Une longue quête, un long périple au milieu d’un empire auquel le voyageur n’était pas habitué. Pourtant, se sédentariser impliquait de participer aux tâches quotidiennes de cette nouvelle nation naissance, tant dans son passé que son avenir. Le combat et l’affrontement ne semblaient plus être les seuls critères de compétences exigés par l’empire, surtout dans ces conditions de gestions d'après crise.
Faire la guerre était chose facile, mais supporter les complications en découlant et bien évidemment les responsabilités demeurait tout autre. Cela demandait force de caractères, discipline, maîtrise de soi et surtout un discernement à toute épreuve. Qui de mieux qu’un errant aux expériences multiples et connaissances exotiques sur les dangers de ce monde pour convenir au statut de formateur pour la prochaine génération de Hi ?
Il n’avait rien du bon petit soldat rangé dans ses baraquements et le confort d’un lit et d’un toit tout donné, sans ne jamais sortir des limites sous le joug des ordres. Son profil correspondait davantage à celui d’un loup solitaire, d’un baroudeur capable de se débrouiller seul en bien des situations et surtout ce depuis son plus jeune âge, ni préservé par l’amour ni la chaleur d’un foyer.
En ce sens, un nom spécifique et intriguant lui avait été communiqué comme futur recrue prometteuse, destiné à grandir de par ses compétences encore mystérieuses aux yeux du Yamanaka. C’était une belle façon de le promouvoir, à la manière bien spéciale de ces lieutenants à embrigader amis et ennemis dans les rangs. Mais ce détail demeurait encore en suspens au sein de sa curiosité, davantage concentré sur ses préparations.
Dans ces campements militaires propre à l’occupation, le guerrier d’acier vérifiait habilement l’état des différents outils prodigués par ses compères, chacun disposés sur des supports de bois autour des terrains d’entrainements du village. Des armes ninjas, des armes moins conventionnels et quelques touches personnelles.
Bien sûr, il ne pouvait passer outre l’essentiel : Son épée. Celle-ci logeait parmi les autres, pommeau dans le creux de sa main alors qu’il s'apprêtait à l’aiguiser convenablement après ce long voyage entrepris pour rentrer à Hi et voyager jusqu’à Kumo. De quoi tuer le temps avant de rencontrer cette fameuse recrue.
De gauche à droite, tout devait être goûté pour trouver le bon chemin. L’art du combat est un terme différent pour tous les shinobis et kunoichis. Certains seront des bêtes au corps-à-corps et d’autres plutôt à la longue distance. Tester, essayer, échoué, recommencer. La formule gagnante jusqu’à la dernière option, la réussite. La majorité des genins sont déjà décidés sur leur style de combat à un jeune âge. Malheureusement pour Riku, ce n’était pas tout à fait vrai. À son grand âge de jeune adulte, elle ne possédait toujours pas les connaissances requises pour déterminer sa propre évolution. Elle se doutait que la proximité soit son truc à elle, de quoi pour bien péter les genoux de ses adversaires.
La Asaara fut envoyer au terrain d’entraînement pour rencontrer un mentor plus élevé en terme d’expériences. Ravie de pouvoir enfin se baser sur quelqu’un pour poser des questions et évoluer, c’est sur une note joyeuse qu’elle se déplaça jusqu’à l’endroit indiqué. Elle ignorait tout du nom qu’on lui avait transmis : Yamanaka Hosen. Le doute n’était pas au rendez-vous, c’était bel et bien un homme et d’une famille très intrigante. Et lorsqu’elle arriva enfin à sa rencontre, c’est avec une facette détendue polie qu’elle s’adressa à lui.
« Bonjour, Yamanaka-dono. » un faible sourire discret, une voix douce. « Je me nomme Asaara Riku, j’espère ne pas me tromper sur la personne. »
Et bah, les hommes de l’empire sont décidément imposants et dépassant la limite de la virilité. Riku se croisait les doigts pour rencontrer une femme à la prochaine rencontre, même si ce Hosen semblait être sympathique.. à sa manière. Beaucoup possédaient des allures très trompeuses par ici, surtout avec la récente guerre.
« Vous avez une épée. »
Les prunelles brillantes, la kunoichi rêvassait en observant l’objet. Comme les chevaliers des histoires de romances ou comme les chevaliers qui tranchaient la gorge des dragons. Un objet si puissant et si peu commun dans ce monde de ninja.
« Elle est magnifique. » ajouta-t-elle en souriant. « est-ce que ce sera le sujet de notre entraînement, les épées? »
La voici fin présente pour cette séance d'entraînement atypique médité longuement avant de la mettre en place. Assara Riku à en croire sa présentation suivit de ses élans entreprenant. Le chasseur émérite ne cilla pas d'un pouce pour autant, l'arme toujours en main histoire d'en affiner le tranchant.
C'est bien moi en effet. Enchanté.
Seul un mouvement du visage bref accompagna ses paroles, ses yeux lorgnant l'apparence singulière de la femme en face de lui, bien qu'il ne puisse pas vraiment se targuer d'une normalité sans faille pour lui même. Il ne se laissa pas vraiment distraire malgré un silence marqué, son but étant de cerner un peu ma personnalité de son interlocutrice.
Une épée, tu n'as pas dû en voir souvent. Les ninjas utilisent plus souvent le Katana ou le sabre, mais je ne suis pas ninja.
Elle s'avérait de nature curieuse et perspicaces, ce qui constituait une bonne chose à condition d'allier ça au courage et à la cruauté. D'ailleurs son statut féminin n'allait pas influencer la teneur de cette séances, surtout pas aux yeux d'un guerrier comme Hosen. Pas de luxe, pas de privilège. Quand il s'agissait d'un membre de l'empire sur un territoire ennemi, cela ne faisait pas de différence.
Cela va concerner beaucoup de choses, mais l'épée sera une base. Tu pourra ensuite prendre plus d'affinité avec d'autres armes plus avancé. Enfin je vais aussi t'endurcir. Là, ce sera la partie la moins amusante.
Direct, autoritaire et franc dans ses intentions. Le loup solitaire ne souhaitait pas vraiment tourner autour du pot et l'invita même d'une geste de la main à s'emparer d'un sabre ou d'une des épées disposé sur les supports en bois.
Choisis en une et suis moi.
Nul besoin de faire attention au choix qu'elle allait faire. Ce n'était pas en un jour que la Kunoichi parviendrait à s'affiner au point de choisir une lame affuté selon ses goûts personnelle. Mais ce genre de choix traduisait généralement l'état d'esprit d'un guerrier.
Ainsi lui laissa t'il du temps pendant que sa silhouette alla se placer au milieu de l'air d'entraînement, commencent à s'échauffer par quelques mouvements circulaires de son epée.
