| Baiser mortel [Takodokuja Nagazurui] | Date Junko  Avatar © : Ho-Oh - Pokémon Expérience : 39
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![Baiser mortel [Takodokuja Nagazurui] Empty](https://2img.net/i/fa/empty.gif) | | Dim 18 Aoû 2019 - 19:47 | | Le temps était à la pluie. Une pluie violente, froide, étonnante pour une journée d'été. Elle avait obscurci le ciel de ses nuages gris, et voila qu'elle lavait maintenant les pavés de Kiri, balayant jusqu'aux derniers passants trop inconscients pour s'aventurer dehors. Quelques rares insensés essayaient encore de passer entre les gouttes au pas de course, sans grand succès. Tous ceux qui étaient encore au-dehors étaient condamnés à être trempés jusqu'à la moelle. Et là-bas, au large, les marins devaient lutter contre la tempête pour garder leurs embarcations à flot. La mer était agitée. Le vent était agité. Et toute cette colère des éléments, si violente qu'elle soit, n'était que passagère.
Une accalmie. Pas d'éclaircie, vraiment, mais une sorte de trêve. La pluie cessa son constant battement, sa rafale de coups sur les pavés, jusqu'à disparaître complètement, ne laissant que des flaques comme souvenir de son courroux. Le ciel, lui, restait invariablement sombre. Le soleil ne filtrait que peu à travers la chape de nuage noirs, et la lumière qui parvenait à se faire une place dans un monde rendu obscur n'était que le pâle reflet des grandes illuminations de l'été. Ils n'étaient pas nombreux ceux qui profitèrent de cette accalmie pour pointer le nez dehors. Trop prudents, trop habitués aux tempêtes qui ne s'arrêtent que pour mieux reprendre, la plupart des habitants de Kiri restèrent cloîtrés chez eux, attendant.
Junko n'était pas de ceux-là. Elle n'aimait pas la promiscuité de son petit appartement et, quand il ne lui servait pas de refuge contre la chaleur torride des rues, elle préférait éviter d'y rester cloîtrée autant que possible. Aussi accueillit-elle l'arrêt de la pluie avec un certain enthousiasme. Dès que les gouttes calmèrent leur chute, elle s'enveloppa d'un long manteau écarlate, aux broderies d'or, et sortit de chez elle. Comme toujours, son bandeau frappé aux armes du village était noué à son bras gauche. Une sorte d'assurance qu'on ne l'embêterait pas, plus qu'un signe de véritable fierté à l'idée d'appartenir aux troupes de la Brume ...
Elle fila comme un démon carmin à travers les artères désertées. elle savait exactement où elle voulait se rendre. Par un temps comme celui-ci, l'on se prend souvent à chercher la compagnie de certains lieux qui, plus que les autres, mettent en exergue le romantisme de la météo, son caractère exceptionnel. Quel intérêt à être le témoin privilégié du déchainement de la nature si ce n'était pas pour en profiter pleinement ? Les rivages étaient des endroits de choix pour admirer les tempêtes. Mais Junko connaissait un endroit qui lui plaisait plus encore que les quais du port.
Elle les longea sans s'y arrêter, passant devant les navires encore malmenés par des flots remuants, certains d'entre eux abîmés par le premier assaut, d'autres - les plus petits - carrément écrasés contre les digues, puis devant les entrepôts où quelques errants traînaient leur misère, ruisselant d'une pluie qu'ils ne remarquaient même plus. Elle les ignora, et poursuivit sa route. Son pas était vif, décidé. Elle était prise d'une certaine excitation, à vrai dire, à l'idée de retrouver le lieu de sa destination.
Elle la vit: la jetée, qui partait du bout des quais pour s'enfoncer dans la mer, véritable sillon de pierres comme soigneusement agencées par quelque géant distrait. Junko sauta sur les premiers rochers avec souplesse, et s'avança, s'enfonçant vers le large sur ce chemin de roc. Le vent était plus fort là que partout ailleurs. Ses cheveux de feu, à l'éclat si terne par ce temps, voletaient furieusement autour de son visage, comme la crinière d'un lion fou. Les embruns lui fouettaient la face.
Mais là, au bout de la jetée, elle se sentait reine. Son manteau claquait derrière elle. Ses yeux étaient embués de larme tant le vent était fort. Et si quelques frissons parcouraient son échine, ils étaient autant dus au froid qu'à son excitation. Le monde était là, grandiose, et elle le regardait.
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