Volent, nagent les animaux qui fuient le prédateur. Dans un mouvement chaotique, les bestioles foncent à toute vitesse pour échapper à leur agresseur. L’auteur de cette débandade progresse à une vitesse qui égale presque la leur, l’arc dressé, la corde tirée pour leur tirer dessus. Mais ils ne sont pas assez statiques pour que cela fonctionne. Leur mobilité empêche la demoiselle de faire feu pour en abattre un. Alors ils fuient, tous, à en perdre haleine, pour réussir à survivre … ou parvenir à tuer.
Kaelia avance, avance, traverse le port sans se soucier de l’état de ses vêtements, ni de l’odeur forte qui l’accompagne. Aujourd’hui, il faut chasser. Elle sera belle demain, ou encore un autre jour. Plus rien ne l’arrête, plus aucune considération féminine ne semble exister. La Yuki est une chasseresse, peu entraînée pour la chasse aux animaux, mais elle s’exerce. Bientôt elle tirera sur les oiseaux pendant leur vol et les atteindra avant même qu’ils n’aient le temps de comprendre.
Ne pas s’arrêter, surtout, ne pas s’arrêter. Courir à toute vitesse, dépasser les obstacles, foncer pour ne pas perdre le rythme. La petite silhouette file à toute allure sur le bord de l’eau, jusqu’à croiser quelque chose de plus grand qu’elle. Ou de plus perfide. Une forme contre laquelle sa jambe se heurte brutalement. La chute est rapide, brutale, bruyante. Les animaux partent dans tous les sens et se dispersent. La chasse est finie. Kaelia atterrit la tête la première dans les marécages. Jusque-là, ce n’est qu’une gamelle comme une autre, tout ira bien. Pourtant, quand elle tire sur ses jambes pour se relever, la Yuki constate que celles-ci, ou d’une moins l’une d’elles, ne peut plus la porter. Un blocage. Mais pourquoi ?
Kaelia force davantage pour se sortir au moins des marécages. Quand elle parvient à s’en extirper, ses yeux se posent sur l’horreur : sa jambe est ouverte. Une grande plaie qui part de sa cheville et remonte jusqu’à mi-mollet. Qu’est-ce que ? Comment ? La Genin ne comprend pas. Mais le sang coule, coule … Et l’eau salée est très proche de la plaie, voire dedans, ce qui accentue la douleur.
Sa première partie de chasse s’annonce vraiment mal. Elle recule pour se mettre sur une zone libérée de toute substance qui pourrait participer à l’infection de sa jambe et décide de calmer avec de la glace, mais cela ne suffira pas à nettoyer toute cette plaie … Et quand bien même Kaelia réussirait à marcher, le sang continuerait de s’écouler. Comment faire ? Anesthésier et colmater jusqu’à rentrer plus loin dans le village, puis espérer que quelqu’un s’occupe d’elle ? Cela lui paraît impossible.
La Yuki soupire. Impossible, mais c’est sa seule solution. Elle dépose sa main au-dessus de la blessure et crée une petite plaque de glace pour faire passer la douleur. Aux grands maux, les grands remèdes ?
Des pas. Des pas dans sa direction. Une créature complètement inconnue, qui s’approche et s’annonce avec un adorable sourire. Kaelia arque un sourcil. Qui est-il ? D’où vient-il ? Il semble être venu de la providence. Un peu comme Zeref, sauf que cette fois, il vient lui sauver la jambe. Et peut-être la vie, en fait. Qui sait ce que cette blessure aurait pu donner, s’il n’était pas apparu. La Yuki l’observe de ses grandes prunelles noisettes. Elle ne sait pas qui il est, mais un médecin ne peut pas être méchant … Ce ne serait pas logique. Et puis, ils sont à Kiri, dans le village … Au port, certes, mais la sécurité est élevée dernièrement, donc il ne peut pas être un ennemi. Kaelia décide de ne pas s’en méfier et lui donner une chance. Un gentil sourire étire ses lèvres.
« Merci. Je suis une Yuki, effectivement. On utilise nos capacités de la meilleure des manières quand on se blesse de cette façon. », rit-elle doucement.
Les prunelles noisettes se déposent sur les mains du jeune homme, entourées d’une aura verdâtre. Un ninja médecin … Un apprenti, si Kaelia a bien compris ce qu’il lui a dit. La maîtrise du chakra vital est un des arts les plus honorables de leur monde. Mettre son énergie au service des autres, pour un bien qui dépasse son propre bien. Penser en terme de communauté, de globalité. Mmh … Les apprentis médecins ne peuvent être que des bonnes personnes, non ?
La grande douleur dans sa jambe disparaît progressivement. Le processus est long, mais Kaelia sent déjà un mieux dans tout ce bazar. À force, si elle comprend bien comment fonctionne cette capacité, la douleur deviendra picotement, puis disparaîtra. S’il n’est pas encore à ce stade, alors il rendra la plaie moins béante et bien plus supportable. Suffisamment grande pour nécessiter davantage qu’un pansement et un examen approfondi, mais suffisamment petite pour ne pas menacer de la laisser exsangue au beau milieu de la ville. Ou alors, il parviendra à complètement la soigner, ce qui serait vraiment super !
« Merci, pour les soins. »
Kaelia est toujours très attentive aux gestes de l’apprenti médecin. Il a l’air particulièrement concentré. Quelle quantité de chakra cela va lui demander, au final ? Tiendra-t-il le choc ? Tant de questions auxquelles seul le temps peut répondre … En attendant, que cela lui prenne beaucoup d’énergie ou non, cet inconnu est là pour l’aider, alors que rien ne l’y oblige. Bonne conscience ou altruisme, la Yuki ne saurait le dire. Néanmoins, une chose est sûre : ses cabrioles lui paraissent moins promptes à lui coûter la vie.