Depuis sa rencontre avec Nobu, Kei reprenait confiance en son pouvoir maudit. Il avait fallu que la présence du gamin pour lui déclencher un apprentissage sérieux du contrôle de la limaille de fer. Les formes des particules étaient plus définis et assurément, plus puissantes. Le shinobi n'avait jamais perdu confiance en lui, au contraire, il était beaucoup trop fière pour oser croire le contraire. À ses yeux, il se considérait comme une bête en force montante. Il avouait ne pas être capable de démonter un Jonin, mais bientôt, oui bientôt, personne ne pourra lui faire face sans quelques os brisés. Suite à sa rencontre avec le deuxième possesseur du fer, Kei avait profité de cette victoire pour prendre l’occasion de boire un verre. Depuis son arrivée à Kumo il y a deux ans, il avait rarement fréquenté les bars. L'alcool n'avait rien de bon à son rétablissement, mais maintenant, rien ne pouvait lui empêcher une petite dose de saké.
Assis au comptoir du bar le plus proche de son toit, l'ancien vagabond ne participait guère à l'activité nocturne des habitants de Kumo. Ses yeux scrutaient les mouvements, ses oreilles écoutaient les rumeurs. Il ne saisissait jamais l’opportunité d'apprendre à connaître ceux qui osaient tenir son regard de bête. C'était inutile de perdre son temps à adresser la parole à des visages qu'il n'appréciait pas. Kei préférait accumuler les bouteilles devant lui. Plus la Lune grimpait vers les étoiles brillantes, plus le réservoir du Yoshino arrivait à sa limite. Enfin, elle était encore bien loin. Ce géant pouvait boire à l'infini avec son corps et sa capacité à ne pas céder à l'alcool.
Contrairement à certains autres bars, celui-ci se montrait beaucoup plus calme à la joie de Kei. Oui il y avait des gens un peu trop heureux et mesquins, mais il n'y avait aucune présence jeune. Il détestait les gamins qui osait venir bousiller ses soirées. Comme à son habitude, il soupira et joua avec la bouteille de saké pour se distraire. Si ça continuait ainsi, sans divertissement, il retournerait chez lui plus tôt que prévu. Étrangement, à l'instant même, il priait pour une forme de spectacle différente à la bagarre. Son plaisir visuel venait majoritairement d'un duel sans fin, mais ce soir, Kei se sentait prêt à se laisser aller dans une activité différente. Une rencontre peut-être ?
Lorsqu'elle entra dans l'établissement, elle se sentit immédiatement étrangère. Les bars du villages n'avaient rien de comparable avec les auberges que les errants rencontraient, au sein d'une institution militaire faire boire les troupes permettaient de leur faire oublier un devoir quotidien, des souvenirs traumatisants. L'alcool, les femmes et des jeux pour de simples être humains, mais pour des shinobis aux pouvoirs particuliers, pour des êtres d'exceptions difficile de les contenter avec du saké plus ou moins de bonne qualité. Jun ne se donna pas la peine d'observer la clientèle, elle se savait dévisager par une bonne partie des marauds présents.
Qu'importe, comme souvent on l'observait de loin, on murmurait mais jamais non jamais on ne venait à sa rencontre. C'était surement mieux comme ça, Jun ne se mélangeait pas et ne trouvait pas plaisir à engager une conversation inutile. Chacun chez soit et les moutons seront bien gardés, ses yeux rouges parcourant la salle et l'assistance sans jamais croiser le regard d'une autre personne. Si ils souhaitaient en découdre, si l'alcool aidait le lâche à se mesurer à quelqu'un de plus fort. Si quoi que ce soit la mouillait, n'importe quel prétexte à cette heure tardive servirait d'excuse pour une rixe.
Passant son index droit sur le pommeau de son katana, elle commanda une bouteille de saké. La moindre qualité du breuvage serait rapidement compensé par les effets, pour se mettre une murge rarement besoin d'avoir des alcools très chers, demain en revanche le mal de crane serait proportionnel à ce qu'elle boirait ce soir.
Boire avec son masque? Rien de plus simple, une paille qu'elle mettait dans le même trou destiné aux cigarettes et ensuite c'était partie. Personne ne semblait venir troubler sa soirée, pas même son voisin qu'elle trouvait pas particulièrement si beau que ça.
Aussitôt son premier pas posé dans l'enceinte du temple de l'alcool et du regret, les prunelles perçantes du shinobi se bloquèrent sur la forme mystique de la nouvelle passagère. Avec un étrange intérêt, Kei garde un œil curieux sur cette inconnue. Son visage, pour le peu qu'on pouvait l'apercevoir, ne sonnait aucune cloche familière dans son livre intérieur de connaissances. Une voyageuse ? Une kunoichi ? Ou plutôt, une simple habitante à la recherche d'eau-de-vie ? Pour posséder un tel masque, le deuxième choix serait plus logique. Un simple sourire en coin se forma sur le visage meurtri du rouge. Personne osait approcher la gamine, pas étonnant. Il riait intérieurement tout en goûtant à son saké. Ils partageaient un point commun: leur entourage n'osait pas tenter un terrain incertain en les abordant.
Kei lâcha enfin son nouvel intérêt pour continuer sa soirée alcoolisée. Le serveur ne prenait plus la peine de venir le questionner sur son envie d'une autre bouteille, il lui en déposait une nouvelle sans ouvrir une conversation. Le Yoshino ne perdait pas son temps à le remercier, un grognement et un hochement de la tête composaient sa satisfaction envers la compréhension soudainement de son allié. Il était très probable qu'il allait refaire son chemin ici les prochaines fois.
Après de nombreuses gorgées brûlantes, une soudaine agitation attira son attention. Un homme, déjà bien avancer dans sa soirée, s'approchait bruyamment de la femme au masque. Osait-il vraiment ? Il ne fallait que voir un aperçu des prunelles de la fleur pour remarquer qu'elle pouvait déclencher un combat victorieux en quelques secondes. Kei attendait l'affrontement avec impatience et excitation, mais réalisa rapidement qu'il ne voulait aucunement que ce garçon apporte un chamboulement à cette kunoichi. Si elle décidait de laisser sa fureur couler sur ce con, alors elle pouvait très bien se retourner contre tout le monde. L'ancien vagabond bu d'une traite le liquide chaud de la bouteille et se leva pour prendre direction vers le circle. Sans perdre une seconde, il se mit entre la jeune femme et l'autre débile.
