Une convocation. Encore une et toujours par la même personne : la Doyenne des Metaru. Tu trouvais que cette dernière commençait sérieusement à abuser de … ta gentillesse. En retour des services rendus par le passé, tu avais accepté d’aider le clan à rentrer en contact avec la Rébellion mais voilà que celle qui était à la tête de la Communauté des Anciens - groupe chargé de diriger le clan des manipulateurs de métal en l’absence de chef officiel - se permettait de te réclamer de tout et de n’importe quoi. C’était pourquoi aujoud’hui ? Escorter un éminent personnage ? Prendre le thé avec elle ? Chercher le chat qu’un miston du clan avait perdu ? … C’était pour le savoir que tu te retrouves, quelques minutes plus tard, chez la Doyenne. Près de cette dernière se tenait un Metaru que tu ne connaissais que par sa mauvaise réputation. Une renommée négative qui te rappelait toi autrefois. Cet homme était une rebelle que même ceux du clan Metaru avaient du mal à accepter les excès.
Sans même que l’ancêtre ouvre la bouche, tu avais compris ce qu’elle allait te réclamer alors tu la devances en lâchant un grand « Non » puis tu tournes aussitôt les talons, t’apprêtant à partir. Tu étais certaine que l’ancienne allait te confier la formation du Rebelle ; certainement pour mieux le préparer à la guerre qui se fomentait pour la libération de Kumogakure no Sato du joug de l’Empire du Feu.
- Yamiko ! Je t’en prie ! Supplie l’ancienne.
Le désespoir que tu parvenais à déceler dans la voix de la Doyenne te fait soudain hésiter. Tu cesses d’avancer puis, après un petit arrêt, tu finis par te retourner.
- Au sein du clan, tu es la plus apte à prendre en charge Reiji. J’aimerais que tu le prennes comme élève … Ne t’inquiète pas, je ne te confie que lui.
Parce que personne ne veut de lui, poursuis-tu dans ta tête alors que ton regard se pose sur le dénommé Reiji. A vrai dire, tu appréciais l’air mauvais de ce dernier. Il te faisait penser à ceux que tu fréquentais jadis au sien de la pègre de Kaminari. En vérité, le problème n’était pas le Rebelle mais plutôt toi. Tu n’avais pas envie de t’occuper d’une personne en plus de ton élève actuel, Shirō. Tu avais décidé de prendre en charge ce dernier car votre lien était bien plus qu’une simple relation professeur et élève. Vous entreteniez également un rapport intime et le fait qu’il fût ton élève pimentait quelque peu votre liaison. Or, tu ne désirais pas avoir la même relation avec Reiji bien que, dans le Clan Metaru, se marier entre cousins éloignés étaient très bien accueilli. Pour toi, Reiji ne sera donc qu’un simple disciple.
- D’accord, j’accepte mais ne me tenez pas rigueur si je le casse ! Tu fixes ensuite Reiji. Et toi, si tu ne tiens pas à souffrir, refuse tout de suite d’être mon élève car je ne te ménagerai pas ! ...
Comment aurait-il pu réagir autrement face à la provocation que lui lançait ouvertement Yamiko, en face même de la Doyenne du clan ? Lui à qui on avait rabâché un million de fois la bonne façon de se comporter face aux anciens et les nombreux interdits à ne pas franchir en leur présence. Lui qui s'était autant de fois fait réprimander à ce sujet qu'il n'avait distribué de torgnoles par simple frustration. De la voir effectuer son petit cinéma de pouffiasse lui titillait les phalanges, et il serait bien allé lui mettre son poing dans son petit visage de pimbêche si cela n'avait tenu qu'à lui. Sauf que non, il n'avait aucunement son mot à dire dans cette situation. Il avait beau être détesté par la grande majorité des membres du clan, et méprisé par le reste. Jouir d'une certaine liberté de mouvement de par sa situation quelque peu particulière, ici il pouvait juste la fermer et faire ce qu'on lui imposait.
C'était très explicitement ce que la vielle dame se tenant pas loin de lui s'était évertuée à lui faire comprendre pendant une bonne demi-heure avant l'arrivée de cette Yamiko. La Doyenne était membre de ce cercle très restreint des personnes n'ayant pas perdu espoir sur le cas de Reiji. Était-ce parce qu'elle ne pouvait pas se le permettre de par son statut de gérante, ou qu'elle était trop bornée pour renoncer, toujours est-il qu'elle ne l'abandonnait pas à son sort. Une belle épine dans le pied du caractériel qui n'avait pas encore trouvé comment s'en débarrasser. D'autant qu'il finissait toujours pas se plier à sa volonté, elle représentait après tout l'autorité suprême au sein des Metaru. Que ce soit une vieille peau ne changeait pas le fait qu'il lui devait un minimum de respect et d’obéissance. Les autres en revanche pouvaient bien aller se faire foutre, l'autre allumée la première.
T'inquiètes pas pour moi, j'ai vécu pire. Par contre, j'ai clairement vu mieux aussi.
Petite allusion au physique, un tacle facile en passant, histoire de lui faire comprendre qu'elle pouvait laisser tomber ses allures de divinités avec lui. Il en avait déjà connue des femmes de sa trempe. Trop belle pour s'attacher à une seule personne, trop dangereuse pour se lier d'amitié avec quiconque, trop importante pour accorder de l'importance aux autres. Trop vicieuse pour être digne de confiance. Sadique et détestable, aussi belle à l'extérieur que moche à l'intérieur. Elle ferait certainement une sensei remarquable, il fallait bien un caractère bien trempé pour en contenir un autre. Au sein du clan, quelques mots se glissaient à son sujet. Il n'y prêtait pas de réelle attention, les gens qui bavaient sur sa tronche étaient nombreux, il aimait se faire sa propre opinion. Ici, il ne lui avait pas fallu longtemps pour s'en faire une très claire sur la kunoichi.