Bien, avant d'attaquer le vif du sujet, parle moi un peu de tes talents ou de tes capacités héréditaires si tu en possède.
« C’est la première que j'en vois une. » elle riait doucement, se permettant de se détendre un peu.
Elle buvait les paroles de son interlocuteur comme s’il possédait la voix ultime de la raison. Le simple fait dont il tient une épée dans ses mains, l’absorbait follement vers un autre monde. Mille questions traversaient l’esprit curieux de la jeune femme. Cette épée avait probablement rencontré le cœur de nombreux passagers, gentil ou mauvais. Quelle magnifique intrigue autour de cette vaste lame.
Après une courte présentation de la planification et d’éventuelle rencontre, ce qui étonna la jeune femme, Hosen lui demanda de choisir à son tour son partenaire de combat. Sans hésiter, elle opta pour une épée pas trop lourde pour sa taille. Elle n’était pas minuscule, mais son corps manquait de muscle pour qu’elle soit apte à combattre correctement avec une lourde charge. La brune le suivit de prêt, sans trop s’approcher de lui pour ne pas ressembler à un petit chien de service. Comparée à lui, elle était beaucoup moins impressionnante physiquement. Les deux partageaient une allure très unique, tout en étant très éloignés du style de l’autre.
Face à elle, Hosen se préparait.
« Je me considère sans talent et médiocre en combat. Je possède le Dokuton, l’art de manipuler le poison sous ses trois formes : solide, gazeux, liquide. Mon affinité est le Doton. Je m’entraîne tous les jours pour augmenter ma force et mon endurance. »
Les mouvements du Yamanka lui causaient une soudaine nausée. Face à lui, et même si c’est un entraînement, elle ne se sentait pas prête. Elle s’imaginait déjà courir pour fuir. Ou peut-être, foncer pour se protéger à fond. Difficile comme situation. Star Killer se battait à l’intérieur de son corps pour sortir et la protéger du danger qu’elle ressentait. Malheureusement, elle ne pouvait plus se fier à lui pour grandir.
« Sinon, je crois avoir un certain talent pour l’infiltration. La sensorialité est dans mes prochaines étapes. Ce sera banal, mais mon seul rêve est de devenir une kunoichi puissante. J’espère que vous m’aiderez, Hosen-dono. »
Elle pencha la tête et rougit à ses propos si enfantins, mais son sourire restait.
La lame affûté berçait subtilement ces présentations préliminaire de sa vitesse fendant l’air en un sifflement répété, signe d’un poids et d’une lourdeur palpable. Pour l’instant, le maître bretteur demeura fidèle à sa position et sa posture, pleinement attentifs aux déclarations de la recrue sur ses capacités spéciales non des moindres à en croire ses propriétés.
Le poison … Voici un art encore obscure que ses aventures l’avait déjà mené à croiser dans des circonstances bien différentes. Il s’agissait surtout de mafia ou de gourou qui s’evertuaient subtilement à s’en servir pour provoquer des fléaux dans des villages isolés pour y apporter ensuite remède à l’aide de médecin contre bonne fortune. Mais la polyvalence et l’efficacité d’un tel pouvoir assurait un potentiel indéniable, que ce soit en bien ou en mal.
Peut être même aurait-il désiré posséder un tel atout lors de ses propres périples. Une option à méditer plus tard, après cet échange. Le regard du errant sous ce masque froid et silencieux se posa en parallèle sur l’arme choisie par l’apprentie, relativement adéquat à son gabarit. Elle possédait de quoi parer son épée, du moins avec assez de difficultés pour recourir à ses instincts primaires. Oui, ce serait nécessaire, dès maintenant.
Subitement, alors que Riku terminait tranquillement de déballer ses ambitions, le mouvement de balancier de la lame accéléra avec des virages de droites à gauches inattendues. Un pas unique, une attaque unique de haut en bas. La prenant de court sur ses derniers mots, le soldat d’acier fit abattre son épée avec une intention clair et dangereux de vouloir la découper en deux, avec assez de retenu pour lui permettre de parer par automatisme, ou le tenter. Le but consistait à la bloquer sur place sous la force de ce poids et déjà endurcir ses muscles encore frêles.
Tu n’es pas chez toi ici, ni même au pays du feu. Kunoichi ou pas ça ne change rien. Avant de manier un sabre et devenir puissante tu dois déjà protéger ta vie.
Dans n’importe quel coin de rue, n’importe recoin du pays de la foudre. A tout moment, chaque soldat risquait l’assassinat ou la duperie en baissant sa garde ne serait qu’une seconde. Ceci relevait d’une habitude plus général à prendre immédiatement, bien que Hosen n’ait pas été sourd aux ambitions nourris par la jeune femme. Tout se ferait avec le temps et les étapes. Elle endurait ou non, esquivait ou non, tentait de s'échapper ou non. Ni les arts ninjas, ni les arts de la guerre n’épargnait la sournoiserie.
Tu as de bonnes dispositions pour comprendre ce principe. Avec le poison et les facultés de dissimulations que tu souhaites développer, tu dois toujours garder en tête qu’on utilisera les mêmes techniques contre toi. Ta force et ton endurance, ce ne sera pas un problème. Enfin, tu tiens le coup ou t’es déjà mal ?
Un peu de provocation, un peu de prise de conscience. Il voulait surtout la faire réagir et découvrir sa véritable volonté, celle surgissant en dehors de la raison, plus spontanément.
Passes cette étape on verra pour t’apprendre la traque, le pistage, la discrétion et le reste.
La suite fut rapide. Ses derniers mots quittèrent sa bouche et l’apparition d’une lame vint effleurer son corps de sa tête à ses pieds. Sans réfléchir, parce qu’il n’y avait aucune seconde à analyser la scène, Riku leva son arme pour bloquer celle de son maître. Ses bras tremblaient sous la force. Le Yamanaka ne plaisantait pas sur le travail de l’endurcissement : ce n’était pas amusant et cela ne le sera jamais. Les mots utilisés par Hosen la déconcentraient. Jouait-il avec ses sentiments pour qu’elle commence à attaquer à son tour ? Bien sûr qu’elle savait que se défendre avant tout était l’étape un avant de progresser, mais la voix de son interlocuteur ne possédait pas un charisme ultime pour adoucir son coeur.
« Ça va. » dit-elle en montrant clairement une difficulté à tenir le coup.
Ses muscles commençaient déjà à céder et ses pieds reculaient progressivement dans la terre. Soudainement, des bras violets apparurent et allèrent soutenir le manche de l’épée avec les mains de la jeune femme. Souriante, elle reprit de la force pour maintenir sa posture. En réalité, l’homme de poison qui l’aidait, Star Killer, n’était que sa subconscience. Un gardien imaginaire l’aidant à croire en ses propres capacités.
