Taishi, masque sur le visage, marchait à travers les rues de la cité conquise, son regard profilant dans les bâtiments détruits pour s’assurer que personne n’y était resté prisonnier. Il y avait deux buts à l’opération. D’abord, mettre de la distance entre lui et le nouveau leader de la cité, Rei, même si c’était probablement futile vu les capacités de ce dernier. Quelques moments après son discours et l’incendie de l’Assemblée, l’Hayai se demandait toujours quelle était la portée de ses techniques basée sur l’esprit. Si elle influait par une sorte de chakra sensoriel qui activerait ses sceaux de détections, ou si c’était complètement autre chose. Ce serait un bon défi, voir si l’Éclair était suffisamment rapide pour devancer l’esprit même de son adversaire ? Quelle ironie en fait… Taishi, plus accessoirement, attendait un peu pour rassembler son chakra en vu de son voyage vers Iwa, sa prochaine destination, et profiter du chaos toujours présent dans la ville. Le déplacement instantané sur une telle distance était un espoir coûteux en chakra. De même que celui de ses deux « passagers »… La pensée lui arracha une certaine douleur dans la poitrine.
Il ne savait pas trop comment leur dire.
Un nuage de fumée de l’autre côté de la ville avait attiré son attention alors il avait fait son chemin, même s’il reconnaissait l’endroit vu son voyage à Kumo quelques années auparavant. La raffinerie… Quelqu’un devait l’avoir sabotée pour empêcher les envahisseurs d’en profiter. Ça tombait sous le sens. L’immense bâtiment était détruit désormais, un tas de fumée qui s’élevait dans les airs comme une cheminée de destruction.
Sa réflexion fut brisée par le bruit de pleurs à proximité. L’Hayai s’approcha de la provenance du bruit sans vraiment se poser de question, comme si toutes les idées dans son crâne se répondaient l’une à l’autre, créant un écho parfait, et de ce fait un gouffre de vide. C’était un petit garçon qui était en sanglot, assis sur un pile de gravas. La maison à côté de lui n’était plus qu’un champ de décombres, probablement causé par les combats dans la ville. « Petit-» « OUINNNNNNNNNNNNNN UN MONSTREEEEEEEEEEE»
Taishi réalisa que le masque sur son visage, ce sourire théâtral surmonté d’un éclair verdâtre, n’allait faire que le terroriser davantage. Soupirant, il mit un genou au sol en relevant le faux visage, révélant son regard fatigué et tout aussi vert que le reste. L’Éclair Vert releva des mains pacificatrices. « Tout va bien, tout va bien ! Ce n’est qu’un costume ! » « Ouinnnnn, ma maman…. Je veux ma ma mamannnn »
Ne sachant pas trop quoi dire tout en regardant les décombres, Taishi serra un peu les dents. « Je..-» « NE TOUCHEZ PAS À MON FILS, VERMINE DE HI»
Quelque chose l’avait frappé derrière la tête et il fit un pas en arrière en rabaissant son masque. Un balais. La femme qui venait d’arriver par l’arrière l’avait frappé… Avec un balais. Elle ramassa son gaming, un sac lourd de ce qui semblait être toutes ses possessions sur le dos. Taishi essaya d’être compatissant. « Attendez, je-» « Ce n’est pas assez de nous avoir tout pris, maintenant vous voulez nos enfants ? Chiens du feu ! »
Elle s’éloigna sans dire un mot de plus, le gamin sur son épaule, celui-ci faisant un au-revoir de sa petite main. Taishi, resté bouche-bée, releva la main et fit « au revoir » lui aussi alors que la scène redevenait silencieuse. Son regard se profila sur la destruction.
Et l’idée d’y avoir contribuée était bien plus douloureuse que tout balais derrière sa tête… Ils avaient vengés la mémoire du massacre de Hi. Mais Taishi ne pouvait s’empêcher de songer que ce n’étaient pas les responsables de la tuerie qui avaient payés le prix, aujourd’hui…
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Plate résignation - Était-ce une qualité ou un défaut ? D'abord frappée de plein fouet par la stupeur, chaque seconde passée depuis lors intériorisait un peu plus son état émotionnel turbulent. Comme si la détresse ambiante lui intimait l'ordre d'emprunter une réaction opposée, lui rappelait qu'aussi affreuse soit la réalité il y avait un "Après", et que cet Après nécessitait recul et maîtrise. Ne serait-ce que pour permettre à d'autres de se redresser en faisant fi de leurs séquelles. Ne pas céder à la contagion était une chose, mais au point d'y demeurer insensible ? Certainement pas. D'ailleurs le parcours atypique et quasi fantomatique qu'elle effectuait dans les rues de Kumogakure dénotait autant qu'il démontrait son récent état de choc. Manque de logique réelle ; actions machinales faisant écho à ses méandres intérieurs. La ville venait de tomber, à l'extérieur la dépouille de son cousin, à l'intérieur un nombre insondable des siens s'était évaporé, ou plutôt liquéfié à l'image de leur kekkei genkai. Les nuages étaient devenus fumées sans pour autant cacher les dommages occasionnés et la panique ambiante.
De nouvelles détonations à proximité la réincarnaient sur le plan physique - Au tour de la raffinerie de se décomposer. Elle serrait les poings, comprenant ce qui était en train de se jouer dans sa ville natale. Bien que les Hijins jouissaient de leur victoire, le désordre sévissait encore et à priori eux-mêmes n'étaient pas tout à fait à l'abris. Il leur faudrait d'avantage de temps pour quadriller un domaine qui les maudissait déjà de tout leur être.
