Le Loup était sorti de l'enceinte d'Iwa. Il avait besoin de se ressourcer. De trouver comment travailler cette nouvelle énergie qui l'habitait. La glace. Et pour cela, il avait d'abord choisi de mieux comprendre les deux arts qu'il maîtrisait déjà très bien et qui semblaient s'associer pour former cette nouvelle affinité, une affinité plus complexe, le Hyôton. S'il avait passé pas mal de temps à travailler le fûton, il ne pouvait que constater son manque d'investissement sur le suiton. Il avait privilégié celui qu'il avait apprit en premier et quelque peu délaissé l'eau pour ce qui était de ses recherches techniques à ce sujet. Il maîtrisait moins bien l'élément, et s'il voulait passer à l'étape suivante, il lui fallait revoir cette position. La retravailler pour avancer.
Le guerrier roux passa ainsi la journée entière à marcher dans les montagnes et les forêts avoisinantes d'Iwagakure no Sato, ayant signalé sa sortie sur le temps du jour aux autorités comme il se devait de le faire. Histoire de ne pas être qualifié de déserteur pour une simple incompréhension. Vers la fin de sa balade, alors qu'il était presque de retour, son chemin arriva le long d'une rivière et il décida de prendre une pause, de réfléchir au bord de l'eau. Il s'écarta du chemin d'une cinquantaine de mètres, remontant la rivière à partir du pont qui passait au dessus du courant, puis s'installa pour méditer. Il prit ainsi près d'une heure pour réfléchir et se concentrer, pour appréhender les énergies qui l'entouraient, apprivoiser le courant.
Finalement, il se leva et se déshabilla rapidement. Il garda cependant son pantacourt pour éviter toute mauvaise surprise si jamais un passant le remarquait, qui sait, un paysan qui revenait de ses champs plus à l'ouest ou un berger qui ramenait son troupeau. Plongeant alors dans l'eau, il profita du courant pour s'entraîner à nager, notamment à contrecourant. C'était aussi une manière pour lui de gérer l'eau froide du torrent, de comprendre comment elle évoluait, comment elle agissait.
Aux yeux du Jônin, c'était en expérimentant que l'on apprenait le mieux. Expérimenter les éléments pour mieux les apprivoiser. Voilà son but. Il était simple, direct, comme toujours. Il n'aimait pas non plus l'idée de tout devoir à autrui, il avait une construction qu'il avait fait par sa volonté, par sa force. Son palmarès bien qu'encore sans grand exploit était une ligne solide qui n'avait pas à rougir. Et il comptait bien continuer sur cette lancée encore longtemps.
Lorsqu'il sortit la tête de l'eau pour faire une pause après vingt minutes de nage en continu, il remarqua une jeune femme qu'il ne connaissait pas. Elle était là, à regarder le paysage. Est-ce qu'elle l'avait vu, est-ce qu'elle avait peur ? Il était vrai que tout le monde n'avait pas pour idée de choisir une rivière dans les montagnes comme lieu de baignade. S'asseyant sur le bord du chemin d'eau, l'homme passa ses deux mains sur ses cheveux pour les rabattre en arrière et en enlever un maximum d'eau avant de les ébouriffer, puis il regarda la fille, silencieuse. Elle avait un étrange baton devant la bouche, du bambou.
« Désolé du spectacle, je ne pensais pas déranger ici. Vous savez où vous vous trouvez ou vous vous êtes perdue ? Vous avez besoin d'aide ? »
Ashitaka sortit finalement ses jambes du courant pour désigner son sac.
« Vous pourriez me passer ma serviette qui se trouve dans mon sac s'il vous plait ? Il y a aussi un carnet, si jamais vous savez écrire... »
Visiblement, elle n'était pas du genre à aimer faire la causette, alors autant trouver une manière de communiquer. Si elle avait besoin d'aide, il lui fallait savoir de quoi retournait le problème pour lui venir en secours.
L’état d’Amiko s’était nettement amélioré depuis la Résonance. Par « état, »on parlait bien de son contrôle lié à sa soif de sang. Concernant l’assimilation, il y avait encore des gros progrès à faire, mais l’apparition de la lave sur son corps se faisait moins souvent, c’était déjà un plus non-négligeable. La jeune femme pensait qu’après avoir perdu ses capacités dans la manipulation du sang, sa soif aurait disparu, mais son organisme était tellement habitué à sa dose d’hémoglobine qu’il était très compliqué de s’arrêter et la seule solution qu’elle avait trouvée, était de se nourrir sur les animaux : le goût du sang était moins appétissant que celui des veines humaines, mais cela lui permettait de tenir le coup.
Cette fin de soirée ne ferait pas exception. Lorsque la Genin était dans cet état de transe où son sang bouillait et que tous ses sens s’éveillaient, elle savait qu’il fallait agir. Fuyumi n’était pas toujours présente et si l’assimilatrice devait se débrouiller seule, la présence d’Oshiro allait être d’une grande aide. Son devoir et son respect envers l’hôte de leur maison faisaient qu’il aiderait la brune dans des moments aussi délicats sans hésiter. La fin de la journée s’approchait et prise de tremblements, la manipulatrice du yoton suivait à pas de course le chunin qui l’emmenait en direction de la sortie du village. En tant que genin, il était difficile de s’aventurer à l’extérieur alors sa présence ne devrait pas engendrer de questionnement. Et ce qui se produisit. Les deux shinobis passèrent les portes sans problème et marchèrent durant quelques minutes jusqu’à l’endroit habituel. Bordant un petit-bois, très rare si près d’Iwa, Amiko posa son regard rosé sur Oshiro, lourd de sens. Il soupira alors avant de s’exprimer.
« Sois vigilante et fais attention à toi. Si je vois que tu tardes trop, je viens te chercher. »
L’Amejin hocha de la tête positivement avant de fuir dans le sens inverse, s’engouffrant dans la timide forêt qu’elle connaissait bien maintenant. Ici, elle savait qu’elle était tranquille, même si une présence indésirée pouvait apparaître à tout moment, elle saura se cacher si c’est nécessaire. Maintenant, il fallait qu’elle se concentre. Fermant les yeux et ne faisant qu’un avec l’environnement, la jeune femme n’écoutait que son cœur battre ainsi que les bruits autour d’elle, à la recherche de sa proie. En général, il y avait toujours une biche ou un lapin qui se promenait. Quand un bruissement de feuillage résonna dans sa tête, Amiko ouvrit ses paupières et tourna la tête dans la direction du son qui la poussa à se montrer très discrète. En avançant doucement vers la zone recherchée, la genin se cacha derrière un arbre faisant le double de sa largeur tandis qu’elle passait sa tête sur le côté. Parfait, une biche, occupée à se nourrir des feuilles d’arbre.
La kunoichi soupira, elle n’appréciait pas faire de mal aux animaux, mais c’était sa seule solution, elle ne comptait pas les tuer et s’en prendre à un humain, c’était à proscrire. Prête à bondir, Amiko retira le bambou de sa bouche et concentra du chakra dans ses pieds avant de bondir rapidement sur la créature sans défense qui lâcha un cri de douleur lorsque la jeune femme la fit tomber sur le côté. Ses pupilles cristallines brillaient de culpabilité, la brune aux mèches rousses s’excusa avant de planter ses dents dans le cou de la biche. Le sang vint tacher sa peau blafarde tandis que le liquide écarlate coulait sur les commissures de ses lèvres avant de descendre dans son cou. Quelques secondes encore, avant de quitter la chair de la bête et de la relâcher qui se releva dans la panique avant de s’enfuir. Amiko inspira longuement et resta assise quelques instants le temps de se remettre de cette épreuve qui était loin d’être plaisante. Sa soif était satisfaite comme il fallait, c’était ce qui comptait.
Etape suivante, se débarrasser de tout ce sang. La native d’Ame n’était pas connue pour sa propreté et sa délicatesse, elle n’arrivait pas vraiment à se maintenir lorsqu’elle assouvissait sa soif. Fort heureusement, la Genin savait qu’il y avait une rivière jusqu’à côté et ce fut dans cette optique qu’elle se releva pour prendre la direction de celle-ci. Une fois le son du courant aquatique atteignant ses oreilles, la jeune femme remit le bambou contre sa bouche, laissant ses dents se planter dans les trous, sait-on jamais. L’assimilatrice aperçu la rivière sans problème, mais la présence d’une chevelure aussi vive que sa lave la stoppa dans sa course tandis que son regard s’écarquilla fortement. Son seul réflexe fut de se retourner et de s’enfuir. Elle ne fit que la première idée, et se retrouva paralysée. Amiko chercha alors à essuyer le plus de sang possible, mais c’était peine perdue. Qu’allait-elle pouvoir faire ? S’enfuir ainsi allait le pousser à se poser des questions et il était hors de question de causer des problèmes à Fuyumi. Celui-ci semblait sortir de l’eau, ce qui la força à se retourner de nouveau et poser son regard sur sa tenue légère. Ses mains tremblaient à un point où elle sentait déjà son chakra yoton se réveiller. Et si elle brûlait tous ses vêtements ? Pour finir sans rien ? Non, elle trouvera une excuse. Le jeune homme mystérieux s’excusa avant de lui demander si elle était perdue, si seulement il savait…
Amiko resta plantée là comme un pic, il était qu’à quelques mètres… L’idée de le vider de son sang traversa l’esprit confus de la kunoichi qui la balaya très rapidement. Il ne dira rien hein ? Ça arrivait à pleins de shinobis de rentrer blessés d’une mission ? Ce n’était pas du sang mal essuyé sur son menton et dans son cou ainsi que des manches tachées qui allait l’intriguer hein ? Ses pupilles rosées se posèrent sur le sac en question, écrire sur un carnet ? C’était une proposition intelligente, déjà, il ne se moquait pas d’elle, ça changeait des autres idiots de ce village.
Timidement et doucement, d’une allure méfiante, la femme yoton s’avança alors non vers le sac, mais vers le bord de l’eau. Elle ne pouvait même pas lui donner sa serviette au vu de l’état de ses mains tachées de sang. Alors une idée lui vint à l’esprit. Tant pis si elle passait pour une folle, mais c’était le seul moyen d’effacer les preuves au moins sur sa peau. Amiko bondit alors dans la rivière à côté du jeune homme, l’éclaboussant sans vergogne jusqu’à se rendre compte que ce n’était pas si profond et de se faire mal aux fesses, grimaçant de douleur. La genin resta interdite, assise dans l’eau qui emmenait le sang de ses mains en toute discrétion et avant de les apporter à son cou et d’enlever le surplus sans faire attention au rouquin. Après avoir terminé, et dans un silence complet digne de l’assimilatrice, celle-ci se releva sous ses yeux probablement médusés puis elle s’approcha de la serviette de l’inconnu avant de lui lancer l’objet dans sa direction. La jeune femme était complètement trempée, mais ne ressentant pas la fraîcheur de l’eau, elle ne silla pas d’un pouce, ne tremblant même pas.
Elle resta debout devant lui, le fixant intensément, cherchant une quelconque mimique qui la mettrait en alerte, ne sentant pas son visage se chauffer et rougir sous la gêne de ce qu’elle venait de faire, oubliant même le carnet qu’il lui avait proposé.
Alors qu'il venait de s'arrêter pour se poser un peu, Ashitaka remarqua du mouvement puis une jeune fille sortir brusquement des fourrés et s'arrêter tout aussi brutalement. Elle semblait perdue. Plutôt jolie, petite, brune avec une étrange couleur au bas de ses mèches qui devenaient orangées. Puis son regard s'arrêta un peu plus sur son visage et là, première surprise. Un bambou barrait horizontalement sa bouche. Loin de faire une remarque, le Borukan avait essayé de lui parler pour l'apaiser, puis une deuxième surprise attira son attention. Du sang. Elle en était couverte. Cherchant une blessure des yeux, il ne remarqua que l'origine de ce dernier. La bouche de la jeune femme.
Qu'est-ce qui avait bien pu lui arriver ? Elle semblait paniquée, mais elle ne fuya pas pour autant.Elle accepta même d'obtempérer et observa son sac posé sur le côté d'un buisson. Il n'y avait pas grand chose autre que du matériel de shinobi et de bain puisqu'il avait prévu sa pause de nage en eaux libres. Un peu de nourriture, le reste de son encas du midi. C'était tout. Mais alors qu'il s'attendait à ce qu'elle le fouille, elle préféra venir se jeter à l'eau à sa plus grande surprise. Se protégeant un peu les yeux avec son avant-bras des éclaboussures provoquées par la jeune fille qui avait -il venait de le repérer maintenant qu'elle s'était approchée- un bandeau d'Iwa, il était un peu rassuré. Elle avait du obtenir une autorisation de sortie ou était une kunoichi de retour de mission.
Il ignorait quel genre de blessure pouvait provoquer de tels saignements, mais avec quelques secondes pour réfléchir, il comprenait l'envie de se laver qu'elle pouvait avoir. Si lui n'était pas spécialement gêné par la présence de sang sur ses habits ou son corps, d'autres le supportaient très mal. Il entendit un gémissement sous le bambou, la fille ayant surestimé la profondeur de l'eau, ce qui lui arracha un petit sourire amusé. Elle était assez marrante dans sa démarche et sa précipitation. Elle avait quelque chose d'attendrissant.
Il la laissa faire sa toilette sommaire, enlevant un maximum de sang sur ses mains et son visage tandis que lui-même se posait assit sur un rocher qui dépassait de l'eau, gardant les pieds engloutis. La sensation fraîche de l'eau du torrent était appréciable en ce début d'automne.