La kazejin se propulsa vers l’arrière et évita de justesse la tranche de l’épée. Bien qu’elle se sentait très faible, elle continuait de sourire. Après tout, Riku ne pouvait pas se cacher qu’elle appréciait avoir un mentor pour cette journée. Star Killer ne relâchait toujours pas la poigne, mais restait sans visage. La kunoichi commença à courir et d’un mouvement du poignet, attaqua vers le flanc du Yamanaka. Il allait probablement esquiver ou bloquer sa tentative.
« Vous êtes drôlement blessant comme sensai, Hosen-dono. » elle ricanait, ne laissant toujours pas son réel venin sortir. « Je vous conseille de tenir votre langue, peut-être qu’à la fin de cette journée, j’arriverai à la couper. »
Il ne lâchait pas la pression, pour aucune raison que ce soit. La poigne du bretteur forçait progressivement les barrières physiques de la mystérieuses manipulatrice du poison, en parfaite cohésion avec le tremblement de ses bras encore peu habitué à la maîtrise des armes. Mais le plus étonnant résida dans un changement subtile qui s’opéra dans le dosage de cette puissance, ressentant une résistance soudaine et venu de nul part l’espace d’une seconde.
Pourtant, c’était bien le rôle de bourreau et de professeur sévère que tenait actuellement le Yamanaka et non celui d’un ami bienveillant. En dépit de ces sommations verbales, Riku afficha un moment de sérénité subtile avant de se dégager de cette étreinte pour reprendre une position confortable. Vif et rapide, le maître bretteur en fit de même après que l’acier de sa lame ait résonné sur le sol, de sorte à préparer une offensive. C’était sans compter l'initiative de la jeune femme, assez inattendu.
Pourquoi ça, tu as besoin d’une nounou ? Ce n’est pas mon rôle.
Léger, fluide et sûr de ses pas, le loup solitaire ne démontra pas grand effort inutile avant l’impact, ni de blocages simples et immédiat. Au contraire, il profita de la lourdeur de son arme pour faucher d’un coup puissant l’offensive porté vers lui tout en se décalant légèrement vers le flanc opposé. Finalement, cette future Kunoichi du feu lui cachait bien des choses quant à sa personnalité, à en croire le courage de sa menace face à un tel adversaire.
Déjà, remédier à ce problème physiquement. De suite après avoir balayé la lame de son assaillant, Hosen profita de la déstabilisation engendré pour lui fauche la jambe à l’aide de sien, avant de lui asséner un coup assez impactant de la jambe pour l’envoyer rouler plus loin, peu enclin à la dorloter ou prendre des pincettes. Elle devait encaisser et supporter la douleur sans perdre sa capacité à combattre.
Tu commences à donner des conseils maintenant ? D’où te viens cette confiance soudaine ? Tu veux jouer les serpents avec moi, ce n'est pas une bonne idée. Debout.
Bien, il fallait la cuisiner un peu pour dévoiler la véritable Riku, caché derrière ses limites. Ensuite seulement pourraient-ils travailler sur un style destiné à se coupler au poison.
Bientôt en face à face avec lui, la bouche provocatrice, Riku déposa toute sa force dans son attaque. Offensive qui fut fabuleusement éviter, sans étonnement. La brune tenta de suivre du regard son mentor, tout en prévoyant sa réplique. Elle se doutait que tôt ou tard, son corps recevrait une première marque de guerre. Son courage pour aller en ligne droite la guiderait à commettre une erreur face à un homme d’expérience. Ses yeux fixèrent l’épée du masquée, oubliant que dans un combat, tout est permis. Déstabilisé, ses jambes furent attaquer d’un membre semblable, apportant la jeune femme dans une chute. Avant de toucher le sol, une jambe l’envoya directement valser plus loin.
Elle tenta à de multiples reprises de prendre possession de cette chute, roulant à plat ventre et dos. Son arme, enfoncée dans le sol, lui servit de support pour sauter sur ses pieds. Riku craqua ses doigts et pour une rare fois, détacha ses cheveux bouclés. Retirant d’un coup sec l’épée, elle avança d’un pas rapide.
« J’ai toujours confiance en moi. » murmura-t-elle.
S’approchant sur un même rythme que la première fois, Riku hésita sur son approche. Peu importe son plan, elle terminerait très loin de lui à chaque fois. Fronçant les sourcils, la kunoichi décida d’imiter Hosen et trancha de haut en bas. Elle termina par abandonner l’épée pendant son mouvement, dans un espoir pour le déstabilisé. Elle continua en se jetant sur lui, prête à frapper son torse.
« Je peux aller plus loin que jouer aux serpents si tu veux, Hosen. »
Un venin violet sortait de sa bouche, dégoulinant sur son menton et bientôt dans son cou. Le dono respectueux disparaissait dans le vent. Déconcentré par son désir de se battre, Riku oublia de sourire.
Douceur et furie. Une sorte de contradiction, ou plutôt de cohabitation diamétralement opposé émergeait peu à peu de l’adepte des poisons tant dans ses paroles que son attitude passant d’une facette à une autre à force de subir l’adrénaline du combat. Elle qui semblait si frêle prenait doucement du galon, moins bercé par sa coquille d'élève docile.
Il fallait jouer un peu plus, lui donner l’occasion d’exploser sa personnification intime et primitive dans un but bien précis que le mercenaire ne dévoilait pas encore. La maîtrise et le maniement servait certes à canaliser le potentiel d’une personne, mais sans exprimer le prédateur sommeillant en chacun, cet atout ne constituait alors qu’une prestation sans grande utilité à part enseigner.
Montre moi !
Elle disposait d’un champ libre pour attaquer et se déchaîner, peu importe la qualité de sa tentative. Hosen ne ressemblait en rien aux professeurs usuelles mue par l’apparat de leurs rôles et fonction, bien éloigné des émotions et sentiments propre à cette discipline. En effet, les expérimentations menés dans sa jeunesse pour le désensibiliser à la source lui accordait une prise de distance notable vis-à-vis de son ego et de celle des autres, non pas par un travail personnel ou par l’expérience. Cela faisait partie de son être.
Qu’importe le monstre en face, le chasseur demeurait de marbre, difficile à impressionner ou intimider tant dans sa gestuel que son attitude.
Ainsi vint-il bloquer l’attaque linéaire de son adversaire en portant sa lame vers le haut, d’un mouvement légèrement décalé en biais afin de dévier la trajectoire de l’attaque. Mais la fourberie imité et initié par Riku fut d’une surprise suffisante pour le pousser à déballer un peu plus de hargne dans ses réactions. L’arme totalement relâché glissa et vola sur le côté, alors que la fenêtre d’action du bretteur s’en retrouvait limité. Tout se passé très rapidement.