Et pour cause, cette destruction supplémentaire n'était pas de leurs faits. Politique de la terre brûlée comme on la connaissait tant dans les livres d'histoire - Les Metaru quittaient le navire et emportaient avec eux une industrie de prestige. L'Ennemi n'avait pas eu besoin de leurs armes de haute facture pour gagner. Mais Kumo aurait besoin de leur talent pour reconstruire. Les sots... La stratégie militaire la débectait même en cet instant. Des gagne-petits aux plans dictés par leur orgueil. Impossible de dresser un constat précis pour l'heure, le chaos réservait encore bien des surprises.
Takara s'arrêtait alors, son regard accaparé par une scène proche. Cet homme... Elle reprenait sa respiration en deux fois, le souffle coupé comme si elle en oubliait de respirer faute à l'oeuvre de ses méninges actuellement trop autodidactes. D'aucun aurait tenté la vengeance ; elle pouvait regagner sa furtivité, elle pouvait probablement déjouer son mécanisme de détection maintenant qu'elle en connaissait l'existence, elle pouvait profiter de cette lassitude qui émanait de son aura... Lassitude. Ces scénarios ne la définissaient pas. Au contraire, si une attractivité la tiraillait bel et bien, elle se révélait toutefois d'une toute autre nature.
Lentement, elle s'approchait, sans réelle prudence, sans but exact. La mine épuisée, quelques fils de toile entremêlés à sa chevelure blonde, rappelant la prison dans laquelle la trentenaire s'était retrouvée quelques heures plus tôt. Elle le dardait de ses yeux de jade, sans haine mais pourtant pas sans reproches.
Toi... Tu ne m'as pas répondu, shinobi... cette Volonté du Feu t'a t-elle menée là où tu le souhaitais ? Son regard défaillait, avait-elle besoin d'un coupable ? Non. Elle voulait comprendre. Éternel et incorrigible instinct.
Il n'était ni un chien enragé ni une âme en peine réclamant vengeance. Il l'avait démontré, mais au delà de ça, il avait avancé des propos se voulant justificatifs à propos de ce triste jour alors que pour autant, le sens de sa venue demeurait obscure. Cette homme avait parlé de cette volonté symbolique et de dette de sang, en quoi pouvaient-elles bien être mêlées ? Ce shinobi au talent aussi certain qu'effrayant vacillait face à un enfant, finalement achevé par un coup de balai. L'explosion de cette massive énergie de guerre laissait place à une allonge descendante, il n'en resterait bientôt plus rien, si ce n'est malheur et introspection. Pour cet homme qui n'en connaîtrait pas le quotidien et n'en garderait qu'un bref souvenir contrairement aux natifs, qu'elle était donc le but de sa présence ?
Encore elle. Taishi soupira. « À me suivre un peu partout comme ça, je vais finir par penser que je te fais de l’effet… »
Son regard se reporta vers les ruines, une bonne façon de résumer son état d’esprit. La mort d’Etsuko lui faisait du mal. L’idée de devoir retourner à Iwa, et présenter à son peuple l’un de ses plus dignes shinobis, morte dans une guerre qui ne la concernait pas. Les questions qui viendraient avec… Pourtant, il leur devait bien ça, aussi tordue soit ses propres convictions et affiliations, surtout maintenant.
Le masque de l’Éclair Vert se tourna vers elle. « Ne pas répondre ne veut pas dire que je n’ai pas de réponse. »
Elle voulait en causer ? Ok, causons. Comme s’il avait autre chose à faire qu’attendre que son chakra se stabilise, de toute manière. « Ton village vient d’être écrasé par une bande de nukenins et de shinobis errants. L’une des plus grandes cités militaires du continent Yuukan, conquéri en moins d’une journée. L’Assemblée est en flammes, la raffinerie n’est plus qu’un tas de débris. Mais ta préoccupation, c’est de savoir si je suis là où je veux être ? »
Il secoua la tête, à moitié amusé, à moitié dépité. « Tu confonds volonté et destin, kumojine. Mes choix m’ont mené ici. Que ce soit ce que je veux ou non, le résultat est le même. Tu peux façonner ton avenir, mais tu ne peux pas en changer le matériau. »
L’Hayai haussa les épaules. « Ce n’est pas toi qui a demandé pourquoi débattre alors que les jeux sont faits ? Alors à quoi bon vouloir savoir si ceci est la finalité que je cherchais ? Ça ne change rien au présent. Mais je vais te répondre. Ça semble te tenir à cœur. »
Il sembla réfléchir un instant, avant de croiser les bras. « Je n’ai pas eu ce que je voulais. Mais j’ai eu ce dont j’avais besoin. Et quelque part au milieu, ce que je cherchais. Et à la fin de tout, je n’ai que ce que je mérite. »
Taishi désigna les ruines du bras. « Je t’ai vue au discours de Rei. Tu vas rester, non ? Certains diraient que c’est là le vrai courage. D’autres, que c’est l’énergie vaine du désespoir. Est-ce différent du couple transi qui te servait de coéquipiers, et qui ont ultimement causé ta perte ? Selon toi, doivent-ils être blâmés pour le sort de Kumo, ou doit-on célébrer le pouvoir de l’amour entre deux êtres, même s’il est la cause de souffrances pour un peuple entier ? »
Il s’était assis sur un tas de débris formant une sorte de banc naturel, et tapotait la place à côté de lui. Si elle avait voulu essayer de se venger, ça ne tarderait pas à se faire savoir. Taishi espérait qu’elle comprenne que sa vie prendrait brutalement fin si c’était le cas. Il n’y avait pas assez d’espace dans une journée pour épargner la vie de quelqu’un deux fois de suite. Même Taishi n’était pas si naïf. « Mais quel que soit la réponse, est-ce que ce que j’en pense a une réelle importance ? Ces villages cachés, ils ont le don de te donner tout ce que tu as besoin en tant qu’être humain. Un toit, une cause, un métier. Des objectifs. Le sentiment d’agir par honneur. Le shinobi n’est pourtant pas honorable en tant que tel. Et l’honneur, la justice, le bien ou le mal, rien de tous ces beaux termes n’a changé le destin. Le destin est un parcours aux multiples dédales, mais ses étapes et sa destination sont immuables. »
Il secoua la tête. « J’ai fait le choix de sortir de la cage dorée et d’essayer de voir le monde de mes propres yeux. Alors je vois cette destruction, le résultat de la haine de l’humanité, et mon rôle dans son hécatombe. Et je ne détournerai jamais les yeux. »
Elle avait dit regretter qu’on ne puisse mettre fin à ce côté de l’homme sans passer par des attitudes contre-intuitives. Aussi Taishi n’était pas certain qu’elle puisse comprendre qu’il soit possible d’avoir des regrets sans pourtant rien regretter…
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Non il ne s'agissait pas de la seconde partie de leur affrontement. Pourtant Takara essuyait bien quelques estocades amenées avec techniques, au travers des répliques adverse. Tout comme elle ne pouvait lutter physiquement contre un tel adversaire, cela devenait maintenant évident qu'elle n'était plus tout à fait en condition de lier sa détermination habituelle à ses arguments. Au contraire, ici, le silence solennel s'était subtilement mué en mutisme victimaire. Son tempérament l'avait poussé à agir, mais elle manquait malgré tout assurément de carburants. Le long de sa joue, des larmes perlaient peu à peu. Elle continuerait tout de même.
