu les trois quart du temps au village de la brume. Terrain d'entrainement trois. Ce doit être ici. Je suis arrivé un peu en avance, mais je suis restée à distance, sous les arbres, dissimulée. Curieuse. Dans le doute. Ai-je eu raison? Qu'est-ce que je risque si je ne viens pas...Allez. C'est là que ma vie va changer. Un coup d’œil sur le ciel cotonneux. J'aime ce temps. Calmement je me détache de l'arbre. J'ai souvent croisé d'être shinobi, elles sont souvent assez petite. Pas moi. Silhouette élancée. Tête couverte par une capuche. Sangles enfermant mon corps. Une ombre. Il n'y a personne. Je suis en avance. Mes yeux parcourent la zone. Va-t-il nous attaquer d'un coup? Est-ce un test ou bien.... va-t-on se présenter banalement? Je m'attends à tout. Arrivé sur le terrain, je cherche du regard quoi que ce soit qui soit inhabituel. Sur mes gardes, je baisse ma capuche, nouant sur ma nuque une partie de mes mèches pour qu'elles ne me gênent si je dois combattre, et silencieuse, je patiente. Je me sens épiée. Un demi tour sur moi même en douceur. Je vois une autre personne s'avancer. Jeune, blond. Un camarade?
Le beau temps n'était vraiment pas au rendez-vous. Perché sur les montagnes, le village des nuages n'a jamais aussi bien porté son nom. Le plafond du monde était grisonnant, comme la fumée qui sortait de la bouche du jeune Minamoto. Le bougre avait gardé ses mauvaises habitudes d'Ame no Kuni. Travailler dans une taverne où la majeure partie des clients sont des fumeurs, ce n'était peut-être pas très judicieux. Tapotant le bout de sa cigarette, Haku observait, depuis le toit où il était allongé, les ruelles de Kumo. La fin de matinée engendrait bien du mouvement dans les rues du village. Les différents restaurants s'activaient pour que tout soit prêt pour accueillir les clients. Civil en pause, Shinobi revenant de mission, tout le monde était bon pour s'arrêter dans ces échoppes et se reposer un peu du dur labeur qu'ils accomplissent avant d'y retourner encore et toujours. Pour notre petit genin, la journée était assez tranquille. Aucune mission à l'horizon. La tête blanche pensa bien à s'entraîner, mais les mauvais souvenirs ne l'encouragèrent pas. Il était sûrement judicieux de profiter de ce temps mort pour se reposer et être en forme pour sa prochaine mission. Du moment qu'il ne retombe pas sur des homologues un peu sanguin et des balades nocturnes se transformant en chasse au chat, le Kumojin devrait bien s'en sortir.
Commençant lentement à s’endormir sur son toit, l’estomac du manipulateur du poison donna de la voix. Se remettant sur ses deux pieds, il écrasa sa cigarette avant de bondir dans la rue la plus proche et se mêler à la masse jaune. Les mains dans les poches, il prit la direction d’un petit bar/restaurant pas loin de son petit appartement. Il y mangeait pratiquement tous les jours. La nourriture n’était pas forcément d’excellente qualité, mais la proximité et le patron sympathique rendait cet édicule satisfaisant.
Les rues devenaient de plus en plus bondés et le bougre avait dû mal à se faufiler à travers la foule. Heureusement pour lui, sa carrure d'enfant lui permit d'éviter tout basculement intempestif. Il arriva finalement devant l'auberge, le sourire aux lèvres. Le plan était simple. Manger et aller dormir. Rien de plus simple. Entrant lentement, il fit un signe au tenancier en prononçant quelques mots.
« La même chose que d’habitude patron ! »
« Très bien mon petit Haku ! Au fait, un shinobi est passé chez toi pour te remettre un message. Il m’a dit de te transmettre l’information, c’est important, apparemment. »
« Parfait... »
Le genin des nuages engouffra son repas et partit rapidement chez lui pour connaître les tenants et les aboutissants de ce fameux message. Ouvrant la porte, il découvrit une lettre par terre avec le sceau officiel de Kumo. Il referma rapidement la porte, ramassa la lettre et prit place autour de sa table. Son air dédaigneux de tantôt avait bien vite disparu. Il pouvait s'attendre au meilleur comme au pire et cela l'agaçait. Ne laissant pas planer le doute, il ouvrit l'enveloppe et y découvrit son contenu. Convocation, terrain d'entraînement…
« Encore ce maudit terrain d’entraînement... »
Cinq heures, équipe. Metaru Kenshin. Intéressant. Le Minamoto avait entendu parler de shinobi de nom et il semblait se faire place rapidement dans les hauts gradés de Kumo. Haku n'était pas spécialement équipe, mais il ne pouvait nier qu'il avait beaucoup de choses à apprendre et que ce Kenshin semblait quelqu'un de compétent. Rassuré par la nouvelle, Haku se jeta sur son lit pour entamer une petite sieste avant de rencontrer sa nouvelle équipe.
Le réveil fut rude, mais c'est dans la douleur que l'on s'en sort le mieux. Prenant une rapide douche, la tête blanche se prépara à rejoindre sa nouvelle équipe. Enfilant des vêtements assez ample pour ne pas être gêné pendant le combat, mais ressemblant plus à une tenue de civil, il ferma sa porte à clé et commença sa course de toit en toit pour rejoindre le terrain d'entraînement qu'il avait appris à redouter. Il s'imposa un rythme assez soutenu pour se préparer doucement à un potentiel affrontement pour son rendez-vous d'équipe. Après tout, on ne sait jamais !
Arrivant sur les lieux, l'utilisateur du Dokuton scruta l'horizon pour y découvrir seulement une silhouette. S'approchant, il découvrit une femme encerclée par des sangles de cuir, des rubans et autres tissus usés d'un noir à faire pâlir les plus sensibles. Ses cheveux cramoisis apportèrent une touche à la fois surprenante et élégante sur ce personnage aux apparences froides. Timidement, Haku fit un signe de main en guise de salutation. Alors qu'il était sur le point de prendre la parole, il sentit un chakra proche. Serait-ce la venue du sensei, Metaru Kenshin ?