Bon, Sensei, on commence quand ?
Qu'il lui lança d'un sourire provocateur, en ayant bien pris soin d'appuyer sur le terme Sensei, tout cela l'amusant beaucoup. Il savait que cette situation emmerdait Yamiko, ce qui suffisait à le rendre heureux. Faire chier les gens, c'était un peu comme une seconde nature chez lui.
Des pas sereins, tu t’approches de l’indocile puis, fièrement, tu te plantes devant lui. Le regard soutenant celui du factieux, tu accordes à ce dernier un beau sourire mais loin d’être généreux.
Tu avais compris la manœuvre de Reiji. Il cherchait à te provoquer mais il comprendra très vite que son petit jeu ne fonctionnerait pas sur toi. Tout comme lui, tu aimais jouer dans la provocation mais tu étais un être difficilement irritable. Quel intérêt y aurait-il à jouer le provocateur si on était soi-même irascible ? Tu supposes donc que Reiji était comme toi, très difficile à mettre en colère. Tu l’espérais en tout cas pour lui.
Tu avais l’impression de te voir à travers celui qui allait devenir ton élève. Son comportement te rappelait cet instant lorsque tu avais cherché à provoquer Shuuhei, le feu Nidaine Raïkage. Tu avais déployé beaucoup d’effort pour essayer de le sortir de ses gonds mais vainement. Tu avais juste réussi à l’amuser. Ton aîné était même parvenu à retourner ton arme contre toi. Tu ne pensais pas réussir à en faire autant avec Reiji mais tu décidais tout même de jouer à son jeu car cela t’amusait un tantinet.
- Tu vas commencer par préparer du thé. Tu ne partiras pas d’ici sans avoir présenté quelque chose de buvable. Et je te préviens je suis très exigeante en ce qui concerne le thé.
Tu te tournes ensuite vers la Doyenne qui se contentait de vous regarder dans le silence.
- Vous permettez Aya-sama ?
Sans même attendre la réponse de l’ancêtre, tu te diriges vers la cuisine, que tu connaissais plus que bien pour avoir vécu plus d’un an chez la Vieille.
- Suis-moi ! Ordonnes-tu à la Tête à claque.
Tu sors tout ce dont Reiji aurait besoin pour la préparation du thé.
- Si tu as besoin d’aide … oublie-moi !
Tu commences à sortir de la cuisine mais tu t’arrêtes soudain avant de te retourner vers « ton élève ».
- Évites d’y mettre des saletés car tu le goutteras en premier !
Sur ce, tu t’éclipses pour rejoindre la Doyenne restée dans le séjour …
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“ Veux-tu goûter à mon venin, Invité ? ”
Dernière édition par Gentoku M. Yamiko le Jeu 19 Déc 2019 - 17:21, édité 2 fois
Reiji attendait avec impatience qu'elle vienne lui en coller une, signe que sa provocation fonctionnait sur elle.
C'est ça, approche et vient m'en foutre une, qu'on rigole.
Ils ne se lâchaient pas du regard, l'un comme l'autre ne désirait pas baisser les yeux, une question de fierté. Il y avait une certaine tension dans la pièce, la Doyenne devait bien l'avoir ressentie, mais ne semblait pas avoir décidé d'interrompre la scène. Tant mieux, pour une fois qu'elle se mêlait de ses miches fripées. Yamiko se trouvait proche du Genin, qui ne cessait d'arborer un sourire moqueur, incitant à la violence, frissonnant presque d'excitation. Il se prenait au jeu.
Trop même.
La gifle claqua sèchement, mais n'eut aucun impact physique. Tout se passa psychologiquement, la kunoichi nouvellement sa sensei préférant répondre à son élève de la meilleure manière que l'on pouvait faire pour l'emmerder.
En l'ignorant, purement et simplement.
Comme s'il n'était rien, rien de plus qu'un larbin à qui elle ordonnait sans gêne de lui préparer le thé. Nouveau coup derrière la tête, être rabaissé au statut de bonniche. Elle était très sérieuse dans sa démarche, il n'y avait aucun doute là-dessus, ce qui fit monter la colère chez le Metaru, sentant son cœur cogner contre ses tempes, son sang bouillir. Impulsif, sujet à des colères qu'il ne parvenait que rarement à maîtriser, il était du genre explosif et démesuré. Pour autant, il resta silencieux et calme autant qu'il en fut capable, il n'y avait pas de quoi devenir fou de rage, juste bien contrarié. C'était le risque à jouer les connards, on finissait forcément par tomber sur plus malin, plus fort ou juste plus con encore.
Elle lui aboya de la suivre, et il se retint de lui rétorquer d'aller se faire foutre, enfin la présence de la Doyenne l'en dissuada. Il n'était pas chez lui, il savait montrer un minimum de respect et d'éducation quand il l'était décidé. Il arriva finalement dans la cuisine, première fois qu'il était autorisé à y pénétrer, contrairement à sa supérieure qui semblait être ici chez elle. Il avait rapidement compris le lien particulier qui l'unissait à la vieille, et le fait que cela ne jouerait absolument pas en sa faveur. Autant elle était une des rares personnes au sein du clan à le soutenir, autant ici il se heurtait à ce qui s'apparentait être sa chouchoute, la petite préférée. Point de jalousie, il n'aimait pas particulièrement recevoir de l'attention ou de l'affection, il laissait donc volontiers ce statut. Au contraire, moins on faisait attention à lui, plus on lui foutait la paix.
Donc l'idée, c'est que je te serve à boire de cette merde ? C'est super original comme séance d'entraînement...