Quand elle eut terminé, elle ressortit de l'eau pour aller chercher sa serviette et la lui envoyer. Il avait perdu la notion du temps quelques instants, pensif, et ne s'était même pas rendu compte qu'elle avait décidé malgré tout de lui envoyer ce qu'il lui avait demandé plus tôt. Il ne put retenir un rire amusé, un rire désarçonné. Il ne s'attendait plus du tout à ce qu'elle le fasse, lui qui le lui avait demandé puisqu'elle n'était pas mouillée. Mais ce n'était pas très grave et il lui sourit avant de se frotter un peu la tête et de la laisser sur ses épaules, cachant en partie la zone plus blanche de son torse, la partie glacée.
Il la regarda enfin droit dans les yeux, ce qu'il n'avait pas trop pu faire jusque là. La fille avait un regard très étrange, des yeux roses comme il n'en avait jamais vu, très pâles mais très jolis. Il lui fit un nouveau sourire pour essayer de la rassurer avant de se relever et de sortir à son tour de la rivière. Remarquant bien qu'elle rougissait, le Borukan se décida à parler à nouveau.
« Désolé si tu as eu l'impression que je me moquais de toi. Je n'ai jamais vu de fille qui te ressemble en tous cas, tu es surprenante. Et t'en fais pas pour la serviette, tu l'as à peine mouiller. »
Reprenant son séchage en règles maintenant qu'il était pied à terre, le Loup continua de parler à la jeune fille puisque cette dernière semblait perdue. Il s'était aussi permit de passer au tutoiement, ayant reconnu son bandeau. Elle était iwajine, il la recroiserait donc certainement en ville, il préférait donc se montrer plus sympathique et ne pas l'effrayer.
« Je m'appelle Ashitaka. Ashitaka Borukan. Je suis iwajin comme toi, il y a mon bandeau avec mes affaires là-bas. Calme-toi, tu peux me dire si tu as besoin de soins ? Tu semblais bien blessée. Et mon carnet est dans mon sac, si jamais tu veux l'y trouver avec un crayon... Et si je peux t'aider, n'hésite pas à demander. »
Le jeune homme aux cheveux de feu avait préféré lui rappeler où trouver son carnet au vu de la perturbation dont elle faisait preuve, ignorant tout d'elle mis à part son appartenance à Iwa. Le guerrier s'installa finalement sur un rocher plus imposant cette fois-ci et s'installa dessus en tailleur pour pouvoir laisser ses pieds sécher au soleil sans avoir à utiliser encore sa serviette déjà bien imbibée d'eau. Observant la jeune femme et ses réactions, il avait tâché d'être naturel dans ses déplacements sans être brusque pour ne pas l'effrayer plus encore qu'elle ne semblait être perturbée.
Les pupilles rosées de la demoiselle observaient la serviette dans ses mains avant de lui envoyer. Même si elle avait réagi étrangement, il fallait reprendre contenance et ne pas paraître folle alliée : ce qui pouvait déjà être le cas. Son rire lui fit froncer ses longs sourcils bruns : était-il en train de se moquer d’elle ? Amiko s’était pourtant montré gentille et lui avait donné sa serviette non ? Ses joues se gonflèrent dans une moue boudeuse bien trop adorable. Son regard, qui mériterait d’être détourné, observait l’inconnu s’essuyer. Elle semblait comme hypnotisée par ses gestes, le fixant sans gêne, prête à réagir au premier moment où il tenterait quelque chose contre elle. Contre toute attente, celui-ci lui offrit un beau sourire inspiré à être bien sincère que moqueur. Étonnamment, celui-ci s’excusa, il avait bien compris qu’elle s’était sentie moquée et se rattrapait de cette étourderie.
Borukan Ashitaka. Cela ne lui disait rien, et pourtant, son nom de famille impacta l’esprit de l’assimilatrice fortement. Le rouquin semblait vraiment sympathique et prenait vraiment les pincettes avec elle, comme s’il voulait lui faire comprendre qu’elle n’avait rien à craindre. Mais s’il savait pourquoi elle était là, son regard sur sa petite silhouette changerait sûrement. Son regard volcanique avait bien remarqué les traces de sang et semblait aussi comprendre qu’elle n’était pas du genre à se délier la langue. Son visage de porcelaine se tourna vers le carnet posé. Amiko hésita de longues secondes, si elle acceptait, elle devait prendre le risque qu’il se penche plus sur son cas et lui poser des questions indiscrètes.
En même temps, ce n’était pas en restant renfermée qu’elle arrivera à avoir des réponses à ses questions. D’autant plus qu’il s’agissait d’un Borukan et qu’il l’intéressait d’autant plus pour cela. Il s’installa de manière étrange sur le rocher, gardant une certaine distance avec elle, ce qui l’arrangeait. Soupirant longuement, la brune aux mèches de feu se pencha, non sans lâcher du regard le shinobi d’Iwa et vérifia le bandeau qui était bien là. Sa main se posa alors sur le cahier et le crayon avant de lui tourner le dos et de griffonner quelque chose. Concentrée sur ses mots, Amiko utilisait une écriture fine et soignée pour lui faire part de sa réponse.
« Je m’appelle Amiko. Enchantée Ashitaka. Si tu veux m’aider, ne dis pas que tu m’as vu ici et ne poses pas de question sur le sang sur mes vêtements. Je veux bien que tu me montres tes pouvoirs. En échange, tu pourras me poser des questions autres que sur le sang, et je te montrerai peut-être mes pouvoirs. »
C’était peut-être maladroit et soupçonneux, mais elle était bien trop stressée pour réfléchir normalement. Une fois les lignes terminées, il fallait qu’elle lui montre, c’est-à-dire s’approcher de lui. Même si tout ce qu’avait fait Ashitaka pour le moment ne montrait aucune mauvaise attention, elle ne pouvait s’empêcher d’avoir peur… Pourtant, ils étaient camarades non ? Et bien même certains d’entre eux se moquaient d’elle, alors qui croire, en qui faire confiance à part sa nouvelle famille ? Sans lui laisser une chance, elle ne saura jamais. Le bas de son kimono trempé alourdissait sa démarche tandis que le bout de ses mèches volcaniques séchait petit à petit grâce aux rayons de soleil. Ses petits pas timides avançaient vers lui, tandis qu’elle tenait son carnet contre sa poitrine. Proche de lui, l’amejin pouvait contempler ses traits presque parfaits et tranquilles. Ses iris orangés lui rappelaient sa lave, bien que celle-ci était un poil plus foncée. En fait, il était même plutôt mignon.
Amiko, se perdant dans des pensées étranges, vira au rouge et lui déposa son carnet sur ses genoux avant de lui tourner le dos et de croiser les bras, trop fière.
La mine fâcheé de la jeune femme fait sourire le guerrier. Elle est attendrissante, un peu exagérée aussi. Elle ne doit pas trop lui en vouloir, du moins il l'espère, mais s'excuse malgré tout, pour s'assurer qu'elle ne se méprend pas. Après qu'il se soit présenté et qu'il lui ait rappelé où se trouvait son carnet, l'iwajine inconnue retourna en partie son attention sur son sac mais, comme un animal sauvage méfiant, elle le gardait en vue tout en commençant à chercher à l'intérieur. Toujours amusé par la situation, le guerrier aux cheveux enflammés ne bougea pas. Il préférait attendre et voir ce qu'elle ferait. S'il tentait quelque chose, s'il bougeait trop brusquement, il risquait surtout de la faire fuir. Et il avait bien envie d'en apprendre plus sur cette jeune intriguante et sauvage. Elle avait quelque chose d'attirant dans sa manière d'être, assez fascinant. Quelque chose de vrai qui n'était pas écrasé par des conditions sociales, des gestes vus et revus que lui-même s'efforçait d'adopter. Elle était plus naturelle, plus libre étrangement, malgré son bambou qui lui barrait la bouche. Ou alors c'était lui qui partait dans des délires étranges, allez savoir. Toujours est-il qu'Ashitaka resta sagement assis le temps qu'elle trouve puis écrive à l'intérieur du carnet.
Sans plus parler, sans faire de mouvements, il la laissa s'approcher lentement jusqu'à lui. Ses pas étaient en partie gênés par sa propre tenue mouillée de son aventure précédente. Il restait malgré tout quelques traces de sang qu'il ne pouvait occulter mais elle ne semblait pas blessée. Il vérifia une nouvelle fois quand elle fut suffisamment proche, mais tous ses mouvements étaient naturels, rien ne trahissait une atteinte physique. Ou alors elle avait une très forte résistance à la douleur, ce qui n'était pas impossible dans un sens.
Lorsqu'elle fut à portée de main, il la vit s'arrêter. Ne préférant pas faire de geste vers elle qui aurait pu l'effrayer, il la laissa poser d'elle-même le carnet sur ses jambes. Il eut un sourire qu'il voulait aussi aimable et bienveillant que possible lorsqu'elle rougit, une manière de la rassurer, pour qu'elle ne panique pas. Il ne laissa transparaître aucune gêne non plus, qu'elle ne pense pas qu'un de ses actes ait été ennuyeux pour lui. Elle était craintive, embarrassée, il ne voulait pas rajouter à sa peine. Il eut du mal à retenir un sourire amusé lorsqu'elle repartit cependant avec son air vainqueur, comme si elle venait d'accomplir un exploit impressionnant. Elle semblait plus enfantine alors, ce qui aida le Borukan à être un peu moins captivé par sa silhouette et ainsi mieux se concentrer sur ce qu'elle venait de lui apporter. Ouvrant le carnet, découvrant sa belle écriture. Elle était de bonne famille, c'était évident. Peu de gens avaient suffisamment de temps pour apprendre à écrire avec une telle délicatesse. Sa propre écriture par exemple était un peu hiératique, trop tranchée pour être très agréable à la lecture. Les courbes et les épaisseurs changeantes étaient rarement parfaites sous sa plume. Il cherchait de toute façon plutôt l'efficacité à la beauté lorsqu'il prenait le temps d'écrire des messages.
« Hajimemashite, Amiko-san. Je comprends, je n'en parlerais pas, de ce sang. Peux-tu juste me dire si tu as besoin de soins ou si tu vas bien ? C'est normal de s'en inquiéter en tant que camarade iwajin, non ? Je te demanderais rien d'autre à ce sujet. »
Le message l'avait fait sourire malgré son envie de rester sérieux. Outre son écriture, la jeune fille était maladroite dans son choix de mots. Elle était paniquée à l'écrit comme elle l'était dans ses actions. Mais une fois l'amusement passé, le Loup était un peu plus préoccupé, se demandant s'il ne devrait pas utiliser sa position de Jônin pour la faire parler. Après quelques secondes de réfléxion, il préféra repousser l'idée. Elle n'était pas un danger, c'était évident à ses yeux. Il ne sentait pas d'aggressivité dans ses mouvements, ses actions ni même dans son écriture.
« Tu veux voir mes pouvoirs donc. D'accord, pourquoi pas. Fais attention quand même, je ne voudrais pas te blesser par erreur. »
Loin de trouver mal le fait de faire une petite démonstration à une kouhai, Ashitaka fit quelques mudras, créant ainsi un dragon de lave qui fit un tour du Borukan assis sur son rocher avant de se poser sur le sol à son côté en boule, formant un creux dans la terre avant d'y perdre sa forme draconnique pour devenir comme une petite marre de lave qui mettrait plusieurs heures avant de redevenir pierre solide s'il ne l'aidait pas à refroidir avec de l'eau notamment. Ou de la glace, mais il ne maniait pas encore véritablement la chose.
« Je t'ai montré un de mes pouvoirs, tu m'autorises une question ? Je voudrais savoir si tu es à Iwa depuis longtemps parce que je dois t'avouer que je ne t'ai jamais vu alors que j'y habite depuis la création du village, et dans une deuxième partie de question, si tu me l'accordes bien sûr, j'aimerais bien savoir si tu t'y plais depuis que tu y es arrivée, à Iwa. »
Il ne voulait pas commencer par la première question qui lui venait à l'esprit, à savoir son bambou. C'était sans doute assez personnel, cela relevait de son histoire à elle. Peut-être accepterait-elle d'en parler, mais jeter directement le sujet sur la table lui semblait inapproprié. Il saisit alors le carnet entre son pouce et son index droit et tendit le bras vers Amiko, gardant le carnet ouvert à la même page pour qu'elle la retrouve directement. Si jamais il remarquait qu'elle ne voulait pas s'approcher suffisamment de lui pour le prendre directement de sa main, ou montrait une réticence trop grande, il le lui enverrait directement. Il ne voulait pas la forcer après tout, juste qu'elle soit un peu plus à l'aise et qu'elle sente qu'elle pouvait lui faire confiance. Il était un gradé d'Iwa, jamais il ne ferait de mal sans raison très sérieuse à un subalterne de son village.
Le premier pas était fait. Amiko avait accepté de lui accorder le bénéfice du doute. Pourquoi lui voudrait-il du mal alors qu’il s’était montré doux et gentil ? Même s’il ne semblait pas le plus à l’aise avec ce type de comportement, l’effort était présent et louable. Se rapprocher de lui, lui permettait d’analyser les traits fins mais accentués sur son visage, qui lui donnaient un certain charme. Il semblait sévère, mais ses intonations et son comportement montraient l’inverse. Elle ne put s’empêcher de s’empourprer en constatant qu’elle le trouvait même agréable à observer. Bien trop fière pour accepter cette part de faiblesse, Amiko se contenta de lui tourner le dos et de le laisser lire la réponse.
Lorsqu’il reprit la parole pour lui répondre, la jeune femme arrêta ses enfantillages et se plaça de nouveau face à lui. Forcément, il comprenait la requête de la demoiselle, mais souhaitait certifier que tout allait bien. Le rouquin joua sur la corde du camarade, empêchant celle-ci de trouver une excuse valable. Comment dire non à ces pupilles volcaniques ? La Sakki se contenta donc de hocher de la tête, adoucissant ses traits pour lui montrer qu’elle souriait… à sa manière.
