Etsuko eut un sourire un peu gênée au geste du genin. Décidément, il était très tactile. Elle ne le rejeta pas pour ne pas le blesser, l'écoutant pendant toute sa tirade. La Naari était certes en doute suite à leur rencontre avec la Raikage, mais elle était bien moins perturbée que ne semblait le croire le jeune homme. Elle hocha alors négativement la tête, assise à côté de lui.
« Je sais bien que ce n'est pas simple... Et qu'il est difficile de raisonner une femme pareille... Mais elle n'aura en aucun cas une "alliance inutile" à gérer. Les conditions étaient totalement différentes et à ma connaissance, c'était juste un "accord" entre les villages pour affronter le Soshikidan. Une non-aggression plutôt qu'une véritable alliance. Enfin on verra bien leur réponse... S'ils souhaitent une nouvelle discussion avant de rendre leur décision, c'est notre travail de les convaincre. »
Elle sourit légèrement, gênée par la situation. Elle se leva alors et s'étira un peu.
« J'ai bien remarqué l'agitation, mais cela peut-être mille choses différentes et un meurtre dans un village caché est quasimment improbable. Surtout en pleine rue. Si jamais il s'avérait que c'était cela, je pense que nous devrions éviter de nous en occuper. La police de Kumo est très compétente, j'ai parlé avec un de leur officier et je n'en doute pas un instant. Nous souhaitons faire une alliance avec eux, pas devenir une sorte d'infiltration de leurs systèmes à tous les niveaux. S'ils font appel à nous pour de l'aide, nous acceptons, mais nous ne devons pas forcer notre aide sans quoi nous risquerions de créer l'effet inverse de ce que nous souhaitons et ils pourraient prendre peur. D'accord ? »
Etsuko ne voulait pas se retrouver avec une mauvaise position ou une incompréhension. Après tout, l'accord n'était pas encore acquis. Il fallait donc jouer de prudence dans leurs déplacements et leurs actions, ne pas faire n'importe quoi avec n'importe qui.
« Garde à l'esprit que nous ne sommes pour l'instant que des invités et pas des alliés pour le moment. Il nous faut agir prudemment et ne pas les brusquer sinon ils fermeront leurs portes et notre tentative de négociation échouera. Pour ce qui est des décisions, Kumo ne fonctionne pas comme Iwa je pense. Elle écoutera ses conseillers mais ils n'ont pas le même pouvoir décisionnaire que peuvent avoir les Taichos à Iwa. C'est Bakuhatsu Kyôshirô-sama qui l'a implanté après tout... »
Le samouraï semblait quelque peu perplexe face aux dires de la fleuriste. Il ne dit rien cependant, histoire de ne pas la froissée, mais il savait dans le fond qu'elle avait raison sur plusieurs des points qu'elle avait abordé, Voyant sa gêne, il recula, détourna le regard en lâchant un faible soupire.
- Désolé, je crois qu'à force de côtoyer Chiryou, j'ai pris quelques-unes de ses manies.
Il se gratta le menton et pencha un peu la tête en lui souriant un peu, elle était assez adorable une fois gênée mine de rien. Peut-être qu'il devrait la taquiner à ce sujet un peu plus souvent. Ou pas. Il se leva à son tour en s'étirant calmement, puis reprit la parole en la regardant sérieusement, droit dans les yeux.
- Bah, et si nous en profitions simplement pour nous détendre ? Je pense que c'est le meilleur moyen d'agir... Laisser faire. Un petit dîner aux chandelles dans un restaurant cela vous dit ? Après tout, qu'importe votre grade et vos responsabilités au village, vous n'en restez pas moins une dame, et je pense que vous faire traitez comme tel de temps à autre ne peut pas être si désagréable, hm ?