Il versait dans le cynisme pour cacher son ennui, ou sa contrariété, comme bien souvent. Laisser paraître que cela l'affectait était hors de question, même s'il ne fallait pas être trop observateur pour le déceler. C'était comme écrit sur sa tronche. Et elle avait sale mine, en cet instant. Il poussa un profond soupir quand elle quitta la pièce, et agacé, fit valdinguer d'un coup de pied la table accueillant le nécessaire pour préparer le thé. Le tout vola à travers la pièce dans un vacarme assourdissant, et Reiji, qui redoutait le courroux de la Doyenne et de l'autre pimbêche déchanta en une fraction de secondes. D'un bond, il alla se planquer derrière le frigo, ne laissant entrevoir de sa cachette de secours que son buste. Suspicieux, aux aguets, il tendit l'oreille, les yeux plissés, le sens en alerte.
Quelques longues dizaines de secondes passèrent, et rien... Pas le moindre mouvement, ni son de voix n'émanait de l'autre pièce. Personne n'était arrivée en trombe pour lui écraser le visage suite à sa connerie.
Tout cela ne lui disait rien qui vaille... C'était calme, beaucoup trop calme.
J'préfère quand c'est un peu trop plus moins calme...
Le stress lui en faisait perdre sa syntaxe, et lui donnait quelques sueurs froides. Pour autant, après quelques minutes d'observation en planque, il dû se résoudre que rien ne viendrait. Dommage, cela voulait dire qu'il devait se remettre au travail. Bien emmerdant, selon lui. Il était mauvais en cuisine, si bien qu'il ne confectionnait jamais de petits plats fait maison, il achetait tout à faire réchauffer où se déplacer au restaurant directement. Il ne se préparait jamais de boisson chaudes non plus, réchauffant son gosier avec de l'alcool au bar ou des bouteilles chez lui. Par conséquent, il ne doutait pas un seul instant qu'il ne réussirait jamais cette épreuve. Du moins, pas avant l'année prochaine.
Comme en plus il n'avait pas choisi de finir sous les ordres de cette tarée sadique, qui ne cherchait pas à améliorer la situation mais se servir de lui, il décida bien vite de ne pas y mettre du sien. Cette coopération forcée serait un enfer, pour lui comme pour elle. Il n'y avait pas de temps à perdre pour le lui faire comprendre. Il ramassa à contrecœur la table et ce qui n'était pas cassé, ce qui était renversé serait réutilisé sans une once d'hésitation. Le reste, il farfouilla dans la cuisine pour le remplacer.
Première étape pour faire du thé, il fallait que l'eau soit servi bouillante. Du moins, c'est ce qu'il avait toujours pensé. Il alla remplir le récipient d'eau chaude, alluma le feu sur l'appareil pas loin et y plaça la bouilloire. Pour le reste, il se trouvait avec une grande variété d'épices, de fruits et de feuilles mais ne savait pas trop quoi en faire. Il décida donc d'y aller à l'instinct, comme un vrai bonhomme. Un peu de ci, un peu de ça. Lavande, gousse de vanille, verveine, clous de girolle, anis étoilée. Des raisins secs, quelques morceaux de bananes, abricots secs. L'eau étant bouillante, il éteignit le feu et s'empara de la nouvelle tasse, la première mise à disposition gisant en mille morceaux sur le sol. Morceaux qu'il n'avait pas l'intention de ramasser.
Alors, alors...
Il manquait l'ingrédient mystère, la touche finale.
Il se racla un moment la gorge, avant de poser délicatement un mollard dans l'eau chaude. Oh il se foutait complètement de goûter le premier, ce n'était que sa propre salive.
Il versa ensuite les ingrédients dans une théière et l'eau à la suite, mélangeant grossièrement le tout. On pouvait y voir à vue d’œil les grumeaux flottaient à la surface...
C'est prêt.
Il se pressa de revenir au près de Yamiko, l'ensemble du nécessaire à thé disposé sur un plateau entre ses mains.
Retournée auprès de la Doyenne dans le séjour, tu t’installes dans un coin, à même le tatami, puis tu te mures dans un silence, ne sachant pas quoi dire. Tenir une conversation n’était pas ton point fort mais tu étais encore moins douée quand il s’agissait de lancer une discussion. Surtout, lorsqu’il était question de s’adresser à des personnes aussi sérieuses comme l’était Aya. Tu n’avais cure du respect des anciens – du respect tout court d’ailleurs – mais tu avais conscience que parler des futilités avec l’ancêtre serait déplacé en plus du désintéressement possible de celle-ci sur le sujet abordé. Or, la frivolité était ce qui t’attrayait le plus dans ce monde. Ainsi donc, tu préférais rester dans le silence plutôt que de lancer l’ancêtre sur un débat qui s’annonçait sans importance pour sa personne.
Des fracas provenant de la cuisine interrompent soudain le silence mais, après un regard en direction de l’endroit puis entre vous, ni la Doyenne, ni toi ne daigne aller voir ce qui se passait. Toutes deux avaient compris que Reiji s’était énervé et qu’il ne servait à rien d’aller le réprimander tel un enfant. Malgré son immaturité évidente, il était après tout un adulte. Il fallait donc le blâmer comme tel. Il réparera ses bêtises si besoin, point final. En tout cas, il était hors de question pour toi de te comporter comme sa maternelle. Et puis, tu étais mal placée pour endosser le rôle d’un responsable car toi-même étais, en vérité, une irresponsable. Même si tu semblais savoir mieux te comporter que l’idiot du clan qui te servait d’élève.
- Je t’ai peut-être mis dans une délicate situation, Yamiko ? Finit par lâcher Aya, rompant le silence qui s’était instauré de nouveau dans toute la maison
Tu savais parfaitement que la Doyenne te posait cette question par pure délicatesse. L’ancêtre ne revenait jamais sur une décision qu’elle prenait toujours après une mure réflexion et non sur un coup de tête. Peu importait ce que tu allais lui répondre, tu étais certaine qu'Aya ne reviendrait pas sur l’affectation de Reiji « sous ton aile ». A moins que toi-même ne revinsses sur ta décision de former ce dernier mais, tu avais déjà trop de sales idées en perspectives pour Reiji pour le laisser partir maintenant.