« Dégage. » grogna-t-il comme une bête en dévisageant l'homme du haut de son deux mètres.
Avec intelligence, son interlocuteur retourna à sa table avec une expression que Kei ne comprenait pas. L'important était qu'il avait probablement évité un massacre. Tournant sur ses talons, il fit signe au voisin de la masquée de lui laisser sa place. Encore une fois, ses ordres avaient été écoutés, laissant un tabouret libre. Le Yoshino prit place, sans accorder un regard à sa voisine et commanda des shooters. Sans revenir sur la situation, il entama ses consommations sans broncher. Habituellement, le kumojin n'agissait jamais pour les autres, c'était une drôle de situation. Si elle souhaitait lui adresser la parole, alors pourquoi pas.
Le sexe opposé était vraiment étrange, c'était presque sujet à une blague. Deux mâles se battant pour une femelle, sans probablement un instant songer à lui demander son avis. Du moins c'était le point de vue de Jun qui sirotait toujours à la paille son verre. Ou alors, ou alors était-il venu à son secours? Il fallait dire que le bougre serait probablement rentré en contact avec Jun d'une manière ou d'une autre, quelqu'un d'alcoolisé n'est probablement pas le meilleur contact qu'on peut avoir. Surtout si c'est un inconnu, devait-elle remercier alors son chevalier blanc?
Et quel chevalier blanc, un balafré. Une sacré tignasse et un sacré gabarit, l'animal était plus grand que Jun qui pourtant se trouvait relativement grande pour la moyenne de ses rencontres. Mais voilà une sorte de colosse, à la tignasse rouge au regard pas vraiment sympathique mais qui pourtant vient de s'installer à ses côtés. Intriguant, flippant? Une rapide déduction et les deux Kumojins pouvaient tout aussi bien se rentrer dedans, et alors les dégâts occasionnés seraient nettement plus conséquents. C'était un shinobi, tout comme l'était la masquée.
Et visiblement il comblait lui aussi sa soif, des shooters que voulait-il prouver? Serait-il venu jusqu'à ses côtés pour la narguer? Le malheureux, Jun avait à son actif une expérience modeste mais néanmoins solide des différentes liqueurs qui réchauffent le cœur et l'esprit. D'une gorgée en tirant sur sa paille elle termina son verre, et le fit savoir en le posant de manière à attirer l'attention de son nouveau voisin. D'un signe au barman elle commanda le double de ce que consommait le grand gaillard. Sans jamais lui jeter un regard, et entrouvrant son masque métallique, comme si la gueule du loup que représentait sa protection s’apprêtait à mordre. Elle rattrapa son retard sur son concurrent improvisé, et prit de l'avance. Et en finissant le dernier shot Jun plongea alors son regard rubis dans celui de son chevalier blanc. Et la lueur du défis, sans avoir prononcé un seul mot dictait la suite des événements.
-Tu suis ou tu te couches?
Le tutoiement vu l'ambiance était de mise et qu'importe si elle le brusquait, si il ne s'attendait pas à ça. Elle trouvait un amusement presque enfantin à titiller cette montagne, à voir ce qu'il avait dans les tripes, à vérifier l'expression sur les habits et le moine, l'alcool ne l'aidait pas à se souvenir de l'adage exact mais qu'importe! Renvoyant deux trois shots dans la gueule de son loup en mettant la tête vers le haut.
L'ancien vagabond se concentra à vider le liquide brûlant plutôt qu'à attendre un simple merci de la part de sa jeune obsession. Prendre possession de la place voisine sans lui adresser la parole, semblait être exagéré, mais Kei ne se considérait pas comme un sauveur dans la moyenne. Il n'était ni un chevalier prêt à défendre sa princesse, ni un robin des bois qui s'offre au pauvre peuple. Face à un miroir, la seule vision d'une bête assoiffée de pouvoir se reflétait. Par un pur hasard anodin, Kei se questionna sur la demoiselle au masque de renard. Sa voix restait un mystère, mais ce regard ne pouvait pas appartenir à une enfant. Tout en étant vide, ses prunelles possédait une source indescriptible. Même pour le géant, il ne reconnaissait pas l'émotion que parcourait ce visage.
Alors que le rouge terminait sa dernière consommation et se préparait mentalement à quitter, le mouvement de sa voisine attira son attention. Il observait la scène du coin de l'oeil et doucement, un sourire en coin se formait. Soudainement, pris par la surprise de voir la jeune femme plonger son regard dans le sien, Kei ne répondit pas tout de suite à son offre. Bien qu'il pouvait parier qu'il était plus vieux qu'elle, elle avait opter pour le tutoiement. Elle n'était pas comme Aya, ni particulièrement comme Sojiro. Un drôle de personnage cette gamine. Enfin, gamine... avec ses formes et cette voix, il ne pouvait pas miser sur une jeunesse pure. Son audace impressionna le shinobi, peu osait se mettre en tête-à-tête avec lui, surtout avec l'alcool.
« Hum. »
Cet unique son fut sa confirmation à débuter une compétition. En claquant des doigts, il attira l'homme derrière le comptoir et fit signe d'apporter de quoi boire. Kei s'amusait à regarder son interlocutrice se montrer forte, mais il ne s'attendait pas à obtenir son prénom. Jun. Rare, jolie.
« Kei. » dit-il avec une courte hésitation.
À son habitude, il ne préférait jamais laisser cette information tomber dans les mains d'un inconnu, surtout qu'il notait ne jamais avoir vu ce visage dans le village. Le shinobi devait absolument garder un oeil sur ses verres. À tout moment elle pouvait glisser je ne sais quoi pour l'affaiblir. Cette fois-ci, sans hésiter, il imita Jun et commença à enchaîner l'alcool. Sa soirée était déjà bien entamée, alors avec les shots, il se questionna sur sa force. Elle venait d'arriver et semblait saine d'esprit, Kei possédait déjà une faible excitation.
« Rare sont les femmes, et les hommes, qui osent tenter un duel contre moi. »
À ses yeux, l'enjeu était réel. Ce n'était pas un simple concours, mais bel et bien son honneur qui était en jeu. S'il perdait contre la masquée, il allait défoncer quelqu'un à la fin de la soirée. Un seul point pourrait l'aider au long terme: parler. Problème, les deux shinobis ne semblaient pas avoir la parole à coeur. Avec son dernier commentaire, Kei ne cherchait pas à prouver quoi que ce soit, c'était surtout un fait. Juste en voyant sa taille, la majorité dégage de son chemin.
