Unifiés par l'histoire. 歴史による統 Akimichi to Nara Ichizoku
Kaminari no Kuni
Des parcelles du temps, des grains d'éternité se faisaient la belle, se cavalaient et s'échappaient pour ne pas être et ne jamais exister. D'une fantastique histoire qui dérapait, des trous vides se creusaient dans le quotidien du vétéran et, l'image de sa carcasse imposante se fondait dans le décor montagnard et aquatique du village nuageux. La songerie se collait à sa peau hâlée, il ne restait presque rien, que l'enveloppe molle d'un soldat pourtant craint et respecté de tous, un homme habité d'un désir ardent de justice et de vérité.
Par cette pure et chaude après-midi d'été, le géant volcanique vêtu d'une simple chemise blanchâtre entrouverte aux manches retroussées, se tenait debout mains dans les poches au bord d'un ruisseau attiédi, où se réfléchissait la fuite de rares cumulus et l'astre solaire à son paroxysme - Des images miroitantes qui suivaient lentement le chemin de halage et qui, descendaient en pente vers les eaux dont rien ne troublait la transparence et la limpidité. Devant lui, un mirage, comme la vision de deux silhouettes féminines, celles d'Hirumi décédée et d'Airi disparue ce même soir d'Hiver.
Le barbu patriarche des Saru géants, retira l'une de ses mains de ses poches, sortant par la même occasion, un de ses nombreux cigares qu'il plaça délicatement sur le coin de ses lèvres légèrement gercées. Il allume l'air nonchalant, son rouleau de feuilles de tabac...
« Oh! Toujours en vie, tu sembles pouvoir tromper la mort elle-même, Ombre solitaire. »
Le demi Borukan venait d'émettre ces paroles en esquissant un large sourire, dévoilant sa dentition blanchâtre et ses canines un peu plus longues et pointues que la normale. Curieusement, il ne s'affichait nullement surpris de par la présence du Koei en ces lieux, l'ayant perdu de vue depuis l'époque où il vivait encore parmi les bois ancestraux du Feu remplit de cerfs.
Une masse informe, au loin. Pourvue d’une crinière léchée par le feu lui-même dont l’éclat lui transparaissait même à cette distance. La signature chakratique ne faisait aucun doute, pour l’avoir vu à l’oeuvre plusieurs fois lors des événements qu’il avait vécu conjointement avec elle lors de ses années en tant qu’apatride. Pourtant, elle différait sur certains points et semblait moins chaude, moins fulminante que les volcans qu’il avait jadis fait sortir de terre comme s’il n’avait s’agit que de simple décorum.
Kansei s’avança donc vers ce qui semblait un titan tant la carrure marquée par l’âge et l’entraînement semblait aussi vigoureuse qu’autan. Doucement, il agrippa entre ses deux lèvres l’une des cigarettes de son paquet avec un court rictus. Après tout, s’il voyait juste, c’était bien à cause de l’énergumène qu’il était maintenant dépendant de la nicotine, l’un de ses vices proéminents.
« Dit-il, l’Akimichi qui a vécu l’équivalent de deux vies de conflits et de combats. » Sans perdre son air amusé, il s’approcha encore et tendit un bras amical pour saluer son camarade, chose assez rare pour être soulignée. « Tu es membre de l’Empire depuis peu et pourtant, te voilà déjà en terre conquise. Ton caractère volcanique n’a pas changé. » Il n’était pas compliqué de comprendre sa récente affectation, ou du moins sa mise en valeur ; un homme de sa trempe n’était pas l’égal de la majorité des pauvres soldats lambdas que Kansei avait pu voir. De là, le parallèle était vite dessiné.
« Tu t’acclimates bien au Pays de la Foudre, Kyôjin ? » Il respira un peu plus de cette mort lente qu’il s’offrait jour après jour et contempla derrière le Akimichi l’astre millénaire brûler comme il en était l’usage en cette saison avant de saisir encore le regard de son confrère Hijin.