D’un pas de recul de son pied d’appui arrière, le soldat d’acier profita d’une meilleur gravité par rapport au sol pour saisir la frappe envoyé vers son torse à l’aide de sa propre main dans une confrontation de poigne et de puissance avéré. Enfin, malgré les angles d’attaques limités suite à sa parade d’épée, il n’eut qu’à accentuer la parade en biais pour interposer le tranchant du métal directement sur le cou de ce serpent dévoilant enfin les arcanes de ses poisons funestes. D’une façon bien singulière …
Proches, dans un quasi tête à tête destinés à se confronter, Hosen ne tenta pas de se dégager de suite, essayant de sonder davantage les axes d’amélioration de cette femelle déchaînée.
Là … Voilà, tu as l’air de vraiment tenir à ta vie. Je parle enfin au véritable Riku, n’est ce pas ? Ou bien est-ce juste les caprices et les airs d’une adolescente en pleine rébellion ? Soit bien conscience des pulsions qui te traversent là. Bientôt ça ne devra plus être un effet de style mais un état d’esprit constant. Que peux-tu devenir de plus qu’un serpent ?
Elle ignorait de ce que Hosen cherchait réellement. Ses paroles, comme ses gestes, l’intriguaient à un tel point que son plan réussissait. Une facette peu commune chez la jeune femme se développait sous les yeux du masqué. Un étrange mélange entre la fierté et la colère se présentait dans ses mouvements. Même si son sourire ne trouvait plus la lumière, la joie continuait de progresser dans son intérieur. Selon Riku, peu devait apprécier les entraînements et la force du Yamanaka. Une vraie bête sans émotion, qui ne porte pas d’attention particulière à son élève. La Asaara appréciait cette personnalité distante, sans grande raison. Peut-être qu’avec un modèle comme celui-ci, elle arriverait enfin à progresser sous l’effet de nombreux efforts et de coups. Elle ne pouvait pas demander mieux.
Même si sa deuxième tentative se résumait à un échec, elle notait l’expression changeante chez son interlocuteur. Riku ricana mentalement à cette nouvelle vision et se félicita pour l’élément de surprise. Au final, dans un vrai combat, sa gorge serait probablement déjà trancher, ce qui la reculait de considérer la potentielle réussite de son assaut. D’ici la fin de la journée, son objectif était de soumettre une seule attaque valide. Ce serait déjà un bon début face au loup solitaire.
« Tss, je ne suis pas une adolescente, ni un serpent! »
Son venin continuait à se multiplier dans la bouche, rendant sa parole difficile au grand jour. Riku tentait de contrôler la productivité de sa capacité, c’était une première fois. Probablement un refoulement d’émotions suite aux attaques verbales d’Hosen. Sans étonnement, la brune fonctionnait énormément avec son subconscient. Son poison attaquait régulièrement par lui-même en scène de danger ou après une certaine explosion mentale. C’était probablement le cas pour l’instant.
Les pommettes rouges de honte, Riku tenta de se calmer, tout en faisant face à la lame sur sa gorge. Son poing devenait faible dans la grande main du Yamanaka.
« La seule chose que je peux être plus qu’un reptile, s’est d'être moi-même. Les rébellions de gamines, ça n’a jamais été mon truc. Tes provocations fonctionnent au final, je te l’accorde, mais je peux te garantir que je te tiendrai tête jusqu’à ce qu’une goûte de ton sang tombe au sol. Une seule me suffira pour considérer ma victoire. Soyons honnête, je n’arriverai pas à me battre contre toi, ce sera probablement un coup de chance. » elle marqua une pause. « Je sais que tu creuses présentement, tu cherches quelque chose que je ne te donnerai pas. » le dernier pas fut accompagné d’un crachement de venin. Même si une lame la menaçait de lui faire perdre la tête, Riku continuait. « je ne te cacherai pas que tu m’intrigues, Hosen. Physiquement, comme mentalement. D’ici la fin de l’entraînement, si je te fais saigner une seule fois, pourrais-je voir ton visage? »
La tempête fugace des ces brèves échauffourées s'était cristallisé dans une lutte acharné et intense entre deux êtres aux capacités singulières, bien que le bretteur n’en ai pas encore fait réellement part. Cependant, de ses iris tapis dans l’ombre de son masque de mort, il parvenait à distinguer plus précisément la substance étrange qui ornait les lèvres et la bouche de Riku au fur et à mesure que les provocations touchaient leur cible.
Le poison, finalement. Danger mortel qui ne pardonnait pas et auquel le chasseur ne se disait pas si étranger, même si cette fois elle prenait la forme d’une manipulation chakratique. Sa faculté paraissait plus polyvalente et virulente que celles des plantes rencontrés dans les contrés sauvages, déjà fatales à la moindre blessures ou utilisation ignare. Mais il voulait voir, tâter, jongler avec la mort avant de l’expulser ou la libérer. Pas encore.
Tu n’es pas à la même place que les autres. Tu n’as pas tord, je cherche bien quelque chose en toi, mais ce n’est pas pour ma satisfaction. Tout le monde n’a pas la chance d’avoir une capacité comme la tienne ou la mienne, nous ne sommes pas si différent. Chance ou non, une seule goutte de sang te donnerai bel et bien la victoire, métaphoriquement comme réellement si tu arrives à forger ton caractère en fonction de cette dernière.
Il risquait de se prendre les effets inconnu de cette substance devant lui. D’ailleurs celle-ci ne tarda pas à s’étaler partiellement sur les aérations de son masque, de sorte à dévoiler ses effets peu à peu, même si cela lui accordait encore le droit à quelques paroles.
Tu ne sera pas régis par les lois de la force et de la puissance. Ni par l’hésitation et la réflexion. Ton poison outrepasse bien des capacités à se défendre. Par contre, tu dois peu à peu briser les obstacles psychologiques au fur et à mesure de tes entraînements. Tu dois passer de l’envie à l’instinct. Peu importe le loup que je suis, tu pourrai me tuer à chaque instant.
Les toussotements qui apparaissent par intermittences dans les paroles du professeur illustraient parfaitement ses propos, loin de l’homme qui aurait déjà repoussé son disciple pour assurer sa propre sécurité. Il n’avait pas peur d’elle et voulait démontrer sa détermination quant à comprendre et partager son potentiel unique. Bien sûr vint le moment obligatoire de l’envoyer balader plus loin via le plat de son épée et la pression de son bras sur le corps de la Kunoichi d’un coup sec. Son corps entier l’aida dans cette tâche, conscient de ses limites physique en dépit de sa témérité à toute épreuve.
La dernière prétention de la furie s’avérait des plus amusantes et intéressantes, ne sachant garantir l'accès à ses requêtes. Mais si ces récompenses pouvaient la motiver pour la seconde étape de cet entraînement, ça ne pouvait pas faire de mal.