Ton résumé est vrai... Mais cette fin d'un cycle annonce le début d'un autre ; votre leader lui-même a expliqué ce qu'il voulait et pourquoi. Je me préoccupe de ce qui est encore à ma portée, car bientôt les enjeux immédiats seront tout autre. L'instant est au contraire tout choisi... quand bien même cela est difficile.
Elle séchait ses larmes du revers de sa dextre, les chassant définitivement.
Mes coéquipiers se sont battus pour protéger ce qui leur était cher et ont été vaincus par le même tenant. On ne peut mettre sur leurs épaules la résolution de cette bataille... Faillibles mais cohérents. Tout comme ta partenaire... Mais toi ? Tu parles comme si cette guerre était gagnée d'avance et que le sort de Kumogakure devait être scellé ainsi. Pourtant, l'absence de shinobi tel que toi sur le terrain aurait été bien plus déterminant dans l'issue de cette bataille que l'état d'âme d'un combattant une fois en mauvaise posture.
La Suzuri s'approchait encore de quelques pas, à mesure que le timbre de sa voix regagnait en aplomb.
Volonté et Destin sont entremêlés, le destin n'est pas une ligne fixe que l'on arpente et le libre arbitre ne consiste pas uniquement à choisir si l'on veut garder les yeux ouverts ou bien les fermer. Nous sommes guidés oui, mais toujours vers des choix déterminants. Ta volonté du feu ne consiste t-elle qu'à alimenter le brasier de ce monde ?
La volonté est l'essence même de cette possibilité de changer sa destinée, shinobi. Ce n'est pas un paravent pour justifier son impuissance face à des forces qui nous dépassent... ni une excuse pour s'imbriquer et s'assumer dans un schéma que l'on abhorre...
Son regain de vitalité semblait néanmoins de courte durée. La fatigue. Les émotions vives qui l'avaient écorchées plus tôt. Prêcher demeurait dans sa nature, néanmoins même sans sombrer dans le prosélytisme elle ne rencontrait sur sa route que des protagonistes aux discours plus ou moins variés, aux tempéraments plus ou moins intransigeants, mais dont la finalité des actes demeurait effroyablement la même. Elle tombait alors à genoux.
Tu as eu ce que tu cherchais...? Ce que tu méritais ? Regarde autours de toi, shinobi... D'après moi la seule chose que tu pourras trouver ici désormais est une remise en question... sinon quoi ? C'est ce que je te demande. Si ce qui t'a amené ici n'est ni la haine, ni l'argent, ni... Elle frappait de sa main de bronze sur le sol. Avant de reprendre la parole sur un ton moins virulent. Il est vrai que je ne te connais pas... Pour autant tu ne manques pas de scrupules, alors pourquoi te définir comme un pantin sous la coupe d'une puissance supérieure ? Cela revient à prôner le chaos, purement et simplement, se détacher de toutes responsabilités, et certainement pas à faire preuve de la moindre volonté... Terminait-elle, sa voix s'éteignant presque.
Quand le comprendrait-elle ? La Paix n'existerait jamais. Même dans la neutralité, un quidam préférait généralement exister au gré du cynisme et agir en réactions face aux éléments extérieurs, au point d'à son tour y prendre parti, directement ou indirectement. Aussi admettre d'autres idées relevait de l'utopie. Peine perdue. Quête infinie.
