La fin de la convalescence.

Trois petits pas en avant, trois petits pas. Avancer, ne jamais reculer. Prendre ce qui nous a été donné et, surtout, ne pas lâcher prise. Chiaki se lève de son lit et fait les mêmes gestes que tous les matins. Cette fois, seulement, ces gestes sont plus assurés, mieux tenus. Les douleurs se sont dissipées. À part quelques courbatures probablement liées à sa position dans la nuit, la chirurgienne n’a plus rien. Après tant de temps. Tant de temps à regarder la convalescence se faire … Et c’est fini. Il n’y a plus rien. Plus de mal. Ça y est. Les séquelles physiques s’effacent, pendant que les séquelles mentales progressent lentement. Tout ira mieux, au final. Un jour. Sûrement. Le temps peut tout réparer, ou presque.

Avec un grand sourire, la brune commence sa journée d’un très très bon pied, presque prête à courir partout. Sa journée sera intéressante, forcément. Elle ne peut que l’être. Tout ira mieux, ou presque, au moins au minimum ! Alors il faut en profiter.

Chiaki déboule hors de sa chambre, se prépare, mange, fait tout ce qu’elle a à faire et décide de sortir en trombe, guillerette comme jamais. Première direction ? Le terrain d’entraînement. Celui où elle s’entraîne toujours, là où elle a travaillé avec Ryû, par exemple. Ah, Ryû … Des rougeurs naissent sur ses joues pendant qu’elle avance. Ne pas se laisser emporter par cette situation adorable mais encore incompréhensible. Non, d’autres choses sont à faire. D’autres choses comme une bonne grosse bagarre. Ça,ouais, ça déchire.

La Chûnin accélère et arrive au terrain d’entraînement. Son antre. Son domaine. La scène de ses plus belles prestations … et de ses plus terribles. Chiaki s’étire. Une vraie bagarre ? Un vrai entraînement ? Ça faisait si longtemps ! Elle s’échauffe un instant. Oh, oui. Ça faisait vraiment trop longtemps. Extatique, la demoiselle se met à sautiller comme une boxeuse et part à pleine vitesse jusqu’au mannequin. Il va prendre, oh, oui, il va prendre !

Spoiler:

Le jour était levé depuis quelques temps lorsque Hatsu ouvrit les yeux. Dans sa tête, le brouhaha était incessant depuis les récents évènements, mais cela ne l'empêchait pas de dormir, bizarrement. Il était bien, heureux comme il ne l'avait pas été depuis longtemps, pas seulement parce qu'il aimait Chiaki mais également parce qu'il avait pu découvrir, ou redécouvrir, ses sentiments profonds. Même si cela ne changeait rien au fait qu'il ne connaissait pas grand monde dans le village, peu à peu il réussissait à être comme avant, avant de perdre son âme. Bientôt, lorsqu'il aurait maîtrisé ses autres personnalités, il serait capable de redevenir totalement normal. Il le devait à sa professeure, et comptait bien le lui rendre en étant un bon élève, et quoi qu'il ait besoin d'être d'autre... Oui, difficile de dire ce que ce "quelque chose" est. La façon dont c'était terminée leur entrevue était très difficile à déterminer, mais ... l'heure n'était pas à se questionner sur ça, le jeune homme c'était dit qu'il devait réussir à séparer ses "deux vies". Celle où il est l'élève de la Sentetsu, où il se bat pour son village, et celle où il est "autre chose" pour elle, chose à déterminer dans les plus brefs délais bien entendu... Cela ne devrait pas être difficile pour lui de faire la séparation des deux, il avait fait ça toute sa vie à cause des trois autres.

Il se prépara assez vite ce matin, s'étirant brièvement avant de partir. L'heure de l'entrainement, oui, avec la brune. Il s'y rendit au pas de course, cela ferait office d'échauffement. Au bout de quelques minutes, il arriva à l'endroit où ils s'étaient plus ou moins rencontrés la première fois, et elle était déjà là, toujours aussi belle. Il se secoua la tête pour ne pas la considérer comme autre chose qu'une Sensei à cet instant... Peut être que ce n'était pas aussi simple finalement ? Lorsqu'il fût à portée, il la salua respectueusement.

"Bonjour Sensei, je suis prêt à me battre !"

Il avait un regard déterminé, malgré que dans son esprit les menaces de mort fusaient, Nibanme commençait à fatiguer de les retenir, c'était une situation unique, mais ici il savait que c'était le bon moment pour des changements, faire sortir Hinoe ou Yokka, Chiaki savait tout, elle attendait même sûrement ça pour commencer à les dresser...

Déterminé à se battre, prêt à en découdre. Le jeune homme avait tout fait pour ne pas laisser le "reste" interférer dans l'entrainement, mais lorsque Chiaki se retourna avec son sourire habituel et que leurs prunelles se croisèrent, Ryû fût déconcerté. Il fallait qu'il reste concentré, déjà parce qu'il était un shinobi et ne devait pas laisser ses sentiments, bien que d'une force immense, pour la brune ni pour qui que ce soit d'autre interférer en combat ou en entrainement. Et puis, s'il ne se battait pas sérieusement à cause de son amour pour elle, ne risquait-il pas juste de la décevoir ? Elle était aussi sa professeure, il devait garder ça en tête. Le Nozomi se secoua la tête, tentant de délayer un peu son envie de tendresse, et mit au premier plan son envie de s'améliorer et de lutter contre ses autres lui. D'ailleurs, sa Sensei confirma tout cela, elle ne comptait pas se retenir, même si c'était un peu exagéré, elle pouvait sans nul doute tenir son élève en respect en usant de la moitié de sa forcé... Ou peut être le jeune homme la plaçait vraiment trop haut sur un piédestal ? Il ne pouvait pas penser autrement, de toute façon, elle était tellement classe et forte.