Et que penses tu découvrir derrière ce masque ? Je ne suis pas de ces gens que tu as l’habitude de côtoyer. Mais si ça peut assouvir cette braise qui t’enflamme, alors essaye. Fini la mise en condition. On va passer à la technique. Prépares toi.
Le mercenaire émérite n’était plus dans la provocation et commença à jongler avec sa lame pour s’approcher de façon moins imprévisible pour donner une série de coup faciles à parer, d’une difficulté graduel.
Cette chance!? Oh bien sûr. C’était donc cette chance qui avait fait d’elle une enfant détestée du clan Asaara. C’était cette chance qui la mena à croire qu’elle ne valait rien dans la vie de tous les jours et au titre de kunoichi. Cette miraculeuse chance qui éloigna le regard de ses parents, honteux de posséder un bambin aux capacités mortelles et incontrôlables, non lié au divin pouvoir du sable. Riku ne pouvait que grogner à l’idée de cette soi-disant roue de la vie qui l’avait choisi pour devenir l’élu du dokuton. L’enveloppe d’un être possédant le pouvoir de causer une mort lente et douloureuse. Hum, comme elle est belle cette chance.
Riku restait silencieuse sur ce dialogue, ne voulant pas causer l’hystérie de sa colère. C’était difficile de considérer les paroles d’Hosen comme un compliment. Le positif disparaissait. Lui, avec le nom Yamanaka, n’était pas évité de tous. Naître dans cette famille devait être agréable, beaucoup mieux que la sienne. Elle n’enviait pas son interlocuteur, au contraire, pour son ton neutre et son retrait de sentiments, la brune se doutait que son coeur était meurtri à jamais. Au final, la Kazejin avait trouver chaussure à son pied. Un mentor sans joie à la force d’un monstre et elle, beaucoup trop de joie pour une faible brebis. Un contraire qui pourrait bientôt devenir semblable. Peut-être que derrière ce masque, le sourire pourrait y naître.
Son venin se calmait doucement, retournant se cacher dans un esprit plus sain.
« Je ne sais pas quelle jeunesse, tu as eu pour être bâti d’une telle façon, mais je n’ai eu personne pour me montrer la différence entre l’instinct et le désir. Je l’apprendrai avec toi, mais inuti-...»
Avant même de pouvoir continuer, un bras et une épée la repoussèrent. Loin, beaucoup plus loin. Glissant sur ses pieds pour éviter une chute douloureuse, Riku continua d’avancer jusqu’à son arme abandonnée au sol. Elle tenta quelques mouvements entre le manche et ses doigts, s’habituant à la lourdeur et l’agilité. La brune pouvait très bien entendre le Yamaka tousser.
« Pas obliger de me repousser, ce n’est pas quelques gouttes de poisons qui m’affecteront. » murmura-t-elle.
La kunoichi se repositionna, un pied vers l’avant et l’autre à l’arrière.
« Découvrir le visage d’un homme que je n’ai pas l’habitude de côtoyer. »
Et c’était reparti pour un troisième tour. Le bruit des deux lames qui se frappent, était satisfaisant. Riku se défendait sans grande difficulté, bougeant de gauche à droite, tournant la lame et proposant des alternatives à ses mouvements. Lorsque la force entra en jeu, la kazejin décida d’y mettre un peu plus de muscles et de rapidité. Elle s’étonna de ses propres élans, faisant rebondir l’épée, toujours prête à reconquérir son territoire. Son silence régnait, ainsi que sa concentration. Ses prunelles examinaient sans cesse la silhouette devant elles. Les jambes, les mains, l’épée, mais jamais la tête.
À un certain moment, lorsqu’elle décida de pivoter, ses cheveux lui bloquèrent son champ de vision. Et un morceau d’instinct arriva. La brune bondit vers l’arrière et aussitôt ses pieds au sol, elle se propulsa du bout des pieds en donnant un coup horizontal à l’avant. Et elle refusa d’arrêter. Même si ses muscles commençaient à lui crier que c’était assez, la Asaara continuait à faire face au loup. Après tout, face à la mort, il n’y avait aucune pause permise. Puis, sa voix résonna.
« Suis-je la première sous ton aile, monsieur le loup ? »
L'entraînement ayant démarré sous le coup d’un dynamisme brutale semblait peu à peu s'apaiser et se stabiliser dans un rythme plus calme, bercé par la raillerie métalliques des deux armes affûtés qui s'entrechoquaient à tour de rôle. Dans sa froideur palpable, le bretteur inscrivait contre tout attente les remarques pertinentes de sa partenaire de joute physique, dont les recoins malencontreusement explorés s’avéraient des plus sombres … Plus effroyables et insupportables qu’elle ne pouvait se l’imaginait en dépit de tout drame connu de ce monde.
Il ne pouvait malheureusement pas explicitement lui donner un véritable aperçu des tortures et dénaturation quasi ésotérique subit par les membres de sa confrérie, du moins, des rares survivants à ces expérimentations extrêmes. Là, au fur et à mesure des coups, à observer les prouesses de Riku, le Yamanaka décida tout de même de prendre la parole pendant que la Kunoichi portait toute sa concentrations sur l’exercice de parade.
Malheureusement pour toi, j’ai été bâti d’une façon et par des méthodes que jamais tu ne pourra expérimenter. Ce n’est ni l’oeuvre d’une vie ni l’oeuvre d’une jeunesse.
L’intonation de sa voix sur ces affirmations ne portaient étonnement rien de prétentieux ni fond de mérite. Au contraire, il s’agissait d’une vérité factuelle, formelle et intransigeante. Sans connaître le Kiheitai et le rituel d'accès pour en devenir un élu, jamais la personnalité de la jeune femme ne parviendrait à se calquer sur la sienne. Heureusement pour elle en un sens.
J’ai bien conscience de ce que tu me dis. C’est le but de cet entraînement et des changements que tu vas devoir subir. Les désirs sont plus fort que l’instinct, car ils sont plus proche de toi et cherchent à s’exprimer par elles même. La seul différence est que leur fonction n’est ni de tuer, ni de te défendre. Les désirs sont plus proches de l’expérimentation d’un enfant encore dénué de raison. Les instincts quant à eux sont fait pour survivre et chasser selon les besoin de ton corps et de ton être. C’est une nuance cruciale.
L’échange de coup continua de bercer ces instructions de maître à disciple, mais subitement, un éclair de génie entra en jeux au fur et à mesure d’une volonté de l’acculer progressivement de sa part. Elle ne réagissait plus sous le coup d’une frustration ou d’un jeu d’esprit mais par ses fonctions primaires. C’était elle qui commençait à mener la dance. Intrigué, confiant, le mercenaire la laissa s’exprimer davantage, se contentant de parer et se placer selon les intuitions de la Kunoichi.
