| Les graines du mal [Part I][Solo] | Shinrin Shinpachi  Avatar © : Shishio (Kenshin Le Vagabond) Expérience : 0
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"Tu comprends, Shin’. Ils ne nous laisseront jamais faire. "
Il regarda son cousin éloigné avec un doute dans le regard qui en disait long sur le scepticisme qui tapissait le fond de sa pensée. Nobutada avait cette tendance à vouloir tout exagérer et pourtant, sous certaines perspectives, Shinpachi ne pouvait qu’admettre qu’il n’avait pas si tort. Mais le plan que son cousin lui proposait à présent était d’un grand danger et pouvait compromettre à jamais leur place au sein du clan Shinrin. Pénétré de cette idée, le jeune chapardeur ne pouvait donner son aval sans réflexion. Cependant, Nobutada connaissait bien son associé et, profitant des doutes qui l’habitaient, il insista encore plus vivement. Il savait qu’il ne devait pas laisser à Shin’ le temps de réfléchir. Dans la précipitation, il avait tendance à dire trop souvent oui.
Shinpachi et Nobutada se connaissaient depuis longue date. Tous deux fils uniques dans leurs familles respectives, ils avaient bâti comme une sorte de fraternité de circonstances à force de faire les 400 coups ensembles. Dans le lot, Nobutada était sans doute le plus rusé puisqu’il avait réussi à ne jamais prendre de risques inconsidérés ; cette tâche, il la laissait volontiers à Shinpachi qui avait toujours tendance à vouloir aller trop loin. Au bout du compte, le cousin du chapardeur devint presque en quelque sorte son ange noir ; s’il ne lui voulait, au fond, que du bien, il était souvent le point de départ de la plupart de ses problèmes.
Posant ses pupilles brunes sur le faciès intrigué de Shinpachi, le plus persuasif des deux cousins commença à montrer de faux signes d’impatience. Dans un mouvement frénétique, il secouait sa jambe, et puisqu’ils étaient tous deux assis en tailleur cela était parfaitement visible voire même dérangeant.
"Je ne veux pas te forcer, mais il faut que tu prennes une décision, et vite. Je suis attendu par ma famille pour un repas de veillée, avant de partir en mission. "
Eclairés par quelques bougies, les deux olibrius avaient profité de la nuit douce et profonde qui avait presque engloutie la Lune pour se rencontrer avant que Nobutada ne parte en mission, pour une durée qui sans doute avoisinerait la semaine, puisqu’il devait faire le voyage jusqu’à la frontière et mener plusieurs inspections là-bas. Loin d’être sot, il avait tout anticipé pour se retrouver, avec Shinpachi, en crise de temps, ce qui lui donnait un moyen de pression supplémentaire. Aussi sournois le chapardeur pouvait-il être, il avait tout de même quelques principes bien enracinés dans sa personne et c’est sur cela que Nobutada avait appris à jouer.
"Ce n’est pas que je veuille esquiver, mais… Stop."
Le manipulateur monta sa paume devant lui, comme on fait pour arrêter un convoi, avant de couper court aux tourments de Shinpachi. Insidieux désir d’asseoir sa place, et de chasser de l’esprit de sa marionnette charnelle tous les démons chevauchant les hypothèses les plus terribles. Pour insister sur son geste, il avait fermé les paupières et poussé un soupir, comme s’il était fatigué de l’attitude de son cousin. Encore une fois, tout ce cinéma était au service de son pouvoir de persuasion.
"De toi à moi, Shin’… tu me laisserais y aller seul ? "
Enchaîna-t-il en rouvant ses paupières pour dévorer des iris son fidèle allié. L’abandon. Voilà une chose que Shinpachi ne pouvait se permettre et c’était toujours, pour celui qui se plaisait à embarquer le plus naïf des deux dans les plus affreux coups montés, l’argument fatal.