"Je ne me retiendrai pas, je n'ai pas envie de finir à l'hôpital aujourd'hui !"

Il aurait bien ajouté quelque chose, mais un écho dans sa tête traduisit une idée similaire, un peu extrême cela dit, l'esprit du bleu n'était pas aussi perverti... Tu préfères finir dans SON lit que dans un lit d'hôpital, avoue-le ahah ! L'idée d'être sans ses bras était certes présente, le reste, il n'y pensait même pas à cet instant, mais Yokka était bien moins prude que lui. La brune engagea alors le combat, les pensées romantiques, l'amour, tout était écarté, maintenant il n'y avait que Sensei et élève. Un projectile tout simple, mais tout de même proche. Ryû fit deux mudras avant de poser les mains au sol, un mur assez fin avait surgi, bloquant le seul projectile, un peu excessif mais cette protection ne servait qu'à ça, elle consommait peu de chakra et la structure s'effondrait presque aussitôt après. Tout en reculant, le Genin riposta, avec un premier jutsu assez simple lui aussi, il n'avait pas encore de stratégie en tête, il n'avait pas vraiment pensé au combat en lui même avant de venir, c'était un peu problématique, mais sa tête allait finir par fonctionner correctement... Quoi qu'il en soit, il lança un pieux en bois vers sa supérieure...

Spoiler:

Si Ryû avait dû recourir à un mur pour contrer le projectile de Chiaki, celle-ci le bloqua à mains nues... Une différence flagrante entre les deux, elle semblait ne pas craindre les blessures, ou en tout cas ne pas les redouter. Sans que le Nozomi n'ait eu le temps de préparer quoi que ce soit, elle avait déjà chargé sur lui. Donc quand elle parlait d'y aller sérieusement, elle prenait aussi en compte les faiblesses de son élève ? Le seul réflexe du Genin fût de mettre son bras gauche en opposition à l'uppercut, mais il décolla malgré tout du sol. Rien de cassé ? Difficile à dire, mais une vive douleur dans l'avant bras, et également dans sa mâchoire qui avait tout de même été touchée par son propre bras. Il n'était pas vraiment en mesure de réagir à la boutade de sa Sensei, mais esquissa un léger sourire, se faire remettre les idées en place n'était pas une mauvaise chose. Retombant un peu en arrière, et avec difficulté, il exécuta des mudras pour sa technique préférée: le clonage de terre. Trois doublures étaient apparues, et une première se hâta vers le brune, tandis que l'original disparaissait sous terre, effectuant encore les signes incantatoires avec beaucoup de mal. Déjà blessé, et pas qu'un peu, si son os n'était pas cassé, il était au moins fêlé, et utiliser son bras deviendrait de plus en plus dur. S'il avait pris ce coup dans le menton, il aurait été pratiquement k.o en une fois, cependant. La résistance aux chocs n'était vraiment pas son fort. Il restait donc les trois faux Ryû à la surface, mais deux ne bougeaient pas, ils attendaient de voir la réaction de la Sentetsu face au premier qui lui courait dessus. Celui-ci n'avait qu'un pieu en main.

*Bon, elle ne plaisante pas du tout, alors moi aussi je vais devoir y aller à fond, j'espère ne pas la blesser... De mon côté, si c'est de sa part, j'accepterai n'importe quelle blessure...*

Il allait être temps de tester les nouvelles techniques récemment maitrisées, certains étaient vraiment puissants, mais elle devrait pouvoir tenir le coup... La question était: est-ce que Hatsu serait capable d'utiliser ces fameuses techniques qui pouvaient s'avérer mortelles ? Et ... pourquoi son crâne le faisait souffrir ainsi ? Il ne s'en rendit compte que trop tard, mais Hinoe avait décidé de s'entrainer un peu... Désolé Hatsu, ils ont prit trop d'ampleur, je ne peux plus lutter... Un soupir, Nibanme semblait avoir perdu conscience, un cas assez unique en treize ans de vie commune...

Spoiler:

L'impressionner, c'était toujours le but de Ryû. Il était son élève, et c'était normal de vouloir lui montrer ce dont il était capable, le jeune homme comptait donc y aller avec force, même si la blesser le rebutait, mais cela n'avait rien à voir avec leur relation de professeur à élève... Le premier clone fût assez facilement arrêté, mais il était là pour jauger un peu la distance, la situation en général. En effet, sous terre il avait un aperçu très erroné de la réalité, il ne pouvait pas sentir ce qu'il se passait et seuls ses clones, en disparaissant, pouvait lui apporter des informations concrètes. A priori, elle n'avait pas bougé. Se déplaçant assez vite sous la surface de la terre, le vrai Nozomi alla loin derrière la brune, tandis que ses deux clones passaient à leur tour à l'attaque. Les deux exécutèrent des mudras au même instant, pour faire deux techniques différentes. D'abord, le premier qui termina son incantation posa ses mains au sol, transformant la terre sous les pieds de la précieuse Sentetsu en une boue rendant très compliqués les déplacements. Puis le second posa à la suite ses mains, créant une petite friction dans le sol. Une très grande quantité de projectiles terreux commencèrent à se diriger sur son élue, qui, s'étant apparemment revêtue d'une armure, pourrait bloquer cela sans difficultés.

