Se pavanant dans les rues de la citée des nuages, l'Urawokaku guette le moindre faits et gestes des habitants, tout en profitant d'un temps de repos entre deux recrutements. Des phases d'enrôlement nombreuse, faisant ressentir un certain ennuie pour le lieutenant de l'Empire. Car à part gonfler les rangs de l'Empereur, que fait le samouraï à côté ? Il n'a aucune activité, aucun loisir, aucune passion. Mis à part une certaine addiction pour l'alcool de riz, l'emmenant bien trop souvent dans un monde parallèle, à l'abri de certaines critiques, de certaines réalités auxquelles l'homme souhaite échapper.

Les pieds frottants contre les pavés de la rue, de même pour le verre de sa bouteille qu'il tient à bout de doigt, le Hijin se saoul le plus rapidement possible au saké pour oublier qu'il n'y a seulement quelques jours de cela, il vient participer à un génocide anciennement perpétrer par les mêmes personnes qu'ils ont actuellement attaqués.

Triste réalité en vérité.

Faut-il laisser la haine et la vengeance régir ce monde ? Faut-il admettre sa défaite, pour laisse sa chance à la rédemption ? N'y a t-il donc aucun moyen pour faire cesser les guerres et les pertes humaines à une échelle titanesque. Depuis la nuit des temps, l'homme ne cesse de se battre pour des bouchées des pain et aujourd'hui, c'est très certainement la dernière goutte d'eau qui vient faire déborder le vase pour le のっぺらぼう Nopperabou.

Chantant à plein poumon, ou du moins marmonnant haut et fort ce qui ressemble à une chanson de par sa voix totalement faite par l'alcool, le samouraï se délecte d'un saké sacrément bourru et délicieux, ne faisant pas le moins du monde attention aux regards des civils l'entourant. Assit sur un toit à moitié brisé sur le sol de par le conflit s'étant produit au coeur de Kumogakure no Satô, Ryūzaku chante au grand malheur des passants.

« Hey ! Vous voulez pas venir chanter avec moi ?! »

Prudence à ceux qui s'approcheront de lui. Dans cet état, le Hijin est capable du meilleur comme du pire. Il peut avoir un certain plongeon dans son passé ... le poussant à commettre des meurtres, faisant passer l'homme pour un sans âme.

La mélancolie, la peine et la tristesse. C'est très certainement ce à quoi peut désormais penser le maître du bushido, noyer dans l'alcool de riz depuis maintenant une bonne heure. Voilà une nouvelle étape d'alcoolémie une fois la joie et la colère de passées. En premier la colère, car de base, l'homme est un colérique chevronné. Mais très vite, plus la liqueur fait effet, plus l'Urawokaku est d'humeur joviale, en proie à faire la fête indéfiniment. Mais le troisième et dernier sentiment qu'il peut alors ressentir une fois un trop plein d'alcool absorbé, c'est bel et bien le refoulement de souvenirs passés l'emmenant toujours vers son côté le plus sombre et ravagé.

Car oui, ses mauvais souvenirs l'emmènent directement sur la voie de la tristesse. Une tristesse physiquement présente, lorsqu'une femme qu'il peut alors trouver belle physiquement au premier abord, se présente à lui.

Le regard attristé, il fixe cette jeune femme venant à lui, lui demandant ce pourquoi il est si joyeux. Ryūzaku, joyeux ? C'était il y a quelques minutes effectivement. Désormais, il n'a que les souvenirs de ses proches perdus et des guerres déjà vécues. Tout ce qui fait que son passé est terrorisant pour lui comme à ceux à qui il le raconte.

La noirceur qui peut se lire dans les yeux du samouraï témoigne alors de son passé, de ce qu'il a pu accomplir. De ce qu'il regrette. Et de ce qui le hante.