« T'es de passage à Kumo ? » ajouta-t-il en cherchant une façon de tirer des informations de son interlocutrice.
Histoire d'instaurer dès le départ une relation si ce n'était égale au moins relativement confiante. Si la situation pouvait toujours dégénérer les risques s’amenuisaient, et tout semblait se diriger vers au contraire ce qu'avait enclenché Jun. Comme l'errante l'espérait, la montagne semblait se mouvoir. Acquiesçant et se présente sommairement, un nom pour cette stature. Un nom, un adversaire et une allégeance connue. Et apercevant son interlocuteur se mettre au pas, et lui aussi se lancer dans cette sotte idée de concours d'alcool, Jun semblait affiché un air amusée. Enfin quelqu'un, une personne pour se mettre en travers de son chemin, pour rivaliser avec son égo et sa sous-jacente folie. A la moindre occasion, Jun de provoquer un défis, de contester l'autorité ou vérifier qu'elle pouvait gagner, indéniablement elle fonçait tête baissée dedans.
Entre deux shots, et avec la gorge qui commençait à drastiquement se réchauffer elle avait écoutée Kei le vantard, et cela la motivait encore plus. Quitte à finir rond comme un cochon, autant gagner et si l'alcool montait et monterait encore plus rapidement, de manière crescendo au fur et à mesure des shots et des verres commandés. Visiblement son interlocuteur avait lancé plus ou moins une discussion. Refrénant son estomac et se calmant derrière son masque, Jun posa son regard rubis en coin sur Kei.
-Rare sont ceux qui ont gagnés leurs duels contre moi.
Histoire de montrer au vantard, que elle aussi pouvait se targuer de quelque chose. Et que finalement derrière ce concours de qui avait la plus grosse, les deux Kumojins se jaugeaient. Chacun avançant ses pièces petit à petit, voulant mettre l'autre en échec et mat le plus rapidement possible. Demain, la gueule de bois et des maux de têtes mais ce soir et présentement c'était sur son corps qu'elle devait se concentrer. Car ils iraient jusqu'au bout, abandon ou comas qu'importe.
Non, elle n'est pas Kumojin. Kei ne changea pas son attitude ni sa posture face à cette déclaration, mais son état de compétition se calma. Son appel aux shots avait déclenché une guerre entre les deux shinobis, ce n'était pas dans l’intérêt du rouge, mais il s'amusait à voir la jeune femme agir. Pourtant, il ne se sentait aucunement en confiance face à son masque et sa phrase. C'est vrai qu'il sortait plus souvent depuis quelques mois, mais une telle apparence n'avait jamais attrapé son œil de bête. Elle devait être nouvelle, mais elle avait du culot à simplement se présenter comme une Kumojin. Et cette soi-disant femme du pays de la foudre ne semblait pas apprécier le ton du géant. Avait-il touché une corde sensible ?
« Je n'en doute pas chaton. » dit-il en calant un autre verre.
Il savait très bien que son masque ne représentait pas un chat, mais cette femme lui donnait les meilleures occasions pour sortir son ton chiant et déplaisant. À ses meilleures heures, Kei pouvait être un emmerdeur de première classe, elle avait de la chance cette Jun pour ne pas faire affaire à sa colère et son agressivité. Déjà qu'elle avait le droit à ses commentaires débiles et purement sarcastiques, c'était déjà suffisant pour la pincer. Joo promettait que l'addition allait être salée. Cette fois-ci, il ne pouvait que hocher la tête en guise d'acceptation. Et ce foutu surnom, rouquin. Il détestait.
« D'accord petit chat, le gagnant s'occupe de tout payer. »
Kei ne savait pas s'il devait regretter cette proposition ou se réjouir d'avance. Son adversaire, bien que plus petite, se montrait féroce et têtue. Étrangement, il adorait ces traits chez elle. Il espérait détruire son estime et la voir perdre avec les joues rouges et un terrible regret. Peut-être pas autant. Le Yoshino pouvait déjà voir sa future matinée s'annuler. Son entraînement matinal allait se résumer à de longues heures aux sources chaudes. Ou dans son lit à dormir.
« Ne bouge pas. » ajouta-t-il.
Sans laisser de temps à son interlocutrice, Kei passa doucement le bout de ses doigts dans la section sous son masque où son cou était visible. Il ricana en faisant signe à l'homme derrière le comptoir d'apporter autre chose à boire. Une boisson plus forte. Le shinobi avait toucher la jeune femme pour s'assurer qu'elle ne laisse pas couler l'alcool sur sa peau.
« Ne triche pas avec ton masque, sinon je te remettrai la main au cou sans hésiter. »
Sérieusement, il l'appelait comme ça? Ce gros, cette immense montagne sans cervelle! Elle était piquée, à vif comme les surnoms qu'employait un certain blond. On l'avait comparée à un bébé, mais à chat jamais et encore c'était toujours la même rengaine au fond. Un chaton, c'était l'innocence incarnée, la gentillesse et surtout c'était petit mignon, au fond tout ce que n'était pas du tout Jun dont les joues vermeilles indiquaient et son niveau d'alcool, et son attitude désormais boudeuse. Il se jouait d'elle, cela voulait aussi dire qu'il n'avait probablement pas aimé son surnom rapport à sa couleur de cheveux. Alors pourquoi était-ce l'errante qui semblait le plus vexée? Sans doute gérait-il mieux ses émotions que sa concurrente, qu'importe achevant la tournée de shooteurs Jun haussa les épaules.
-Je vais te coucher Kei.
C'était une affirmation, et déjà bien partie l'errante ne remarqua guère le mouvement de son adversaire. Elle avait portée une main au fourreau de son arme mais trop tard, effleurant son cou juste en dessous de son masque, Jun ne pipa mot semblant se figer comme si le temps s'arrêtait. Lorsque la boisson arriva par le barman, l'errante n'avait toujours pas bougée. Le contact fut si soudain, que son esprit se perdit.
-Refait jamais ça.