*Alors ma petite, on va avoir du mal à éviter ça maintenant, Hatsu aurait hésité mais moi pas une seule seconde ! Ahah !*

Derrière, le vrai bleu était là, et il comptait profiter de ce moment que l'on pouvait assimiler à un effet de surprise pour lancer une offensive un peu plus dangereuse. Il avait plusieurs techniques en tête, mais là il s'agissait de Hinoe, et utiliser un jutsu trop puissant à cet instant pourrait représenter un réel danger pour la Chuunin. C'était, à l'inverse du premier, le choix favori du numéro trois. Pas possible pour le Genin de stopper le paranoïaque, il devait s'en remettre à la brune, elle avait promis... Promis de l'aider, et qu'elle n'avait pas peur. Il était temps de le montrer, car les mudras réalisés par le troisième étaient bien trop dangereux, pourquoi user du meilleur de ses jutsus ? Pour tenter de la tuer, bien sûr. Il posa les mains au sol, ce qui eût pour effet de faire surgir de immenses poutres en bois devant et derrière la chirurgienne... Avec son armure, cela atténuerait le choc, mais elle pourrait être hors combat si elle ne trouvait pas quelque chose de plus puissant, c'était l'idée qu'avait Hinoe, il avait sans doute préparé un petit quelque chose en collaboration avec Yokka pour qu'elle souffre...

résumé:

L'attaque avait partiellement touché la brune, même si l'ensemble de ce qu'avaient lancé les clones n'avait servi à rien, la technique d'Hinoe avait probablement blessé la jeune femme. Hatsu n'en pouvait plus de ça, ça allait trop loin, elle ne bougeait plus. Pourquoi est-ce qu'elle ne bougeait plus ? Elle avait pourtant évité le plus gros de l'attaque... Non, un mouvement ! Et pas que vers elle. Dans le corps de Ryû également, un autre changement avait eu lieu. Pensant sans doute que cela avait suffit à la mettre ko, Yokka était passé au commande. C'était leur accord, à ces deux ordures, l'un devait la faire souffrir brutalement puis l'autre devrait la mutiler jusqu'à la fin. Mais tout n'allait pas toujours comme ils le voulaient. La Sentetsu était forte, et même si elle semblait avoir subit des dommages sérieux, elle enchaina avec une technique... un peu démesurée, mais c'était de bonne guerre. Le sol s'était mis à trembler violemment, et le quatrième semblait déjà fatigué de la situation. Il cria une phrase, avant de laisser Hatsu dans la merde.

"Jolie technique, tu vas tuer ton bien aimé en même temps que les autres !"

Le premier était aux commandes, alors que la terre commençait à se séparer sous ses pieds. C'était un moment embêtant pour découvrir qu'il n'avait aucun moyen de lutter contre une telle technique. C'était le vrai, il ne voyait pas ce qu'il pouvait faire de plus ici, il ne pouvait pas contrecarrer cette attaque, pas totalement en tout cas. La crevasse était immense, et il finit par se retrouver à ... tomber. Il exécuta des mudras, alors que son bras le faisait souffrir, il reçu plusieurs morceaux de pierre, à diverse endroits, l'écorchant, le mutilant, et posa avec difficulté sa main sur la paroi avant qu'elle ne se retrouve trop loin. Des solides lianes de bois surgirent, l'encerclant totalement et le maintenant ainsi contre l'un des côtés du trou créé par la Chuunin. Il s'était enfermé de lui-même dans une entrave assez puissante, se rendant... inutile. Par ailleurs, les deux clones avaient disparu, non pas par une quelconque attaque mais du fait de l'instabilité de l'original, qui était vraiment esquinté, pas très loin de perdre connaissance. Un puissant jutsu, et pas d'autre choix que d'utiliser une entrave sur lui-même pour s'en sortir. Il serait probablement entre la vie et la mort s'il n'avait pas fait ça.

"C'était rapide mais... Je pense que j'ai perdu. Désolé pour les invités surprise."

Il avait à moitié le ton de l'humour, mais sa voix montrait de la fatigue et surtout cela trahissait sa douleur. Son bras droit était inutilisable, probablement fracturé à plusieurs endroits, le gauche saignait abondamment, et il souffrait de contusions à de multiples positions de son corps. Le plus inquiétant était une blessure à la tête, qui le lançait horriblement. Il finit même par perdre connaissance...

résumé:

L'obscurité... Cela faisait longtemps depuis la dernière fois que Ryû s'était retrouvé dans le calme absolu, et à cette époque, il avait eu des visions assez spéciales. Un désert, des cadavres et un oiseau de malheur dans un premier temps, puis cette cérémonie... Mais pas cette fois.. Tout du moins il le pensait. Mais le monde qui l'entourait à son réveil n'était pas le terrain d'entrainement. Pour le peu qu'il en savait, il pourrait aussi bien être mort... Mais ce qu'il voyait lui semblait trop familier. C'était la suite de la vision de la dernière fois. Les personnes étranges faisaient ce rituel, parce que ça y ressemblait beaucoup, et la femme semblait suffoquer. En y regardant mieux, elle avait le ventre très rond, elle était certainement enceinte et plus très loin du terme... Mais qu'est-ce que cela voulait dire ? Il devait en savoir plus, sinon il ne réussirait jamais à comprendre ses rêves. Il décida donc de s'approcher discrètement, jusqu'à être assez proche pour voir le visage de la femme. Elle était d'une grande beauté, on pouvait le discerner malgré son état de souffrance avancé. Ses cheveux étaient bleus, de la même teinte que ceux du Nozomi... Une coïncidence étrange. Le rituel sembla se terminer, car la femme n'était plus "alimentée" du chakra des autres. Trois individus furent alors amenés, et l'oiseau atterrit sur l'épaule du bleu, avec un timing déconcertant.