- Il est vrai que vous me mettez dans une situation plutôt … difficile. Mais vous savez, moi je ne crois pas qu’il y ait de bonnes ou de mauvaises situations. C’est à nous de faire en sorte qu’une situation aille dans la direction que nous désirons.
Avoir Reiji comme élève n’était peut-être pas une situation très réjouissante pour toi actuellement mais tu feras en sorte qu’elle le devienne ; même si ça sera au détriment du bien-être de "ton élève". Malgré ta disponibilité à aider tes prochains de temps à autres, comme aujourd’hui, au fond tu restais une égoïste qui passait ses intérêts avant ceux des autres. Un mauvais fond qui perdurait mais qu’Aya ne semblait pas déceler, au vu de sa mine satisfaite par tes propos qui cachaient pourtant un sombre dessein pour celui qu’elle venait de te confier.
Reiji qui apparaissait avec son thé attire votre attention mais rien que le mélange des puissantes senteurs à agresser les narines qui émanaient de la théière - posée sur le plateau entre ses mains - t’avaient dégoutté de déguster sa préparation. Un breuvage que tu ne comptais pas goûter de toute manière, qu’il fût bien préparé ou pas car tu n’avais la moindre confiance en Reiji. Tu étais certaine que la Tête à claque était prêt à avaler de la saleté pour le simple plaisir de t'humilier. Néanmoins, l’effluve nauséabond t’offrait un prétexte légitime pour ne pas toucher à sa boisson plus que suspecte.
- Tu y as mis un rat mort pour que ça sente aussi mauvais ? … Dégage ça de mon nez et va refaire un autre ! Fait au moins en sorte que ça sente agréable cette fois !
Avec une certaine impatience, tu attends la réaction du rebelle du clan des manipulateurs de métal. Peu importait comment Reiji allait réagir, tu allais lui faire comprendre que son insolence ne parviendra jamais à t'atteindre. Qu'à ce jeu, il ne gagnera jamais contre toi qui restais, au fond, une véritable effrontée derrière son masque de la kunoïchi obéissante à la Doyenne des Metaru …
Arrête un peu tes conneries, ce thé sent meilleur que toi !
Il grimaçait, agacé par son comportement de gamine. Elle y mettait une grosse dose mauvaise foi, il en était persuadé. Elle avait l'avantage ici et en profitait de trop, la vieille peau étant dans sa poche, son grade et sa nouvelle position appuyait ce sentiment de supériorité qu'elle exerçait sur le Metaru récalcitrant. Ce n'était pas ainsi qu'elle gagnerait son respect, mais probablement qu'elle se fichait totalement de ce fait, préférant jouir des droits qu'elle obtenait en devenant sa supérieure directe. Devenir l'élève d'une telle personne était la dernière chose dont il avait envie à cet instant, et la situation ne faisait qu'empirer ce sentiment. Rien de positif ne semblait pouvoir être tiré d'une telle collaboration, la Doyenne faisait une grave erreur, tout aussi intelligente pouvait-elle être, cette décision frôlait le ridicule. Il fallait croire qu'il s'était trompé sur son compte en pensant qu'elle n'était pas aussi perdue que les autres vieux du clan.
Je vais t'en refaire un, et crois-moi celui-ci si tu prends pas la peine d'y goûter, c'est sur la tronche de la vieille peau qu'il va finir. Je me demande si ça résiste encore à de l'eau bouillante à cet âge-là... ?
Il afficha un sourire mauvais, imaginant déjà le faciès de la vieille dame se dissoudre sous la chaleur brûlante de son thé. Reiji n'était pas totalement mauvais, mais il y avait au plus profond de lui une noirceur inquiétante qui se manifestait régulièrement quand des sentiments contrariants ou des émotions négatives s'installaient dans son esprit. Il était en quelque sorte victime de ce qu'il ressentait, cela empoisonnait directement son cerveau. Il ne cherchait pas spécialement à faire le mal, c'était ce dernier qui venait directement à lui. Lui, tête brûlée et impulsif qu'il était, il n'écoutait personne et agissait en fonction de son état psychologique du moment, par impulsion, envie, sans prendre la peine de peser le pour et le contre de ses actions. C'était ce qui le rendait si dangereux pour les autres, ainsi que pour lui-même. Yamiko n'avait pas l'air d'être le genre de sensei a vouloir aider ses élèves, plutôt l'inverse...
Il était de retour dans la cuisine, et déversa l'entièreté du thé, jugeait mal odorant par sa majesté Poufiasse, sur le sol de la pièce. Cela ajouterait un peu plus au désordre qui commençait à prendre possession des lieux, et défoulait également le jeune shinobi qui perdait peu à peu patience. Pourtant, il accepta de renouveler sa tentative de concocter un autre thé, qui puerait moins cette fois, pour ne pas déranger les narines sensibles de l'autre garce. Cela lui pris plus de temps que la première fois, surtout car il chercha le meilleur moyen d'empoisonner la boisson sans que l'odeur trahisse ses intentions. Il avait décidé de leur jouer un petit tour plus excitant que le simple crachat. Il y mettrait de quoi les assommer, les endormir, et leur coller une chiasse de tous les diables en leur faisant croire, une fois qu'elles auraient bu, que c'était du poison mortel l'ingrédient mystère.