Quand Ashitaka accepta de lui montrer ses dons, un enthousiasme indéfini apparut sur le faciès de l’amejin. Elle savait que les Borukan possédaient le don inné de la lave, et depuis son arrivée à Iwa, elle n’avait qu’une hâte : en rencontrer un. Par contre, si le combattant pensait la blesser, il se trompait, mais ça, il ne le saura pas tout de suite ! Contrairement à ses capacités, le jeune homme utilisa ses mains pour réaliser des signes incantatoires. S’échappa alors de lui un majestueux dragon de lave qui fit briller les yeux rosés d’Amiko ardemment. Le cœur de la douce battait à tout rompre, c’était ce qu’elle voulait : maîtriser la lave de manière aussi parfaite ! La genin tapa dans ses mains, pour féliciter la démonstration du natif du clan des manieurs de lave. La jeune femme se rapprocha de la lave qui s’écoulait en flaque visqueuse et chaleureuse. Elle se pencha au-dessus et avait l’impression de s’y voir, comme si en voyant le liquide volcanique, elle comprenait ce qu’elle était.
Son interlocuteur la fit sortir de ses pensées, tandis qu’elle se redressait pour se tourner vers lui. C’était la première fois qu’on s’interrogeait sur sa présence sur la cité rocheuse. Il était vrai qu’elle se faisait tellement discrète qu’on ne la voyait pas beaucoup ou qu’on ne s'intéressait pas vraiment elle. Prise au dépourvu, Amiko resta légèrement interdite tandis qu’elle fixait le carnet qui lui était tendu. Timidement, la brune aux mèches rousses s’approcha à nouveau vers lui, mais par son flanc gauche cette fois-ci, près de la lave.
Sa main à la température très chaude toucha un bout de la sienne tandis qu’elle attrapa le carnet précipitamment. Elle décida de tourner la page pour avoir l’espace d’écrire ce qu’elle désirait. Prenant sur elle, la jeune femme fit l’effort de lui répondre avec le plus d’honnêteté qu’elle le pouvait.
« Je vais bien. Merci de t’inquiéter. »
Parce que c’était vrai après tout ? L’animal était en vie, allait avoir une trace de crocs quelque temps avant que ça disparaisse et Amiko était rassasiée. Elle ne savait comment lui répondre par la suite. La jeune femme avait elle aussi une demande précise, même plusieurs, mais chaque chose en son temps. Sa main, tenant le crayon, continua de graver sur une autre ligne sa réponse. Étant donné qu’il semblait vraiment s’intéresser à elle, la Sakki allait prendre le temps de lui répondre.
« Je suis bien présente depuis la création d’Iwa. J’ai juste réussi à me faire discrète, ce n’était donc pas difficile de ne pas se rendre compte de ma présence. »
L’assimilatrice s’arrêta et hésita. Il allait sûrement le remarquer, mais cette hésitation était justifiée. Est-ce qu’elle se plaisait à Iwa ? La Genin voyait cette question de manière plus large. Sa vie, lui plaisait-elle ? La réponse était non. Si aux côtés de Fuyumi, ses journées étaient plus joyeuses et apaisantes, ses démons continuaient de la poursuivre sans arrêt. Et en cela, on ne pouvait pas dire qu’elle avait la vie qu’elle aspirait. Mais pouvait-elle lui dire ça ?
« Ma vie ici pourrait être pire, grâce à Fuyumi, je peux vivre sereinement. Mais de là à dire que je suis heureuse serait mentir... Et toi, es-tu heureux à Iwa ?»
Amiko baissa la tête et inspira, que pouvait-il bien en faire de cette information ? Il ne la connaissait pas, s’il savait ce qu’elle était et ce qu’elle pouvait faire, il la rejetterait comme tous. Combien même il était gentil et doux, la peur, on ne peut la repousser. Le regard rosé de l’assimilatrice se posa vers la mare de lave. Elle eut une petite idée. Étant donné qu’elle ne pouvait parler ou écrire tout ce qui lui passait par la tête et qu’elle préférait les actes… Fermant les yeux tandis qu’elle gardait le précieux carnet contre sa poitrine, elle inspira et expira doucement. Elle laissa la chaleur augmenter en elle, tandis que son essence se fluidifiait dans tous ses canaux chakratiques pour descendre jusqu’à ses pieds et ses mollets. L’Amejin s’était entraînée dur pour arriver à faire cela, elle était donc fière de pouvoir le montrer.
Petit à petit, ses pieds se transformèrent, prenant une texture visqueuse et orangée intense. La lave remonta jusqu’à ses genoux, tandis que ses pieds de lave entrèrent dans les résidus laissés par le Borukan. La jeune femme appréciait cette sensation, être en harmonie avec elle lui permettait de se sentir exister, d'être elle. Mais sa maîtrise de l’assimilation en était encore qu’à son début et elle devait faire attention. Après cette petite démonstration, Amiko quitta la mare et laissa la lave disparaître et couler dans celle-ci, pour reprendre sa forme normale. Elle s’approcha d’Ashitaka et lui sourit au travers de son bambou. Elle écrit quelques mots « Depuis la Résonance, j’ai toujours voulu rencontrer un manipulateur de lave, pour qu’il m’aide à me comprendre, maintenant que je suis devenue la lave même. Pourras-tu m’aider ? » par la suite avant de lui tendre plus doucement le livre, sans quitter le jeune homme des yeux.
Amusé par la réaction de la jeune femme à sa démonstration, Ashitaka ne bougea pas de son piedestal pour autant. Il ne voulait pas l'effrayer et même si elle semblait plus à même de mener cette discussion qu'elle ne l'était au début, rien ne prouvait qu'elle ne partirait pas dans un instant si quelque chose l'effrayait.
« Attention quand même, ça reste de la lave, c'est dangereux. »
Préférant la prévenir au cas où, le Borukan l'observait avec attention, terminant son discours avant de lui tendre le carnet. Le léger contact l'intriga. Elle était brûlante, mais elle ne montrait aucun signe extérieur de maladie. Qu'est-ce qu'elle avait ? Qu'est-ce qu'elle était ? Une certaine curiosité s'emparait du jeune homme face à cette fille étrange qui venait pourtant elle aussi d'Iwa à en croire son bandeau. Il l'observa alors qu'elle écrivait dans le carnet, pensif. Elle était assez petite, elle avait un physique discret, pas le genre qui se remarque à des kilomètres à la ronde si ce n'est pour ses cheveux orangés dans leurs pointes. Peut-être une ancienne coloration qu'elle n'avait pas voulu renouvellé, une teinture passée dont elle gardait un petit souvenir. Elle semblait très intéressée par la lave, peut-être était-ce un lien qu'elle s'était créée avec le clan ainsi.
Imaginant toutes sortes de raisons qui pouvaient l'avoir amené à cela, le guerrier rouquin se laissa surprendre par Amiko qui venait de changer de comportement et de fermer le carnet. Alors qu'il s'attendait à ce qu'elle vienne lui donner, elle sembla se concentrer en fermant les yeux. Ne voulant pas qu'elle mette un pied par erreur dans la flaque à cause de ses yeux fermés, Ashitaka préféra le lui signaler.
« Attention à la lave, c'est encore dan... gereux... »
Il n'avait pas eu le temps de terminer sa phrase lorsqu'il vit avec une certaine stupéfaction la jeune fille transformer ses pieds en lave sans montrer le moindre signe de douleur. Puis elle marcha dans la lave et son corps l'absorba comme si de rien n'était. Le Loup resta fasciné devant cette capacité si particulière, très concentré sur les actions de la demoiselle aux cheveux dont il remarquait désormais des reflets surnaturels au niveau des pointes orangées. Ce n'était pas juste une teinture rousse qu'il y voyait mais bien le reflet de l'assimilation qu'elle était en train de produire à ses pieds. Après quelques instants, elle sembla relâcher progressivement son sort et la lave se replaça comme si rien ne s'était passé, tandis qu'elle sortait du petit bassin créé pour redevenir normale et s'avancer vers lui. Fasciné, il ne dit rien, attendant juste qu'elle termine d'écrire et lui donne le carnet pour qu'il puisse lire. Lorsqu'enfin il put saisir le carnet, il sortit de cette sorte de transe dans laquelle elle l'avait plongé. Un peu gêné, il se racla la gorge avant de parler.
« C'est... inhabituel comme capacité, ce que tu fais là. C'est impressionnant aussi. J'avais entendu dire que certaines personnes de notre clan avait subit des transformations de ce genre mais hors du clan, c'est encore plus impressionnant. »
Ouvrant le carnet, il le feuilletat jusqu'à tomber sur la dernière page, là où il en était de sa lecture des écrits de la demoiselle.
« Tant mieux si tu vas bien... Je n'aurais pas vraiment apprécié te faire parler et perdre du temps si tu avais besoin de soins rapidement... Et donc tu es présente depuis la création d'Iwa ? En effet, tu sais être très discrète. C'est une bonne qualité chez les shinobis. Pourtant tu es... Remarquable... »
Nouveau raclement de gorge un peu gêné, le guerrier ne s'attendait pas véritablement à le dire à voix haute, ayant parlé plus vite que ses pensées. Il reprit sa lecture, essayant de se concentrer pour ne plus relever les yeux et se perdre dans ceux d'Amiko qui étaient bien trop attirant.
« Fuyumi... La Jônin ? J'ai entendu parler d'elle. Elle est puissante à ce qu'on dit. Une bonne recrue pour Iwa. Et tu n'es pas heureuse... Tu sais ce qui t'empêche de l'être ? »
Lui laissant un peu de temps pour répondre avant de se rappeler qu'elle ne parlerait pas, le Borukan enchaîna peu après.
« Heureux, non pas vraiment. Il reste trop de défauts à Iwa. La ville n'est pas assez sécurisée, et l'ombre de l'Homme au Chapeau traîne au dessus de nous. Iwa n'a aucun contrôle sur ce qui l'entoure, c'est dangereux pour nous, ses habitants. Je ne sais pas si Toph est capable de changer la situation, mais déjà ce n'est plus un homme trop âgé qui à les rennes du village. C'était ce qui l'arrêtait jusque là, peut-être que la nouvelle génération arrivera à quelque chose. Je compte bien en faire parti, mais je ne suis pas encore aussi important que j'aurais voulu l'être. »
Souriant, le guerrier reprit sa lecture. Parcourant les dernières lignes, il reproposa le carnet à la jeune fille pour qu'elle puisse lui répondre.
« Oui, je peux t'aider. Je ne peux pas te promettre des miracles puisque je ne connais pas exactement ton pouvoir, mais je connais la lave. Si tu m'accordes ta confiance, je ferais de mon mieux comme je le fais pour mes autres élèves. »
Sa curiosité revenant à l'assaut, le guerrier hésita avant de finalement rouvrir les lèvres.
« Ce... bambou, c'est pour quoi exactement ? Enfin, ne te sens pas forcée de me répondre, c'est juste moi qui suis sans doute trop curieux, désolé. »
Ashitaka se passa une main dans les cheveux, à nouveau un peu gêné. Il se sentait particulièrement maladroit face à Amiko. Elle était si fascinante qu'il en perdait ses moyens sans en comprendre la raison exacte.
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Dernière édition par Borukan Ashitaka le Jeu 13 Fév 2020 - 14:26, édité 1 fois
Dangereux ? Amiko se laissa rire dans son bambou, ce qui marquait ses traits par une allégresse certaine et un amusement pas très discret. Le contact entre leur main avait fait réagir le Borukan, ne pouvant cacher sa surprise et son intérêt pour l’assimilatrice qui se voyait encore plus embarrassée. Après avoir terminé de noter dans son carnet, la brune aux mèches rousses se décida à lui offrir une petite démonstration de ses pouvoirs. Sa concentration à son paroxysme, elle laissa l’essence volcanique coulait dans son corps jusqu’à ses jambes. Inquiet, Ashitaka tenta de la prévenir, mais fut coupé dans une surprenante magie qui s’opérait sous ses pupilles orangées. Ses pieds se changèrent en lave et ce fut avec une grande fierté qu’elle plongea dans le petit bassin magmatique. Les deux éléments se mélangeaient en harmonie, comme s’ils ne faisaient qu’un, dansant autour de ses jambes, saluant la demoiselle. Amiko osa un regard dans la direction du jonin, celui-ci semblait subjugué par ce qu’il se passait sous ses yeux, ce qui la fit sourire doucement. Ne souhaitant pas prendre le risque de perdre le contrôle, la genin stoppa son spectacle en quittant le bassin, tandis que la lave quittait ses pieds couverts par ses bottines châtaigne.
Ce ne fut que lorsqu’il reçut le livret entre ses mains qu’il sortit de ses pensées, ce qui amusa la sanguine d’autant plus. Sans étonnement, celui-ci était surpris par cette capacité. Elle avait très bien compris que ce phénomène était rare, et ce même depuis la résonance. Intérieurement, elle aurait aimé avoir des réponses, mais Amiko ne pouvait pas vraiment lui en vouloir. La suite non plus, n’était pas surprenante. La Sakki s’était toujours montrée discrète et donc ne pas faire attention à elle était facile. Pourtant, le compliment qui vint à la suite fit écarquiller les yeux rosés de la kunoichi, ne s’attendant pas à cela. Son visage s’empourpra alors très rapidement, tandis qu’elle ne savait pas où poser son regard brillant. Ses doigts jouaient ensemble, laissant le Borukan lire la suite. Fuyumi, sa tendre amie, qui représentait toute sa famille. Elle était assez connue des autorités pour son grade et ses talents qu’elle ne montrait pas vraiment pourtant. Le bonheur était très subjectif et dépendait de beaucoup de facteurs. Elle ne savait pas comment lui expliquer ce qu’elle ressentait sans devoir lui confier tout sur sa vie, et ça, c’était… trop compliqué. Ne pouvant lui répondre, elle fixa le carnet en attendant la suite. Parce qu’elle lui avait posé la question à son tour.