Il lui tendit par la suite son avant-bras doroit avec un sourire charmeur qu'il ne se connaissait pas lui-même. Vraiment, côtoyer Chiryou lui avait permis d’acquérir une certaine confiance en lui qu'il ne soupçonnait même pas. Et puis, c'était en quelque sorte une façon de la remerciée pour être à son écoute et prendre ses avis en considération malgré la différence de grade, chose qu'il appréciait, bien qu'il ne le dirait pas ouvertement. Et puis, elle avait par le passé montrer de la compassion pour lui, même proposé d'user de ses ressources pour retrouver sa sœur, à lui, un paria qui jusqu'il y a encore peu de temps, pourrissait dans les prisons du village de la roche. Il la regarda par la suite droit dans les yeux, attendant qu'elle accepte ou refuse son invitation. D'autant plus qu'il avait l'intime conviction qu'ils ne seraient pas convoqués de nouveau de si tôt, surtout s’il y avait bien eût un meurtre.
Il n'avait pas vraiment d’espoir quant au fait de séduire la demoiselle, pour ne pas dire aucun. Après tout, elle était bien au-dessus de ses... Capacités, si l'on peut dire. D'un autre côté, il pensait aussi la blonde au-dessus de ses moyens et pourtant, il avait bien failli l'épousé.
- Je n'ai pas vraiment envie de me reposer personnellement, je préfère éviter de dormir quand je le peux. Dormir pour moi relève plus d'une malédiction qu'un soulagement.
Elle lui fit un sourire un peu gêné en réponse à son excuse.
« Ce n'est rien... Chiryou-sensei a toujours été très directe, je suppose qu'elle t'a appris à faire de même... »
Etsuko ne savait pas trop comment réagir, plutôt perturbée par son approche inattendue. Elle rougit un peu quand il la qualifia de dame, elle que la plupart ne voyaient que comme un policier ou une jeune fleuriste, non pas comme une femme.
« Je... Je suppose qu'on peut s'accorder ce genre de pause, il faut juste se tenir prêt à l'écourter si jamais Metaru Reiko-sama souhaite s'entretenir à nouveau avec nous à ce moment. »
À vrai dire, elle ne savait pas précisément ce qu'il voulait dire par là. Elle avait été traitée comme une enfant jusqu'à ce qu'elle entre dans la police et depuis, elle n'avait plus eu de temps véritablement libre, elle n'avait pas pensé à se préoccuper de ce genre de chose. Comment les gens la traitaient ou la voyaient n'étaient que des choses secondaires tant qu'elles ne mettaient pas en danger son efficacité et celle de ses coéquipiers.
La Naari baissa un peu la tête, pensive, regardant le plancher de bois brut de la chambre. Elle n'allait pas l'obliger à dormir mais elle savait l'importance de garder un temps de sommeil correct pour être véritablement en forme et ne pas jouer sur la solidité de la volonté. Malgré son grand volume de travail, la jeune femme dormait toujours suffisamment pour être bien reposée, quelques exception étant faites lors de ses missions de surveillance.
« Ne néglige pas ton sommeil, c'est important. Et si jamais tu as besoin de parler pour que ça aille mieux, je suis là aussi, ne t'en fais pas. »
Mal à l'aise dans cette atmosphère étrange, la femme aux yeux émeraude se leva.
« Je vais m'allonger un peu, à moins que tu n'aies des questions déjà. Je pense que je vais juste rester à l'intérieur pour aujourd'hui, sortir un peu découvrir la ville dans l'après-midi mais je pense que c'est plus raisonnable d'attendre demain pour commencer à montrer notre détermination en ce qui concerne cette alliance. »
Etsuko le regardait, debout, son buste légèrement tourné vers lui. Comme toujours, elle se tenait à sa disposition pour l'aider si nécessaire, une habitude qu'elle avait prit avec la fleuristerie et les clients puis qui lui était utile tant à l'hôpital qu'au poste de police.
Le Genin dégluti un peu. Comment devait-il prendre la chose ? Ou plutôt, comment il devait la tourner à son avantage ? Il n'en savait trop rien. Devait-il simplement faire comme Ryoko lui avait jadis dis, se jeter dans la gueule du loup ? C'était une question à laquelle il n'avait aucune réponse. Il secoua la tête, se levant, prenant son courage à deux mains en se grattant un peu derrière la nuque avec une certaine gêne.