Son regard rubis plongeant dans celui de Kei, la colère s'y mélangeant à l'alcool. Sobre, elle aurait sans doute envoyer dans le décors le géant. Mais le concours n'était pas encore terminé, et on aurait pu l'accuser de triche. Et si? Et si il avait décidé de retirer son masque? Jun se figea de nouveau un instant, encaissant un cul sec pour se replonger dans le bain. Se levant, et sans un regard à son adversaire elle s'installa sur la chaise de son dernier, à califourchon sur le genou de Kei.
-Comme ça tu pourras vérifier que je ne triche pas rouquin.
Posant une main sur l'endroit ou il avait posé la sienne, refusant de le regarder de nouveau. Jun descendit un autre verre, il la menaçait et elle alors?
-Moi aussi si tu triches, je pourrai te mettre autre chose que ma main.
Tapotant le fourreau de son sabre, haussant des épaules. Son masque sentait l'alcool, pour une des rares fois depuis le début de sa vie. L'esprit moins lucide, mais toujours en lice pour ne pas payer l'errante posa son verre vide, indiquant au barman de le remplir.
Et bien, elle ne semblait pas du tout apprécier le contact physique et les surnoms cette Joo. Kei se félicita mentalement pour l'avoir déstabiliser ainsi. Il n'avait même pas pris une seconde à penser à retirer son masque, ça lui servirait à quoi ? Il présumait deux théories. Soit elle cachait une beauté digne d'une déesse ancienne, soit une terrible marque de guerre gravait le bas de son visage. Dans les deux cas, le shinobi s'en foutait royalement. Il tirait plaisir à l'embêter et à l'observer bouter comme une enfant. C'était étrange de voir une, possiblement, adulte agir ainsi. C'était.. mignon.
« Fais pas cette tête, inutile de sortir les menaces, je n'écoute jamais ce qu'on me dit. » ricana-t-il en perdant son regard dans le rubis de son interlocutrice.
Si un regard pouvait tuer, Kei serait mort deux fois par celui que Joo lui envoyait. Les mots ne suffisaient pas pour dire à quel point elle ne portait aucune joie à cet instant. Le rouge ne dit rien à se propos et continua de laisser l'alcool glisser dans sa gorge. Sa tête lui donnait un effet étrange. Sur le moment, il ne savait pas si son esprit lui jouait un tour ou si ce qui arrivait était réel. La masquée s'était installée sans permission sur ses genoux et avait déposé sa douce main contre la sienne. Kei referma sa main par réflexe et resta perturber par ce contact soudain. Elle était si petite soudainement. Le jeune homme n'osait pas la toucher ou dire un seul mot. Cette position l'étonnait, mais il ne se plaignait pas de cette chaleur.
« Hum. »
Décidément, il avait donner sa langue au chat. Son manque de mot devenait gênant. Il vida son dernier verre et le glissa proche de celui de sa compagne. Le serveur allait comprendre qu'il attendait un autre service. Il fut étonné de ne pas avoir entendu une alerte de sa part. Les deux shinobis avaient bus comme des porcs et ne comptaient pas arrêter. Cela devait faire un énorme profit en une soirée. Par un réflexe soudain, Kei laissa son pouce caresser la main de son interlocutrice. Il l'écouta murmurer qu'elle n'était pas un chat.
« Tu es surtout une lionne féroce qui tient son morceau. Tu es embêtante et têtue. »
Il roula ses yeux et fit monter son genoux droit pour faire un certain manège à la femme. Il s'amusait à la faire basculer pendant quelques secondes et s'ennuya aussitôt. Il continua son concours sans poser de questions et sentit la fatigue le prendre. Si Jun ne s'était pas position sur lui, il n’aurait pas succomber à sa chaleur de femme. Il partageait rarement son corps avec une autre personne. Explicitement ou amicalement. Le dernier Kumojin qui avait entrer en contact avec lui était ce jeune Aya. Grimper sur son dos pour courir derrière un foutu chat. Mais cette Joo avait osé dépasser une limite qui guidait Kei à vouloir abandonner ce jeu. Les femmes et les hommes avaient rarement de l'effet pour le rouge, il n'aimait personne. Pourtant, l'alcool cette nuit jouait avec son esprit de combat.
« Tu triches. » dit-il en laissant retomber son verre sur le comptoir. « tu oses venir sur mes genoux pour me déstabiliser à ton tour. »
Posant son verre vide sur la table, haussant les épaules sentant sa tête s'alourdir. Elle adorait ça, frôler la correctionnel, cette sensation qu'à tout moment et selon comment chacun prendrait l'alcool la situation pouvait s'envenimer. Et surtout, répondre à ses piques, le genre masculin était visiblement relativement taquin. Sans doute un manque presque simiesque d'intelligence, mais cela l'amusait. L'amusait ou la distrayait, provoquant la même réaction un besoin de chercher la petite bête. De jouer autour du géant, et malgré sa taille elle se sentait petite. Sur son genou, elle pouvait presque s'adosser sur lui. Presque sur qu'il faisait meilleur chaise que les tabourets de l'auberge, était-il finalement un meuble humain? Une armoire à glace qui frôlait la défaite.
Elle le sentait, l'écoutant à moitié la complimenter et se plaindre. Avait-elle percée sa carapace? L'alcool aidant surement, et pourtant lorsqu'elle sentit le manège opérer elle ne dit rien, tournant légèrement la tête vers le sol ses joues se teintant de rouge. Sur un seul genou néanmoins c'était pas amusant, son arrière train avait juste mal. Alors que, alors que se repositionnant pour être plus confortable. Et derrière ce génial plan aux vapeurs de saké, elle se mit à cheval sur les deux genou du rouquin.
-T'as surement raison et je sens que je tiens le bon bout. Je suis embêtante peut-être mais faiblirais-tu? Te plaindrais-tu Kei malgré ta forte constitution?
Si il n'écoutait jamais ce qu'on lui disait, elle était à peu près sur qu'il possédait un égo au moins aussi grand que lui. Et cela était le plus intéressant, et lorsqu'elle sentit le pouce du rouquin caresser la paume de sa main, Jun ne pipa mot se renfermant une attitude semi-boudeuse, fermant tout de même sa main sur le pouce du géant. Le verre qui suivit la fit tousser derrière son masque, mais haussant les épaules et observant l'expression de Kei et sentant probablement que son propre visage devait lui aussi faire voir les stigmates des verres qu'ils s'enfilaient.
-Moi je te déstabilise ? C'est plutôt l'inverse!
Et pour appuyer son propos elle posa son index droit sur les habits de son concurrent, tapotant dessus avant de s'arrêter.