Amiko comprenait la position du rouquin. En effet, le village manquait d’organisation et de sécurité et le danger qui surplombait leur tête empêchait de dormir posément sur son oreiller. Toph, elle ne l’avait pas rencontrée personnellement, mais avait entendu du bien d’elle pourtant. Une jeune fille, princesse des pupilles blanches qui avait gravi les échelons telle une fusée. Beaucoup de poids sur ses petites épaules, mais un mental d’acier. Sans le vouloir, le manipulateur de lave s’était confié à elle sur son désir de faire partie des éléments importants, celle-ci sourit légèrement, le laissant continuer sa lecture.
L’iwajin accepta sa requête, tout en lui tendant le carnet. Elle resta interdite quelques secondes, ne s’attendant pas à ce qu’il veuille bien l’aider. Elle sourit et hocha de la tête avant de reprendre son support de communication scriptural et de le blottir contre elle. Ses iris saumon observaient le jeune homme intensément, plus que touchée et enthousiaste à l’idée d’en apprendre plus. Son faciès descendit vers le livre qu’elle ouvrit, prête à répondre, mais celui-ci la stoppa dans sa course en lui posant la question fatidique. Elle s’arrêta net alors avant de relever son minois vers lui, la main tremblante. Il fallait bien qu’il s’y intéresse non ? S’attendait-elle à ce qu’on ignore cette barrière verbale qui était plutôt très visible ? Avant d’en venir à ce sujet, la Sakki nota des réponses quant à ses précédentes paroles.
« Je suis ce qu’on appelle une assimilatrice. Je n’ai pas de lien avec les Borukan, mais ma maîtrise du Katon aurait joué sur ces changements. Je ne maîtrise pas encore mes pouvoirs et je ne comprends pas la lave, et pourtant, je me sens bien avec elle… Ce qui m’empêche d’être heureuse… Ce sont les barrières que je me mets sûrement, une sorte de punition que je me donne… Mais si ça peut te rassurer, actuellement, je me sens bien, grâce à ta présence. »
Son visage se colora légèrement, tandis qu’elle se plongeait un peu plus dans son livre pour cacher sa gêne.
« Je ne connais pas très bien Toph, mais je sais qu’elle va arriver à gérer le village. D’autant plus si elle a un shinobi comme toi à ses côtés, qui souhaite le bien de son village. Tu arriveras à atteindre tes rêves si tu le souhaites fort… J’ai choisi de te faire confiance dès le moment où j’ai accepté ce carnet, Ashitaka. Merci d’accepter de m’aider. »
Elle ne s’arrêtait plus, cela prenait le temps qu’il fallait, mais la demoiselle s’appliquait dans l’écriture et le choix de ses mots. Le sujet suivant était le plus délicat. Intérieurement, elle mourrait d’envier de tout déballer, de faire savoir sa souffrance, son mal-être, mais cela signifiait lui avouer ses péchés et ce côté monstrueux qui vivait en elle. Mais décevoir ce jeune homme qui ne la laissait pas indifférente était inconcevable.
«Si je t’expliquais la raison de cette punition, je devrais tout te dire et j’ai peur des conséquences qui s’en suivraient. Mais… »
Sa main s’arrêta sur le troisième petit point, hésitante. Son visage se releva vers le jeune homme, tandis que des milliers d’interrogations volaient dans sa tête ainsi que des brides de souvenirs qui l’encourageaient à vivre comme elle le souhaitait et s’accepter ainsi. Et si, elle commençait avec Ashitaka ? Étrangement, la jeune femme ne savait pas pourquoi, mais en sa présence, elle se sentait rassurée et en confiance. Même si la crainte qu'il n'apprécie pas ce qu'il voit par la suite ou qu’il prenne ses jambes à son cou, sa gentillesse et sa tentative d’apaisement la touchait beaucoup. Sa dextre bougea alors machinalement, tandis que ses joues se coloraient chaleureusement.
«Si je l’enlève, me promets-tu de ne pas fuir ou te moquer ? »
Comment pouvait-elle savoir s’il serait déçu, si elle ne prenait pas les devants ? Toujours sur la retenue, toujours dans la discrétion et la peur des moqueries et des jugements. Pourtant, Katsuko s’acceptait comme elle était, Fuyumi l’encourageait à vivre librement et comme elle le souhaitait. Mais elle n’en faisait qu’à sa tête, toujours. Mais aujourd’hui, c’était différent, était-ce dû à Ashitaka ? Leur lien avec le Yoton, avait-il créé quelque chose d’indéfinissable ? Une relation de confiance et de sérénité qu’elle avait rarement connue autrement qu’aux côtés des siens ? L’amejin s’approcha alors de sa silhouette installée sur son rocher et lui tendit le carnet. Un regard plein d’émotion s’offrait au Borukan. La peur se lisait, mais il y avait autre chose, un espoir qu’enfin, on l’accepte pour ce qu’elle est. Celle-ci finit par détourner les yeux et reculer légèrement.
Ashitaka qui était un peu inquiet à l'idée que la jeune femme marche par erreur dans la lave fut étonné de l'entendre rire. Elle n'avait pas l'air effrayé par cette dernière et elle semblait amusée de ses paroles. Fronçant un peu les sourcils, il ne comprit que quelques instants plus tard, face à sa métamorphose. Lorsqu'elle en ressortit, alors qu'Ashitaka ne l'avait pas quitté des yeux, il vit son corps se reformer comme si de rien n'était, ses bottes toujours en place, désormais sèches comme ses jambes. Quelques gouttes d'eau continuaient à perler sur sa peau et s'évaporaient assez vite, le bas de son corps devant être encore particulièrement brûlant.
Sortant de ses pensées grâce au carnet rendu, il pu la lire et lui posa quelques questions. Encore une fois, il ne savait pas trop où s'arrêter pour rester convenable avec la demoiselle. Il ne voulait pas la faire fuir, pouvoir croiser encore un peu ses yeux fascinants. Il relevait régulièrement le regard pour pouvoir redécouvrir les iris de la jeune iwajine qu'il ne connaissait pas vraiment, bien qu'il commençait à accumuler quelques informations sur elle. À ses compliments, il la vit même rougir, ce qui lui donnait un air charmant et attendrissant au yeux ambrés du guerrier. La réaction d'Amiko lorsqu'il lui promit de l'aider le surprit un peu et lui fit légèrement tourner la tête sur le côté. Il se passa un main dans les cheveux, regardant un peu vers le sol. Il était gêné face aux actions et aux réactions de la jeune femme qui lui faisait face. Mais pas une gêne désagréable. C'était assez relaxant. Et le temps passé à lui parler, quand bien même c'était par le biais d'un carnet, était un vrai plaisir pour le rouquin plus habitué à se battre et à s'entraîner qu'à discuter avec les gens qu'il rencontre. L'efficacité qu'il avait l'habitude de chérir n'avait plus aucun sens dans ce moment suspendu.
Observant la Sakki qui notait désormais ses réponses dans le carnet à nouveau ouvert, Ashitaka hésita un instant pendant qu'elle se concentrait à cela. Puis choisit de remettre son idée à plus tard, préférant observer encore un peu l'amejine, la première belle qui le perturbait ainsi. Comme un animal curieux, il avait envie de s'approcher d'Amiko, de l'observer sur toutes les coutures, mais aussi d'enlever cette prison qui barrait son visage. Qui l'empêchait de voir véritablement son sourire autrement qu'avec la légère courbe que ses joues prenaient et ses yeux qui se fermaient. Se reprenant un peu en se rendant compte qu'il était tellement penché en avant qu'il commençait à basculer, Ashitaka se remit plus droit, toussant un peu pour essayer de se redonner une contenance face à cette sirène qui venait de lever son crayon et se rapprochait de lui.
Lorsqu'il vit son regard, Ashitaka eut un nouvel instant d'hésitation levant son bras un peu plus haut que nécessaire pour attraper le carnet, pour atteindre directement le visage de la jeune femme pour lui caresser la joue. Clignant des yeux et se réinstallant à nouveau alors qu'il l'avait fait à peine quelques instants plus tôt, le Borukan attrapa le carnet pour en lire le contenu. Il n'avait pas osé aller au bout de son envie soudaine, s'était arrêté à mi-chemin, incapable de toucher le visage de l'assimilatrice à la peau soyeuse.
Là, il put lire les premières lignes de l'écriture toujours aussi appliquée malgré le support inexistant. Elle était adroite et appliquée, à n'en pas douter. Bien loin de ce que lui savait faire. Il parcourut le paragraphe et releva les yeux vers le visage de la demoiselle, restant captivé par ses yeux quelques instants. Elle parlait de ce bombou non ? Et sans doute d'autres choses qu'il ne pouvait qu'imaginer pour l'instant. Pourquoi s'en voulait-elle ainsi ? Les réponses ne faisaient qu'apporter plus de questions à l'esprit du Jônin. Il remarqua alors la dernière ligne qui était directement pour lui, ce qui lui fit aggrandir les yeux quelques instants avant qu'il ne baisse un peu plus la tête sur le carnet, essayant de cacher la gêne qui s'installait. Il n'avait jamais ressentit ça, c'était certain. Ce bouillonnement intérieur était bien différent de ceux que lui faisaient vivre les combats ou les rancoeurs.
Reprenant la suite de la lecture pour se changer les idées, le Jônin parla alors que ses yeux suivaient la suite du texte.
« Je comprends, c'est un peu similaire à ce dont j'ai entendu parler par les quelques Borukan touchés... Pour ses barrières, c'est qu'elles te rassurent ? Ou que tu te sens obligée de les avoir ?.. Je ne connais pas ta raison mais... Si elles te rendent malheureuse, est-ce qu'elles sont vraiment nécessaires ?.. »
Incapable de faire un commentaire sur la suite, il avait préféré passer à la suite.
« Elle est talentueuse oui... Et je compte bien y parvenir, je n'attendrais pas des années non plus pour faire le premier pas. J'attends juste... la bonne occasion disons... Je te remercie pour ta confiance... J'en suis... Heureux. »
Il avait un peu de mal à mettre des mots sur ce qu'il ressentait face à Amiko, ses yeux la déroutant tout particulièrement, comme son attitude générale. Attendrissante et captivante à la fois, il avait envie de la serrer dans ses bras pour la rassurer, elle qui semblait malheureuse et en partie effrayée comme il avait pu le voir quelques instants plus tôt. Le sang encore en partie visible sur son cou et ses vêtements n'y changeait rien, bien qu'elle en ait enlevé la majeure partie.
La suite de la lecture confirma son hypothèse quant à la présence du bambou, c'était bien ça la punition donc. Ou au moins en était-ce une partie. Terminant la dernière ligne des yeux, il recroisa son regard et toujours gêné par ce qu'il venait de lire, il se força cette fois à le soutenir.
« Je ne veux pas te forcer à l'enlever si tu ne t'en sens pas capable, mais je pense que tu devrais le faire. Et non, je ne fuirai pas, je ne me moquerai pas. »
Comment le pourrais-je ? Tu es bien trop belle. Son esprit avait continué sa phrase sans qu'il ne puisse la dire à voix haute. Phrase beaucoup trop directe et qui manqua même de le faire rougir. Il sentait la chaleur monter dans son corps mais il la maîtrisa à nouveau. Cependant, il avait autre chose à faire avant.
« Mais avant... attends quelques instants... »
Se relevant, le guerrier attrapa la serviette et jeta un regard au cours d'eau. Il était suffisamment propre. Y passant quelques instants le rectangle de coton, le guerrier la lava rapidement avant de la sortir puis de faire une série de mudras. D'abord, il en fit s'échapper toute l'eau pour qu'elle retourne à la rivière, puis il créa un noveau dragonnet de magma qui vint caresser la serviette pour la réchauffer, aidé d'un vent léger créé par le Borukan pour la rendre à nouveau douce et chaude, comme si elle avait attendu auprès d'une cheminée pour être à la température parfaite pour être utilisée.
« Voilà, elle est propre... Tu devrais te sécher avant de tomber malade à cause de moi... Et si tu acceptes de me faire confiance à ce point, alors je ne te décevrais pas. »
Cette fois-ci, il osa s'approcher d'elle directement, n'attendant plus que ce soit elle qui fasse le premier pas, s'arrêtant à portée de bras pour lui tendre la serviette de ses deux mains. Plus grand qu'elle, il la surplombait un peu mais son regard ne quittait absolument pas ses yeux. Pour la première fois de sa vie, il était envouté par un regard, mais il n'osait plus rien faire de peur de lui faire peur, de la brusquer ou de lui faire du mal. Immobile, il attendait.
L’embarra sur le faciès du Borukan contrastait avec son air sérieux et autoritaire, faisant place à des traits plus doux et plus agréables. Même si ses sourcils froncés le rendaient tout aussi attendrissant, Amiko aimait voir qu’il n’était pas insensible à ses sincères écrits. Alors intriguée, ses pupilles rosées le fixaient, sans gêne, prête à déceler tout ce qui émanait de lui. Malheureusement, il fallait couper le contact pour pouvoir lui répondre. Elle en avait des choses à dire, et l’écrit lui permettait de se dévoiler plus qu’elle ne pourrait le faire à voix haute. Pendant qu’elle se concentrait à choisir les bons et derniers mots, une petite ombre se présenta devant elle, l’incitant à redresser la tête. La bouille du rouquin s’était approchée d’elle, avec un intérêt certain pour ce qu’elle faisait, ce qui la surprit de plus belle.
Rougissant légèrement, la seule chose qu’elle put faire, fut de lui tendre le carnet et le crayon. Sa main qui devait attraper le livre, se dirigea vers la joue de l’assimilatrice sans pour autant la toucher. Légèrement surpris, elle eut le réflexe de fermer les yeux, de peur qu’il veuille lui faire du mal. Cependant, celui-ci se contenta de changer de route et d’attraper le bloc note pour le lire. Ne saisissant pas ce qu’il venait de se passer, la Sakki se contenta de cligner plusieurs fois des yeux, tandis que son cœur battait à tout rompre. Le jeune homme semblait curieux devant les lignes écrites avec délicatesse. Que pouvait-il se dire dans sa tête ? S’imaginait-il tout un tas de possibilité la concernant ? On aurait même dit que le jonin tentait de lire en elle comme dans un livre ouvert, ce qui la força à détourner le regard. En tout cas, un passage de son livre le surprit et l’embarrassa au plus haut point, ce qui la fit légèrement sourire.