"Trois criminels de la pire espèce ont été amenés, et par notre arcane secret ils y furent reliés !"

La bête avait disparu, et un cri attira l'attention du jeune homme. Il se demanda s'il ne venait pas de sa tête, car il était persuadé d'avoir entendu Nibanme pousser ce hurlement. Il scruta alors la scène, totalement médusé... En fait, le cri venait de l'un des nouveaux venus, et alors qu'il avait posé une main sur le ventre de la belle femme, son corps avait commencé à disparaitre en un amas de cendre... Sur le ventre, un kanji pour le chiffre deux d'une couleur rouge sang s'était dessiné avant de disparaitre. L'un des responsables du rituel se félicita:

"Le premier est un succès ! Si nous parvenons à faire entrer les trois autres, alors l'expérience sera parfaite !"

Les questions fusaient dans la tête du Nozomi qui n'y trouva aucune réponse. La scène s'était interrompue, il ne pouvait donc pas savoir... Lorsqu'il revint à lui, il était perdu. Il avait quelques douleurs à plusieurs endroits, mais dans ses souvenirs, il était plus proche de la mort que ça. Il regarda autour de lui et remarqua Chiaki inconsciente. Il se précipita vers elle, et même s'il n'était pas médecin, il s'assura de la présence d'un pouls et d'une respiration, c'était le minimum qu'il connaissait pour être certain qu'elle était vivante. A première vue, elle n'avait rien de grave, mais alors pourquoi cette inconscience ? Avait-elle soigné les blessures du bleu sans même faire attention à ses propres réserves de chakra ? Elle était vraiment insouciante, pour une professeure. Tout inquiet qu'il était, Ryû préférait attendre qu'elle se réveille, ses jours n'étaient pas en danger, il fallait juste qu'elle se repose, mais l'endroit n'était pas au mieux... Il la souleva délicatement, pour ne pas brusquer son corps en cas de blessure interne, sans trop de difficultés à cause de son maigre poids, et la déposa à l'ombre d'un arbre, étant lui-même assis, il appuya la tête de la chirurgienne sur ses genoux, et posa sa propre veste, bien que trouée, par dessus son corps endormi. Il ne fallait pas qu'elle attrape froid, et il ne savait pas quoi faire d'autre, c'était elle le médecin après tout. Il posa sa propre tête contre l'arbre attendant le réveil de la Sentetsu...

Le soulagement fût grand, lorsque Chiaki finit par revenir à elle. A plusieurs reprises, il avait pensé devoir l'emmener à l'hôpital, se ravisant pour diverses raisons, notamment le fait qu'elle pourrait avoir des blessures internes qui s'aggraveraient, c'était la raison qui lui revenait le plus souvent. Mais le réveil n'était pas aisé, paniquée, elle tenta de bouger, mais elle éprouvait des difficultés. Tout était de la faute de Hinoe et Yokka, donc de Ryû. Il le savait, qu'un jour ou l'autre elle souffrirait à cause de lui, et même si c'était indirect, il était évidemment responsable de sa perte de connaissance. Mais elle ne semblait pas de cet avis, et demanda d'ailleurs si lui allait mieux... Avant de déposer sa main sur la joue du Nozomi et s'excuser. Il plissa les yeux, il lui en voulait effectivement, mais pas pour tout ce qu'elle pouvait penser, non. Il lui en voulait de s'excuser. Elle n'avait rien fait qui mérite des excuses. Le bleu posa sa main sur celle de sa Sensei, et de son autre main, esquissa un geste un peu inhabituel. Il l'aimait, c'était une certitude, mais malgré tout son amour et son respect, il ne pouvait la laisser culpabiliser à tort. Ainsi, il lui asséna une pichenette ridiculement faible sur le front, avant de lui sourire.

"J'ai l'air d'aller mal ? Je ne t'en veux aucunement pour mes blessures... que tu as presque totalement guéries d'ailleurs."

Il changea d'air, pour devenir un peu plus sérieux. Il n'agissait pas en tant qu'élève à cet instant, tout ceci c'était arrêté après sa perte de connaissance, ils n'étaient plus en entrainement, et à partir de là ils n'étaient que ce "couple" bizarre, qui ne s'était encore rien dit réellement. Il était l'heure du sermon...

"Je ne remettrai jamais en question ta qualité de Sensei, mais tu as pris de gros risques en voulant me soigner alors même que tu manquais de chakra. Tu aurais dû m'emmener à l'hôpital, tu n'aurais pas risqué inutile ta vie..."

Il marqua une pause, cette idée le foudroya, si elle avait eu des blessures plus graves et qu'elle était tombée inconsciente après avoir soigné son élève, elle aurait pu en mourir, pour un simple entrainement... Mais rien n'était simple avec lui. Elle l'avait choisi pour ça... ? Difficile à dire. Son visage s'assombrit, il baissa la tête, laissant couler une larme. C'était la première fois, sans doute, que cela lui arrivait depuis la mort de Hana. Il n'avait pas pleuré en tuant ses parents...