Comment osait-elle se frotter ainsi à lui sans sa permission ? Pour une shinobi à l'allure fière et à la tête haute, Kei se marmonnait qu'elle se laissait bien faire. Il avait l'impression qu'il pouvait la brisé d'un seul geste, même s'il se doute qu'elle répliquerait férocement. Cette sensation d'avoir quelqu'un sur ses genoux était nouveau pour lui, ça ne lui déplaisait pas, mais il ignorait s'il appréciait. Ses mouvements n'étaient plus libre et il ne voulait pas heurter la jeune femme en agissant brusquement. Alors le géant resta calme et bu sans se plaindre. Son visage ne montrait pas pour autant la joie, il se sentait un peu obliger de faire gaffe. Lorsqu'il l’entendit tousser par exemple, il retira aussitôt sa main de la sienne et tenta de mettre une certaine distance pour la laisser respirer librement.
« Hum ? Et de quelle façon je te déstabilise !? C'est qui qui est venu sur MES genoux ? » dit-il en laissant ses deux genoux bondir pour agiter son interlocutrice.
Elle le tapota du doigt pour prouver son point. Kei ne fit que grogner et soupirer. Voulait-il réellement abandonner et payer les bouteilles qu'ils avaient consommer ? Son porte-monnaie ne souffrait pas, mais ce sera se coucher devant une inconnue. Pour une fois dans la soirée, le rouge n'alla pas chercher son verre débordant de liquide brûlant, il laissa plutôt son attention vaguer à une scène au fond du bâtiment. Ses bras entouraient maintenant le corps de Jun et son regard observait deux bandes d'idiots qui s'insultaient. À ce moment-ci, la majorité des têtes se positionnaient vers le futur combat. Les personnes de services tentèrent de calmer le feu, mais un résultat positif ne semblait pas naître. Kei se pencha vers l'oreille de Jun.
« J'ai une idée. » dit-il en murmurant et en laissant le bout de son nez caresser les cheveux de la masquée. « On dégage tout de suite. »
Elle n'avait pas une odeur de bonbons ou de fleur, mais le shinobi s'étonna à apprécier ce qu'elle dégageait. Il s'était soudainement retenu à ne pas descendre vers son cou et le mordiller. Cette Joo lui faisait un effet qu'il ne pourrait pas ignorer s'ils continuaient la nuit sur ce chemin. Et puis merde, il en avait rien à faire. Kei plongea directement dans le creux du cou de la masquée. Il commença à mordiller et à laisser passer le bout de sa langue chaude. Quelques secondes passèrent avant qu'il recule en prenant conscience que le combat des idiots commençaient et qu'ils devaient sortir au plus vite.
Il continuait son manège, pour le plus grand plaisir de la masquée. La grande montagne semblait étrangement calme, à l'instar d'un volcan endormi depuis des années, ne demandant qu'à exploser, semant trouble et chaos. Mais pour l'instant, l'alcool aidant surement ce grand gaillard se contentait de faire office de chaise à la samouraï, savourant la situation une lueur de folie dans son regard, Jun observa un instant les alentours, laissant la chaleur du corps humain que dégageait le rouquin et une haleine surement aussi alcoolisée que la sienne instaurer un climat de fin de soirée. Ce genre de moment, ou comme les pochtrons qui commençaient à s'exciter en arrière plan, la soirée pouvait à tout moment dériver entre combat et amour, à la frontière des deux parfois même les mêlant. Plus tard, plus le temps passait et moins le contexte devenait sympas. Les deux Kumojins avaient bus, beaucoup et maintenant ils subissaient le contrecoup de leur excitation et d'un concours idiot.
Mais finalement faire l'idiot ça lui correspondait bien, autant à Kei qu'à Jun. Se laissant surprendre par les bras du géant entourant son corps, rougissant légèrement avant de reprendre ses esprits et de lever son visage vers celui de son interlocuteur. Et de très vite le descendre, la tête à l'envers avec un gramme d'alcool dans le sang proche de celui des chasseurs de nos régions, c'était pas forcément l'idée du siècle. Lorsqu'il se pencha, expliquant son plan et la solution logique pour sortir d'ici sans payer. Jun se demanda si elle n'avait pas gagnée, elle avait gagnée fut la conclusion la plus logique. Un combat de plus qu'elle remportait, mais désormais il fallait fuir. Partir d'ici au plus vite, posant un doigt sur son masque, feignant l'innocence l'errante se retourna vers son camarade de boisson.
-Ah bon et on paye paaaas? Bha bravo les vertus Kumojin.
Haussant les épaules, laissant le rouquin tenter de trouver une odeur lui correspondant. Celle du sang, de la mort dans un contexte plus sérieux elle lui aurait coupé ses narines, mais maintenant à cet instant précis rien ne comptait. Et lorsqu'elle sentit la figure du géant s'engouffrer en direction de son cou, elle agrippa sa cuisse droite. Et lorsqu'il commit l'irréparable, serrant sur sa cuisse et tentant de se contenir. Il était fou, fou d'elle? Les hommes étaient donc des sexes sur pattes, il suffisait de les aguicher légèrement déjà ils devenaient fou de vous? Pourtant, le contact de la langue du Kumojin, et les secondes qu'il passa dans son cou, lui arracha un gémissement qu'elle tenta de camoufler avec un faux hoquet.
Tirant sur son bras, sur ses vêtements et l'entraînant hors du bar, elle afficha une moue rougissante et presque fuyante. Il avait des ressources, un peu trop de cran aussi mais elle préférait ça à un mec timide. Les brutes, les mauvais bougres c'était surement les plus marrants. Dehors, la nuit et le froid. Sautillant légèrement, l'errante hésitait. Allait-il s'en rendre compte? Et à quel point les dégâts étaient sévères? Elle se rapprocha du rouquin, feignant de ronronner pour continuer à l'occuper. Un doigt sur son masque, un faux air innocent sur son visage. Elle doutait d'ailleurs qu'il tente autre chose de suite.
-Ca m'a pas du tout déstabilisé, je le sentais venir... Tu me surprends pas Kei!
Plus gros était le mensonge, mieux ça passait non?