Maintenant qu’il avait terminé, la demoiselle se tint droite comme un piquet, prête à entendre cette voix qui savait l’apaiser. Ses premiers mots tombèrent comme un coup de massue. Pourquoi le garder sur sa bouche si ça la rendait malheureuse ? C’était une question lourde de sens, mais qui avait une réponse qui faisait son poids aussi. Celle-ci baissa son visage, une mine triste dominant ses traits attendrissants. Peut-être parce qu’elle pouvait occasionner encore plus de malheur si elle ne s’était pas infligé cette punition. Ses doigts se trituraient, ne sachant pas quoi dire ou penser. Même si elle avait peur de ce qu’elle pouvait engendrer, il avait totalement raison.
La suite de ses mots fut plus douce, elle était même ravie qu’il soit touché par son gain de confiance. Celle-ci se contenta alors de hocher de la tête, accompagnée d’un fin sourire qui lui était unique. Par la suite, le manipulateur de lave la rassura concernant son bambou. Sa première crainte était de le décevoir et qu’il s’enfuit. Pourtant, le rouquin semblait sûr de lui, plus que jamais. Celle-ci soupira alors rassurée puis prit une bonne inspiration. Il la coupa alors, tandis qu’elle se préparait mentalement à se montrer sous son vrai jour. Il quitta son nid rocheux et se dirigea vers la rivière, avec sa serviette. Surprise par cette initiative, Amiko resta sur place et l’observa faire silencieusement. L’iwajin lui fit une agréable démonstration de ses arts shinobis, sous un regard brillant de mille lumières. Le voir faire ces petits tours de magie la subjuguait encore plus, rendant cet individu qu’elle ne connaissait que depuis une demi-heure tout au plus, très intriguant. L’amejin se disait qu’il devait vraiment être fort pour posséder toutes ces affinités, alors qu’elle… elle ne réussissait même pas à maîtriser son nouveau don. Celle-ci rougit de plus belle, lorsqu’elle comprit qu’il voulait prendre simplement soin d’elle. Il s’approcha bien plus que d’habitude, ce qui surprit la demoiselle. Cette proximité l’aurait mise mal à l’aise, mais étrangement, cela la rassurait au plus haut point, de le sentir tout près. Il gardait une certaine distance pour ne pas l’effrayer ce qui la touchait davantage. C’était à son tour de faire un pas vers lui, toutes les précautions prises par le Borukan laissaient comprendre que c’était quelqu’un de bien et qu’elle pouvait avoir confiance en lui.
D’abord hésitante, la sanguine avança un pas puis un autre. Son minois se leva vers le jeune homme, en passant par son torse dénudé, ce qui la fit rougir encore plus. Elle remarqua cependant une marque blanchâtre qui contrastait avec le reste de sa peau bronzée. Amiko garda cela dans un coin de sa tête avant d’attraper sa serviette. Le tissu était chaud, même si ce n’était pas flagrant pour quelqu’un bouillant de nature, le fait que cela soit grâce à Ashitaka changeait tout. Doucement, elle la rapprocha de son visage et se blottit contre celle-ci pour profiter de cette sérénité réchauffant. Cet acte était très adorable de sa part, elle ne sentait pas vraiment le froid lui coller à la peau, mais comprenait que cela ne signifiait pas qu’elle ne pouvait pas tomber malade. Sans quitter les iris volcaniques du shinobi, Amiko bougea ses épaules de façon à faire tomber son haori par terre. Son kimono rosé illumina les lieux tandis qu’elle tapotait où c’était mouillé. Elle termina alors par ses cheveux, tandis qu’elle posait la serviette chaude sur sa tête.
C’était le moment, elle le savait. Alors, d’une petite moue légèrement timide, ses mains tremblantes attrapèrent le bambou. Il lui fallut de longues secondes pour s’activer, tandis que celui-ci quittait le quatuor de canines acérées. Ouvrant la bouche en grand, elle lui offrit alors une vue sur sa dentition hors du commun et effrayante avant de refermer la bouche. Très gênée, la jeune femme cherchait un point à fixer pour ne pas voir une réaction qui pourrait la peiner. Le silence lui-même devenait légèrement pesant pour la jeune femme qui ne savait pas quoi faire ou dire… Pourtant, il le fallait. Amiko tenta de se camoufler avec sa serviette, lui laissant voir que son visage et ses pupilles cristallines. Lorsqu’elle tomba sur ses yeux, le monde s’arrêta de nouveau de tourner, tandis que son cœur tambourinait dans sa cage thoracique. Cette proximité lui éveilla discrètement une envie qu’elle aurait voulu anéantir sur le moment. « Parle, dis quelque chose, pense à autre chose… ».
«Je… Merci… Ashitaka… »
Un timbre de voix doux et chaleureux passa la barrière de ses lèvres rosées et légèrement pulpeuse à cause du bambou. Que dire d’autre que merci ? Il s’était montré plus qu’exemplaire et patient avec elle, il méritait bien toute sa reconnaissance. En retirant sa punition, la brune retira des barrières supplémentaires. Elle pouvait être plus elle et se sentait libérée d’un point. Pour oublier tout de même ce malaise qui était toujours présent, la genin s’attarda sur la peau du jeune homme, tandis qu’une main s’approchait de celui-ci. Presque obnubilée par cette cicatrice étrange, sa paume se posa alors dessus. Surprise par la température basse de cette zone, celle-ci leva son regard saumon vers Ashitaka, perplexe. Inconsciemment, la jeune femme avait même usé de son essence magmatique pour réchauffer sa main et par le même occasion son torse glacial.
Étrangement, celle-ci n’avait pas envie de lâcher le contact, bien que ses pensées lui criaient de le faire.
«Je suis… enchantée de te rencontrer Ashitaka… Je suis Amiko...»Le son était tel un murmure, qu’il entendra tout de même. Son faciès se leva alors vers son visage, tandis qu’elle cherchait à comprendre l’absence d’une peur vis-à-vis de lui. C’était comme si quelque chose d’invisible les avait liés et que son cœur lui disait de ne jamais le quitter. À cette pensée, elle ne put s’empêcher de s’empourprer, jusqu’à lui offrit un timide sourire. «Qu’est-ce dont ? Pourquoi c’est si froid… ? »Termina-t-elle, plus que curieuse. Oubliant même la possibilité qu’il la repousse et qu’il s’enfuit. Après tout, il le lui avait promis ?
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Dernière édition par Amiko le Mar 18 Fév 2020 - 0:26, édité 1 fois
Les réactions d'Amiko face à lui le fascinaient. Elle était magnifique, le guerrier avait de plus en plus de mal à garder cette distance de convenance. Un instant de blanc dans son esprit manqua de lui faire toucher la joue de la belle mais il se rattrapa. Pourtant, elle ne s'était pas reculée. Elle avait simplement rougit et fermer les yeux. Elle aurait accepté ? Ou alors était-ce la peur qui lui avait dicté cette conduite. Encore incertain, il avait préféré reprendre un peu de distance pour mieux se préparer et s'assurer de la nature des réactions de la jeune femme. À ce moment, elle seule comptait et il ne voulait gâcher cela pour rien au monde.
Lorsqu'il prit le temps de lire les mots de l'amejine, l'une de ses réflexions sembla la faire se refermer sur elle-même et il se mordit la lèvre, espérant ne pas avoir gâché ce qu'il était en train de construire. Cette relation étrange et inattendue qui comptait déjà beaucoup pour lui sans même qu'il n'ait compris comment elle s'était formée. Il prit alors le temps de lui préparer la serviette qu'il avait utilisé auparavant et s'approcha d'elle, gêné mais faisant l'effort d'un premier pas pour se rattraper de ce qui avait semblé attrister la demoiselle. Et l'effet sembla marcher au vu de la coloration des joues de l'assimilatrice. Cette dernière ne se recula pas non plus, et elle quitta même l'un de ses vêtements pour mieux se sécher. Ne voulant pas la gêner plus qu'il ne le faisait déjà, le Borukan détourna légèrement les yeux le temps qu'elle termine. Alors qu'elle gardait la serviette sur la tête et qu'il reportait son regard sur elle, il remarqua le mouvement des bras de la brune.
Ashitaka retint légèrement son souffle, ne sachant à quoi s'attendre derrière ce bandeau qui la forçait au silence. Quel genre de cicatrice pouvait-elle vouloir cacher ? Ou était-ce quelque chose de véritablement inhumain ? Il s'attendait à tout, mais lorsqu'enfin la barrière tomba, il remarqua simplement les canines plus grandes que nature, mais elles n'étaient pas non plus disproportionnées de manière affreuse. Plus calme maintenant qu'il la voyait véritablement, il hésita un instant, préférant lui laisser le premier mot.
À nouveau perdu dans l'admiration de la genin qui lui faisait face, le jônin sursauta légèrement en sentant sa main chaude posée sur la partie glacée de son torse. Il sourit légèrement avant de répondre à la salutation qu'elle venait de faire.
« Hajimemashite Amiko. Merci à toi de me faire confiance... »
Silencieux, il la laissa l'observer de plus près, en profitant pour lui-même reprendre son admiration de la belle. Lorsqu'elle reprit la parole, il sourit à nouveau avant d'oser faire la tentative avortée un peu plus tôt. Relevant sa main droite, il vint la poser sur la joue de la demoiselle, la lui caressant avec tendresse. Il en mourrait d'envie, il espérait juste qu'elle ne l'esquiverait pas cette fois aussi. Elle avait osé le toucher, c'était bien une preuve que ce n'était pas de la peur qu'elle éprouvait, non ?
« Tu es magnifique, je n'ai aucune raison de fuir. J'en serais bien incapable. »
Elle l'avait déjà ensorcelé, il ne pouvait plus tourner les talons. À sa nouvelle question, il sourit encore une fois, tendrement.
« J'ai ça depuis la Résonance. C'est une nouvelle capacité que j'ai que je dois apprendre à maîtriser. La manipulation de la glace. »
Un peu gêné, il gardait cependant sa main sur la joue de la belle, gardant son regard sur elle pour qu'elle n'interprête pas mal ses intentions et ses réactions.
« Tu as une très belle voix, c'est dommage de la garder pour toi... »
Souriant à nouveau, le Loup plongea ses yeux ambrés dans ceux rosés de la demoiselle qui lui faisait face. Il resta alors silencieux, ne sachant plus trop que dire ni que faire, souhaitant juste prolonger ce moment avec elle.
Le son des battements de son cœur résonnait si intensément qu’elle n’entendait plus le cours d’eau ruisseler tout près des deux shinobis. Ses mains tremblantes posées sur le bambou, la jeune femme hésita de longues secondes avant d’ôter cette barrière qu’elle avait depuis maintenant dix années. Amiko s’était toujours promis de garder cette punition et les rares exceptions étaient les personnes en qui elle avait confiance, plus que quiconque ou avec qui elle se sentait liée, comme avec Katsuko. Pour Ashitaka, c’était étrange. C’était comme si tout en elle lui disait d’aller vers lui et de ne pas se cacher, qu’il serait là, peu importe ce qu’il pouvait se passer. Depuis sa tendre enfance, sa propre famille la caractérisait de monstre, se faisant laver le cerveau pour qu’elle se sente comme une moins-que-rien. Pourquoi cela en serait-il différend aujourd’hui, devant ce jeune homme, qui la faisait se sentir bien et heureuse, mais qu’elle ne connaissait pas vraiment ? À corps perdu dans ce qu’elle ne comprenait pas, l’assimilatrice avait envie de laisser jouer le destin et de voir où ça la mènera. Comme Fuyumi le disait, c’était à elle de mener la vie qu’elle souhaitait.
L’air ébahi sur son visage bronzé était bon signe ou pas ? Était-il trop choqué pour dire quoi que ce soit ? Durant cet instant, Amiko eut peur et regrettait presque de lui avoir offert cette confiance. Mais cette pensée sauvage et inutile quitta très vite sa tête, lorsque le Borukan lui répondit. Plus que ravie de sa réaction et de ce sourire, le visage de la brune s’illumina plus qu’il en fallait faisant briller ses pupilles saumon de mille éclat. Très vite, son attention se reposa sur cette sensation de froid qui se collait à sa main. Ses longs sourcils se froncèrent tandis qu’elle tentait de réchauffer cette zone dont la température anormalement basse était inquiétante. La seule chose qui sortit de ses lèvres rosées, fut son prénom, histoire de se présenter plus officiellement à lui, qu’à travers son carnet. De manière inattendue, le jonin vint céder à un caprice qui semblait le nourrir depuis quelques minutes. Une main chaude se posa sur sa joue, la forçant à ancrer ses iris rosés dans les siennes. Son visage s’empourpra immédiatement, tandis qu’une douce caresse vint la surprendre d’autant plus. Bien trop surprise par ce geste, la Sakki resta quelques instants immobiles, profitant de cette initiative agréable. Elle ferma les yeux d’ailleurs quelques instants, se remémorant de ce geste qui réchauffait son cœur et qui lui manquait tant. Ashitaka venait de lui offrir un moment d’apaisement et de sérénité qui la touchait profondément.