Irrité par l’insistance de la femme sur des sujets qui ne regardait que lui, l’Hayai croisa les bras en s’appuyant contre les décombres. « Il n’est pas mon leader. »
Il garda le silence un instant. « Même s’il l’était, que je suive une volonté du feu ne veut pas dire que ce soit le cas pour lui. Et si je dois vraiment me prêter à ton exercice, ses mots ne sont pas pires que ceux prononcés par les kages, historiquement. Un avocat du diable poserait même le Teikoku comme la faction aux ambitions les plus pacifiques de l’histoire. Un empire qui prône la neutralité des puissances militaires du continent… Comme tu as dit toi-même, nous sommes loin de la lucidité de Shuuhei, que j’ai d’ailleurs vu de mes propres yeux. Mais ça, je suppose que tu ne pourras jamais pleinement le réaliser. Ni la plupart des gens présents dans cette cité, d’ailleurs. »
Il secoua la tête, il avait envie de rire. « Je ne me ferai pas instruire sur la différence entre la volonté et le destin, ni sur ce qu’il représente. Pas par toi. Je ne sais pas ce que tu cherches à faire. Me faire regretter d’avoir combattu pour conquérir Kumo ? Écoute-moi bien, Kumojine. »
Son regard vert était perçant, même à travers de son masque. « Mon destin m’a mené ici. Ma volonté m’a mené à vous combattre. Et Kumo, en un sens, méritait cette défaite. Pourtant je ne l’ai souhaitée, et être de ce côté a eu des conséquences. Avoir été du tiens en aurait eu d’autres. C’est tellement facile de ne s’attarder qu’à ces conclusions pour décider si l’on a fait le bon choix. Mais ce choix n’existait pas au moment de choisir. »
Il se releva en inspectant les ruines. « Et si le monde est bel et bien un brasier ? Ma volonté du feu est un but, mais il n’est pas une vision naïve de ce monde. »
Elle s’était mise à genou, visiblement émotive, et l’Hayai se tut. Elle le mettait en colère, à chercher quelque chose qui n’existait pas. La volonté du feu était-elle censée être si irréductible et inflexible ? Si Taishi était mort dans cette bataille en défendant Kumo, cette volonté aurait-elle été davantage réalisée ? Il n’était pas un héros qui soit d’avis à sacrifier sa vie si facilement pour « l’honneur » ou pour une cause censée le dépasser. Taishi était juste un gars ordinaire. « Ça suffit. Si tu dois être à genou avec moi, autant que ce soit en privé et un autre contexte, quand même. »
Il la releva par l’épaule pour la remettre sur ses pieds. « De nous deux, tu sembles celle qui soit davantage dans cette remise en question. Les questions que tu te poses, je me les suis posées il y a longtemps, dans un autre temps et une autre bataille. Cette remise en jeu, je l’ai eu quand j’ai vu mes frères et sœurs d’arme mourir sans raison, que ce soit au sein de mon village caché ou à Yugure. Il m’a fallu beaucoup de temps pour y trouver les réponses, des réponses qui sont les miennes et qui ne seraient pas nécessairement les tiennes. »
Il l’inspecta du regard, gardant les mains sur ses épaules. « Parce que j’ai combattu Kumo, j’ai perdu un être cher aujourd’hui. Quelqu’un que j’aurais pu sauver si j’avais été de ton côté, Kumojine. Une perte dévastatrice qui va faire souffrir un peuple entier. Une mort bien plus significative que si j’avais pris sa place. Je regrette de voir ton peuple souffrir, car ils sont innocents de tout crime sinon d’exister. J’ai toujours eu du respect pour les Kumojins. Mais avoir des regrets ne veut pas dire que je me désole de ce que j’ai fait. Je ne peux pas aider qui que ce soit si je remets en question tous mes actes. Et je ne peux aider personne si je suis mort, aussi égoïste que cela puisse paraître. Alors, je suis pantin de mon propre destin. Tu me demandes pourquoi. Je te réponds : parce que je l’ai choisi.»
Il la relâcha, tournant son regard vers la raffinerie démolie. « Être en paix avec mes actes et ses conséquences me fait également croire qu’il y a davantage en jeu que la brique et le mortier d’une cité. Il me faire croire qu’il y a espoir pour la volonté du feu ailleurs, dans un enjeu plus important. »
Taishi désigna les réfugiés qui se rassemblaient, les gens qui s’entraidaient à ramasser les décombres à peine la bataille terminée. « Tu peux perdre espoir envers le monde, mais le monde n’a pas perdu espoir envers toi. »
Elle n’était pas la première à douter de Taishi, et de sa manière de penser et de voir le monde.
Mais la plupart de ceux avant elle n’était plus là pour en parler aujourd’hui. Avec ou sans gloire. Et aussi honorable fut leurs actes ou leurs morts…
Ils étaient entrés dans un monde de conflits, et ils étaient sortis d’un monde de conflit.
Taishi cherchait davantage. « Je n’ai pas les réponses que tu cherches, Kumojine. »
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Non, elle ne comprenait pas. Dans ce vaste casus belli concernant les Hijins et les Kumojins, elle ne prenait parti ni pour l'un ni pour l'autre, mais plutôt contre une idée. Dans son absolu, elle refusait la simple notion de meurtre quand cela accompagnait la prétention de Paix. Une rigidité sur laquelle elle ne comptait pas revenir, quand bien son esprit restait ouvert à bien des concepts et remises en question. Est-ce que les portes relatives aux intrigues de ce monde demeureraient fermées à ceux qui se refusent à ôter la vie ? Shuuhei et Rei prônaient la même chose si on les écoutait individuellement, et leurs personnalités se différenciaient-elles tant que cela ? Elle connaissait très bien Shuuhei autrefois, en tant qu'ami d'enfance. Était-ce le destin, la volonté ou n'importe quel autre facteur qui l'avait amené à déclencher un simili-génocide ? En premier lieu, il avait accepté l'idée que tuer était une solution acceptable et efficiente pour régler un problème.
Les pensées de Takara se troublaient à mesure que son interlocuteur lui répondait. Il avait le dessus, de toute évidence. Rétorquer dans l'instantané ne ferait qu'accroître la subjectivité qui lui tiraillait l'esprit et accentuer le malheur qui, même si elle le contenait du mieux possible, affaiblissait ses propos. Elle laissait l'Eclair Vert la redresser, impuissante, ne relevant pas même cette seconde remarque pour le moins osée. Peu de chance pour que l'humour trouve des prises en ce contexte, ni même que cela génère une réaction quelconque si ce n'est le dépit. Ce détachement dont il faisait preuve surprenait toutefois puisqu'il démontrait une certaine sagesse - Propre à lui-même. Que la Suzuri la comprenne ou non, ce dernier à travers ses paroles exprimaient un vécu et une personnalité à priori cohérente et apaisée, malgré les actes qu'il assumait et assumerait. Des actes qui eux, ne semblaient souffrir d'aucun frein.