Kei est une brute. Kei est un homme qui ne se laisse jamais marcher sur les pieds. Kei déteste tout le monde. Pourtant, il conserve des valeurs importantes pour sa réputation. Quitter un bar sans payer ne faisait pas parti de son plan de match habituel, or, pour cette facture salée qui allait se présenter, il était d'un refus complet qu'il sort ses billets. C'était une idée comme un autre qu'il proposait par pur hasard, en croisant les doigts pour que son interlocutrice ne soit pas coincée. Il lui confia sa petite proposition dans un murmure intime, sa réponse ne correspondait pas du tout à ce qu'il attendait, mais il ne laissa pas tomber. Elle tentait de jouer la naïve, c'était drôle à regarder.
Son désir de bête ne lui laissa pas le temps de répondre, puisqu'il s'attaqua au cou de sa partenaire de compétition. Sa mâchoire prenait toutes les forces du ciel pour ne pas se fermer complètement et laisser ses canines percer la peau de la jeune femme. Kei n'avait jamais été délicat avec ses proies, il se devait de rester calme avec Jun pour ne pas l'effrayer. Enfin, il allait révéler tôt ou tard sa dernière facette, si ce n'était pas déjà le cas. Une pression soudaine à sa cuisse lui fit ouvrir les yeux et il se retira juste à l'instant où l'un des meilleurs son quitta la bouche de la masquée.
« Tss, je croyais que t'étais que bonne à te plaindre. » dit-il pour l'irriter.
Il ne profita pas de sa victoire: Joo le guida vers la sortie sans poser un seul mot à ce qui venait d'arriver. Le rouge scruta rapidement le bar en quelques secondes pour bien repérer les regards qui se posaient sur les pauvres cons en duel. Et un duel merdique qui honorait l'alcool.
À l'extérieur, Kei laissa le froid caresser son visage et emporter ses cheveux dans un petit mouvement de vague. À cette heure-ci, son rouge à lèvre avait probablement disparu sur les verres du bar. Heureusement qu'il lui restait des cercles noirs autour des yeux pour ne pas révéler un visage sans maquillage. Ils formaient un drôle de duo. Un géant maquiller et une petite masquée. Enfin petite... était-elle petite ? À ses yeux, personne est égal à sa grandeur, le monde entier est un village de nains. Les yeux fermés et le visage soudainement calme par le son des insectes de la nuit, Kei se débarrassait de la chaleur de l'alcool et reprenait peu à peu ses esprits. Jun s'approchait de lui d'une manière étrange. Comme si elle cachait un secret.
« Je ne te surprends pas ? Bon bah alors espérons que tu ne sois pas étonnée ! »
Le Yoshino se jeta sur la masquée et l'attrapa dans ses bras en la laissant retomber sur son épaule, tel un sac de pommes de terres. Il la tenait férocement et commença à marcher sans prendre une direction particulière. Il avançait comme dans ses vieilles années de vagabonds, sans but, mais avec excitation. Présentement, il ignorait complètement ce qui se déroulait. Jun, une nouvelle connaissance. Un taux d'alcool beaucoup trop présent en lui. Un cerveau ramolli par la nuit et le plaisir. Allait-il approuver au matin ? Avec le sourire, Kei s'amusait à faire bouger Joo dans tous les sens. Un peu comme sur ses genoux, il adorait lui faire vivre des manèges, mais il ignorait que ça pouvait mener à... ceci.
« Et qui t'a permis de dire mon prénom depuis le début de la soirée petit chat ? »
Incapable, brute sans cerveau et autre noms d'oiseaux moins classes surgissaient, se bousculant à l'entrée de la bouche de Jun. Mais aucun ne franchit la porte, aucun bruit ni son ne sortit du masque de l'errante quand le géant se jeta sur elle, l'impression de se retrouver face à la démesure en personne. Se débattant dans ses bras, pour capituler rapidement vu le manque d'envie et la flegme de la soirée, les vapeurs d'alcools n'affectaient pas que ses idées, mais également son jugement. Autant sur celui des autres, que ses propres aptitudes à prendre une décision, à contrôler son corps, Jun était beurrée, pas aux portes d'un vomis ni d'un coma éthylique simplement complètement torchée.
Elle le sentait maintenant, et si c'était marrant deux minutes maintenant cela l'ennuyait. Une sensation désagréable dans son abdomen, une vision floue du village et une sensation étrange d'être au sommet d'une montagne. Le mont rouquin, en constant mouvement vers une destination inconnue, ne se souciant guère des petits nains vivant sur ses flancs, erreur néanmoins des nains que de vouloir vivre sur un sol non seulement graveleux, mais également en proie à de terrible tremblements de terres.
Abandonner le navire, le titanic sombre et il est temps de prendre la fuite. Chacun pour sa peau, femmes et enfants d'abord. Se débattant, le visage rougissant autant sous l'effort que sous les montagnes russes que provoquait Kei.
-Imbécile!
C'était pas son prénom, était-il content? Profitant d'un moment de répit, Jun se glissa presque hors de la poigne du géant. Ce drôle de gaillard, donnant l'impression à chaque fois de tout gâcher ne sachant visiblement pas s'intéresser aux autres avec délicatesse, ou peut-être était-ce l'alcool. Jun l'avait provoqué en duel, et maintenant elle devait en assumer les conséquences. Ignominie et trahison, mais elle ne pouvait s'en prendre qu'à elle même.
-Reste loin de moi Kei! Je suis pas ton petit chat!
Elle perdait ses moyens mais que faire? Rien de bien prestigieux, aucune action héroïque ne la sortirait de ce marécage. Jun prenait l'eau, coulant lentement dans son comportement et le contexte.
Cette soirée dédier au plaisir de boire et à se calmer de ses multiples entraînements, ne se déroulait pas comme prévu. À son arrivée au bar, il ne pensait définitivement pas terminé ici avec une jeune femme. Forte et prête à tout pour gagner, il croyait déjà la cerner sur tous ses angles. Une erreur qui se présentait maintenant sous son nez. Une erreur qu'elle n'aurait pas du commettre. Alors que la belle se débattait pour sortir de l'emprise de la bête, celui-ci ne fit aucun mouvement pour la retenir. Il la laissa s'échapper de ses griffes et perdit le sourire qui l'encourageait à maintenir une aventure amusante. Ses prunelles perçantes suivirent la silhouette entortillée de son interlocutrice. Lui avait-il fait mal ? Rien à faire. Kei refermait doucement ses poings en se répétant le mot qu'elle avait oser échapper. Je ne suis pas un imbécile. La fureur grimpait en lui à une vitesse folle. Bien sûr, ils jouaient depuis le départ, avec une touche de sérieux. Tous les commentaires qu'elle disait ne l'affectait pas. Ses surnoms le faisait rire, puis ses petites remarques aussi, mais cette fois-ci, il ne voulait pas passer ce bout de phrase.