Il revint ainsi, au bout de trois longs quarts-d'heure, les bras chargé d'un plateau contenant la théière et trois autres tasses. Pour leur faire boire sa petite concoction, il allait devoir employer les grands moyens. Par chance, il aimer duper son monde en jouant la comédie. Mentir était devenue une chose banale chez lui. Il déposa ainsi son plateau sur une petite table de bois, et invita les deux femmes à le rejoindre, pour y prendre le thé. Les trois tasses furent remplis, et il fit exprès de tourner son regard vers la plus ancienne des deux Metaru. Ses bonnes manières la pousseraient sans doute à goûter ce thé, par simple respect pour la personne qui s'était donné un mal de chien à le faire. Si au passage elle pouvait pousser Yamiko à en faire autant, c'était tout gagné. Reiji de son côté, s'apprêta à boire quand il suspendit son geste à la dernière seconde, se souvenant soudainement d'une chose.
Vous savez... ça me fait penser à la fois où j'ai tenté d'enfermer mes petits frères dans le vieux puits à l'abandon pas loin de chez nous...On pourrait croire à une blague, mais il affichait un air très sérieux...Ils étaient un peu stupides, et très lourds par moment, alors j'ai eu l'idée de leur donner une bonne leçon. M'a fallu que cinq minutes pour les convaincre de rentrer dans ce foutu puits, je leur avais mentis en leur faisant croire que ça faisait parti d'une initiation du clan, qu'un vrai Metaru digne de ce nom devait être capable d'aller toucher le fond et de revenir par ses propres moyens.Il ricana un instant, ce souvenir avait l'air de beaucoup l'amuser.Enfin bref, quand ils y sont rentré, j'ai immédiatement bloqué la sortie avec des planches de bois et une grosse pierre posée dessus !
Il s'enflammait, passionné par sa petite histoire.
Et genre pour bien leur faire peur jusqu'au bout et qu'ils flippent de mourir dans ce vieux trou pourri, vous savez ce que je leur ai balancé ?!Il se racla la gorge, pour s'assurer de parler bien distinctement.Je leur ai dis "Cette pierre... sera votre pierre ! AHAHAHAHAH !" Vous m'avez compris ? Votre pierre, la pierre tombale, vous saisissez ? Non parce que j'avais aussi pensé à "Bande de chacals, vous allez tous crevez comme des chacals !", mais ça faisait deux fois chacals, donc... Quoi ? On dit des chacaux ?
Le doute le saisissait à cause du regard désapprobateur que lui lançait Aya, semblant contrariée par ses dires sans qu'il ne sache vraiment pourquoi. Ou alors était-ce le thé qu'elle avait finalement bu et qui n'était pas à son goût ?
Comme il fallait s’y attendre, la Tête-à-claque se montre fort agressif à ton égard mais aussi envers la Doyenne qu’il avait même menacé de défigurer avec de l’eau bouillante si tu ne daignerais pas déguster sa prochaine préparation de thé. Menace que l’ancienne et toi-même saviez que Reiji était capable d’exécuter et pourtant, vous gardez votre calme. Vous vous contentez de fixer l’emporté dans le silence jusqu’à ce que celui-ci disparaisse de nouveau dans la cuisine.
- Ma pauvre cuisine ! Lâches la Doyenne avec un certain désappointement, devinant le triste état dans lequel l’endroit devait se trouver. Peux-tu mettre un terme à votre jeu puéril maintenant ? Avant qu’il ne détruise complètement ma cuisine !
Tu réponds par un silence mais, intérieurement, tu avais décidé de ne pas faire durer « le jeu » de toute façon. Tu commençais à t’en lasser et puis, tu savais pertinemment que Reiji ne ferait jamais l’effort de réaliser un thé buvable. Tout ce que tu réussirais à faire serait de lui mettre encore plus en colère. Chose que tu aurais cherché à obtenir dans d’autres circonstances mais, présentement, aggraver la situation n’engendrerait rien de bon. Cela ne ferait que porter préjudice à la Doyenne.
Bien que la Tête-à-claque et toi sembliez avoir en commun l’amour pour les discordes, vous vous révéliez cependant être l’exact opposés niveau personnalité. Reiji avait hérité du côté impulsif des Metaru - à l’image du feu Reiko - alors que toi, malgré ton sale caractère, tu étais de nature imperturbable. Il est difficile de te faire sortir de tes gonds alors que le rebelle du clan semblait partir au quart de tour à la moindre contrariété. Caractère qui t’amusait ordinairement mais, dans le cas présent, tu aurais préféré que Reiji fasse un effort de faire ce que tu lui demandais correctement. Cela aurait tellement facilité les choses pour tout le monde mais il faut croire que c’était trop espéré de ta part.
Reiji réparait un quart-heure plus tard avec un nouveau breuvage. Il vous sert mais, toujours décidée à ne pas goûter à la moindre des préparations du factieux, tu ne touches pas à ta tasse mais la Doyenne attrape la sienne. Tu fixes l’ancêtre d’un regard qui l’invitait à de ne pas boire le breuvage mais, pour une raison qui te dépassait complètement, elle porte le récipient à ses lèvres et descend quelques goûtes de son contenu. Alors que tu demandais pourquoi Aya avait bu le thé de Reiji, qu’elle devait savoir pourtant contenir des saletés, le jeune Metaru se met à vous raconter une anecdote de son passé. Une histoire qui illustrait bien son côté méprisant et qui ne te surprenait guère.
- Oh ! Cette nuit j'ai fait un rêve, je gagnais un million de ryos ... Et avec je m'achetais une paire de chaussure, trop grande et puis moche en plus ! Et le comble c’est que je ne porte jamais de chaussures. Balances-tu soudain, cherchant à faire comprendre à Reiji que son petit récit sur son méfait passé ne t’intéressait guère. Intéressante comme histoire, n’est-ce …
Tu ne parviens pas à terminer ta phrase car la Doyenne s’écroule soudain. La tasse qu’elle tenait tombe et le liquide qu’elle contenait se répand sur le tatami. Restant à ta place, tu fixes Reiji d’un regard sombre.