"Je suis désolé. Tu veux m'aider, mais c'est toi qui en souffre. Je n'ai pas été assez fort aujourd'hui, et te voilà allongée sur mes jambes, vidée de ton chakra..."

Il serra la main de son élue, cela le peinait énormément que sa faiblesse puisse la mettre dans une telle situation, il avait même sans doute oublier qu'il pouvait avoir de la peine... D'un revers de sa seconde main, il essuya ses larmes.

"Je ne veux plus que tu te mettes en danger dans une telle situation. Je T'INTERDIS de m'aider si je ne suis pas capable de contrôler Hinoe et Yokka. M'aider est déjà bien suffisant, tu n'as pas à aller si loin ..."

Peut être dramatisait-il la situation, mais il tenait vraiment, vraiment trop à elle. Il s'en rendait compte à chaque instant, et à chaque instant cela pouvait déraper comme aujourd'hui. Il n'avait pas abandonné, mais il n'en était pas moins affligé.

Chiaki était rassurante, comme toujours. Sa présence seule apportait l'harmonie au sein de Ryû, mais lorsqu'il était dans une situation de colère ou de peur, elle semblait aussi pouvoir trouver les mots pour le calmer. Elle se redressa, faisant un peu tiquer le bleu, qui craignait encore pour sa santé, et commença par lui rappeler qu'elle savait ce qu'elle faisait. Le jeune homme se sentit mal d'avoir même pu penser qu'elle avait été insouciante ou inconsciente. L'espace d'un instant, il avait même sans doute outrepassé son rôle d'élève, en portant un tel jugement sur la Sentetsu. Il se décevait lui-même, pour changer. Elle renouvela sa promesse concernant l'aide qu'elle voulait lui porter, et le Genin ne pouvait s'empêcher de regarder ses lèvres, se disant qu'elles étaient si belles, tout en alternant avec ses prunelles envoûtantes. A cet instant, il aurait pu lui hurler tout son amour, mais était-ce la chose à faire ? Pas vraiment, ce qu'il s'était passé chez elle n'était pas clair pour lui, et s'il avait mal interprété tous les évènements, alors il risquait de les mettre tous deux dans un profond embarras. Il se contenta donc de l'écouter sagement, et il aimait ça, l'écouter, l'entendre, sa voix était si belle, si apaisante.

Mais une phrase perturba le bleu, elle voulait rencontrer Hinoe et Yokka, ceux-la même qui avaient grandement menacé leurs vies, et leur ... relation. Il n'était pas d'accord, mais il avait promis qu'il ferait tout pour gagner son combat intérieur, et en acceptant l'aide la brune, il devait également lui faire confiance, la croire et lui obéir, lorsque cela concernait son problème, ou le cadre de leur équipe de shinobis. Elle acheva son discours par un baiser, sur la joue, geste amical qui confirmait bien qu'il n'était pas vraiment judicieux de dévoiler ses sentiments à ce moment. Mais le contact des lèvres lui fit du bien, il appréciait tout type de contact de Chiaki. Elle paracheva le tout en lui demandant de lui faire confiance, et qu'elle réussirait à montrer qu'elle était digne de la confiance des deux dangers publics... De belles paroles, et il ne pouvait que la croire, mais au fond de lui les voix ricanaient.

"Je suis désolé, je t'ai manqué de respect, tu n'es évidemment pas inconsciente. Je tâcherai de ne plus douter de toi à ce propos..."

Il était encore sceptique, mais il devait la croire, même si sa confiance concernant les capacités de la chirurgienne n'était pas en cause ici, mais plutôt son idée qu'elle pouvait avoir des sentiments pour lui, et que ceci fausserait son jugement.

"Je ne pense pas que tu aies besoin de t'excuser pour mes blessures, déjà parce qu'elles ne me laisseront pas de séquelles, et puis... même si je ne les aime pas, ils font partie de moi. Si je dois souffrir pour les dompter, c'est un bien maigre prix. Je suis réticent à l'idée que tu ne parles à Hinoe et Yokka, mais si c'est ton souhait, alors soit. Il faudra trouver une façon de s'assurer qu'ils ne puissent que parler, cela dit."

Oh, elle était plus forte que lui, mais les deux intrus avaient prouvé qu'ils avaient les ressources pour la mettre en difficulté, et les techniques de Ryû étaient devenues plus fortes. Il n'était pas question de la laisser leur parler sans prendre de précautions...

"Enfin, tu dois savoir que j'ai une foi aveugle en toi, je m'excuse si je t'ai laissée penser le contraire. Je ne doute pas de ta capacité à m'aider, ni à te protéger... Je suis juste inquiet."

Il marqua une pause, se demandant s'il était vraiment bon de lui confier ses inquiétudes, ou si cela ne ferait pas qu'en rajouter à toute cette histoire. Mais la confiance, cette foi aveugle lui dicta de parler.

"Je suis inquiet car ces problèmes me suivent depuis mes cinq ans, et je ne voudrais pas que tu ne sois qu'une deuxième personne dont la vie est pourrie par eux. Tu ne le mérites pas."

Son inquiétude était compréhensible, il avait subi de réels traumatismes à cause de Hinoe et Yokka.