Prêt à montrer de quel poils il se chauffe, Kei prit la direction de Jun pour lui faire entendre son opinion sur son malheureux commentaire. Pourtant, sa voix étouffée par son masque le fit arrêter. Son corps se calma lentement et son visage bloquer par la colère changea pour des traits plus fins. Le ton que possédait la masquée ne correspondait pas du tout à sa personnalité originale. Serais-ce possible qu'il est vraiment dépasser les limites en la prenant dans ses bras ? Le contact physique avec une autre personne n'avait jamais été son fort, donc il hésitait sur l'état de la situation.
« T'es fâchée ? » dit-il plus sérieusement.
Formuler une excuse était impossible pour lui, donc elle pouvait oublier. Dès qu'il l'avait surnommer petit chat, elle boudait ou prenait une attitude plus enfantine. Serais-ce là qu'il avait merder ? impossible. Une kunoichi comme elle ne pouvait bloquer à un seul mot, pas comme lui. Alors est-ce que ses mains avaient glisser sur une partie de son corps ? Il avait fait attention pour ne pas que ce cas arrive, il doutait de cette option. Alors qu'est-ce qu'elle avait ? Kei voulait se frapper mentalement pour réfléchir ainsi et s'inquiéter pour un autre shinobi. Qu'est-ce qu'il obtenait à la fin ? rien. Il pouvait partir et ne jamais se retourner, ce serait la meilleure solution à ses yeux. Mais laisser Jun plantée seule sur ce chemin.. cette idée ne le ravissait pas.
Maintenant que sa colère s'était évaporée de son corps, Kei décida d'appliquer une méthode qu'il n'avait jamais essayer. Il avança vers Jun et se pencha vers elle pour l'entourer de ses bras. Sa tête se positionna par dessus celle de la jeune femme et ses mains restèrent bien haut sur son dos pour ne pas la troubler.
« Est-ce que tu as froid ? » dit-il en reculant de quelques pas.
Il n'attendit pas sa réponse et retira son énorme manteau noir pour l'encadrer sur le corps mince de Jun. Ainsi, elle ressemblait à une guerrière digne des Yoshino. À cette pensée, Kei tourna la tête vers la lune pour cacher ses joues roses. Il ressemblait à sa famille ce soir. Enfin, il ressemblait surtout à lui enfant. Un câlin, un rougissement.. Il avait bien changer depuis ses années perdues. Maintenant qu'il ne possédait plus son accessoire lourd sur ses épaules, la majorité de son corps était révélé. Sa chemise, toujours déboutonné, montrait des cicatrices et principalement celle de la foudre qui occupait son visage et son torse. Qu'est-ce que cachait le masque à Jun ?
« Écoute, j'aime bien me promener la nuit, mais si on continue de rester proche, les mecs du bar vont probablement nous chercher. »
Il n'avait pas envie de courir cette nuit, la fatigue le prenait et il voulait rejoindre la chaleur d'un toit chaud.
« Est-ce que tu habites prêt d'ici ? je peux te raccompagner. » dit-il en ressentant un vide soudain à s'imaginer la laisser quitter si vite. « Ou tu peux venir chez moi. »
Un sourire indescriptible se forma sur son visage. Il ressemblait à un prédateur avec cette phrase, mais il ne voulait pas quitter la jeune femme. Mais le froid lui empêchait de rester plus longtemps à l'extérieur.
C'était un ordre, n'attendant pas d'autre réponses de la part du rouquin, observant dès lors son corps. Derrière la chemise, derrière les vêtements des traces, cicatrices apparentes à l'instar de celle sur son visage. Le destin n'existait pas, chacun était seul maître de sa vie mais le hasard, les rencontres inattendus, tout ça Jun commençait doucement à l'accepter. Ce camarade de boisson s'avérait, plus proche de ce qu'elle était vraiment. Une sorte de double en masculin, en plus grand aussi, bon les cicatrices était un des points communs que l'errante découvrait. Chacun son passé, ses démons et ses cauchemars. Mais Kei se découvrait non seulement physiquement mais visiblement le grand gaillard semblait tout d'un coup s'adoucir. Cherchant à se rapprocher de la masquée.
Lorsqu'il posa le manteau et ses bras sur elle, sur le coup Jun devint blanche s'inquiétant qu'il ne découvre le pot aux roses, instinctivement Jun se posa un instant contre le torse du géant à l'abris dans un manteau trop grand pour elle. Puis se rappelant sa situation, et rejoignant Kei sur le fait ne pas s'attarder dans les environs. Elle se mit à marcher, retrouvant doucement le chemin de chez elle. Car sans appartement et Yamiko vivant chez son clan, il était important d'avoir un toit. Son humble demeure n'était d'ailleurs guère un château clanique, mais possédait le minimum pour apporter un semblant de définition de maison. Idéalement Yamiko devait s'installer avec elle, après tout la Metaru lui avait promit cette collocation. Mais un peu de compagnie, pour continuer la soirée et jusqu'au petit matin ne lui ferait pas de mal. Et puis visiblement son interlocuteur ne souhaitait pas disparaître.
S'arrêtant un instant, tirant sur la manche de sa chemise l'entraînant jusqu'à son chez soi, un appartement au dernier étage, comme si il venait d'être vendu. Pas de décorations, guère de véritable marque pour apprécier les goûts de son propriétaire. Car Jun s'en moquait, des paquets de cigarettes traînant au sol jusqu'à des cadavres de bouteilles indiquant et retraçant quasiment chacune de ses soirées. Fermant la porte derrière son invité, tapotant contre sa chemise.
-Maintenant c'est mes règles! Et si tu veux ressortir faut être un bon invité.
Chantonnant presque ses derniers mots, faisait disparaître la clef l'instant d'après. Cachant derrière une apparence entraînante et des mots assurés son véritable état. La panique, et l'envie de profiter encore de sa compagnie l'avait poussée à inviter Kei sans véritablement réfléchir. Posant le manteau de son invité sur son lit double, Jun se dirigea vers sa salle de bain.