- Naari-sama... Je... J'ai crû comprendre que vous étiez seule et très occupée au village, en fait cela fait quelque temps maintenant que je désire vous parlez seul à seul... Bien que je sache ce que je veux, j'ignore comment l'expliquer, alors pardonnez-moi d'avance si c'est trop direct.... J'ai crû comprendre que vous n'avez pas de petit ami,et je dois bien avouer que les moments passer avec vous me sont plus que plaisant... Donc je me demandais si.. Vous voudriez bien me donner la chance de prendre cette place. Pour être tout à fait franc avec vous, c'est un peu cela qui 'mas pousser à vous parler de ce dîner en ville... Je comprendrais que vous refuseriez, mais cela me ferais vraiment plaisir si vous acceptiez de m'offrir une chance. Je m'excuse une nouvelle fois si cela vous semble brusque ou autre, je.. Je ne sais pas vraiment comment faire pour... Les déclarations.
Il sourit un peu alors, se grattant derrière la nuque en regardant ailleurs, visiblement gêné, et pas qu'un peu. Il était rouge jusqu'aux oreilles, contrastant beaucoup avec sa peau naturellement pâle et ses cheveux de neige. Autant dire que si son objectif était de caché ça gêne, ce n'était pas vraiment réussi. Il se laissa retomber sur le lit, se cachant le visage dans ses mains. Qu'es-ce qui lui avait prit d'un coup ? C'était vraiment une bonne idée de suivre des conseils qui n'avaient portés leurs fruits qu'à moitié par le passé ? Ce qui était sûr en ce moment, c'était qu'il était vraiment gêné de la tournure des événements. Il ne se pensait pas capable de perdre le contrôle de la sorte, enfin, perdre le contrôle, façon de parler. C'était plus un... Besoin de tout faire sortir, de relâcher un peu de pression en disant ce qui le tracassait. Il se laissa tomber sur le dos en fixant le plafond, soupirant un peu, se mettant l'oreiller sur le visage en attendant une réponse très possiblement négative de la demoiselle, après tout, il n'était pas particulièrement beau, et il doutait fortement d'être au goût de la policière l'accompagnant. Tout ce qu'il pouvait faire, c'était attendre et espérer, il ne pouvait que prier pour une réussite, ou au pire, se préparer pour un échec. En fait, il préférait envisager l'échec, par souci sentimental. Il serait ainsi préparé et peu déçu, alors que si elle venait à dire oui, il serait aux anges et heureux.
Etsuko attendait donc de voir ce que le jeune homme avait à dire, ce dernier semblant chercher ses mots, une façon de sortir ce qu'il avait sur le coeur. Toujours attentive, elle se tourna complètement face à lui pour l'écouter en lui montrant ainsi qu'il avait toute son attention. Des éléments de langage corporels qu'il était important de marquer et que les vendeurs connaissaient bien. Elle fut cependant rapidement désarçonnée par ce qu'il lui dit, rougissant et baissant un peu les yeux, retrouvant de manière inattendue cette gêne prononcée qu'elle s'efforçait de maîtriser depuis deux ans.
D'abord par l'audace dont il faisait preuve avec la sensation de solitude qu'il faisait ressurgir et dont elle ne s'était pas préoccupée, trop prise par ses diverses tâches et apprentissages qui occupaient tout son temps. Puis par sa déclaration inattendue. Elle perdit pied quelques instants, ne sachant pas comment lui répondre, restant hébétée. Elle cligna un peu des yeux avant de rougir un peu plus, reculant d'un pas. Si d'ordinaire, elle était sûre d'elle, les relations amoureuses était bien de loin le domaine où elle était la moins expérimentée. Et la moins à l'aise.
« Je...Je ne... Je m'attendais pas à... à ça... Tu... Depuis... quand ?.. Pourquoi ?.. »
Sa première réaction était de chercher une raison logique, pragmatique. Elle ne le connaissait pas depuis longtemps, ils n'avaient pas un bagage commun immense, elle avait eu l'impression de relations comme elle en avait avec n'importe qui d'autre jusque là. Pourquoi ? Elle ne comprennait pas, pas plus qu'elle ne comprennait ce fourmillement de sentiments qui la traversait en cet instant.
« Tu... C'est... Soudain... Je... Je ne sais pas quoi te dire... »
Elle mit quelques instants supplémentaires à chercher ses mots dans sa tête, avalant un peu sa salive.