L’émotion était si intense qu’elle aurait pu en pleurer, son nez lui piquant légèrement et ses yeux s’humidifiant quelque peu. Les compliments qui s’en suivirent firent bondir l’organe vital de la ravissante amejin, tandis qu’elle reposa son regard sur son faciès. Complètement prise au dépourvu, face à tant de douceur et de tendresse, la genin lui posa une question qui… dérivait un peu sur un autre sujet. Il lui répondit que la résonance avait ouvert en lui une capacité qu’il ne savait maîtriser et qui lui avait infligé ce stigmate. La glace… Le froid… L’inverse de tout ce qui émanait de sa présence, une chaleur réconforte et rassurante dont Amiko commençait à s’habituer. Elle lui aurait bien proposé de rencontrer Fuyumi, qui avait des connaissances dans le domaine des températures basses, mais ses capacités étaient secrètes et peu importe qui était face à elle, jamais elle ne pourrait trahir cela. Même si elle ne pouvait oublier la présence de sa paume sur sa peau, la jeune femme tenta de lui répondre naturellement.
«Toi aussi tu as été impacté… Est-ce que mon chakra, la chaleur... fait quelque chose à ta marque ? J’aimerais pouvoir t’aider, mais je suis moi-même dépassée par cette résonance… »
Une fois de plus, la native de la pluie se sentait impuissante et inutile. Ce qui la poussait à se motiver pour apprendre à se maîtriser, son assimilation et cette affinité étrange qui semblait pourtant la compléter à merveille. L’écho des paroles du Borukan résonna de nouveau dans l’esprit de l’assimilatrice, faisant face à un compliment et pas des moindres… Celle-ci détourna le regard, sentant son visage se réchauffer très vite. Elle qui ne parlait pas beaucoup, qui n’avait pas l’habitude de s’exprimer ainsi, qu’on la complimente sur sa voix, représentait beaucoup pour elle. Sa seule réaction fut de lever ses deux mains pour attraper celle sur son minois. Elle la regarda étrangement, avant de se lover contre celle-ci et de frotter son visage contre sa paume, comme si elle s’y sentait bien. Elle la serra un peu plus contre ses fins doigts. Même si elle avait retiré son bambou, le dialogue n’était pas ce dont elle était le plus à l’aise, il fallait aussi qu’elle s’habitue et qu’elle se mette plus à l’aise.
«Ashitaka… Parle-moi de toi… Je veux tout savoir ! »
Si Amiko pouvait se cacher dans sa main, elle l’aurait fait, son petit air timide et embarrassé la rendait adorable et touchante, mais c’était tout ce qu’elle pouvait dire ou lui offrir pour le moment...
Le sourire et les yeux brillants de la belle captivèrent une fois de plus le Loup. Incapable de s'en défaire pendant de longues secondes, il se rendit finalement compte qu'il semblait la gêner et détourna un peu les yeux, ne voulant pas l'indisposer. C'était dur tant elle l'attirait, lui donnait envie de s'y brûler les ailes, un Icare au face au Soleil. Enivré, il perdait ses repères et sa notion du raisonnable. Mais contrairement au fou qui s'y était tué, il savait que la chûte qu'il risquait pouvait être longue et passionnée, bien différente de celle de l'homme aux ailes de cire.
Lorsqu'elle le toucha et attira son attention sur sa nouvelle particularité, il lui sourit avant de lui répondre. S'il en doutait encore, la chûte avait commencé. Il était tombé, mais combien de temps cela durerait ? Longtemps. Il l'espérait. Car désormais, le contact avec le sol serait sans pitié. Il le savait, mais il n'en avait pas peur. Les yeux d'Amiko, sa peau, ses cheveux, ses lèvres... Tout lui murmurait que cela en valait la peine. La peine de la fin. Cela aussi passera, pas vrai ? Chassant ces pensées fatalistes, il préféra se reconcentrer sur le voyage, la chose qui primait. D'autant plus en telle compagnie.
La complimentant, il finit par s'abandonner à son tour à une envie de contact peut-être un peu osée mais que la jeune femme ne refusa heureusement pas. Le sol était encore loin. Sa réaction le fit sourire à nouveau. Loin d'être moqueur, le Jônin se faisait aussi tendre et attentif qu'il le pouvait.
« Ça n'y change rien, mais c'est agréable... Je ne risque rien, je suis allé voir un médecin pour m'en assurer. »
Il lui sourit, un peu amusé de la voir ainsi concernée. Est-ce que le Soleil tombait avec lui ? La chûte était étrange et fascinante. Il devait en profiter. Avec elle.
Alors qu'il lui caressait encore la joue, elle choisit d'y amener ses deux mains non pas pour le repousser par gêne comme il l'aurait cru pendant un instant, mais pour s'y blottir. Elle montrait plus un air de confort qui fit détourner le regard au guerrier rouquin. Pour la première fois depuis bien longtemps, il sentit même le rouge lui venir aux joues quelques instants face à l'air de la demoiselle qui le perturbait au plus haut point, jouant avec ses sentiments avec un naturel déconcertant. Est-ce qu'elle avait cette même sensation ? Difficile à dire. Mais il l'espérait de tout coeur.
Elle parla à nouveau, arrêtant le silence timide qui s'était installé entre eux pendant les derniers instants. Ils étaient maladroits. C'était la première fois qu'ils tombaient sans doute. Face à sa question, l'homme aux yeux ambrés se racla un peu la gorge pour reprendre une consistence et se lancer.
« De moi ?.. »
Ashitaka laissa quelques instants de silence pour organiser difficilement ses pensées puis il se lança.
« Je te propose qu'on fasse chacun son tour, ok ?.. »
Espérant une réponse positive, il reprit après une poignée de secondes.
« Je m'appelle Ashitaka... Je suis du clan Borukan et j'ai bientôt vingt-et-un ans... Je suis Jônin pour Iwa. J'ai fait beaucoup de missions un peu partout, et depuis l'attaque de Mamushi j'ai une petite soeur adoptive que j'aide à grandir puisqu'elle n'a plus personne pour elle. Elle s'appelle Yuki Rakka et elle a onze ans. Je vis en bordure du quartier de clan, seul. Rakka préfère rester dans son ancienne maison, alors je passe la voir tous les jours pour vérifier que tout va bien. Et comme je te l'ai dit tout à l'heure, je souhaite devenir Tsuchikage pour faire avancer notre cité et notre pays dans une meilleure direction que celle que nous prenons depuis le début. Tout est trop hasardeux. Pour mes capacités... Tu en as vu une bonne partie. Je suis aussi senseur et je sais me battre au katana. »
Se grattant un peu la tête de sa main libre, pensif, le Jônin reposa son regard dans celui de la belle, s'y perdant à nouveau. La chûte continuait.
L’embrasement, la chaleur, elle les côtoyait depuis sa plus misérable enfance. Le sang bouillait dans ses veines à chaque témoignage de sa soif et il était très difficile de s’en passer, c’était une drogue. Vivant dans le manque pendant un certain temps, Amiko avait vécu en bouillonnant littéralement, sa fièvre montant anormalement, ses tremblements incessants l’empêchaient de vivre correctement. Pourtant, elle essayait, bien qu’en vain parfois, de se battre. Cette aura de feu semblait vouloir la suivre, alors même qu’elle s’y habituait et vivait avec. La voici, quelques mois plutôt, devenir la lave même, s’apparentant avec cette chaleur incessante qui vivait en elle. Son destin était lié au flamboiement et aujourd’hui n’en faisait pas exception.
C’était d’ailleurs très troublant, mais cette flamme qui s’était éveillée timidement en elle était différente de d’habitude. Était-ce la manifestation de son pouvoir ? Son désir sanguinaire ? Non, c’était bien plus doux, plus agréable, ce qui était donc encore plus déconcertant. D’ailleurs, à y réfléchir de plus près, cette sensation s’était déclarée en la présence d’Ashitaka. Son cœur battait plus vite, ses joues rougissaient plus souvent. Elle ne comprenait pas ce qui lui arrivait… Perdait-elle le contrôle ? Tombait-elle malade ? Ou était-ce autre chose ? Le contact de sa main sur cette partie froide de son torse l’électrisa, l’immobilisant quelques secondes. Elle chercha à comprendre ce qui lui était arrivé, mais ne pouvait enlever ce petit bout de crépitement qui dansait en elle. Limite, elle pensait que cela venait de son assimilation, mais non, cela venait de bien plus profond.
Prenant feu comme si sa lave se manifestait, petit à petit, c’était tout son corps qui bouillait. Elle en été très déstabilisée, et agréablement surprise. Sa peur était là, quelque part, parce qu’elle ne voulait pas ressentir ce désir sanguinaire vis-à-vis de cet homme qui par sa seule présence, lui faisait un bien fou. Sa main sur sa joue accéléra l’incandescence en elle, la faisant rougir de plus belle et la paralysant presque. Il finit par lui répondre et elle hocha de la tête, contente de savoir qu’il ne risquait rien, bien que cela soit tout de même étrange.
Pour lui faire comprendre qu’elle se sentait bien, et plus habituée par les actes que les mots, la genin attrapa délicatement ses mains pour s’y conforter. Sa joue se frotta contre celles-ci, un sourire serein dessiné sur son minois. Curieuse, cherchant ses mots, elle ne le laissa pas paraître, profitant de ce contact réconfortant puis lui demanda simplement et naturellement de parler de lui. Chacun leur tour ?… Les gens aimaient bien les deals ici dit donc… Mais c’était d’accord, répondit-elle d’un simple hochement de tête.
Il commença alors sa présentation, sous les yeux brillants et intrigués de l’amejin. Elle l’écouta, sa joue enveloppée par sa paume, tête penchée sur le côté. Borukan Ashitaka, le manipulateur de lave… Ils avaient donc le même âge, bien qu’elle était beaucoup plus petite en taille. Il avait un grade élevé dans les rangs du village, ce qui était admirable. Le rouquin confia avoir la charge d’une petite sœur adoptive ce qui lui fait penser à sa relation avec Fuyumi. Chacun vivait de son côté, ce qu’elle trouvait étonnant, mais la continuité de sa phrase expliqua la raison de cette séparation. Ses objectifs étaient présentés et l’ambition qui émanait du jeune homme était honorable. Beaucoup d’informations qui lui permettaient de mieux le connaître et de savoir que c’était une belle personne, renforçant cette chaleur en elle et cette confiance qui se tissait petit à petit. Amiko rougit légèrement, une fois qu’il termina ses propos. Elle en avait des questions… mais que faire… se présenter ou le nourrir d’interrogations ? Non parce qu’elle n’arrivait toujours pas à comprendre ce qui lui arrivait…
Cette idée embarrassante disparut temporairement dans un coin de sa tête lorsqu’elle comprenait que c’était à elle de lui parler de sa vie. Doucement, sa main relâcha la paume d’Ashitaka, tandis qu’un regard hésitant lui fut offert. Elle l’avait promis, mais elle ne savait pas quoi dire, comment réagirait-il, si elle pouvait se confier sur toute sa vie ? C’était si compliqué, que ça lui nouait le ventre. D’ailleurs, deux mains s’y posèrent, tandis qu’elle fermait les yeux pour calmer son stress soudain.
«Je… Je suis contente d’en savoir plus sur toi, je le pense encore, tu es une belle personne et j’espère que tu atteindras tes ambitions. »
Ses paupières s’ouvrirent alors, tandis qu’un petit sourire cherchait le passage de ses lèvres pour rassurer le jonin de ce changement d’ambiance. L’embrasement était toujours intact, mais la douleur du passé revenait comme une étoile filante et c’était très difficile à assimiler.
«Est-ce que tu ressens ça toi aussi ? Cette chaleur que je perçois qui est différente de celle que j’ai toujours connue... Je ne le comprends pas, mais je sais que je la ressens grâce à toi...»
Son visage s’empourpra légèrement, s’arrêtant de parler pour le laisser assimiler ce qu’elle sous-entendait. Puis elle inspira, car cette question n’était pas anodine.
«J’ai envie de te dire tellement de choses, je sens que je peux te faire confiance, mais… j’ai si peur...»
Ses mains se posèrent sur ses bras, comme pour s’enlacer, se protéger de ses démons qui menaçaient à tout moment de faire irruption… Pouvait-elle le faire, se permettre de le mettre en danger, de connaître sa véritable nature, dans le risque de le faire fuir ? Ses ailes commençaient à prendre feu, allait-il pouvoir éteindre l’incendie qui représentait la désolation et l’horreur qui la poursuivait ? Laisser le destin jouer hein, vivre sa vie ?
«Je m’appelle Amiko… J’ai vingt-et-un ans aussi... Je suis née à Ame, dans un clan dont je ne peux dire le nom, qui manipulait le sang… Après un… crime qui s’est produit… J'ai été sauvée par mon amie, alors que je me laissais mourir, j'avais dix ans... Ce furent les mois les plus éprouvants et les plus horribles de ma vie… Il fallait que je m’habitue à certaines choses et j’ai pris des décisions, comme pour ce bambou… Puis, nous sommes arrivées à Iwa à sa construction pour rejoindre les rangs. Il me fallut plus de temps pour devenir shinobi et me voici Genin d’Iwa… Je vis avec elle et d’autres personnes dans une maison des quartiers résidentiels. Depuis la résonance, un nouveau pouvoir s’est manifesté et j’ai perdu le contrôle de mon sang. Je suis instable et donc je dois faire attention… En fait… pour tout dire, si je me fais discrète et que je semble peu… amicale et sauvage, je le sais bien, c’est parce que je n’ai rien de normal, je… je ne suis pas normale… Tu n’imagines pas ce que j’ai pu faire et ce que je peux faire… Je ne peux pas apporter de belles choses et je ne les mérite pas... »
Ses mains se posèrent devant son visage, marqué par la honte et la culpabilité. Ses jambes se dérobèrent, s’agenouillant sur le sol brutalement, ignorant la douleur naissante sur ses genoux. C’était si dur. Alors qu’elle se donnait une chance de s’ouvrir à quelqu’un, d’accepter ce qu’elle était, la voilà à reculer et à se terrifier de ce que pourrait dire ou penser le Borukan. Amiko ne pouvait oublier son passé, elle ne pouvait que vivre avec et avancer en modifiant les pages qui semblaient déjà écrites. Est-ce qu'Ashitaka pourrait être l’une de ses plumes qui changerait son destin ?