Tu n’es pas la première, mais mon mode de vie ne m’a jamais poussé à avoir quelqu’un sous mon aile à long termes. Je me contente d’enseigner à qui le veut selon les pauses accordées par la quête et mes aventures. Bien sûr, cela risque de changer avec l’empire. C’est à toi, tu commences peu à peu à laisser ton corps agir. Attaques moi, laisses-toi guider.
Il installa un petit silence, curieux de savoir ce qui lui traversait l’esprit.
Tu penses donc que je t’ai déjà prit sous mon aile ? Ou est ce une demande ?
Même si son corps continuait de bouger au rythme donné, ses oreilles captaient à merveille la réplique d’Hosen. Bon sang, cette aperçue de son passé ne donnait aucune envie de creuser plus loin. La curiosité de la jeune femme la supplia de poser des questions, de la bombarder jusqu’à ce qui lui accorde ce qu’elle souhaite, mais non. Ses muscles ignorèrent l’esprit et l’affrontement continua. Avec étonnement, elle ne prit pas la peine de répondre, préférant écouter la suite et se concentrer sur l’entraînement.
Riku se sentit comparé à une enfant sans expérience. Ses joues devinrent rouge de timidité. Âgée de 22 ans et si faible, il n’y avait aucune surprise dans ce que lui offrait le discours du Yamaka. Pourtant, le chasseur le disait sans gêne et sans peur de vexer son interlocutrice. La kazejin ne se sentait pas déçue ou très affectée, mais suffisamment pour ne pas vouloir continuer sur ce sujet.
« Je comprends. »
La kunoichi posait ses pas toujours plus proche de sa cible, préférant ne laisser aucune chance à un éventuellement rapprochement de sa part. De sa vision, elle ne captait pas que la danse se menait par ses mouvements, mais elle attendait clairement la bonne ouverture pour frapper. Or, avec un tel adversaire, ce moment ne viendrait pas.
« Aucun des deux. J’ai espoir de faire mes preuves pour que l’idée d’être ton apprentie te traverse l’esprit, mais je ne te le demanderai pas. Ton refus serait un peu trop douloureux. »
L’émotion ne se lisait plus dans sa voix, ni la taquinerie. Possédée dans une facette trop peu commune, Riku préférait arrêter de parler pour ne rien ajouter de nouveau. Sa provocation ne servait à rien. Son épée se maniait avec beaucoup plus d’agilité qu’au départ. Son début de maîtrise lui rappelait l’escrime. Sa main gauche venait parfois abandonner le manche, seulement présent dans les demande de force. Considérant que Hosen n’allait pas montrer un signe de faiblesse, la Asaara opta pour une réplique droite et perçante. Le coup se résumait à être la pointe de l’arme qui avance sans jamais trouver un autre chemin.
« Et puis, je ne crois pas que tu apprécierais me supporter au quotidien. Une gamine qui ne sait pas faire la différence entre l’instinct et le désir, quelle horreur. »
Un léger sourire accompagna la déclaration. Un sourire amer ou rieur, elle ne le savait pas.
La danse reflets de teintes lunaires sous le claquement de leur tranchant ne servait plus que de prétexte pour forger le nouveau tempérament de la jeune femme qui semblait doucement se canaliser en un résultat plus satisfaisant. Cette dernière évoluait indéniablement, sous l’oeil attentif du guerrier abrupte dans ses méthodes, même si elle ne le remarquait pas forcément, du moins à en croire l’expression de son visage changeant au fil des pas.
Elle s’entourait naturellement des traits et réactions propre à la gente féminine, en cette rougeur sur ses joues qui récidivaient plusieurs fois depuis le début de l'entraînement. Hosen n’en comprenait pas directement la signification dans le contexte, mais son attention se portait davantage dans le silence apaisant installé depuis peu, comme si la bête femelle s’avérait peu à peu dompté dans ses propres conflits internes.
Sage décision, Asaara Riku. Tu commences peu à peu à jongler sur la même longueur d’onde que ma propre à nature, et celle qui doit exceller de toi. Tu n’auras aucune réponse immédiate, ce n’est ni un refus ni une acceptation. J’ai encore des choses à voir de toi pour pouvoir considérer ce genre de chose. Mais comprend bien, je vais pas instaurer une dépendance en toi. Tu as surement des rêves que je ne suis pas, même si je te prenais comme disciple.
Elle devenait plus agressive sans pour autant en montrer de signes personnelles et intimes, juste dans sa façon de le harceler pour dénicher une faille, preuve de la volonté inconsciente qui animait son désire de le voir sous ce masque. C’était la lisière entre la frustration et l’abandon. En passant au delà de ce cap et en maintenant ses efforts, elle saurait peut être atteindre les qualifications nécessaires pour obtenir cette récompense. Lui n’avait pas fixé les conditions précises pour ce geste. Elle oui, mais cette promesse n’engageait que sa propre personne.
De mes préférences tu n’en sais rien. Mais ce n’est pas le sens de ta remarque, n’est ce pas ? Tu as l’air de te détester, ou plutôt d’avoir été habitué à le faire. Ce n’est pas par la pitié que tu auras ce que tu cherches.
« Mes rêves sont d’une nature banale et sans ligne directive. Si un jour j’intègre ta vie pour devenir ta disciple, je prendrai seulement les morceaux que tu m’offres et je me baladerai ailleurs sans attache. Effectivement, d’autres projets naîtront dans ma vie, mais j’ignore quand. »
Déçue que son attaque soit facilement éviter, elle continua sans bouder. Le Yamanaka lui répondait, apportant un petit divertissement pour ses oreilles. Riku éclata de rire. Le jeu installé se fit délaisser rapidement par la jeune femme qui recula de quelques pas pour continuer dans son court délire. Une main devant sa bouche, elle laissa le son de sa joie s’évaporer de son corps. La brune pouvait lui accorder qu’être détesté et se détesté était son passé. Un passé qui réussissait encore à déteindre sur ses conversations actuelles. Pourtant, la pitié, elle ne cherchait pas à l’obtenir. Ce serait honteux d’agir d’une telle façon pour posséder des privilèges.
« P-pardon Hosen haha! »
Et une différence se marquait pour toujours entre le loup et la brebis. Riku possédait un rire trop facile et un bonheur unique. Se séparer de sa vraie nature serait un crime pour la kazejin, vivre sans sourire, ça n’arrivera jamais. Hosen ? Et bien, peut-être que derrière ce masque, des rictus apparaissaient, mais dans son rôle de mentor, il ne laissait rien apparaître. Ce trait qui les séparait en combat pourrait réellement les séparer pour un duo, ou les réunir dans un mystère.