Je suis dans la remise en question permanente, shinobi... Chuchotait-elle juste, en guise de brève réaction.
Loin de détenir la vérité, elle la cherchait jour après jour. Les témoignages comptaient, peu importe la posture. A force d’œuvrer en ce sens, elle finirait par remonter jusqu'à des sources plus propices et plus limpides, alors quand cela arrivera, des actes mériteraient d'être posés. Mais présentement, le sujet était tout autre. En face d'elle se tenait une personne lui exposant une vision qu'elle ne comprenait pas totalement, mais surtout une personne qui l’assujettissait à une certaine attractivité. Cette voix, ce regard, cette aura. Des détails qui ne laissaient pas de marbre sa sensibilité - Il ne s'agissait pas là d'affection évidemment, elle ne le connaissait pas, mais plutôt qu'elle ressentait justement une part indéniable de vérité chez ce dernier.
Les ambitions pacifiques de ces hommes se valent. Je ne suis pas à la recherche du moins pire... D'une façon ou d'une autre seule une remise en question massive pourra éventuellement amener cette neutralité souhaitée. Ce leader n'a pas brandi la paix ni des principes, mais la tête d'un leader ennemi, qui est aussi celle d'une cheffe de clan. Son souhait est déjà mort né...
Abattue, elle ne cherchait plus à convaincre. Elle exposait son ressenti immédiat, comme s'il était encore possible de trouver du réconfort dans les répliques à venir de Taishi. Ce n'était pourtant pas le cas, encore une fois, ni confort ni réconfort ne faciliterait sa quête ni n'apaiserait son âme.
Je ne perds pas espoir... si le monde est un brasier, alors il existe bien des façons de lutter. Je regrette juste qu'il soit sans cesse alimenté... Je ne te comprends pas shinobi, je l'admets... Tout comme je n'aurai probablement jamais ta force. Du moins tant que je n'aurai pas trouvé une alternative suffisamment convaincante pour contribuer au terme de ce cycle sans fin...
Un nouveau silence. Puis un rire nerveux aussi succinct qu'impromptu.
Tu vas donc repartir comme tu es venu ? Peu importe tes motivations ou tes souhaits, tu as contribué aux vœux d'un homme désormais victorieux. Si l'on se fie à ses mots, il ne pourrait que t'en être reconnaissant pour lui et son empire. Un Empire...Ts. La ville sera donc sous la tutelle de nukenins et de mercenaires, comme tu les appelles... Elle brassait les bribes de la situation avec une certaine amertume. Kumoga... Shitaderu aura besoin d'hommes sages pour se restructurer... Ton Destin ne t'amènerait donc t-il que dans le feu des batailles ou alors également à y faire suite ? Parce que je te pense sincère dans ton respect à l'égard de Kumo, je te le demande... Pourquoi ne pas rester ? Il y a désormais bien plus à balayer que la tête d'un shinobi errant... même la mère de cet enfant tantôt le sait pertinemment.
Takara n'enrageait pas. Sa résignation reprenait ses droits, quand bien même la pilule restait difficile à avaler - Trop de gens à enterrer, tant de reconstruction à orchestrer, bien des réformes auxquelles s'adapter... Elle serait là, pour la ville. Pourtant, au fond d'elle et partant de cette même souche de résignation, elle prenait peu à peu conscience que plus grand chose ne lui permettait de prendre racine.
Moi j'abdique, shinobi... Je ne sais pas sur quoi tu fondes tes regrets ni comment tu les gères. La dette de sang est réglée, mais de nouveaux dommages ont eu lieux. Tes mains, même sans armes, sauraient gagner en toute simplicité le pardon des innocents...
Elle ne lui forçait pas la main ni cherchait à le culpabiliser à travers cette mention. Elle exposait simplement une idée, puisque vaincue par les événements et achevée par cette rencontre, Takara ne se projetait plus qu'à travers la tâche imminente à venir et ce semblant d’appréciation qu'elle ressentait à l'égard de cet ennemi.
« La tête d’un ennemi, certes… Mais un ennemi qui a tué sa sœur, et de ce qu’on sait, le dernier membre de sa famille.
Ce n’était pas une justification, mais tout jugement demandait un contexte, et c’était celui de Rei envers Metaru Reiko. L’Hayai en savait quelque chose, ayant été lui-même été de l’équipe qui avait mis fin à la vie de Yamanaka Ema. Taishi l’avait immobilisée avec des chaines, l’instant avant un coup de poing d’une puissance absurde de la part de la future Raikage, mettant fin à la vie de la chef par interim du Soshikidan, et martelant le dernier clou du cercueil de l’organisation par la même occasion. « Son rêve est peut-être perdu d’avance. Mais il lui appartient. Il suit son propre chemin. Quel est le tien ? »
Il l’écouta, se reconnaissant dans beaucoup de ses mots. Elle le faisait beaucoup penser à lui il y a quelques années auparavant. À cet état d’incertitude quand il avait perdu confiance envers son village, quand il avait perdu le seul repère dans son existence, Sanadare. Il était parti d’Iwa avec l’idée qu’il changerait le monde, un pays à la fois. Qu’à travers l’Hinoishi, il trouverait la formule gagnante. D’une certaine manière, Taishi l’avait trouvée. Mais ce n’était certainement le résultat qu’il aurait cherché au début. « Je pourrais rester. »
Autant être honnête sur la réalité des choses. Avec le Teikoku qui prenait le contrôle du pays du Feu, Taishi n’y serait plus le bienvenu pour un moment. Il devait s’assurer que Rei l’avait oublié pour de bon. Qu’il ne puisse pas faire le lien entre Taishi et l’Éclair Vert. « Je pourrais rester et aider à reconstruire cet endroit, à relever Kumo. À rétablir la confiance de ses habitants envers ses shinobis. »
L’humanité était patiente, avait longue mémoire mais également des besoins simples. Toutes ces choses étaient forts possibles, et bel et bien réalisables. L’homme masqué le savait pour une raison précise ; il avait fait la même et exacte chose avec Hi no Kuni, il n’y a pas si longtemps. « Mais si je le faisais, je t’empêcherais d’emprunter pleinement un chemin qui me semble nécessaire afin de trouver réponses à tes questions. Cet endroit est ton pays, ta cité. Sa sauvegarde, et ta sauvegarde, est ta responsabilité. Je ne te ferais aucune faveur en te soustrayant à cette épreuve.»