Les femmes ne s'arrêtaient jamais de l'ouvrir, elles discutaient sans cesse de choses futiles. Qu'est-ce qu'il pouvait bien en avoir à carrer de ce que l'autre folle avait rêvé cette nuit ? De chaussures en plus ! Là où l'histoire le fit sourire intérieurement, c'était quand elle mentionnait le fait que la paire soit trop grande. Comment des chaussures pouvaient être plus grandes que les énormes panards de la Metaru ? Ce n'était pas car il n'y avait pas sa taille de disponible qu'elle était obligée de marcher pieds nus ? Reiji se retint de la ramener, déjà qu'il trouvait cela ennuyant, et puis surtout il espérait qu'elle finisse par boire son thé par inadvertance, distraite par sa petite histoire. Pourtant, la surprise vint de la Doyenne, cette idiote avait réellement était assez stupide pour oser goûter son thé. Là voilà qui s'était effondrée à ses pieds, le regard éteint, la tasse renversée et le tatamis souillé de la boisson.
Ah bordel... Pas ça ! C'est encore moi qui vais devoir frotter pendant une heure !
Il pesta, avant de rapidement comprendre que l'état actuel de la vieille était sans doute plus inquiétant que la corvée qui l'attendait. Si on faisait le calcul, un membre détesté de son clan qui assassiné ''accidentellement'' la meneuse actuelle de ce dit clan, finissait dans l'heure qui suivait délesté de sa tête. Déjà que la moitié des Metaru préféraient voir ce membre récalcitrant en exil plutôt que dans leur domaine, s'il leur donnait la raison parfaite de l'éliminer une bonne fois... Ce constant parvenant avec un temps de retard à la caboche du Rebelle, l'expression de son visage vira brutalement, cédant à la panique. Sans même prendre le temps d'appliquer un réflexe simple mais utile consistant à vérifier son pouls, il se rua dans la cuisine, à la recherche d'un grand verre qu'il inonda d'eau fraîche. Pour un écervelé de son espèce, de l'eau bien fraîche pouvait bien guérir d'un empoisonnement dont l'auteur lui-même ne connaissait la composition.
Reiji... Buvez ça Aya-sama, ça va vous refaire une santé !Il se trouvait à genoux, le dos de la Doyenne en appuis sur ses cuisses, la forçant à avaler des gorgées de son verre.Voilà, comme ça... Reiji... ! Deux secondes bordel, je lui sauve les fesses ! Calmes-toi, Tête à Claques, elle va pas Excuse-moi d'en faire tout un sac mais je vais finir dans un crocodile peut-être !!!
Oui, il perdait un peu le contrôle de ses émotions, légèrement. Quiconque le connaissait un tant soit peu, même de par sa triste réputation, en avait connaissance. Cette histoire de crocodile ? Un traumatisme de son enfance, un de plus. Son grand-père, le vieux Metaru Shinjiko, adorait raconter des histoires à ses petits-enfants. Toutes plus affreuses les unes que les autres, nombreuses étaient celles qui avaient marqué la mémoire de ses pauvres petits êtres innocents et naïfs. Parmi elles, celle de la terrible sentence qui était infligée aux traîtres à leur clan. On raconte que la Communauté des Anciens garde dans un endroit secret de tous, un terrible reptile. 400 kilos de muscles, trois mètres de long, des mâchoires pouvant broyer le métal le plus robuste et des yeux perçants annonçant le funeste sort qu'il vous réserve. On dit que c'est dans sa gueule que finisse les traîtres ayant commis l'irréparable, le meurtre d'un des leurs.
Hors de question que je me fasse bouffer par ce foutu Goliath ! Elle est pas morte, imbécile. J'ai vérifié. Elle respire. Oh... ?
Oui, oh. Ce petit son de bouche qui témoigne de votre stupidité et de la pleine prise de conscience de toute l'absurdité de votre comportement. Ce moment gênant où votre sensei vous toise d'un regard désapprobateur, comme une mère devant son petit qui vient de faire une bêtise. C'était un peu ce qu'il était en l'état, un gamin pris la main dans le sac, honteux de son geste. Son comportement l'avait poussé encore une fois à aller trop loin. Il se racla la gorge, détourna le regard, avant de déposer délicatement la tête de l'ancienne sur le sol, afin de pouvoir se relever. Sans un mot, il s'éloigna pour aller s'isoler dans un coin de la pièce, ne sachant pas combien de temps cela prendrait à la vieille peau pour se remettre de ses émotions. Il n'avait pas envie de discuter avec Yamiko, pas pour l'entendre se foutre de sa tronche ou le rabaisser. Il avait eu sa dose de complications pour la journée...
Tu tâtes les pouls de l’ancienne pendant que Reiji s’éclipse dans la cuisine pour revenir ensuite avec un récipient rempli d’eau qu’il se hâte de faire boire à sa victime. Tu tentes de l’arrêter mais la panique qui semblait s’être emparée du Rebelle, le forçait à persévérer dans son acte que tu trouvais pourtant insensé. Tu aurais bien laissé la Tête-à-claque dans sa détresse mais tu avais peur que celui-ci n’aggrave l’état de l’ancêtre alors tu lui annonces que cette dernière était toujours en vie. Nouvel qui semble soulager soudain le Rebelle. Attitude qui prouvait que, malgré son mauvais acte, il ne tenait pas à tuer. Du moins, il ne semblait pas souhaité la mort d’Aya mais de la tienne, peut-être. Possibilité qui effleure ton esprit mais auquel tu n’aurais certainement jamais de réponse car au lieu de poser la question à Reiji, tu prends la Doyenne dans ses bras pour la porter ensuite jusque dans sa chambre, où tu l’allonges sur son lit. Puis, tu reviens dans la pièce principale où la Tête-à-claque s’était isolé dans un coin.
- Au lieu de te morfondre dans ton coin va plutôt ranger les bordels que tu as foutu dans la cuisine ! Je vais chercher un médecin pour ausculter la Vieille. Mets de côté ce que tu as mis dans le thé, au cas où le médecin voudrait le savoir.