Les gestes, les mots, tout dans la façon d'agir de la brune donnent une folle envie à Ryû de l'embrasser, lui qui ne se savait pas capable de penser ainsi. Mais une fois encore, il était impossible d'agir de la sorte, ils n'étaient au fond qu'un professeur et son élève. Elle le rassurait, et c'était réconfortant de l'entendre parler ainsi, elle savait quoi dire, ou en tout cas elle voulait le faire croire. Pour un être aussi naïf et innocent que le bleu, de tels propos étaient amplement suffisant pour lui faire pleinement confiance. Suite à ce qu'elle avait dit, il ne semblait pas douter le moins du monde, un regain de confiance en elle, et surtout en lui. Bien sûr, lutter contre deux personnalités, voire trois selon la situation, ce n'était pas de tout repos, mais il savait que c'était possible. Au fond, rien ne leur était impossible quand ils étaient ensemble, il le sentait, et laissant ses sentiments à part, il pouvait ressentir une synergie entre eux qui n'était pas commune, leur équipe avait un grand avenir, s'ils parvenaient à vaincre les trois autres, d'une façon assez pacifique ... ou très violente, dépendamment des choix qu'il leur restait.

"Merci, tes paroles me font réaliser que j'ai sans doute surréagi. Enfin, pas étonnant vu la situation que cela a donné, à notre premier entrainement d'équipe. Je vais me reposer un peu plus sur toi, Chiaki ... en tant qu'amie, mais surtout en tant que professeur, je vais avoir besoin de toi, et je te remercie de renouveler ta promesse."

C'était ce qu'il avait sur le cœur, même s'il aurait préféré utiliser autre chose que "en tant qu'amie" pour la qualifier, cela lui faisait un petit quelque chose, mais il ne voulait pas se lancer, il avait le temps, elle n'allait pas disparaitre de si tôt, il y aurait le temps d'avancer sur ce chemin incertain sans tout gâcher, ils n'étaient pas proche d'une sentence irrévocable. Il ajouta néanmoins autre chose, pour compléter sa phrase précédente.

"Je te réitère également ma promesse: je ferai tout pour que l'on gagne, maintenant plus que jamais, j'ai enfin sorti la tête de l'eau, il n'est pas question de replonger. Je suis déterminé, à changer ma vie, à aider se village et à te rendre fière de ton élève..."

Voilà à quoi cela ressemblait de laisser libre cours à ses paroles, de dire ce que l'on pensait, d'affirmer ses ambitions. Il ne lui était plus possible de revenir en arrière, sinon cela voudrait dire qu'il aurait menti à quelqu'un à qui il ne voulait pas mentir, mais plus encore à qui il avait juré de ne jamais mentir. Son honnêteté était donc totale. A la dernière question, le jeune homme hésita un instant, se disant qu'aller chez elle serait peut être un peu trop, il pourrait difficilement contenir ses sentiments s'ils étaient seuls. Un endroit public, plutôt bonne, comme idée, même si l'idée de se faire inviter le dérangeait un peu, mais cela devait être le genre de choses que faisaient les Sensei avec leurs élèves.

"J'ai effectivement un petit peu faim, je suis d'attaque pour manger un morceau."

Il se leva avec un peu de difficulté, ses craintes s'étaient envolées, si tout à l'heure il avait pu déplacer la brune sans trop de difficultés, il avait des courbatures assez douloureuses pour le faire grimacer en se mettant sur ses pieds. Mais la Sentetsu, quant à elle, devait avoir plus de difficultés, elle avait usé de beaucoup de chakra et souffrait aussi d'une blessure, probablement, car elle n'avait pas pu esquiver totalement l'attaque de Hinoe. Il lui tendit alors une main amicale, pour l'aider à se relever.

La situation semblait un peu gênante pour Ryû. Il se disait qu'en l'appelant "une amie", cela la ferait réagir d'une quelconque façon, mais de prime abord, elle ne semblait pas en désaccord avec ça, ce qui attristait un peu le bleu. Mais il ne pouvait toujours pas en dire plus, la situation n'avait pas changé, se dévoiler ici pourrait avoir des conséquences désastreuses. Il se disait qu'avouer ses sentiments à Chiaki, si elle ne ressentait que de l'amitié pour lui, pourrait créer des tensions dans cette amitié, justement, en plus du reste. Il préférait encore qu'elle ignore, plutôt que se faire rejeter, car elle essayerait très certainement d'être la plus douce possible dans son refus, vantant ses qualités, mais disant qu'elle ne voulait juste pas plus que de l'amitié. Des films assez obscurs, dans sa tête, mais tout était possible dans le Yuukan. Il trouverait le moment propice, il en était certain.

Aidant la brune à se remettre sur pied, il constata de sa difficulté à se maintenir sur ces derniers. Elle s'agrippa à lui, le mettant un peu mal à l'aise, il savait que ce n'était pas volontaire, mais il ne pouvait pas s'empêcher de se dire qu'il s'agissait d'un nouveau contact, pas très délicat, entre eux, et il ne savait pas comment y réagir. Il eût juste un sourire embarrassé pour Chiaki, se disant qu'elle devait l'être tout autant... mais pour des raisons différentes, comme le fait qu'elle n'arrive pas à tenir sur ses pattes. Après quelques ajustements, elle finit par s'excuser de ... l'importuner ? S'aider d'un ami pour marcher quand on n'a des difficultés n'était pas un mal, ne le considérait-elle même pas comme tel ? Ou au contraire, était-elle dérangée des propos du Nozomi ? Le jeune homme n'ayant pas de connaissances en psychologie, malgré ses soucis, il ne pouvait pas vraiment deviner et préféra ne pas y penser. Il la laissa donc se tenir à lui pour avancer, écoutant ses propos et y répondant...