Les mots de la femme l’avait fait sourire légèrement, et il piétinait du pied, l’éternelle épreuve du paresseux impatient qu’il était. « Je ne suis pas un homme sage. Je suis simplement un homme égoïste, parce que j’ai choisi de vivre ma vie et pas seulement celle des autres. J’ai choisi de suivre mon œuvre au lieu de compléter celle de quelqu’un d’autre. Et j’ai choisi de faire ce qui me semble nécessaire pour m’accomplir en tant qu’être humain et membre de ce monde. Ce que ça veut dire ne regarde que moi. Et je crois qu’à terme, tu feras peut-être comme moi, toi aussi… Mais pas comme moi. Allez, approche. »
Il referma ses larges bras autour d’elle, une simple accolade sans arrière-pensées – ou presque, il s’agissait de Taishi après tout. L’Hayai n’avait pas d’autres moyens de le réconforter sur le vide qui semblait l’habiter après cet évènement marquant qu’était la perte de Kumo aux mains d’inconnus, sans savoir vraiment comment ni pourtant. Taishi n’était pourtant vraiment que d’une chose par rapport à ce geste…
Cette nuit froide où sa meilleure amie avait été exécutée, que son peuple avait été massacré, qu’il avait dû partir à la lueur de sa maison qui brûlait… Cette nuit-là, il aurait aimé que quelqu’un le prenne dans ses bras. Que quelqu’un lui dise qu’il pouvait faire quelque chose de mieux, quelque chose de bien. Qui ne lui appartiendrait qu’à lui, tout en aidant ceux autour de lui… « Demander pardon ne fonctionne que si, l’évènement revenant au galop, tu le refuserais désormais sans la moindre hésitation. Et c’est pourquoi tes mains s’y siéront mieux que les miennes. Kumojine, c’est le pays du Feu qui a conquéri cette cité… »
Il la libéra de sa gentille emprise, son regard verdâtre croisant le sien à travers le masque. « Mais ce sont les shinobis de Kumo qui l’y y a invité. »
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S'il y avait bien eu la volonté d'étreindre cet homme, c'était à grand renfort d'encres agiles quelques heures plus tôt et non via une telle proximité. Pourtant ce dernier, que ce soit pour se défiler tantôt ou désormais répliquer, s'accomplissait une fois encore porté par une aisance certaine. Moins farouche qu'on pouvait le penser, la Suzuri se laissait faire malgré l'improbabilité de cette scène d'un point de vue extérieur après tout ce qui venait de se passer - Et qui les avait opposé.
D'une certaine façon, cela l'aidait à éclipser et relativiser momentanément toutes les informations de la journée qui lui retomberaient assurément tel un couperet à la nuit tombée. Une fois libérée, son désordre émotif actuel se débridait un brin, laissant place à quelques sentiments moins fatalistes et négatifs alors que sur sa moue se dessinait un triste sourire, là où son regard adoptait une lueur aussi inquisitrice que complice.
Te voilà bien présomptueux... Pour penser que ta présence affectera tant ma propre voie... Et je le serai aussi en te donnant raison, même en relevant au mieux cette épreuve je ne changerai pas la donne à moi seule. Elle n'insistait pas, détournant le regard et baissant la tête. Sagesse, égoïsme... Je ne suis en tout cas pas de celle à considérer ces termes comme opposées. Certains de nos ennemis d'aujourd'hui aideront la ville à se reconstruire - Mais tout acte a ses raisons. J'aurai simplement été curieuse de voir ce qu'un homme qui s'est battu de manière presque... désintéressée... aurait pu apporter à mon peuple. Je suis certaine qu'il découlerait de tes actes une nuance qui ne serait pas passée inaperçue ni ne laisserait insensible...
Vérité ou simple aveu de ce qu'elle ressentait personnellement ? Peut-être les deux. Le discours de Rei présageait une post-annexion plus ou moins cordiale et bienveillante si l'on décidait d'y croire, néanmoins s'ajouterait à cela des intérêts politiques évidents, qui par conséquent rentreraient en collision avec le cynisme ambiant et les rancunes relativement légitimes. L’Éclair Vert, quoiqu'en partie insondable, détenait au moins le mérite d'exulter différemment à travers ce détachement qui lui était propre. Alors qu'elle réfléchissait, Takara sortait machinalement le bandeau frontal de son village caché, qu'elle ne portait pour ainsi dire jamais. Le regardant un instant avant de reprendre la parole.