-Tu peux visiter si tu veux, moi j'ai besoin de me rafraîchir.
De se ressourcer, de faire le point sur la soirée.
Sa phrase ne présentait aucune possibilité à choisir une option. C'était un ordre et elle le savait. Kei haussa les épaules et accepta cette courte soumission pour la suivre jusqu'à son temple. De la rue jusqu'à son toit, il remarqua que sa démarche ne suivait pas exactement son allure de dur à cuire. Elle bougeait les jambes d'une telle façon à croire qu'elle voulait absolument aller à la toilette. Après tout l'alcool que son corps avait obtenu, c'était probablement normal. Enfin, il ne s'en préoccupa pas énormément. Le rouge continuait de marcher de façon normale, il ne croisait pas les jambes et ne ressentait pas une lourde sensation de laisser l'eau couler. Il se considérait comme un bon buveur, il ne tombait pas facilement pour les points négatifs de l'alcool. Est-ce que Jun, la grande gagnante, était perdante au final ?
Chez la masquée, Kei s'étonna à voir des murs vierges et à obtenir une odeur peu délicate de cigarette. Son regard scruta le sol, le plafond, tous les détails qui se présentaient à lui. Ils ne partageaient pas le même sens de la propreté ou du revêtement intérieur, mais enfin, il n'était pas là pour s'occuper de la déco. Cette nuit, il ne voyait que Jun et son masque.
« Tss, comme si je suis mauvais. »
Le Yoshino se glissa un peu partout avant de remarquer que Joo continuait d'agir d'une façon étrange. Il ne regrettait toujours pas sa décision, mais il se rappelait qu'ils ne partageaient que leur identité et l'alcool. Elle fouillait dans des vêtements, elle pourrait sortir une arme, un rouleau.. mais non. Rien de suspect. Le géant se permit de relâcher la pression que son corps ressentait. Elle voulait se rafraîchir ? Kei hocha de la tête, mais ne prévoyaient pas de rester seul pendant plusieurs minutes. La fatigue jouait avec ses nerfs et il refusait de laisser la kunoichi seule. Son désir continuait.
« J'espère que ta douche est assez grande pour nous deux. »
Il s'était positionné devant la salle de bain avec les bras croisés et la chemise complètement déboutonnée. Donc un loup alors ? Kei sourit. Il préférait la voir comme une lionne. Cela voulait-il dire qu'elle se considérait comme une kumojin seule ? Ça ne l'étonnerait pas. Cette nuit, il ne l'abandonnerait pas. Ils n'allaient plus être seuls sous la lune.
« Tu viens ? »
Kei n'était pas du genre à patienté, il aimait sauter au but final et obtenir ce qu'il voulait. Cette nuit, il se montrait plus doux et à l'écoute, ce que ses anciens partenaires n'avaient pas eu le droit. Il ne cherchait pas à impressionner Jun, au contraire, il avait simplement envie de profiter de cette échange au maximum. Le rouge offrit sa main à la jeune femme en signe de confiance.
Nigaud? Sérieusement? C'était presque affectif, presque donc symbole d'une relation relativement cordial voir même sympathique. Se rapprocher des habitants du village, cela passait souvent par boire des verres enfin jusqu'à présent c'était sa tactique d'approche, peut-être que demain elle changerait de méthode. Mais sans une petite aide, sans les effluves d'alcool pour lui donner faussement du courage, pour rompre son isolement social, Jun retournait à sa vie d'ermite. Ne s'entraînant pas, délaissant les missions se contentant de chômer dans son appartement trop grand pour elle, attendant chaque jour le retour de la Metaru. Passant, des heures dans sa couverture à fumer cigarette sur cigarette, finissant les bouteilles traînant avant de tituber pour se rendormir.
Parfois les cauchemars, les douleurs fantômes arrêtaient sa nuit. Et dès lors, elle passait la soirée sur les toits à observer l'horizon se lever, à observer au loin les restes de sa liberté. Kumo était oppressant, forçant l'errante à subitement changer de mode de vie. Se sédentariser avait prit des années à certains clans et voilà que seule, sans attache sans contacts sur place elle devait s'intégrer? Sortant de ses songes, le regard fuyant pour finalement observer le géant dans l'embouchure de sa salle de bain. Avait-elle trouvée autre chose qu'un camarade de boisson? Comment passer cette étape, de la simple rencontre anodine d'un soir à quelque chose de plus concret. Comment s'ouvrir, des lacunes sociales et une sorte d'autisme empêchait Jun de simplement paraître heureuse.
Elle posa la main sur celle du rouquin, avant de plonger ses yeux rubis dans son regard. Haussant les épaules, sans se rendre compte elle se rapprocha du grand garçon, ses formes frôlant la silhouette du colosse. Avant que sa frêle carcasse ne recule, ayant reprit conscience de la situation. Que voulait-il vraiment? Un rapport sexuel? Et après? Allait-il disparaître au petit matin? Jun le faisait souvent, ne s'attachant pas dans des rapports et une relation. Seule, incapable d'accorder un minimum de confiance sans hasard la masquée s'était résignée, sans faire de drame à vivre seule. A ne rien partager, puis Yamiko était revenue dans sa vie et maintenant voilà que Kei se montrait sympathique, proche presque dévoué.
-Va me chercher de quoi nous sécher si tu veux te laver. Je sais même pas si on rentre à deux avec un géant.
Elle profita de cette injonction, pour entrer dans la salle de bain se faufilant, percutant légèrement le corps du Kumojin. L'enfer c'était les autres, l'enfer était partout en ce monde, Jun n'était pas quelqu'un de bien et n'aspirait pas à l'être. Mais même les salopards étrangement, s'attachaient et éprouvaient des sentiments. Plongeant sa tête dans son robinet, laissant l'eau froide rafraîchir ses pensées. Exposant sa croupe, ayant laissée tomber son long manteau noir à l'entrée de la salle de bain. Que représentait Kei à cet instant? Un compagnon de boisson qu'elle avait ramenée en premier chez elle. Même Yamiko n'avait pas encore découvert l'appartement, alors qu'elles étaient censées être en collocation.
Émergeant dans un élan de violence, de l'eau froide. Respirant lourdement, la masquée se retourna pour voir ou en était Kei. Si ça se trouve il avait déjà finit. Si ça se trouve il l'avait observée.
Si ça se trouve, il était plus qu'un ivrogne d'un soir.