« Je veux bien... Pour le repas... Et euh... On verra... Après... Non ?.. Tu es gentil mais... Je te connais pas trop... Au fond... Juste ton histoire et un peu ton caractère... Je sais pas si je peux te dire plus que ça... Pour l'instant. »
Perturbée, n'osant pas partir mais en mourrant d'envie intérieurement, elle finit par prendre une grande respiration pour essayer de se calmer. Elle avait l'impression de revivre ce qu'elle avait pu échanger avec Takumi, bien que tout soit différent. Ce n'était pas elle qui avançait vers lui, c'était lui qui l'abordait. Et elle ne savait pas comment réagir. Elle n'avait jamais eu à le faire en vérité. Pas consciemment.
« Je... vais me passer un peu d'eau... Sur le visage... On pourra y aller... Un peu plus tard... Ok ?.. »
Etsuko gardait les yeux baissés, quittant alors la chambre pour aller dans la petite salle de bain où elle prit de l'eau pour se calmer et se raffraichir avant d'aller dans sa propre chambre se glisser toute habillée sous les couvertures, se mettant en boule pour se détendre, assimiler les informations et chercher une réponse à ses questions. Elle avait encore du temps pour ce qui concernait le repas de toute façon, la journée n'était pas si avancée que cela.
Le Genin observa la femme, calmement, dissimulant sa gêne, car lui aussi était gêné. Il y avait peut-être été un peu fort pour le coup, non ? Ah, Ryoko et ses conseils, il la retenait pour le coup ! Il s'assit donc sur son lit, patientant un peu, avant de décider de partir se laver un peu, histoire de se changer les idées et adopter une nouvelle stratégie. Il frissonna un peu... Stratégie ? Non, ce n'était pas une guerre ou un combat, il n'y avait ni stratégie, ni tactique d'approche. Il se balada, tranquillement, laissant la journée s'écouler, pour finalement revenir vers sa belle le soir venu. Il en avait profité pour acheter des fleurs au passage, enfin, il avait essayé, il n'était pas vraiment douer en création de bouquet, et avait simplement opter pour un mélange de fleurs blanches et plus sombre, censées représenter le duo.Il frappa alors trois coups à sa porte, le bouquet de fleur cacher dans son dos
- Ahem... Etsuko-san... J'ai.. J'ai un peu fait des recherches, quant à où nous pourrions allez manger, et on m'a conseillé un endroit où aller... Je me disais que nous pourrions y dîner si l'envie vous en viens ?
Il regarda un peu ailleurs, légèrement rosit. Bon sang, lui qui était capable de tuer sans aucun état d'âme, d'établir des stratégies complexes et ce genre de chose, le voilà privé de tous ses moyens devant une femme. Il sursauta mentalement, sortant le bouquet de dans son dos pour le tendre à la femme.
- Oh et heum.. C'est pour vous... Désolé s'il n’est pas vraiment beau, je n'y connais pas grande chose en fleurs.. Je ne sais même pas si le simple fait de vous en offrir vous feriez plaisir mais... Voilà, c'est pour vous.
Le voilà qui regardait le sol maintenant. Bordel, il n'aurait jamais crû que courtiser une femme était si éprouvant mentalement ! Sans compter l'étrange douleur pourtant si agréable qu'il ressentait à la poitrine. Il n'avait jamais chercher à faire des avances à une femme d'ailleurs quand il y pensait. La dernière fois, c'était plutôt l'inverse en fait. Il resta alors, planter là, attendant simplement la réaction de la femme, en espérant qu'elle ne fuit pas. Il avait bien vu qu'elle était terriblement gênée la fois précédente, alors il essayait de ne pas trop pousser, ce qui donnait ce comportement peu assuré et terriblement maladroit qu'il n'avait pas l'habitude d'avoir. En fait, il ne se reconnaissait même plus... Chiryou le trouvait mignon quand il était comme ça, mais lui il se trouvait juste stupide, et allez savoir ce que la cheffe de police pouvait bien penser de lui en ce moment. Nul doute qu'elle le trouverait très probablement bête en ce moment.