Reprenant plus doucement son entraînement, la kunoichi avançait et attaquait dans tous les sens sa cible. Encore une fois, elle ne ressentait pas que c’était pour tout de suite la victoire.
« Hosen, tu m’intrigues. Toi qui ne semble pas avoir d’émotion et qui ne laisse pas le désir prendre le dessus, et je doute que tu ais de réels désirs, que penses-tu des autres shinobis ici ? Sans juger, j’ai remarqué qu’une majorité ne semble pas posséder ta vision du combat. Ça ne t’embête pas d’être entouré de soldats en qui les sentiments règnent avant tout ? » elle marqua une pause avant t’ajouter sur un ton joyeux. « Attaque moi Hosen! »
Il ne comprit pas de suite l’intervention inédite de ce fou rire spécial, mais se laissa curieusement à y assister un petit peu, sans la prendre par surprise ou forcer sa garde. Prendre la température de cette Kunoichï jonglant entre le froid et le chaud en un éclair s’avérait relativement difficile, sans manquer de décrocher un sourire interrogateurs dans les confins de son masque d'ébène. Curieuse manière de s’émoustiller durant un combat.
Ne te laisse pas emporter.
Le ton de sa réplique se montra un peu moins sévère, moins dur alors que la fatigue observé chez la future guerrière rentrait peu à peu en compte dans les prévisions du professeur. Elle essayait tant bien que mal de lui transmettre quelque chose, de le dire, mais une barrière s'érigeait encore entre les deux, issues chacun de deux mondes différents. Il n’étaient encore ni amis, ni camarades pour peu que certaines personnes puissent s’ériger à ce statut selon son mode de vie.
La balade continua, avec moins de férocité et de fougue bien que la sauvageonne rempli de poison tentait de varier ses angles d’approches. Le Yamanaka la ménageait un peu, discrètement, suffisamment pour mener une double intrigue, un double combat pour savoir qui saura le mieux appréhender le maître de l'élève.
Je n’ai aucun partie pris pour ces autres soldats, à moins que leur route ne croise la mienne en de mauvaises augures. Ils ne sont pas vraiment mon affaire, beaucoup choisissent volontairement de rester dans leur confort. Je saurais faire bien des tâches qu’eux ne sauront pas, mais ma quête n’est pas la leur. C’est un choix, comme la tienne ici que de me confronter et vouloir devenir mon disciple.
Elle paraissait peu à peu empli d’une joie renouvelée, intrigante, le tout affublé d’une requête audacieuse. Hosen avait encore des choses à lui montrer, des points sur laquelle elle se trompait. La différence sur lequel notre homme n’était pas campé dans un rôle mais bien son être véritable.
Mais là où tu te trompes. J’ai mes désirs.
L’attitude du bretteur changea d’un coup, en un flot d’adrénaline et d’une aura conquérante proche de la bestialité. Un coup unique, plus fort, destiné à l’acculer et la dominer en quelque sorte, d’un pas unique. Contrairement aux autres, ses désires s'exprimaient d'une intensité plus ardente encore.
Le repos d’une taverne. Le nectar fruité des bières de ce monde. La chaleur d’une femme et de ses plaisirs charnelles.
Sec, imposant, dompteur. Il laissait échappait en une étincelle toute la force de ses envies et désires primaires dont son esprit et son âme n’ignorait rien, bien au contraire. L’absence d’émotions lui évitait surtout de ne pas être affecté ou bridé par celle-ci. Ses désires étaient une armes bien connu de sa personne. Un pas de plus, une attaque de plus.
Le sang et les tripes d’une ordure un peu trop fier de sa personne.
Cette fois, son aura devenait cruel, puissante, sanguinaire. Chacun de ses mouvements, de ses attaques et sa gestuelle illustrait parfaitement le contenu de ses paroles de façon subtiles, propre au subconscient si bien qu’elle pouvait aisément les appréhender. Puis le retour au calme et à la froideur, comme ce fut au départ.
Seulement, je sais les utiliser de la bonne manière, les assouvir et non croire les assouvir quant il le faut. Ce ne sont pas mes maîtres. Et toi, comment juges-tu ton envie de voir ce qui se cache derrière mon masque ?
Ce fait anodin devenait une façon de faire résonner en elle la leçon ou du moins les bribes de cette attitude qu’elle pouvait adopter, si jamais elle décidait d’explorer ses capacités de la bonne façon.
Pour être honnête, cet entraînement devait être l’histoire d’une seule fois. Quelqu’un avait proposé le Yamanaka en question de manipulation d’armes et de technique au corps-à-corps. Le choix idéal pour plonger doucement dans le monde shinobi. Riku ne pensait pas du tout rencontrer un loup solitaire aux paroles déchirantes. Plus les minutes passèrent, plus il arriva à jongler avec son épée, mais aussi les sentiments de son élève. Même si elle ne connaissait pas du tout la personne derrière le masque, la Asaara ne cacherait pas son admiration pour son aîné. Jamais ses genoux toucheraient le sol pour le supplier de la prendre sous son aile, ce serait pitoyable et hors du personnage, mais, dieu sait qu’elle souhaitait posséder les critères nécessaire pour être un semblant de disciple.
Elle se considéra très chanceuse de ne pas subir la colère du grand méchant loup après son fou rire, ou pendant. Intriguée par l’affirmation sur ses désirs, Riku écouta attentivement, tout autant surprise de subir des balayages plus féroces. Sa fine taille se réduisait face au colosse. Elle réussissait à contre-attaquer et maintenir une position plus ou moins stable, mais certaines paroles vinrent lui perturber l’esprit. Chaleur d’une femme ? Plaisir charnel!? Ce n’était plus ses joues, mais son visage entier qui devenait brûlant et rouge. L’idée d’un Hosen sans masque, dégustant une bière dans une taverne, c’était marrant. Pour le reste, elle évitait toutes les images que son imagination lui envoyait. Ainsi que celle d’un homme périssant sous les mains ensanglantées du solitaire.
Ses coups de nature violents et secs, commençaient à inquiéter la kazejin. Heureusement pour elle, ses bras bougeaient dans tous les sens que Hosen souhaitait la mener. Elle ne possédait plus le pas de la danse, mais plutôt la soumission face à l’homme.
« D-d’accord. »
L’affrontement se calma après le court discours, beaucoup trop visuel et pointu. Après un tel moment, la fatigue commençait réellement à hanter la kunoichi. Bouger entre la rapidité et le calme ne l’aidait pas à adoucir ses muscles. Mais elle n’arrêta pas. Son endurance se formait peu à peu. Repartant pour mener le slow, Riku attaqua de droite à gauche, réfléchissant à rien. Absolument le vide. Parfois, ses coups se montraient plus rapides et forts.