"En effet, ce n'était pas un entrainement évident..."

Il était encore un peu rouge au niveau des pommettes, cette posture rapprochée n'était pas habituelle, il se sentait vraiment mal à l'aise. Leur marche dura quelques minutes, mais lorsqu'ils arrivèrent à l'endroit qu'avait choisi la cheffe, celle-ci sembla avoir un regain d'énergie. C'était mignon, elle semblait beaucoup aimer la nourriture, sa réaction ne laissait pas de place au doute en fait. Ryû la suivit de près, pénétrant dans le restaurant, s'asseyant juste en face d'elle... Cela ressemblait presque à un rendez-vous, il n'arrivait plus à la fixer dans les yeux, s'il plongeait ses yeux vairons dans les prunelles émeraude de la brune, il ne pourrait pas contrôler ses sentiments plus longtemps. Elle lui demanda ce qu'il voulait, peu importe la quantité. De toute façon, il n'était pas un grand mangeur, le strict nécessaire lui suffisait. Il commanda une dizaine de brochettes, n'ayant pas particulièrement de préférence, avec de l'eau. Il regarda alors la jeune femme en face de lui, ne pouvant s'empêcher de s'attarder sur sa peau qui était si douce, il le savait pour avoir déjà eu l'occasion de la toucher, à plusieurs reprises. Puis il regarda son visage, ses lèvres, il avait déjà pu les toucher, avec les siennes, lorsque Chiaki l'avait embrassé. Ses yeux, c'était son point faible... Les fixer pourrait l'emprisonner dans une sorte de boucle temporelle infinie, ils étaient si beaux, si envoûtants. Il ouvrit la bouche, alors qu'il était perdu dans ses yeux, les mots allaient sortir, ceux qu'il redoutait de prononcer...

"Je ..."

Mais il s'était ressaisi à temps et modifia ses propos au dernier moment ...

"Je ne mange pas beaucoup en général.. Il se peut même que je ne finisse pas ce que j'ai commandé, ahah !"

Ses joues s'étaient empourprées, il était sur le point de lui dire trois mots dangereux, bien que si doux à entendre en général.

Assis face à sa professeure, son amie, Ryû n'était pas aussi serein qu'il ne voulait le laisser croire. Bien qu'il assure qu'ils n'étaient qu'amis, il voudrait bien être dans un lieu plus intime et dire des mots différents à Chiaki, comme par exemple la phrase qu'il avait failli dire. Trois mots et puis... l'attente, l'espoir des mêmes en retour. Mais dans sa tête, rien ne s'embranchait correctement, il s'imaginait le plus grand des vents possible, et ce n'était pas une solution envisageable. Tâter le terrain, savoir si c'était vraiment réel, s'il ne se faisait pas d'idées, c'était bien sûr la meilleure des solutions pour quelqu'un qui adorait réfléchir à tout avant d'agir. Mais quelque chose le perturbait : la vitesse à laquelle la brune engloutissait sa viande. Son esprit se posait la question du pourquoi, et aussi du comment. Était-ce normal chez elle, de manger à cette vitesse ? Lui, qui était songeur, mangeait des morceaux petit à petit, ne faisant même pas vraiment attention au fait qu'il mange, d'ailleurs. Il était trop concentré à la regarder dévorer ce qu'elle avait commandé. Au bout d'un moment, il se rendit compte de la façon avec laquelle il la scrutait, et ses joues s'empourprèrent de nouveau. Puis elle prononça des premiers mots, déjà, les premiers firent sourire le Nozomi, qui trouvait ça digne d'une professeure que de lui dire de manger à sa faim. Mais la suite fût plus intrigante... Tant dans la façon dont elle sembla gênée que dans le choix des mots...

L'entrainement était brutal, mais cela ne dérangeait pas le bleu, qui savait qu'il devrait prendre des coups tant qu'il ne serait pas assez fort, et puis... Tant qu'il ne contrôlerait pas ses autres personnalités... D'ailleurs, ils étaient bien calme à cet instant. Peut être qu'eux aussi avaient subi le contre coup du combat, et n'étaient pas enclin à le déranger ? Quoi qu'il en soit, ce qui arriva après était bien plus intéressant, lorsque la brune employa une certaine phrase... "Cette première fois t'a plu?"... Elle corrigea rapidement, mais malgré son innocence, il ne put s'empêcher de penser à autre chose, se disant que lui, il n'avait pas encore eu sa ... première fois. Il rougit brusquement, ne constatant même pas qu'elle aussi avait changé de teint. Une belle paire de mignons petits bébés... Elle essaya cependant de rattraper sa phrase, tandis que le Genin engloutissait un morceau de viande un peu gros sans même le mâcher, comme pour oublier ses pensées déplacées à l'égard de sa Sensei. La suite aurait sans doute fait tilter les gens, mais pas Ryû, pas cette fois, pas deux mauvaises pensées d'affilée... Puis la question fatidique, qui ne l'était pas tant...

"C'est peut être nouveau pour toi, mais je t'ai trouvée super pour une première. On ne sentait pas du tout ton manque d'expérience, et outre le problème ... qui venait de moi, j'ai apprécié ce moment, je suis prêt à m'y remettre dès que tu le voudras. D'ailleurs, moi aussi, je ne l'avais jamais fait..."

