Shin n’est pas la personne le plus sociable qui soit. Dans un sens, c’est tout à fait normal. Après tout, il a passé la majorité de sa piètre vie, captif dans son propre sous-sol et à la merci de l’amour inconditionnel de sa mère – notez le sarcasme ici – puis ensuite dans une prison regroupant les pires scélérats de la planète. Ceci dit, même s’il a rejoint le grand continent ainsi qu’une organisation militaire imposante, se mêler à la populace n’est pas son premier réflexe. Comme tout bon Wasurejin, il se méfie énormément des étrangers. Cependant, plus le temps passe en compagnie de ses frères d’arme, plus il tolère leur présence. À un tel point que, après un entraînement de groupe, il fût invité à une soirée et il accepta.
À contrecœur, certes, mais je suis curieux de voir ce qui se passe lors de ces fameuses soirées de débauche.
Car oui, notre héros n’a jamais mis les pieds dans un bar. Ce n’est pas comme s’il avait eu la chance dans son pays natal. Encore plus spectaculaire ? Il n’a jamais bu ne serait-ce qu’une goutte d’alcool. Une fois libre, la curiosité l’avait piqué lorsqu’il était en formation à la capitale, à Hi no Kuni. Néanmoins, il était tombé par hasard sur un homme fraîchement sortit d’une boîte, empestant l’alcool jusqu’à l’extrémité de la ruelle. Après avoir constaté son état, Shinzo a fait la sage décision de passer son tour et rebrousser chemin.
Pourquoi gaspiller son argent sur quelque chose qui va te mettre dans un tel état ?
Peu importe l’angle qu’il examine la question, le jeune homme arrive toujours à la même conclusion : c’est inutile. Toutefois, il est bien curieux de voir pourquoi l’Homme se lâche sans contrainte dans ce vice. C’est principalement pour cette raison qu’il accepta d’en « ouvrir une froide avec les gars ». Une bière. Juste une – le plus gros mensonge des temps modernes.
Il arriva au bar en question en compagnie de quelques gars. Non, pas des amis. Des connaissances, au mieux. Pour une raison ou une autre, ces individus appréciaient bien Shin – il ne faudrait pas leur dire que ce n’est pas spécialement réciproque. Dès leur arrivée, ils commandèrent un pichet de bière blonde. La première impression qu’il eût de la cervoise n’était pas la meilleure.
C’est amer.
Apparemment, c’est un goût auquel on s’habitue. À voir. Pour le moment, le brun n’est pas impressionné et il se contenta d’un seul verre qu’il peina à terminer. Le goût lui monta rapidement jusqu’à la gorge. Mais bon, le dicton prétend que le palais s’habitue au goût amer de l’alcool avec le temps. Il se laissa distraire par le petit face-à-face se déroulant au fond de la pièce. Il se mêla à la foule, suivit de ses camarades, pour comprendre ce qu’il se passait. Il s’agissait d’un jeu, tout de bonnement. Un concours, pour ainsi dire. Shinzo observa sans grande émotion la bataille. Or, le mal d’un des joueurs réussit à lui arracher un sourire. Le vainqueur laissa sa place à une femme plutôt avide de débuter le jeu. Elle attendait un challenger. Shin continua à siroter son verre. Dans tous les cas, il n’y a aucune chance qu’il participe à ce jeu. C’est écrit dans le ciel que c’est une mauvaise idée.
On en a un ici !!
Qué ?
Avant qu’il puisse réagir, le groupe de gars qu’il accompagnait ce soir le poussa vers la table et l’obligea à s’assoir face à la mademoiselle. Il réalisa qu’il était trop tard de rebrousser chemin lorsqu’il aperçut la vingtaine de petits verres face à lui, sur la table.
Expliquez-moi les règles, au moins !
Lâcha-t-il d’un ton hargneux. Son humeur venait de changer complètement. L’ancien prisonnier n’était pas très content au sujet de sa situation. L’un de ses compagnons s’empressa de lui expliquer les règles du jeu. En bref, l’un doit lancer un défi à l’autre. Si la personne d’effectuer le défi, il doit boire. Au contraire, s’il effectue la tâche, c’est la personne qui a lancé le défi qui doit boire.
Simple, n’est-ce pas ?
Okay. J’ouvre le bal : frappe ce sale chien en pleine poire.