« Pourquoi me trouvez-vous heureux ? Désormais, il n'y a que la douleur qui brouille mon esprit. Les atrocités du monde et de la guerre sont la cause de ce que je suis aujourd'hui. Elles sont une partie de moi désormais ... »

Levant sa bouteille au ciel, les lèvres collées au goulot, une nouvelle gorgée vient un peu plus le noyer dans la mélancolie, avant que le géant au sabre ne pose une nouvelle fois son regard remplit de pitié sur la demoiselle venue le voir en ce jour triste pour le 刺客 Shikaku.

Mais cette femme l'intrigue. Pourquoi et personne d'autre ? Trouve-elle un certain charme au Hijin ? Est-elle compatissante à un tel point que porter secourt à un homme éméché lui est plaisant ? Il aimerait s'en convaincre ...

« Et toi t'es heureuse ? ... » lui retourne t-il alors, le regard vide et la gorge enrouée, par la tristesse qui l'anime.

Les souvenirs de l'homme sont sombre, terrifiant, cauchemardesque. Il les voit venir à lui, lui parler, ils lui en veulent. Les hommes et les femmes qu'il a jusqu'à aujourd'hui ôter la vie. Quelle vie que celle de tuer une cible sans pour le moins la connaitre et ce, simplement pour de l'argent ? C'était la sienne pourtant. Une vie d'assassin. Il l'a menée jusqu'ici et pourtant, aujourd'hui, il n'en veut plus. Plus comme ça.

Être heureux est une chose, le vouloir en est une autre.

Car si les démons qui hantent le samouraï sont toujours présent, c'est peut-être pour une bonne raison. Peut-être qu'il les garde à ses côtés pour ne pas oublier le passé. ne pas oublier son passé. Alors affichant un faciès des plus blafard, l'Urawokaku reste éternellement dans la lune, pensant à ses/ces vieux démons.

« Laisse moi avec mes vieux démons ... Fais comme tous les autres, ignore moi. »

Sa voix rauque et soul avertissent cette jeune femme se présentant sous le prénom de Shiroi. Il ne veut pas de son aide mais intérieurement, il sait que la compagnie des autres peut être la meilleure des thérapies. Car s'il se laisse tomber dans les ténèbres, noyé par l'alcool, Ryūzaku sait pertinemment qu'il ne survivra pas.

Descendant alors de son toit à demi construit, il s'en va, titubant dans les rues du village, la bouteille toujours en main bien décidé à terminer cette douzième cuvée.

« Aller ... Salut Shiroi ! On s'reverra un autre jour ... »

Sa non-chalance est-elle la raison de sa solitude ? Peut-être un peu.

Ses démons lui bouffent l'esprit, le laissant dans la tourmente du pêché et des odeurs nauséabonde de l'alcool. Il ne sait plus qui il est. Il ne sait plus ce qu'il a pu faire pour en arriver là. Cependant, il ne cesse de voir voir ce sang sur ses mains. Ce sang appartenant à bien des personnes ayant croisé le chemin du maître du bushido.

Et même si il est certain que cette bonne femme souhaite aider le shinobi, ce dernier n'est pas dans un état d'éveil acceptable pour écouter consciencieusement les paroles de cette dernière. Il n'est pas capable de comprendre ce qu'elle lui dit. Et à en croire ces quelques bégaiement, il n'est sûrement pas capable de lui répondre comme il se doit.

L'homme comprend très vite que son interlocutrice souhaite l'aider et l'alcool n'aidant pas tellement, il comprend qu'elle lui propose ses services pour lu faire oublier ces démons. Des services sexuels ? Il n'en est pas certain mais dans tous les cas, il n'en a pas besoin.

« Non merci ... Je ne veux pas de vos services. Qui que vous soyez. »

A t-il oublié le nom de son invité ? Bien évidemment, lui qui termine alors sa douzième bouteille de saké, laissant le verre se briser au sol.

« Adieu ... »

Et sans se retourner, le samouraï quitte la ruelle, terminant sa nuit dans les bras de morphée dans un lot de poubelle lui servant alors de matelas. Aujourd'hui, ses démons l'ont encore eu. Une nouvelle fois ...