La mort était partout. Nauséabonde, les effluves des macchabées pouvaient presque s’imaginer à l’œil nu. Les poussières de la guerre retombées tandis que les tensions demeuraient palpables. Ce n’était plus les efforts qui se ressentaient mais bien des tristesses, des haines, des colères. Le désarroi dans les rues du village annexé. Tout combattant qui avait assidûment défendu ses convictions, les deux nations telles des morceaux de viandes, l’acharnement avait finalement eu deux goûts car comme toute bataille il fallait un vainqueur et un vaincu.
Pourtant, les fracas, les hurlements, les meurtres passés, les vivants ni ennemis, ni même amis, devenaient tous des âmes qui avaient forcément perdu quelque chose, quelqu’un. Exception faite pour Tomoe. Cette jeune mercenaire qui avait contribué au contrat et qui s’était laissée enrôler par celui qu’elle avait vu comme étant Araho Daiki dans un conflit qui n’était, à l’origine, pas le sien. Elle aurait pu pleurer ce camarade croisé au pays du feu avec qui elle avait combattu. Mais rien. Même le fait de ne pas avoir retrouvé son corps ne l’avait inquiétée. Insensible à tout ceci, la Chôkoku n’avait fait que ce pourquoi elle était venue : Un gros coup. Jamais ce Daimyô n’aurait réussi à la convaincre de s’éloigner des possédés si ce n’était pas pour lui proposer de réaliser l’un de ses rêves. Alors, il était évident qu’en cette atmosphère endeuillée, la brune n’en tirait aucune émotion.
Un jour et demi seulement après les derniers affrontements, les ordres avaient été suffisamment clairs : Mettre en ordre les rues de Kumo et les vider de tous ses corps. En effet, la mort tenaient bon nombre et sombres aspects, et si l’Empereur voulait donner preuve de ses bonnes intentions aux kumojins ici-bas, commencer par tout nettoyer était un pas délicat.
Pour ceci Rei avait cueilli ses deux lieutenantes pour superviser ces tâches, les deux gradées de la gente féminine…
Kira. Tomoe rejoignit donc le cœur en cendre de ce village où étaient en attente quelques soldats de l’Empire réquisitionnés pour la première étape de ce calvaire : Rassembler des bras pour aider à l’accomplissement de cette tâche. Peut-être simplement d’une cruauté sans nom, ce furent finalement des Kumojins qui se trouvaient là pour entendre les ordres des deux brunes. Beaucoup de différences étaient à noter au premier abord purement physique. Si elles étaient toutes les deux de grandes femmes, ce que l’une et l’autre dégageaient comme impression semblait partager les opinions. Une Tsuchijine d’origine colérique, qui changeait d’air comme de chemise, tandis que Kira apparaissait bien plus droite et sur terre. Du moins c’était ainsi que Tomoe la voyait si elle ne devait son jugement qu’à ses vêtements et sa posture.
« Eh bien, nous avons quelques paires de bras. Je propose qu’ils se divisent et que nous les attendions au lieu choisi. » Car effectivement, la Chôkoku ne comptait tout bonnement pas se salir les mains. Elle l’avait déjà trop fait pour s’assurer la tranquillité en achevant ses opposants. Si la plus jeune s’était adressée plus en intimité à sa comparse, elle espérait bien que cette-dernière acquiesce. « Au moins ça évacuera les chagrins. » Elle se racla la gorge, empêchant simplement un léger sourire, ni même un réflexe sur ses pommette, de s’afficher sur son visage. Elle avait pourtant bien conscience de la cruauté qu’allaient impliquer leurs ordres.