Sur ce, tu te diriges vers la sortie avant de t’arrêter après quelques pas.
- Ne t’en fais pas, elle va s’en sortir, tentes-tu de rassurer « ton cousin », sans même te retourner puis, aussitôt tu disparais de la maison.
A peine tu étais sortie que deux petits enfants de la Doyenne se précipitent dans la demeure de cette dernière. Ils freinent brusquement leur course en voyant Reiji puis tentent de se cacher derrière un pan de mur. Une petite fille - qui devait avoir dans les sept ans - sort sa tête puis se cache de nouveau puis répète le geste plusieurs fois tout en sortant un « On me voit ! On me voit plus ! On me voit plus ! On me voit ! On me voit ! On me voit plus … » jusqu’à ce que son frère l’arrête puis sort de leur cachette pour faire face à Reiji.
- Je t’interdis de faire du mal à ma sœur, méchant homme au cou de métal !
Tout en menaçant oralement le Rebelle, le petit garçon - qui allait sur ses dix ans - pointait vers Reiji ce qui ressemblait être à un couteau. Ce dernier présentait un aspect bien grossier et difforme. L’objet était entièrement métallique, même le manche. La lame était loin d’être affûtée et la pointe n’était point acérée. L’arme loin d’être dangereuse était l’œuvre même du jeune Metaru qui aimait jouer au héros.
- Arrête grand frère ! Maman a dit que ce n’est pas un méchant Monsieur mais qu’il a juste besoin d’aide, intervient la petite sœur qui s’avance ensuite vers le Rebelle de leur clan. C’est vrai que vous avez besoin d’aide, Monsieur ? … Est-ce que je peux vous aider ?
C’est d’une voix douce et sans émettre la moindre frayeur que la petite fille questionne Reiji qu’elle fixait de ses gros yeux où reflétait une pureté encore intacte …
Il n'avait pas envie de l'avoir dans les pattes, mais comme chacun des Metaru composant le clan, elle décida de ne pas prêter attention à ce qu'il voulait. La dernière personne qui avait pris le temps de l'écouter sérieusement était sa mère, après avoir vu son propre fils tabassait violemment l'homme qu'elle aimait. Il y avait une telle rage qui se dégageait de sa progéniture ce jour-là qu'elle en fut choquée pour le reste de ses jours. Cette image ne quitterait jamais son esprit, hantant ses pensées. Reiji pensait que cet enfoiré l'avait bien cherché, à toujours profiter de la moindre de ses erreurs pour le frapper, se défouler sur lui. Il en avait eu marre d'être le souffre-douleur et s'était chargé de faire arrêter les frais. Ici, à venir le pousser alors qu'il avait besoin de récupérer dans son coin, de se calmer, Yamiko s'exposait au même risque. Le Rebelle pouvait péter un câble à tout moment et vouloir lui défigurer ce joli petit minois dont elle devait être si fier. « Tseuh ! Qu'elle crève la vieille peau, je m'en cogne ! », se contenta-t-il de répondre à sa sensei.
Ce qui n'était pas vrai, mais qui traduisait parfaitement le désordre régnant au plus profond de son être. Il s'inquiétait pour la Doyenne, naturellement, ce n'était pas un tueur de sang-froid et il respectait en quelque sorte la vieille dame. Elle ne le traitait pas comme un paria, un mouton noir, un étranger et n'avait de cesse d'essayer de faire évoluer positivement les choses pour lui. Seulement tout cela était mis à mal par une haine profonde pour les relations humaines, les personnes en général, une colère sourdre troublant son être et le poussant à agir bêtement comme aujourd'hui. Il ne se contrôlait pas, prisonnier de son impulsivité. Consumé par un fort sentiment d'injustice et une solitude éternelle, il ne pouvait que répéter ses erreurs, encore et encore. En voilà une de plus qu'on ne manquerait pas d'exposer en place publique, pour l'humilier davantage. « Je les emmerdes tous. » Il pénétra dans la cuisine, se rappelant du chantier qu'il avait causé.
Si l'autre pouffe croit que je vais jouer les femmes de ménage...
C'était bien mal le connaître, sa cuisine, sa merde. Par contre, il y avait un intérêt à revenir dans cette pièce. Elle souhaitait qu'il mette de côté les ingrédients utilisés pour la concoction du dernier thé. Il avait une toute autre idée en tête. Au lieu de s'exécuter et donner les preuves pour se faire taper sur les doigts, il ferait tout brûler. La cuisine disposait d'un coin pour y faire chauffer des chaudrons, il y démarra un feu à cet endroit et commença a y jeter les preuves. « On me voit ! On me voit plus ! On me voit plus ! On me voit ! On me voit ! On me voit plus … » Il ne les avait pas vu jusqu'ici, trop absorbé par ses problèmes, mais la voix de la petite fille l'alerta de leur présence. « Qu'est-ce que vous foutez ici les mioches ? » fut la première chose qui s'échappa de sa bouche, lui qui craignait qu'ils aillent cafter ce qu'il était en train de faire. « Je t’interdis de faire du mal à ma sœur, méchant homme au cou de métal ! » Il le menaçait d'un couteau à la lame ridicule, qui ne servirait même pas à trancher du beurre.
Si j'ai besoin d'aide... ? Je peux savoir c'est qui ta maman ?