Toute cette phrase, mais pourquoi n'avoir pas mentionné une seule fois les mots "professeur" et "élève" ? Eh bien, difficile à dire, mais c'était dit, et maintenant, il était temps de répondre à la Sentetsu sur ce qui semblait être une question banale, elle souhaitait probablement qu'il la rassure, peut être qu'elle pensait que le fait qu'il ait été blessé par elle remette en cause leur amitié ? Malgré qu'il ait déjà dit qu'elle était son amie ? Eh bien, de toute façon, elle n'attendait pas plus que ça, ou peut être ? Finalement, cette question banale apporta son lot de réflexions... Mais il trouva une réponse satisfaisante, à son goût.

"Bien sûr que nous sommes amis, je te l'ai déjà dit. Nous sommes dans la même équipe, bien sûr, mais ... cela ne doit pas nous empêcher de pouvoir être plus que juste ça. Tu es la personne qui compte le plus pour moi ici, dans le Yuukan, si je ne pouvais pas te considérer au moins comme une amie, alors qui pourrais-je considérer comme tel ?"

"Au moins" ? Une façon de laisser un doute ? De glisser de manière indirecte la teneur de ses sentiments ? Oui, évidemment, il était follement amoureux d'elle, et ses propos ne pouvaient continuer à ne dire que ça "amis,amis,amis", en fait, si la conversation continuait, il allait forcément le dire à voix haute...

*Je t'aime Chiaki, je t'aime de tout mon cœur, voilà ce que je veux dire, mais est-ce réciproque ?*

Cette pensée, elle restait coincée au fond de sa gorge, comme si un rempart invisible appelé "lâcheté" l'empêchait d'atteindre ses lèvres... Oui, ses lèvres qu'il aimerait appuyer contre celle de la brune, une nouvelle fois...

La gêne était à son paroxysme, à priori des deux côtés, mais Ryû était bien incapable de réfléchir correctement aux possibles sentiments de Chiaki alors que lui-même voulait lui sauter dessus et l'embrasser jusqu'à ce qu'elle comprenne tout ce qu'il ressentait... D'ailleurs, la chaleur semblait être montée d'un cran ou deux, probablement à cause de la nourriture, de l'ambiance ou du chauffage tout simplement... Peut être aussi était-ce dû aux sentiments qui bouillonnaient en lui, son envie irrépressible d'aimer au grand jour l'élue de son cœur ? Un mot, de la part de la douce brute, ou plutôt un prénom... Le sien ? Allait-elle se dévoiler avant lui ? N'était-ce pas à l'homme, dans cette société machiste de faire le premier pas ? Non, le bleu se faisait des idées, il n'était même pas sûr qu'elle allait dire ça ... D'ailleurs, il avait perdu un temps fou à réfléchir, et la jeune femme s'éclipsa, un instant, pour aller ... régler la note.

"Tu dois lui dire, qui sait ce qui peut arriver... Allez !"

Il s'était parlé seul, alors qu'elle ne pouvait pas entendre, dans un murmure. Se parler à voix haute pouvait lui donner du courage, sans doute, mais ça donnait aussi à ses colocataires une occasion de lui répondre... Tu vas vraiment lui dire que tu l'aimes ? Tu es niais si tu penses que ce qu'il s'est passé chez elle veut dire quelque chose. Elle a eu pitié de toi, elle t'a embrassé pour s'assurer de te rendre bien docile. Quoi de plus facile à dominer qu'un élève amoureux ? Allez pauvre idiot, elle est trop bien pour toi, tu devrais renoncer... Voire même la tuer pour faire bonne figure auprès de tes vrais amis ! Vrais amis, hein ? Un trio d'énergumènes qui avaient passé leur temps à pourrir sa vie, au pauvre Hatsu. Le petit être candide, niais, naïf, qui ne pensait que rarement à mal, qui n'était même pas capable de penser correctement qu'il avait envie d'une femme, outre le fait qu'il l'aimait... Oui, cet enfant dans un corps d'adulte... Sa main fût saisie de manière inattendue, et il fût plus ou moins trainé dehors, même s'il ne s'était pas vraiment fait "trainer". Une fois dehors, la brune s'excusa, elle semblait ressentir de la douleur, sans doute la blessure causée par Hinoe... Au final, elle était encore toute neuve, cette blessure, et elle n'avait pas pu la soigner parce qu'elle l'avait soigné, lui, jusqu'à en perdre connaissance... Il la fixait, repensant à cela, oubliant presque la romance qu'il s'imaginait pendant ce laps de temps. Le geste de la Sentetsu fût inattendu, cependant, car celle-ci vint l'enlacer, d'une manière très ... particulière, avant de relâcher l'étreinte. Totalement abasourdi, le bleu n'avait même réagi, et il ne réagit pas plus lorsque les lèvres de Chiaki vinrent heurter les siennes. Si le premier baiser pouvait passer pour quelque chose de momentané, sans signification réelle et profonde, un second, ici, dans la rue, ça ne pouvait vouloir dire qu'une chose... Le jeune homme était décidé, il allait se lancer, après avoir profité un maximum de ce nouveau moment de bonheur exquis. Il allait parler, mais fût devancé par son élue, qui ... décida de fuir. Il n'avait pas eu le temps, cette fois encore, de dire quoi que ce soit... Mais il n'était pas celui qui avait fui, cette fois...