Ashitaka la regardait avec quelque chose de nouveau, qu'il n'avait jamais ressenti auparavant. Elle était spéciale. Unique.Pour rien au monde il n'aurait voulu la décevoir. La réponse de la damoiselle à sa présentation le gêna un peu, le compliment venant d'elle lui allant droit au coeur. Une flèche qu'aucune armure n'aurait su arrêter.
Sa question suivante cependant le fit rougir à nouveau. Deux fois en si peu de temps, lui qui était pourtant devenu très capable en ce qui concernait la maîtrise de ses émotions. Ensorcelé, il ne put qu'hocher la tête pour le lui confirmer. Oui, cette chaleur, celle du Soleil qui lui faisait face, il la sentait. Elle le réconfortait, le comblait. Il ne voulait pas la lâcher. Comme Haru gardait Calcifer contre lui, le guerrier ne voulait pas la voir partir. Qu'importe les risques, ce qui comptait c'était sa présence auprès de lui. Il en avait besoin.
« Je t'écoute Amiko. Tu peux prendre ton temps si tu en as besoin. »
Souriant à sa belle, le Borukan l'écouta avec la plus grande attention lorsqu'elle décida de se lancer. Il ne l'interrompit pas, lui caressant simplement la joue quand il la sentait faiblir à certaines phrases. Quand elle eut fini, il la sentit se dérober, s'effondrer à genoux. L'accompagnant pour ne pas qu'elle se blesse même si la logique lui dictait qu'il n'y avait aucune chance que cela arrive, il releva sa main restée jusque là sur sa joue pour replacer ses cheveux derrière ses oreilles afin qu'ils ne cachent pas son visage. Il lui laissa cependant y mettre ses mains, la prenant alors dans ses bras pour lui caresser le dos, essayant de la réconforter face à son malheur.
Son histoire semblait terrible et l'avoir racontée ainsi semblait pâle face aux émotions qu'elle paraissait revivre. Cherchant ses mots, il finit par rouvrir la bouche, à genoux avec elle, la gardant dans ses bras pour qu'elle puisse se sentir à l'abris et qu'elle ne se croit pas abandonnée une nouvelle fois.
« Je ne peux que m'imaginer ce que tu me racontes... Je n'ai rien vécu d'aussi dûr. Ma famille est toujours en vie, même si je ne les apprécie pas vraiment. Mais quoi que tu aies pu faire, au vu de ton état, je doute sincèrement que c'était quelque chose de normal pour toi. Tu avais dix ans tu me dis. Tu étais une enfant. Les enfants ont besoin d'être protégés, aidés, éduqués. D'après ce que tu me racontes, je n'ai pas l'impression que ton clan t'ait aidé ne serait-ce qu'un instant. Et c'est leur faute s'il est arrivé malheur. Un crime commit par un enfant est une erreur de ceux qui l'ont élevé. C'est eux qui ont fait en sorte que la chose se termine ainsi. Si tu cherches la rédemption, si tu cherches à grandir pour devenir une meilleure personne, alors sache que rien que tes années de présence à Iwa sans que tu fasses le moindre remous négatif sont une preuve de ton envie de ne pas faire de mal aux autres. Et ta lutte permanente est la preuve que tu veux faire mieux. Un véritable criminel ne s'en veut pas pour ses erreurs, ses crimes. Et s'il peut avoir des doutes, il ne s'en rappelle certainement pas dix ans plus tard avec des regrets, avec de la peine. »
Il prit une grande respiration, lui caressant avec tendresse les cheveux, la laissant se calmer, s'épancher tant qu'elle en avait besoin.
« Si tu veux me parler plus de ça, je suis là. Si tu veux changer de conversation, je suis aussi là. Si tu veux rentrer, je peux te raccompagner chez toi. Ne te sens obligée de rien, je ne veux que ton bien. »
À vrai dire, rien qu'à la voir effrayée, à la limite de pleurer, il en était triste aussi. Il voulait la rassurer, qu'elle se sente bien. Qu'elle n'ait pas peur de lui confier ce dont elle avait besoin. Qu'elle ait confiance en lui, mais aussi qu'elle puisse lui faire un de ses beaux sourires sans qu'il ne soit teinté d'un chagrin profond. Qu'il soit simple et pur.
« Si tu as besoin de quelque chose, dis-le moi, je ferais de mon mieux pour te l'apporter. Si tu veux faire quelque chose, dis le moi. »
Il voulait qu'elle lui parle autant qu'elle en avait besoin. Et puis c'était toujours une bonne raison d'entendre un peu plus longtemps sa voix. Le Loup restait alors près d'elle, la tenant dans ses bras, attendant de voir comment elle se remettait, comment elle réagissait. Il venait à peine de se rendre compte qu'il avait encore prit le risque de s'approcher d'elle, prit le risque de lui faire peur. Il avait cédé à son envie, mais il avait aussi fait dans un sens ce qui lui avait paru nécessaire. Lui apporter du réconfort dans ce moment de douleur. Il ne voulait pas qu'elle souffre. Elle ne le méritait pas.
Amiko était rassurée de savoir qu’il était là et qu’il l’écoutait. Elle put se lancer dans une histoire qui n’était pas joyeuse, douloureuse et qui marquait encore la jeune femme, même dix ans après. Lorsqu’elle termina, abattue par la réalité des choses : maudite et ne méritant pas qu’on puisse être bon avec elle, la Sakki s’écroula sur le sol à genoux, mains sur le visage. Aucune larme ne quitter ses yeux, c’était simplement la peur de voir dans son regard de la déception ou du dégoût. Pourtant, même dans la chute de l’ange brisé, Ashitaka était là, tombant à ses côtés. Elle sentait ses doigts ranger ses cheveux bruns qui tombaient en cascade devant son faciès, caressant le dos de ses mains. Très rapidement, le vide qui l’entourait se vit comblé par les bras réchauffant du Borukan. Ses yeux écarquillés ne comprenaient pas, pourquoi ce geste, après ce qu’elle lui avait dit ? Pourquoi continuait-il à rester près d’elle ?
La genin ne se bougea pas, laissant la présence seule du jonin lui offrir toute la douceur et la tendresse dont elle avait besoin. Celui-ci finit par prendre la parole, lui montrant toute sa compassion et l’injustice qu’elle avait vécue. Ses mots la touchèrent plus qu’il en fallait, donnant la faute à son clan qui ne l’avait pas traitée comme elle aurait dû l’être. Il n’avait pas tort, ce crime avait été commis parce qu’ils l’avaient maltraitée et qu’ils l’avaient marqué sur le corps, encore une fois. Pourtant, l’assimilatrice ne pouvait se pardonner son geste et ne pouvait que vivre avec. La suite de ses mots, bien que très réconfortants et très agréables à entendre, n’étaient pas totalement justes. Bien sûr qu’elle cherchait à se rattraper de ses erreurs, c’était pour cela qu’elle ne se nourrissait que d’animaux. Mais même après, la jeune femme avait continué à faire du mal, et même maintenant encore, elle en était capable. Et c’était ce qui était le plus dur à expliquer, parce qu’il semblait vraiment croire en elle et en sa bonne personne. Criminel… Son corps se mit à trembler doucement, la peine et le regret ne pouvaient faire disparaître ce qu’elle était, ses besoins et son horrible nature, Amiko devait simplement vivre avec.
Sa main, qui vint caresser ses cheveux, était un baume à son cœur meurtri, elle ne le méritait pas, non… Et il continuait à être là, toujours, avenant, doux, compréhensif, pourquoi ? Pourquoi elle ? Cette assoiffée de sang qui ne pouvait se contrôler, qui était en manque dès qu’elle s’arrêtait pour se punir ? Son faciès se leva alors vers lui, son visage très près du sien, ce qui lui donna très chaud d’ailleurs, mais elle voulait savoir, comprendre. Ses pupilles rosées brillaient de tristesse et d’incompréhension.
« Pourquoi ? Pourquoi moi ? Pourquoi es-tu si gentil avec moi, avec ce que je t’ai dit ? Et tu te trompes… »Son visage s’assombrit et s’abaissa, fixant son torse. Tandis qu’elle reculait brutalement, tombant sur les fesses. « Même si j’ai toutes les bonnes volontés du monde. Je ne peux pas aller contre ma nature, je ne veux pas faire de mal à ceux que j’aime, mais quand… je… je peux leur faire du mal, c’est plus fort que moi… J’ai appris à me contrôler mais… Je suis obligée de vivre avec mon passé, vivre avec ce que je suis. La seule solution que j’avais trouvée, c’était ce bambou, qui me punit… Mais des personnes m’ont dit que je devais accepter ce que je suis, mais… j’ai peur… toujours peur… Alors je ne comprends pas pourquoi tu restes, pourquoi tu ne me fuis pas, alors que je suis un monstre… »
Triste réalité, c’était comme cela qu’on la voyait, qu’elle se sentait, comment pourrait-elle se sentir autrement ? Un doigt se posa sur la pointe de ses canines, elle aurait voulu l’arracher, pour ne plus les avoir, mais en quoi ce geste lui apporterait quoi que ce soit ? Sa soif sera toujours là, intarissable, vibrant dans son âme.
«Je voudrais que tu restes, là, avec moi, mais je ne le mérite pas… Comment pourrais-tu supporter de me côtoyer alors que je suis accroc au… s…s…sang… »
Termina-t-elle d’une petite voix, tandis qu’elle venait de lâcher la « bombe ». Devant lui, assise, se tenant sur deux mains, fragile, impuissante, Amiko fixa le Borukan, souhaitant cette fois-ci voir comment il allait réagir face à cette confession. Allait-il encore faire preuve de bonté ? De douceur à son égard, et pourquoi ?
À son plus grand plaisir, la demoiselle resta dans ses bras. Elle ne le repoussa pas violemment, ce qui avait été sa plus grande peur dans ces quelques instants alors qu'elle s'effondrait. Si elle le rejetait, alors il ne pourrait rien. Mais au contraire, elle semblait apprécier. Il espérait pouvoir ainsi l'aider à surmonter cette douleur qui semblait lancinante, permanente. Une douleur profonde, de longue date, qu'il ne saurait guérir en un jour. Mais le travail ne lui faisait pas peur, son Soleil en valait la chandelle.
Elle se mit soudain à le questionner, semblant ne pas comprendre ses raisons d'agir. Prenant un tout petit peu de distance sans pour autant enlever ses mains de sa tête et de son dos, pour mieux plonger son regard dans celui de la belle, Ashitaka lui fit un sourire.
Ramenant la main qui lui caressait les cheveux sur sa joue, le Borukan continuait de la fixer, essayait de la rassurer de ses caresses tendres. Il était sans doute maladroit, inexpérimenté. Il agissait de ce qu'il pensait être la meilleure des façons pour elle. Sans tenir compte de rien d'autre. Elle occultait le monde, le Yuukan n'avait plus d'importance face à elle. Il était au mieux au second plan. Il l'observa quelques instants avant de lui répondre.
« Parce que j'en ai envie. Si tu as peur, parle moi, je t'aiderai de mon mieux. Mais ne t'en fais pas, je me débrouille quand même. Si tu as des problèmes, je saurai me défendre sans te blesser. Je saurai te protéger. »
Elle l'avait repoussé d'un coup, sans doute efffrayée par elle-même. Il ne l'avait pas forcée à rester. Il ne voulait pas le faire. Si elle avait besoin d'espace, alors il lui en laissait. Mais ses paroles l'attristèrent. Elle semblait vraiment s'en vouloir. C'était quelque chose de profond. Une blessure ancienne qui la dévorait.
« Tu n'es pas un monstre, cesse de dire ça. S'il te plait... Je ne pense pas qu'on puisse changer qui l'on est. Mais on peut changer comment on agit et les raisons pour lesquelles on agit. Si tu as besoin d'aide, laisse-moi te tendre la main. »
Il ne voulait pour rien au monde la voir partir. La suite du discours de la demoiselle se fit encore plus tremblant, comme si elle désespérait. Après avoir raffirmé ne pas mériter d'aide, elle clama une dépendance étrange. Une dépendance au sang. Il fronça un peu les sourcils en la voyant se tenir ainsi la canine, comme si ses dents en étaient la faute. Elle semblait désespérée, et sa détresse raffermit le coeur du guerrier. Il ne voulait pas la laisser ainsi. Si elle était accro à ça, qu'importe la raison et la manière, ce qui était sûr c'est qu'elle n'avait tué personne depuis son arrivée à Iwa. Et elle lui avait dit y être depuis sa création. Elle devait malgré tout avoir un certain contrôle, il ne tenait qu'à lui de lui donner des outils pour s'en sortir.
Il attrapa alors avec douceur mais aussi avec une certaine force la main de la jeune amejine, l'attirant à lui.
« Si tu es dépendante, alors c'est que tu as besoin d'aide. Je n'abandonne pas ceux qui ont besoin de mon aide. Et encore moins toi... »
La redressant un peu pour qu'elle soit sur ses genoux, il la prit dans ses bras sans hésitation et la serra contre lui, lui caressant le dos quelques instants avant de s'écarter pour plonger ses ambres dans les yeux d'Amiko.
« Tu m'as fait confiance pour m'en dire autant sur toi, fais moi encore confiance pour t'aider, d'accord ? J'ai envie de rester avec toi. J'ai envie de te revoir demain et après demain encore. Est-ce que tu veux bien ça ? Est-ce que tu veux bien que je t'aide à régler tes problèmes pour que tu n'aies plus à trembler comme ça ? J'aime pas te voir dans cet état... Tu es si belle quand tu souris... »
Alors qu'il terminait sa phrase, il se rendit compte de ses derniers mots et rougit encore un fois. Mais cette fois-ci, il soutint son regard. C'était important. Il fallait qu'elle comprenne qu'il lui disait ce qu'il avait sur le coeur. Il fallait que son Soleil puisse continuer de briller. Et pour ça, il était prêt à beaucoup. Même s'il venait de la rencontrer, il était déjà passionné.