Les shinobi de Kumo se débattent sans cesse, se perdent dans la conséquence de leurs actes. Est-ce propre à tous les villages cachés ? Cette voie ne m'a jamais intéressée. J'ai à cœur de protéger mon peuple bien sûr, mais leurs grands idéaux se retournent constamment contre eux, et contre les innocents au passage. Ce n'est pas la raison pour laquelle j'ai décidé de les rejoindre. Peut être qu'aujourd'hui oui, les kumojins ont appelé cette fatalité. Mais Hier, des pions cachés au pays du feu ont fait de même. On se renvoie la balle, de plus en plus violemment... Il y aura une réponse pour cela aussi. Certainement plus terrible encore.
Elle serrait l'objet si fort qu'un instant, on aurait pu l'imaginer le jeter dans les décombres.
Tout ce que je peux dire, c'est que je n'en ferai pas partie... Confiait-elle, relâchant ses nerfs autant que ses muscles, repassant la main à sa fatigue de plus en plus flagrante. Aujourd'hui, j'ai perdu mon cousin le plus proche. J'ai vu une partie de mon clan décimée par un fléau si net que j'ai cru être contaminée sur l'instant. J'ai survolé le champ de bataille... Tant de visages connus, désormais figés à jamais. Je ne chercherai pas vengeance, shinobi... C'est bien la seule vérité que je peux affirmer de tout mon être en ce jour... La seule chose en laquelle je crois vraiment.
La trentenaire glissait le bandeau frontal sous son châle, l'attachant à une fine bandoulière à l'abris des regards.
En ce monde, ne pas agir est souvent perçu comme une honte. Quelle tristesse d'en arriver à pareille pensée...
Il eut un léger sourire sous son masque même s’il était invisible. On pouvait peut-être le ressentir de l’extérieur. Le mystère des communications humaines, peut-être. « Ne fais pas l’erreur de sous-estimer ce dont tu es capable. À grand problème, grand potentiel de solution. Et puis, qu’est-ce qui te fais croire que je ne vais pas aider ton peuple ? »
II désigna autour d’eux, comme si ça semblait pourtant évident. Et ce l’était. « Ton peuple. Ton village. Qui de mieux pour le comprendre, et l’aider à se reconstruire de l’intérieur ? Arrête de penser que c’est uniquement pour eux. À travers les autres, tu te découvres, et tu te construits toi-même. C’est là l’égoïsme de la chose. Je ne suis pas désintéressé. Mais je suis intéressé envers d’autres raisons que seulement par honneur, par devoir ou l’appât du gain. Tu m’intéresses, Kumojine. Kumo et son peuple m’intéresse. Je n’ai pas besoin de justifier pourquoi. C’est simplement ce que je ressens. Si tu n'y es pas insensible, alors ça me suffit. »
Taishi se gratta la tête. On aurait pu croire que cette femme, qui il y a pas si longtemps lançait des jutsus dangereux dans sa direction, essayait d’être flatteuse. « Certains disent que le monde est une révolution. Il renait à chaque jour, à chaque moment, à chaque instant. Parfois en mieux, parfois en pire. Ce n’est pas une vision déraisonnable. Révolution ne veut pas dire évolution. Ou dévolution. Seulement… Autre chose. »
Une théorie autrefois avancée par son maître au clan Hayai, il y a de cela… Trop longtemps. « Que tu fasses quelque chose, ou que tu ne fasses rien, le monde va changer. La seule différence, c’est le degré de contrôle sur ce changement… Je te l’ai dit, Kumojine. Je n’ai pas tes réponses. Seulement les miennes. »
Il allait préciser sa pensée, mais quelque chose le frappa, comme une vague d’eau imaginaire, comme un vent fin, une paroi invisible. Taishi s’immobilisa, cherchant à comprendre de quoi il s’agissait. Son chakra s’était agité pendant un bref, vif instant. La sensation ne revint pas, mais Taishi eut l’impression irréductible que tout avait changé tout à coup, que ce soit partiellement, ou totalement. Un étrange sentiment subsistait dans ses poignets, là où les gueules aux dents pointues esquissaient de lourds rictus, sous les manches de son manteau vert. « Quelque chose… Vient d’arriver. »
L’homme masqué jetait des regards autour de lui, sans comprendre la provenance de cette vague soudaine. Mais il réalisa que c’était peut-être le signal qu’il lui fallait. « Il ne me reste pas beaucoup de temps. Un des tiens a abusé du destin, et il n’a pas payé le prix de son acte. Alors quelqu’un d’autre doit le faire à sa place. »
Taishi avait dit ça avec un certain amusement. « Deux Iwajins étaient ici. Peu importe ce pour quoi ils sont venus ici, tu dois t’assurer de le sauvegarder. Le pourquoi et le comment t’appartiennent. Je ne suis qu’un ennemi de Kumo, après tout. »
Ou peut-être était-il préférable de le croire. Il allait faire un pas en arrière mais il s’arrêta comme s’il avait oublié quelque chose. « T’as un nom, Kumojine ? Ce serait dommage que je me pavane avec un dessin grossier de toi, aux formes exagérées dans la foule pour essayer de te retrouver quand je reviendrai ici. Je n’ai pas ton talent avec l’encre et la plume.»
C’était ce qui rassemblait le plus à une promesse pour l’Hayai. Il n’aimait pas prétendre être mystérieux, que ce soit convaincant ou non ; l’Hayai se pensait d’abord et avant tout un passionné de la simplicité. Mais parfois, l’inconnu cachait mieux l’ignorance.
Taishi avait toujours marché une fine ligne entre les deux.
Il sortit un kunai verdâtre de sa poche, le faisant tourner dans sa main avant qu'il ne ralentisse lentement pour s'arrêter, sa poignée dirigée vers la femme. C'est pour toi. « La prochaine fois, je te demanderai quelle est l'astuce. »
Taishi n'était clairement pas l'homme le plus prudent du continent.