Cela réveillait sa curiosité de le savoir ici. Tant de nouveaux paramètres à prendre en compte. S’il était là lui aussi, qui pouvait l’avoir suivi…
Unifiés par l'histoire. 歴史による統 Akimichi to Nara Ichizoku
Kaminari no Kuni
« Héhé viens par là.. »Disait le vétéran en tirant le bras de l’enfant prodigue. Une accolade pareil à celle d’un père à son fils s’en suivit, agréables retrouvailles. « Boh tu sais, ma présence ici n’est qu’un simple concour de circonstance. Je n’ai pas pris part au conflit, heureusement pour cette ville d’ailleurs... »
Il se savait particulièrement destructeur, sans doute était-ce pour cela que Rei ne l’avait pas ordonné de prendre part au combat, sans quoi, nombres des battisses n’en seraient que poussières et gravillons. Sans oublier, sa récente incapacité à user de son don héréditaire magmatique, que de mystères et de questions défilant à même son esprit vaillant.
Les cumulus défilaient et miroitait à travers la surface limpide des eaux peu profondes en face d’eux, le géant sans jeter un œil à son protégé d’antan et en relâchant la fumée de son cigare, rétorqua après avoir laissé planer un bref instant de silence… « Eh bien j’essaye de m’acclimater, j’avoue que c’est un très beau Pays, cette technologie avancée, les reliefs caressant les nuages ou même l’architecture en hauteur ne manque pas d’originalité. Cela dit, rien n’équivaut notre Mère Patrie et tu le sais, Koei. »
Son attachement à l’égard de sa contrée natale transparaissait avec véhémence, l’Akimichi était avant tout présent pour tenter de rameuter le clan ombrageux sur Hi no Kuni, maintenant que les conflits antérieurs avaient pris fin.« Je vois que tu t’es également enrôlé, c’est une bonne chose. Que comptes-tu faire à présent Kansei ? Que penses-tu de l’Empire et de tout ce ménage ? Pour ma part, j’ai encore du mal à croire que nous sommes parvenus à assiéger une telle ville avec si peu d’hommes, si tu veux mon avis, le pire est à venir... »
À la simple poignée de main, le géant Hijin répliqua par une accolade familiale et virile, démontrant toute l’emprise d’un tel colosse, à laquelle il ne se déroba pas, se contentant de sourire ; il était foncièrement heureux de le voir ici. « Effectivement, Kumogakure no Satô a évité bien des pertes, non pas qu’elle n’en ait pas essuyé récemment. » Le ton de sa voix prouvait à lui seul qu’il n’avait rien de réjouissant à les décanter de ce boxon informe. En vérité, ses plans auraient pu éviter la moindre goutte de sang de couler, le moindre enfant de pleurer. Mais sa vision des choses, ses projets, tout avait été balayé d’un revers de main par le sordide de ce destin qui semblait le suivre partout où il siégeait.
« Tu prêches un converti ; la forêt Nara de Kaminari n’est rien face à celle de mes réminiscences. » Il parla en contemplant leurs propres reflets dans l’étendue liquide, quelque peu parcouru par un certain vague à l’âme. Tout cela lui avait coûté mais Kansei n’avait pas été forcé à la désertion de sa terre natale. L’Ombrageux était un homme et n’avait jamais ployé devant quiconque quand il avait fallu faire des choix ; preuve en était sa cicatrice, au dessus de son nez, infligée par Alderan.
Il écouta les interrogations de son homologue du Feu et le toisa, l’air assez songeur pour que cela soit percevable, ce qui était assez rare pour être souligné. Après tout, Nara Kansei avait toujours réponse à tout. Presque toujours ?
« C’est effectivement récent, mais c’était la meilleure chose à faire. » Il glissa un simple rictus sur ses lèvres. « Et bien je mentirais si je disais que ça ne me rassure pas pour l’avenir de Hi no Kuni de savoir une telle force au service du Feu ; capable de tout cela. Pour autant, la forme me dérange quelque peu ; plus que le fond qui est plus juste que tout autre chose. » Le Pays verdoyant et central du Yukan méritait le repos, la paix et la tranquillité. Aurait-t-il agi comme Rei pour autant ?
« D’aussi loin que je me souvienne, le pire est toujours à venir, Hyakuzô-san. Essayons de le rendre surmontable. » Il adressa un sourire qui se voulait aussi honnête que possible dans une telle période de désarroi, puis alluma une cigarette sur laquelle il consuma plusieurs bouffées, l’air plus calme que maussade.
« Comment vont ceux que tu as laissé derrière toi ? »