En tant que « responsable » de la situation, Wutu-Fuku se rend au poste de police le plus proche pour rédiger son rapport concernant l’errante nommée « Kobane Harumi ». Un rapport censé permettre au reste des Kirijins de bien appréhender les capacités et le caractère de la Kunoichi. Elle ne semble avoir aucune volonté hostile, ni aucune volonté de dissimuler ses capacités. Un ninja médecin, qui se propose d’ailleurs pour aider le village, de manière générale, l’Iroujutsu ayant insisté sur sa polyvalence. Le Kaguya rédige donc également sur ce détail, celui que ça intéresse n’a qu’à se signaler directement auprès de la dame, lui a d’autres chats à fouetter.

C’est après quelques minutes qu’il quitte le bâtiment, satisfait d’avoir rempli sa mission et enfin content de pouvoir se concentrer sur autre chose qu’une vagabonde altruiste. Mais c’est sans compter sur une jeune fille qui débarque devant lui sans crier garde. D’abord peu décidé à se laisser importuner de la sortie, le chûnin reconnait Shinju, une genin qui était également dans l’auberge portuaire quelques minutes plus tôt. Peut-être a-t-elle souhaité rattraper son aîné pour lui faire part d’une information importante qu’elle aurait oubliée sur le moment ?

-Tu es la genin de l’auberge… que veux-tu ?

La demande de la jeune Shinju dépasse néanmoins tout ce à quoi le Kaguya peut s’attendre. Elle évoque en public sa capacité à utiliser le Suiton. Une information que le Kaguya n’a partagé qu’avec quelques personnes, une genin connue ni d’Eve ni d’Adam est la dernière personne censée être au courant que Wutu-Fuku est capable d’utiliser le Suiton. Le chûnin lève les yeux au ciel d’exaspération quand il voit la jeune Kunoichi s’incliner devant lui en signe de respect. Il lève son doigt devant son index, faisant signe à la jeune assimilatrice de garder le silence, avant de l’inviter à le suivre dans un coin plus reculé. Ce n’est qu’une fois isolé de la rue qu’il répond à la jeune fille.

-Peu de gens savent que je suis capable d’utiliser le Suiton à Kiri, et je suis à peu près certain de ne jamais t’en avoir parlé. Qui t’as donné cette information ?

Si cette information circule dans le village, le Kaguya doit le savoir. Cela n’enlève rien à la motivation de la genin, qui voit en Wutu-Fuku un maître potentiel pour son propre Ninjutsu. Peut-être qu’il y a possibilité de s’arranger grâce à ce détail.

-Je veux bien t’aider si tu évites d’évoquer ma capacité à utiliser le Suiton à qui que ce soit d’autres. On a un marché ?

Le Kaguya voit d’ailleurs déjà quelle technique enseigner à un ninja de bas rang. Une technique simple, mais terriblement efficace selon la situation.

-Est-ce que tu as déjà entendu parler de la prison aqueuse ?

L’explication de Shinju concernant l’information qu’elle a obtenue sur Wutu-Fuku est assez confuse. Elle a « senti » que le Kaguya et elle possèdent une affinité en commun ? Pourtant, il va bien falloir se contenter de cette explication. Et avec un peu de recul et de réflexion sur la question, pourquoi pas ? Il existe des techniques plus tirées par les cheveux à travers le Yuukan. Le développement d’une telle capacité montre bien que Shinju, malgré son apparente inexpérience, est pleine de ressources. Lui enseigner la prison aqueuse ne devrait donc pas être une mission insurmontable. Quoi qu’il en soit, la genin accepte le « marché » proposé par son aîné.

Wutu-Fuku met sur la table le sujet de la prison aqueuse. Une technique classique du répertoire Suiton. Le Kaguya se souvient même l’avoir aperçu sur un parchemin une fois. Une science qui fonctionne depuis maintenant des générations. Le jutsu consiste en la constitution d’une sphère d’eau autour d’un ennemi de manière à complètement l’envelopper. La pression dans la prison cause une immobilisation totale de la cible. Mais cette technique a un prix, et pas des moindres : l’utilisateur doit mobiliser l’un de ses bras pour maintenir la prison en état. Ledit bras doit être collé à la prison, ce qui rend également la marge de mouvement du lanceur très faible. Utiliser des clones est un bon moyen de contourner cette restriction. Si dans un combat à plusieurs, la technique est plutôt difficile à mettre en œuvre, elle est parfaitement adaptée au duel, puisqu’aucun allié de l’ennemi ne peut venir interrompre la technique. Shinju demande une démonstration, que le Kaguya consent à exécûter mais dans un endroit moins exposé.

-Bien sûr, mais pas ici.

Ce à quoi la genin répond qu’elle connait une crique marine isolée qui pourrait convenir à cet enseignement. Le chûnin suit donc en silence jusqu’à la fameuse crique, un lieu qui reste à l’intérieur du village mais assez perdu dans les roches maritimes et le sable pour cacher les deux kirijins des regards indiscrets. Il se racle la gorge avant d’expliquer les grandes lignes de la technique à son élève.