Le chapardeur tourna la tête. Il ne voulait pas croiser le regard inquisiteur de son vis-à-vis. Un sentiment de culpabilité l’envahît. Par loyauté et amour pour son cousin, il ne pouvait se permettre de le laisser se jeter seul dans la gueule du loup. S’il tombait, il devait le faire avec lui. C’était cela, la fraternité. En dépit de tout ce qu’il pouvait penser de négatif au sujet de cette mission secrète qui ressemblait à une farce, il ne put s’empêcher de rester fidèle à ses principes.
"Très bien. Mais jure-moi de ne pas aller trop loin. Cette fois-ci, nous nous embarquons dans quelque chose de particulièrement dangereux. "
Nobutada afficha un large sourire en remontant sa tête, tout à coup envahi d’un sentiment de plénitude. Il était heureux et fier d’avoir, une fois plus, su convaincre Shinpachi. Il tendit sa main et empoigna celle de son frère spirituel, presque de sang. Une poigne qui symbolisait leur accord.
"Ne t’inquiète pas, Shin’ ! Une fois que nous nous serons emparés de sa tête, nous la revendrons de l’autre côté de la frontière ! Personne ne nous soupçonnera ! "
Le chapardeur observa son cousin avec dépit. Comment pouvait-on autant se réjouir à l’idée de voler la tête d’un cadavre ? Sans doute que la Sandaime Raikage, Metaru Reiko, ne s’était jamais imaginé que sa tête puisse un jour être considéré comme un objet de luxe…
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En même temps que Nobutada quittait les lieux, une étrange magie anima le ciel. Les nuages commencèrent à se disperser comme par enchantement, comme si, en partant, le manipulateur ôtait toutes les ombres qui habitaient l’esprit tourmenté de Shinpachi. Léchant avec le dos de sa main son front, il se rendît compte que la tension avait été si haute durant l’échange qu’il en avait même sué. Comment une chose pareille pouvait-elle se produire, alors qu’il avait été accompagné de la personne en qui, sans doute, il avait le plus de confiance ? Peut-être parce que, paradoxalement, c’était aussi la personne envers laquelle il avait le plus de méfiance.
Mais comme si l’affaire ne suffisait pas, il eut un étrange pressentiment en voyant son frère d’âme partir. Cette fois, ce n’était pas un doute. Maintenant qu’il avait donné sa parole, il ne pouvait plus revenir en arrière et d’une certaine façon il était soulagé de ses scrupules en ayant dit oui. Mais la soirée n’était pas terminée et une étrange sensation de fatalité persistait à bousculer ses certitudes.
Soudain, en balayant la zone du regard, il s’arrêta sur une forme étrange. En chassant les nuages, la Lune avait aussi chassé les ombres et celle qui s’était dissimulé dans ces dernières se dévoila au clair de l’astre nocturne.
"Qui va là ?"
Asséna-t-il en raidissant tout son corps, prêt à se battre. Depuis qu’il avait effectué son stage, Shinpachi était habitué à recevoir des visites infortunes et, après avoir été fustigé par des assauts surprises, il ne prenait plus ce genre de détails à la légère. Enfin devenu homme selon son propre point de vue, il ne craignait guère de devoir faire une démonstration de sa force pour prouver à l’impudent qui jouait avec ses sens que c’était une monstrueuse erreur.
La silhouette bougea. Derechef, Shinpachi se fléchît et posa sa main droite sur sa lance. Plus la silhouette avançait vers lui, puis il resserrait sa poigne sur son arme fétiche. Le combat restait son domaine de prédilection.
Au clair de Lune, il put enfin mettre un nom sur ce faciès, mais avant même qu’il ne prenne la parole pour daigner demander des justifications, elle le fit pour lui.
"Je vous ai entendu, tous les deux. Ce que vous envisagez est une hérésie en plus d’être ignoble. Je ne peux permettre qu’un tel acte profane la tombe d’une guerrière tombée à la bataille, quelque soit le grade ou l’importance de cette dernière. Shin’, ne fais pas ça. Renonce à ta promesse."