Mais il s'amusait davantage que la plupart, aussi.
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#GLOUBA / A MAJESTIC HUNTER #TAISHI / JIKKUKAN HERITOR / THE GREEN FLASH / DAEDALUS EMERGENCE / RULE REVOLUTION
La kunoichi acquiesçait silencieusement. Ordinairement, ce rôle revêti par Taishi lui revenait, mais cette fois-ci la vie en avait décidé autrement et il semblait plus que qualifié pour lui remettre du baume au cœur sans qu'elle ne se sente obliger de reprendre certaines phrases. A dire vrai, il y avait dans sa philosophie certaines connivences avec les siennes, et y superposer une autre version plus personnelle n’altérerait finalement pas le propos. Un sourire imprévu bravait même la tristesse imprégnée sur la moue de la Suzuri - A peu de chose près, on aurait pu croire qu'il s'adressait à elle comme à une fillette désœuvrée. Bien qu'elle ne voyait pas son visage, elle se devinait comme son aînée. Loin d'en prendre ombrage, cela l'attendrissait quelque peu - Ne faisant de toute manière pas fière allure de par sa fragilité actuellement exposée à vif, elle ne s’évertuerait pas à lui démontrer le contraire. Pourtant, elle ne manquait pas de force intérieure, et se savait en mesure de faire face à ce qui l'attendait. Raison pour laquelle cette fois-ci, les mots de son interlocuteur devenaient particulièrement compréhensibles et envisageables, quand bien même elle ne pouvait appréhender pleinement les événements à venir. Du moins jusqu'à ce qu'un événement plus curieux entache le naturel de ce dernier, qui semblait préoccupé.
De là, elle perdait quelque peu le fil de la conversation, s'interrogeant sur le sens des remarques qui en résultaient alors. Peu importe en réalité, puisque si une chose demeurait certaine depuis cette retrouvaille, c'est que la volonté du Taishi et les manœuvres qui en découlaient resteraient mystérieuses aux yeux de Takara. Cet homme faisait cavalier seul depuis longtemps. Cela se sentait dans ses approches, dans l'utilisation de son temps et la manière dont il communiquait. Il lui avait accordé une ouverture - A elle désormais d'en cerner l'étendue exact. Mais à cela s'ajoutait une autre initiative, qui soit épaississait d'avantage le mystère, soit relevait envers et contre tout de l'anecdotique ; le tempérament quasi nonchalant de l’éclair Vert ne facilitant pas la tache d'un esprit prompt à l'exploration de multiples théories. Car Il lui offrait l'un de ses kunais, auquel était attaché un sceau si particulier... Aucun livre ne présentait un tel assemblage manuscrit, et sa simple vue suffisait à réveiller l'éternelle étudiante à l’œil critique qui sommeillait derrière son abattement actuel. Se jouait-il d'elle, en ajoutant de nouvelles équations au chaos de ses pensées ? Mi-prostrée, mi-interloquée, elle ne parvenait à répondre qu'après quelques secondes de mutisme suffisamment révélatrices.
Suzuri Takara...
Son regard balayait alors presque instinctivement les environs, avant que la fluidité de sa gestuelle ne fasse aussitôt disparaître l'objet à même son châle. Un sceau de contenance se dessinait puis très vite, prenait la même allure que les autres motifs propres à l'esthétique du tissu. Une prévention que la trentenaire n'expliquait pas, déjà en train de réfléchir à ce qu'elle pouvait bien lui apporter en retour, comme si elle ne pouvait rester les bras croisés suite à ce cadeau qui représentait pour elle une valeur inestimable. Elle sortait donc une basique parchemin qu'elle ne tardait pas à imprégner d'encre, puis lui tendait. Comme un clin d’œil à ses propos, l'Eclair Vert pouvait alors constater un portrait particulièrement précis de son interlocutrice de l'instant, recouvrant l'ensemble de la page.
S'il y a une prochaine fois, je te donnerai la réponse. Affirmait-elle, ne laissant étrangement aucune place à l'échec dans cette perspective future, là où elle n'était pourtant pas totalement certaine de le revoir un jour. Je n'ai rien à t'offrir, mais tu peux garder ceci. Si tu souhaites t'en débarrasser, brûle-le plutôt que de le jeter s'il te plaît. Pour une raison ou pour une autre, il est possible que l'encre adopte d'autres traits.
Il n'y avait là rien de très réfléchi. La note contenait une partie du chakra de la Suzuri et pouvait se muer en lettre renouvelable dans le cas où elle souhaitait prendre contact. Non pas qu'elle le souhaitait, peut-être même que cela servirait jamais et pour cause, Taishi pouvait tout aussi bien refuser le cadeau ou le brûler au besoin. Mais elle de son côté, appréciait l'idée de garder une possibilité de contact avec ce dernier, même si le procédé en question restait à sens unique. Il n'aurait de toute manière pas à la sortir régulièrement pour en voir le contenu, la maigre manifestation de chakra provoquée par un déplacement de l'encre ne risquant pas de passer au travers de ses compétences sensorielles les plus élémentaires.
Je ne te retiens pas. Nous avons tous deux bien des choses à prendre en main. ... Elle hésitait puis, sincère: Merci. Pour ce que tu es.
Un sobre au-revoir, mais une empathie réelle. Drôle retournement de situation, et pourtant, peut-être pas si étrange que cela. Rares étaient ceux capables de se comprendre malgré quelques zones d'ombre, plus rares encore étaient ceux capables de s'en satisfaire, et de retourner à leurs propres accomplissements sans alimenter le chaos ambiant. Lentement, elle se détournait, faisant à nouveau pleinement face à ce que traversait sa cité.