Il s'avança à son tour vers elle, intrigué. Le frère, en homme de famille qu'il pensait être, eut un mouvement d'intimidation envers Reiji, qui se moqua. « Gamin, si tu penses pouvoir tuer le grand méchant homme au cou de métal avec ton cure-dent, tu arrives dix ans trop tôt. » Il observa tour à tour les enfants. « Retournez vous coucher, le Croque-Mitaine va pas tarder à passer, et cette nuit... il vient pour vous. » L'expression du visage qu'il arborait et le ton employé fit frissonner le frère et la sœur, mais cette dernière ne voulait pas lâcher l'affaire. « Monsieur, vous allez nous protéger si le méchant Croque-Mitaine vient nous faire du mal, c'est vrai non ? » Reiji laissa échapper un soupir, désespéré. Qu'avait-il bien pu faire pour mériter un tel acharnement du destin ? Il devait finir de brûler les ingrédients avant le retour de l'autre emmerdeuse et du docteur.
Euh... oui ! T'as bien raison, je vais vous protéger ! Mais pour ça, vous devez me laisser préparer ma potion magique tranquille ! Allez voir si on a pas besoin de vous par là-bas ! Moi, je vais rester là pour raviver le feu, parce que des fois, il se déravive.
D'un geste de la main, il les poussa à déguerpir d'ici, et retourna à son labeur, terminant de mettre au feu ce qu'il restait de sa préparation de thé. Quand il pensa en avoir terminé, il ne se fit pas prier pour foutre le camp à son tour et s'éclipser avant que les ennuis lui tombent dessus. Yamiko lui avait assuré que la vieille ne craignait rien, plus rien ne le retenait désormais.
- Ma maman ? C’est maman, répond innocemment et avec une certaine incertitude la petite fille, à la question qui lui avait posé Reiji.
Se révélant moins courageux qu’il voulait le laisser croire, le petit garçon attrape sa petite sœur par un bras puis l’entraîne de force vers la sortie. Le Rebelle du clan avait réussi à le faire peur, rien que par ses mots, qui n’étaient pourtant pas si menaçants quand on connaissait les propos bien plus agressifs qui pouvaient se déverser de la bouche de la Tête-à-claque. Rapidement, les deux enfants avaient quitté la demeure de leur arrière-grand-mère, sans se demander où pouvait bien être cette dernière, à qui ils avaient souhaité faire une visite surprise.
***
Te voilà de retour au domicile de la Doyenne, accompagné d’un médecin. Tu amènes ce dernier dans la chambre de l’ancienne avant de te diriger vers la cuisine que tu retrouves dénué de présence et toujours en désordre. Tu n’étais point surprise de constater la disparition de Reiji sans avoir rien rangé comme tu lui avais demandé. Tu aurais été plutôt étonnée de le voir s’exécuter.
Dans la pièce flottait également une odeur étrange. Tu comprends vite d’où provenait l’exhalaison voyant le coin de feu toujours fumant. Reiji avait certainement brûlé les produits que tu lui avais demandé de mettre de côté, pensant probablement que tu allais le dénoncer. C’était mal te connaître de penser ainsi et c’était effectivement le cas. Toi et le Rebelle avaient beau vivre au sein d’un même clan, vous n'étiez que des étrangers l’un pour l’autre.
Tout d’un coup, tu ressens comme un accroissement d’énergie, une sorte de force bestiale t'envahir et qui te pousse à adopter une posture d’un être prêt à en découdre avec un autre et très sûr de lui. Tu ouvres et refermes les poings à maintes reprises, tu inclines la tête de gauche à droite.
- Et c’est qui le lion maintenant ?
Ta propre voix qui venait de prononcer cette phrase hors contexte et dans le vide résonne dans ton esprit. Celle-ci t’amène à réfléchir sur ce qui t’arrivait puis tu sors subitement de la cuisine, comprenant que ton état était certainement lié à l’effluve qui flottait dans la pièce. Hors de cette dernière, tu retrouves rapidement ton esprit et retournes auprès du Médecin et Aya. Tu aérerais la cuisine plus tard.
Tu avais raconté ce qui s’était passé au docteur, sans lui avoir révélé le nom du coupable et tout en disculpant ta propre personne. Tu ne cherchais pas à protéger le Rebelle, dont le sort t’importait, mais tu savais que la Doyenne ne le dénoncerait pas. Tu connaissais assez bien l’ancienne pour croire qu’elle avait fait exprès de boire la préparation de Reiji, tout en sachant que celle-ci n’était pas saine. Elle avait beau être âgée, elle avait encore toute sa tête, autrement, elle ne siégerait pas au poste le plus haut existant actuellement au sien de son clan. Tu la soupçonnais d’avoir souhaité faire culpabiliser la Tête-à-claque en se rendant malade en buvant le thé toxique mais l’ancêtre ne s’attendait certainement pas à ce que le breuvage la mettrait dans un état aussi critique.
- Elle souffre d’une sévère intoxication. Chez certains, le breuvage n’aurait certainement entraîné qu’une nausée ou un mal de ventre mais la fragilité dû à son âge a engendré des conséquences qui auraient pu lui être fatales ... Le mélange de certains ingrédients, même curatifs, peut s’avérer mortel ! … Je vais vous prescrire des plantes qu’il faudrait infuser ensemble puis lui faire boire régulièrement. La concoction lui nettoiera l’estomac et aidera son corps à éliminer la toxine.
L’homme se tourne vers toi et cherche à captiver ton regard.
- J’ai bien compris que vous ne tenez pas à dénoncer le responsable de son état et je garderai tout ceci pour moi, comme vous me l’avez demandé, mais sachez qu’un simple jeu ou une farce peut entraîner une mort accidentelle !
L’homme te confie la liste des plantes médicinales puis quitte la demeure de la Doyenne.
Tu avais parfaitement saisi ce que le Médecin avait essayé à te faire comprendre. Et c’était certainement la leçon que la Doyenne avait cherché à assimiler à Reiji. Il fallait savoir ménager ses actes si on ne souhaitait pas se rendre coupable d’un incident qu’on ne désirait pas voir se produire. Un homicide involontaire pouvait vite arriver, par exemple. Un avertissement que le Rebelle du clan Metaru n’avait certainement pas inculqué aujourd’hui, malgré ce qui s’était produit …