-La prison aqueuse consiste à générer autour d’un adversaire une sphère d’eau assez grande pour l’immobiliser à l’intérieur, grâce à la pression de l’eau. C’est une technique très efficace en un contre un puisqu’une fois l’adversaire à l’intérieur, tu peux maintenir la technique jusqu’à noyade, si tu le veux. Enfin, il existe certaines capacités qui permettent de s’en défaire, mais il faudrait être plutôt malchanceux pour tomber contre des adversaires de ce type… cette utilisation maintenue est aussi le défaut de la technique : dans un combat contre plusieurs adversaires, elle est compliquée à mettre en œuvre puisqu’elle immobilise aussi le lanceur et l’empêche d’utiliser des mudrâs car l’un des bras doit être en permanence en contact avec la sphère d’eau.

Le Kaguya tend l’un de ses bras et accompagne le geste à la parole. La prison aqueuse prend forme devant Shinju.

-Voilà ce à quoi c’est censé ressembler.



Dit-il avant d’annuler sa technique.

-Pour commencer, tente de donner une forme sphérique à une petite quantité d’eau. Ensuite, on essayera de l’agrandir petit à petit.

Shinju écoute attentivement les instructions du chûnin. La prison aqueuse n’est pas une technique très complexe en théorie. Même les genins et plus largement les ninjas les moins expérimentés peuvent l’apprendre, même si c’est en général le maximum qu’ils peuvent atteindre en termes de complexité. La jeune fille a précisé avoir un rapport particulier avec cet élément. Il est indéniable qu’elle dispose de cette affinité, sinon elle n’aurait pas demandé à apprendre ce jutsu. Mais à la façon dont elle en parle, cela semble aller un peu plus loin.

Après la théorie, la pratique. Shinju dit avoir saisit le concept, reste donc à mettre tout cela en application. Elle s’approche et tend sa main droite pour toucher la surface de la sphère générée par son supérieur, afin d’avoir plus de détails sur la consistance et la résistance de la technique. Et elle fait bien, car ce n’est pas juste une sphère d’eau ordinaire dont il s’agit. Un adversaire pourrait s’extirper sans trop de problèmes d’une telle masse aqueuse. Il est nécessaire de provoquer un effet de pression à l’intérieur de la prison pour empêcher l’ennemi de faire le moindre geste. Si cette caractéristique n’est pas respectée, celui qui est à l’intérieur de la prison n’a qu’à composer des signes incantatoires pour lancer une technique défensive, voir cibler la main du lanceur, en contact avec la surface de la sphère.

La genin commence par générer une sphère de la taille d’une petite bille. D’un coup, la bille se transforme en sphère de la taille d’un poing fermé. Elle cherche du regard l’approbation du chûnin, qui se contente d’hocher la tête devant ce qu’il voit. L’exercice a l’air plutôt simple pour la disciple du Kaguya. De ce qu’il peut voir concernant la forme et la pression, cela coïncide avec le résultat attendu.

-Oui, ça m’a l’air d’être le résultat attendu. Tu peux continuer comme ça. Tu as l’habitude d’utiliser le Suiton non ? J’ai l’impression que c’est un exercice facile pour toi.

Shinju répond au chûnin, plus occupé à faire la conversation qu’autre chose. Il n’a pas l’impression de devoir faire quoi que ce soit pour que la genin arrive au résultat attendu, si ce n’est ne pas se comporter comme un enfoiré et rabaisser les efforts de la jeune étudiante. Tout au plus peut-il voir qu’elle est tentée d’utiliser ses deux bras pour exécuter la technique mais elle décide de ne pas persévérer sur ce chemin. Un bon réflexe : autant tout de suite passer cette étape difficile de n’utiliser qu’une de ses mains car ce serait plus complexe de devenir dessus plus tard.

Elle précise ne savoir utiliser que le Suiton et demande de manière innocente si Wutu-Fuku est capable d’utiliser plusieurs affinités à la fois. En temps normal, le Kaguya n’aurait pas répondu positivement à cette question. Mais ici, la situation est différente. Il est déjà percé à jour sur son utilisation du Suiton et son lien avec le Fûton est loin d’être un secret pour le reste du village, du moins pour les gens un minimum informés.

-Moi oui. Pas tous. La deuxième affinité ne se développe qu’avec le temps chez les shinobis les plus expérimentés. Ce n’est pas comme l’affinité primaire, qui est relativement accessible à tout shinobi qui décide de passer du temps à entraîner cet aspect.

Wutu-Fuku a lui-même longtemps délaissé le chakra affinitaire à ses débuts avant de finalement s’y intéresser. C’est aujourd’hui une composante de son arsenal au même titre que le Shikotsumyaku. Le chûnin comprend facilement qu’un genin préfère se concentrer sur sa capacité spéciale avant de s’intéresser au chakra élémentaire.

Il en apprend au passage plus sur l’histoire de son élève. Elle dit utiliser son expérience de plongeuse et ses perceptions de la pression de l’eau pour tenter de reproduire ce phénomène dans la technique aqueuse. Shinju semble être liée à l’eau de manière bien plus singulière que par son affinité primaire, puisqu’il est ici question d’un élément propre à la culture de son village natal.

-Dès que tu estimes que c’est suffisant, on passe à un test pratique.