Shinpachi restait en position de garde. Cette femme, il la connaissait non seulement de réputation, mais aussi pour l’avoir côtoyé.
"Kôjun… je vois que la confiance règne. Tu n’as pas à me dire ce que je dois faire. Je ne reviens jamais sur ma parole. Ce serait bafouer mon honneur. Parce que tu crois que voler la tête d’un cadavre et souiller la mémoire des morts te rendra honneur ? Tu es complètement à côté de la plaque. C’est toi qui ne comprends rien."
Kôjun afficha une mine méprisante, alors que Shinpachi lui rendait un air fondamentalement fermé. Tous deux avaient l’habitude de rester campés sur leurs positions et d’avoir la fierté mal placée, aussi entraient-ils souvent en conflit pour peu de chose. Un défaut sur lequel, visiblement, aucun d’entre eux n’avait travaillé.
La kunoichi croisa les bras en lançant des yeux de braise au chapardeur. Elle était de deux ans son aînée, et depuis qu’il était enfant, elle avait toujours déclaré qu’il était son protégé ; tout au contraire de Nobutada, qu’elle savait être le responsable de tous les coups montés que les deux énergumènes avaient l’habitude de commettre. Pour autant, elle savait que son concurrent avait un pouvoir de persuasion supérieur au sien sur Shinpachi, surtout depuis le jour où ce dernier avait ouvertement affiché son ressentiment à celle qui pourtant ne lui voulait que du bien, car en l’ayant dénoncé, Shinpachi avait déclaré qu’elle l’avait trahi. Cela avait marqué le début d’une longue guerre de position entre eux deux ; pour autant, Kôjun revenait constamment à la charge pour tenter de réparer les erreurs du passé et retrouver la complicité qu’elle partageait jadis avec son protégé.
Devant ces bras croisés et ce regard enflammé, Shinpachi comprît qu’il devait s’expliquer. Il était las d’être ainsi traqué et jugé par Kôjun dans tous les aspects de sa vie. Il estimait, à certains égards, qu’elle était sans doute trop nostalgique d’un enfant qui n’existait plus ; un jour, songea-t-il, il lui faudrait accepter de se rendre à l’évidence qu’il était devenu un homme.
"S’emparer de ce trophée est une chose qui pourrait non seulement nous rapporter beaucoup d’argent, mais bien plus encore. Notre clan ne mérite pas de s'enliser dans la servitude pour l'Empire du Feu. Il nous faut retrouver nos lettres de noblesse, et pour parvenir à cet accomplissement, nous devons faire nos preuves. Il n'existe, malheureusement, pas de méthodes infinies. J'envisage une solution qui pourrait nous permettre, si les dieux sont avec nous, de prendre notre revanche sur l'histoire. Qui sait comment les kumojins pourraient réagir s’ils apprenaient que le pays de Hayashi no kuni détenait les restes du corps de leur Sandaime Raikage…"
Confia-t-il avec certitude. La suite s’imposait comme une évidence : si Kumogakure déclarait la guerre à Hayashi no kuni, alors le Teikoku aurait un prétexte pour mener un siège dans le pays du Bois. L’occasion rêvée pour les Shinrin de prendre leur revanche.
Mais cette stratégie, aussi mesquine fut-elle, n’était pas du goût de Kôjun.
"Ton plan ne tient pas la route. Tu risques surtout de jeter la disgrâce sur notre clan. Comme je te l’ai dit, je ne te laisserais pas faire…"
Déclara-t-elle en remettant son masque de bois pour camoufler son visage en écartant ses beaux cheveux blonds.
"… et comme toi, je n’ai qu’une parole."
Aussitôt dit, elle effectua un bond rapide pour disparaître dans la nuit, laissant Shinpachi seul avec ses doutes et la menace de l’échec.
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