« Hosen, je ne sais pas du tout comment bouger avec mon instinct et non mes désirs. Tu es le premier à me guider sur cette voie. Les autres m’ont toujours dit d’avancer avec l’idée de mon rêve, donc, un souhait, un désir. Les seules fois où j’ai été en mode de survie, j’étais trop jeune pour réagir. »
Elle s’arrêta pour violemment frapper de haut.
« Concernant ton masque, je ne sais pas. » un autre coup arriva, toujours plus fort. « J’ai simplement envie de voir ta bouille. Peut-être que tu es une femme. » elle ricana en s’approchant toujours plus proche. « une récompense, je crois. Faire tomber le masque, contempler le visage de mon adversaire. Tu es effectivement une personne que je ne côtoie jamais. Tu m’intéresses, mais si je ne réussis pas à voir tes traits, je ne le prendrai pas mal. »
Riku attrapa solidement le manche de son épée et glissa à l'horizontale la lame de haut en bas, vers le visage d’Hosen.
Cette séance s’avérait finalement savoureuse aux yeux du soldat d’argent, même si ses enseignements ne prendraient sûrement pas la forme d’une relation de maître et élève comme ce serait le cas avec d’autres supérieurs. Dans le fond, le Yamanaka ne s’avérait pas supérieur vis-à-vis d’elle en termes de grade ni d’autorité et ne portait vraiment d’attention à ce système hiérarchique.
Son savoir demeurait gratuit, personnel et forgé par un ensemble de périples qui lui étaient propre. Riku pouvait l’accepter, y adhérer, le suivre au fil des prochaines jours parmi les rangs de l’empire. Ou simplement se tourner vers une personne plus scolaire, moins exigeante et profonde dans sa façon de voir les choses. Niveau escrime, force, endurance et mise en conditions, Hosen se disait satisfait pour aujourd’hui.
Il n’appartient qu’à toi de voir ce que tu veux. Je ne t’oblige à rien mais ne fait pas de toi mon disciple non plus. Tu aura le droit de revenir s'entraîner auprès de moi, si tu le souhaite. Mais tu sais ce que je ferai de toi et en quoi je te transformerai. Tu commences déjà à t’améliorer.
Cette fois, une nouvelle phase de violence s’empara de la fameuse Kunoïchi de poison, l’occasion de donner ses derniers élans d’adrénalines et de motivations quant au sujet fantasque de la vision de son véritable visage. Une récompense donc. Finalement, elle pouvait y accéder. Le loup solitaire avait trouvé une bribe de ce qu’il souhaitait voir chez la future guerrière en herbe.
Il changea d’attitude subitement, même si les derniers blocages exigèrent une intensité donnant peu à peu du poids à la maîtrise de son interlocutrice, assez pour éveiller l'intérêt du guerrier masqué. Sur le dernier mouvement, l’entrechoquement des lames clôtura avec surprise cette joute martiale alors que la poigne du Yamanaka venait saisir celle de sa partenaire d'entraînement, comme pour lui signaler de s’arrêter et observer. Proche l’un de l’autre. Voici que dans une lenteur languissant de suspens, le chasseur rangea doucement sa propre lame dans son fourreau, sa main servant d’immobilisation devant l’arme encore au dessus de lui.
Enfin. Le désir tant attendu. La réalisation de cette fougue mystérieuse. Ce serait bref et éphémère, mais elle aurait de quoi le grave dans son esprit. Ainsi, l’épée rangé dans son fourreau, sa main libre vint retirer lentement, seconde après seconde ce heaume qui rendait son apparence incertaine, jusqu’à se retrouver pupilles dans les pupilles de l’Asaara.
Tu as réussi à te battre un temps sans être porté par ton désir mais tes instincts. Alors voici ta récompense Riku. Profites-en. Ce sera court.
En effet, le temps qu’elle puisse se faire une idée sur quoi il remettrait son masque.
En quoi je te transformerai. Hmm. Cette pensée mijota, prenant une certaine ampleur sur la question de si oui ou non, devait-elle continuer cette fréquentation. Le loup solitaire pouvait probablement la forger en petite soldat forte et stable émotionnellement. Ses expériences faisaient de lui un homme à la parole très puissante. Riku calculait toutes les possibilités de ce duo, espérant ne pas trouver un mur négatif pour la cesser dans son élan d’appréciation.
Le combat cessa subitement, la main de son interlocuteur sur son poignet. Avait-elle commis une erreur ? Ils étaient à une distance très peu éloignés. L’homme pouvait clairement voir les émeraudes de sa partenaire. Bien que son épée se rangeait loin de tout attaque, la kunoichi ne baissa pas sa garde et scruta tous les mouvements d’Hosen. Elle cherchait ce qu’il tentait de faire pour la déstabiliser, encore une fois. Puis, sa propre lame se glissa doucement vers le sol.
Le bretteur prenait son temps, faisant presque trembler la jeune femme devant lui. Le masque enfin retiré, laissait les traits d’un trentenaire apparaître.
« Hosen.. tu es parfait ! »
Non le sang n’avait pas coulé, mais ce n’était pas toujours de la manière forte qu’on obtient ce qu’on veut. Ce visage correspondait à merveille avec la voix de l’homme et sa personnalité. La kazejin adorait celle qu’elle voyait et profitait des quelques secondes pour admirer le shinobi. Non le sang n’avait pas coulé, mais ce n’était pas toujours de la manière forte qu’on obtient ce qu’on veut. La demande de la jeune femme avait été respectée sans qu’elle insiste. Une rencontre banale qui se transforma dans une quête personnelle. Il lui offrait de s’entraîner avec lui, mais de ne pas porter le titre de disciple. Beaucoup auraient profité de la brune pour se trouver une élève prête à tout et les faire subir des petits combats simples et sans danger. Elle ne voulait pas ça. Ce qu’elle souhaitait, se trouvait devant ses prunelles. Hosen possédait la clé de son ascension. Et même si Riku ne se considérait pas nécessairement forte pour le suivre, elle n’abandonnerait pas cette chance de subir un changement.
« Je vais réfléchir à ma décision, mais je crois déjà connaître ma réponse. Nous nous reverrons bientôt, Yamanaka Hosen. »
Riku abandonna son arme à l’endroit requis et commença à s’éloigner. Star Killer bondit devant elle pour l’enlacer avec fierté. Il souriait comme un père devant son enfant qui marche pour la première fois. Les deux partagèrent un moment très fusionnel pendant quelques secondes, jusqu’à ce que le regard azur du fantôme croise la silhouette du masqué Yamanaka. Si sa voix pouvait être entendue, un long soupir se serait échappé, ou grognement. Doucement, le poison s’évapora dans l’air, laissant la Asaara continuer son chemin seul. Sans remarquer cette étrange scène, elle se retourna en saluant de la main son « mentor ». Elle ne pouvait que le remercier de cette magnifique journée.