« Parce que j’en ai envie. Je saurai te protéger… » Pourquoi… Le méritait-elle vraiment ? Aspirait-elle à recevoir autant de douceur et de bons sentiments à son égard ? Il devait comprendre, il devait savoir où il posait les pieds, dans quelle spirale infernale, il mettait un pied. Alors elle recula légèrement, effrayée par des caresses qu’elle aimait tant et qui pouvaient disparaître à tout moment. Ses gestes doux et avenants, qui lui faisaient un bien fou, dont elle se passait difficilement, allaient-ils s’envoler tel un papillon éphémère ? De l’aide… il voulait lui donner son aide, mais comment ? En l’aidant à boire du sang ? En l’emmenant se promener pour se nourrir de ceux des animaux ? Et si un jour elle dérapait, que dirait-il ? Alors les mots sortirent, du fond du cœur, avec désespoir. Elle en avait tellement sur la conscience, qu’elle ne prit pas les pincettes, elle lui offrait son pire secret et ce qui restait d’humain dans son cœur meurtri.
Ses dents, elle la rendait différente, susceptible aux moqueries, lui rappelant sa soif intarissable. Contre toute attente, pensant qu’il allait prendre ses jambes à son cou, celui-ci attrapa sa main délicatement, mais avec assez de ferveur pour l’attirer à lui. Surprise, elle écarquilla les yeux et se retrouva très proche de sa personne, ce qui la fit rougir. Elle qui était en colère contre le monde entier, toute cette fureur et cette injustice venait de disparaître grâce à ce seul geste. Suite à ses mots, la jeune femme resta sans voix, prise au dépourvu. Il… comptait vraiment rester à ses côtés pour l’aider ? Ashitaka semblait bien décidé à lui faire comprendre qu’il ne partirait pas, elle ne comprenait pas, mais son cœur s’allégeait et pleurait de joie à la place de ses orbes rosés trop surpris.
L’amejin termina à genoux face à lui, et l’espace qu’il y avait entre eux fut rompu par ses bras autour d’elle. D’un geste sûr et déterminé, il l’enlaçait avec une forte affection, elle le sentait. Émue et au bord de l’implosion, elle réussit à rester captivée par ses prunelles flamboyantes, le cœur battant si fort qu’elle pourrait l’entendre. Le Borukan s’ouvra à elle doucement, délicatement et avec toute la tendresse et l’honnêteté qu’il soit. Tout son corps s’enflamma alors, intérieurement, son cœur s’embrasa, son esprit monta en température. Elle lâcha les armes, et hocha timidement de la tête, ses joues rougissant de plus belle. Elle voulait quand même le prévenir, savoir s’il comprenait ce qui en dépendait.
«Je veux être certaine… N’as-tu pas peur ? Si proche de moi… que je veuille m’en prendre à toi ? Si un jour je perds le contrôle, cela pourrait arriver et je ne pourrais me le pardonner. Parce que… c’est plus fort que moi par moment, et tu es… »Celle-ci détourna le regard en rougissant toujours, avant d’attraper sa main et de la poser contre ses lèvres, pour le regarder fiévreuse et tremblante. «appétissant ? »Était-elle dans la provocation ? Voulait-elle voir jusqu’où, elle pouvait aller et voir s’il le supportera ? Appréciait-elle sa compagnie au point de prendre tous ces risques ? « Quand j’ai besoin, je prends sur un animal, pour pouvoir tenir un minimum. Mais, avec l’assimilation, il m’arrive de ne pas distinguer les deux et… tu n’as pas envie de voir ni de savoir comment je réagis... Mais si tu te trouvais dans cette situation, où je n'arrive pas à m’arrêter et qui je tue quelqu’un, comment tu feras, y as-tu pensé ? »
Elle baissa les yeux, triste, parce qu’elle ne voulait pas le mettre dans les problèmes. Fuyumi devait déjà gérer son obsession, et même si la jeune femme lui vouait une aide et une affection sans borne, cela ne l’enchantait pas, de la mettre dans cette situation. C’était dur. Dur de rester loin de lui, dur de résister à la tentation, comment faire ? Aveuglée par l’affection qu’elle lui vouait et par ses instincts, elle ne savait où donner de la tête. Ses mains se posèrent sur son torse, avant de le pousser fortement, mais pas suffisamment pour lui faire mal, afin qu’il se couche sur le dos. Elle entreprit de se poser sur lui, à quatre pattes, ses deux mains de chaque côté de sa tête. Sa longue chevelure tombait en cascade et ses mèches rousses caressaient son visage. Ses pupilles rosées brillaient plus fortement.
«Si je m’en prenais à toi, ne finirais-tu pas par me haïr ? Si je te disais que là, j’en meurs d’envie, autant que je souhaite rester prêt de toi, ne me feras-tu pas emprisonner ? N’est-ce pas tout ce que je mérite ? »
Tout son corps continuait de trembler, elle restait là, sans rien faire, serrant les poings contre le sol poussiéreux. Des larmes sauvages tombèrent sur le faciès halé, entre sa nature et sa bonne volonté, vivre avec ce qu’elle était, tout en faisant tout pour ne pas s’en prendre à ceux qu’elle aimait, arriva-t-elle à surpasser cette obsession ? Est-ce qu’Ashitaka comprenait bien dans quoi, voulait-il s’engageait, en se liant irrémédiablement à son malheureux destin ?
Après un moment à essayer de la rassurer, le jeune homme la garda dans ses bras pour qu'elle puisse se calmer, se détendre un peu de cette peur qui semblait l'habiter continuellement. Faisant de son mieux pour être doux et avenant, il la laissa assimiler les informations, attendant qu'elle parle pour lui répondre et la rassurer encore si c'était nécessaire. Face à sa nouvelle question, il reprit les mains de la jeune femme et cette fois-ci il glissa ses doigts entre ceux de la demoiselle, plaquant avec douceur ses paumes contre celles de la belle. Il ne tremblait pas un instant, soutenait son regard. Il avait une teinte plus rosée qu'à son habitude mais peu à peu, il s'habituait à la proximité avec elle. Il ne voulait pas de distance entre elle et lui.
« Est-ce que j'ai l'air d'avoir peur, Amiko ? Ne t'en fais pas pour moi. »
Il lui avait répondu, croyant qu'elle avait laissé sa phrase en suspens sans pour autant être capable de la continuer. Mais lorsque le dernier mot chûta, il ne put s'empêcher de rougir et de détourner le regard quelques instants, se raclant la gorge pour se redonner une contenance.
« C'est bien la première fois qu'on me fait ce... compliment ? »
Un peu amusé malgré tout par la situation, il reprit rapidement un sourire qu'il espérait charmeur, ayant bien envie d'envouter la demoiselle autant qu'elle qui lui avait déjà dérobé son coeur, sorcière aux yeux attrayants et aux manières si captivantes. La suite de sa diatribe était cependant plus explicative, permit à Ashitaka de mieux saisir exactement la nature du problème.
« Je comprends. Je ne sais pas comment je ferais si tu tuais quelqu'un, mais je sais comment faire pour que ça n'arrive pas. Il suffit que tu restes avec moi. »
Essayant de la taquiner un peu à son tour alors qu'elle s'était jouée de lui quelques instants plus tôt, il arborait toujours un sourire plutôt confiant. Détachant ses mains pour recommencer à lui caresser les cheveux avec tendresse, cherchant à la calmer et à la rassurer toujours, il fut surpris qu'elle le plaque au sol quelques instants plus tard, profitant de son inattention pour cela.
Surpris mais pas pour autant désarçonné, le guerrier sourit à sa belle qui le regardait droit dans les yeux avant qu'elle ne se mette à lui parler.
« Si t'emprisonner me permet de te garder près de moi, peut-être que j'y penserai... »
Jouant de la surprise qu'il espérait avoir créé avec cette réponse, il fit un brusque mouvement de hanche sur le côté pour la faire basculer à son tour sur le côté, la mettant dos au sol à son tour. Il se plaça alors lui aussi au dessus d'elle, à quatre pattes, posant ses mains sur ses épaules et serrant un peu ses genoux autour des cuisses d'Amiko, comme s'il voulait la maîtriser, l'empêcher de faire le moindre mouvement. Bien sûr, il n'y mettait là que très peu de force, mais ses années à combattre et à s'entraîner avaient payé. Il était parfaitement confiant dans sa puissance quant à maîtriser une frêle demoiselle comme elle l'était. Enfin, telle que son apparence angélique le laissait à penser aux yeux du Borukan.
« Pour ton assimilation, rappelle-toi que je maîtrise la lave moi aussi, je saurais m'en protéger sans te blesser. Je dirais même que je suis l'une des personnes les mieux placées de ce village pour t'aider à apprendre à mieux vivre. À ne plus avoir peur de ce que tu pourrais faire. »
La libérant après quelques instants supplémentaires, il se plaça à genou à côté d'elle, se penchant à nouveau sans plus la contraindre pour ne pas qu'elle se sente prisonnière ou mal à l'aise. Il pencha son visage sur celui de l'amejine, s'arrêtant quelques instants sur ses lèvres avant de cligner des yeux pour se reconcentrer sur ceux de son Soleil.
« Si je te disais que là, je meurs d'envie de te garder dans mes bras plus longtemps, ne me feras-tu pas emprisonner ?.. »
Un léger sourire sur les lèvres, le Loup finit par se redresser avant même d'avoir sa réponse, détournant un peu le regard, les joues rouges. Il ne tenait plus. C'était si dur de fixer une si belle étoile...
Il n’avait pas peur, non. Il était là toujours présent, à ses côtés, inlassablement lié à cette écorchée vive qu’elle était. Les doigts s’entremêlaient et dessinaient le nœud du lien qui se solidifiait petit à petit. Un frisson parcourra son bras, jusqu’à sa nuque et le long de son dos. C’était une sensation plus qu’agréable, qui désarçonnait la demoiselle, elle qui voulait lui lâcher tout son ressenti sur sa vie. Mais il avait le don de la calmer, de l’apaiser, mais paradoxalement, les battements de son cœur ne ralentissaient point. Elle sentait qu’il n’était pas indifférent à ce contact et que cette situation était spéciale. L’âme de leurs pupilles se rencontrait, entrant presque dans une harmonie parfaite. Non, il n’avait pas peur. Amiko avala difficilement sa salive, prise au dépourvu. Il était si sérieux et décidé qu’elle ne savait pas quoi faire. Mais lorsqu’il entendit la suite de ses paroles, alors qu’elle cherchait à la déstabiliser, lui faire comprendre que les pensées de l’assimilatrice n’étaient pas forcément saines, cela l’embarrassa fortement.
Mais une fois de plus, il avait réponse à tout, prenant ses mots avertisseurs comme un compliment. Son sourire qui le rendait d’autant plus attirant fit rougir la jeune femme de plus belle, entrouvrant la bouche, mais aucun son ne put sortir. Comment ne pas vouloir se brûler les ailes en sa compagnie ? Comment vouloir partir alors que toute la chaleur qui émanait de lui incitait à rester ? Non… encore un peu, il fallait qu’elle en soit certaine… Oui, elle avait peur, et même s’il était très convaincant, la kunoichi comptait bien aller au bout des choses, voir jusqu’où il pourra la supporter. Lorsqu’elle lui parlait de tuer, d’ôter la vie à quelqu’un, il comprenait qu’elle était très sérieuse. Mais une fois de plus, il lui cloua le bec, lui faisant comprendre qu’avec lui, ça n’arrivera pas. S’il savait à quel point l’entendre dire cela la décontenançait.
Rester à ses côtés hein ? Ses mains se posèrent sur son torse, alors qu’il s’amusait avec sa belle chevelure. Avant de le plaquer sur le sol. Pour combien de temps hein ? Elle enjamba chaque côté de ses hanches. Supporterait-il de la voir craquer ? Ses deux mains se posèrent de chaque côté de sa tête, tandis que ses yeux se noyaient de larmes sauvages. Le rouquin gardait son indescriptible sourire, celui qui la faisait tant fondre. Puis il répondit, la chute fut telle que l’atterrissage fut violent. Son cœur flancha. L’amejin avait résisté, mais il était trop fort, son ascendance sur elle était telle une magie mystérieuse qui l’attirait inlassablement. Elle voulait se perdre dans cet océan de flammes dans son regard, sur ses lèvres qui lui disaient de si douces choses. Sur son visage toujours sérieux, mais empli de douceur.
Et la voilà s’envoler une fraction de seconde, tout tourna autour d’elle, avant de se retrouver en dessous du jeune homme coincé. Ses bras tombèrent mollement sur le sol rocheux. Elle ne chercha pas à résister, il était trop fort pour cela. Le borukan avait la réponse à tous ses doutes, toutes ses peurs et ses hantises. Il voulait être là, l’aider à se maîtriser, à ne plus redouter de ce qu’elle pourrait commettre. La pression sur son corps s’amoindrit, tandis qu’il plaçait à ses côtés, à genoux. La Sakki resta immobile, assimilant tous les mots du jonin, tous ses gestes, tandis que ses mains tremblaient toujours.
Son visage se rapprocha dangereusement de la demoiselle, qui manqua un arrêt de battement. L’attirance à la fois tendre et sauvage qu’elle lui vouait allait finir par la tuer… Son souffle chaud caressait sa peau de porcelaine, tandis qu’elle ne pouvait s’empêcher de le darder avec ferveur. Aucun mot, tout dans le regard et les gestes. Tadam, le cœur chavirait une fois de plus, sous cette question qui était retournée contre elle. Son regard s’encra sur le ciel, lorsqu’il recula tandis qu’elle se perdait dans les nuages sombres qui témoignaient du début de la soirée. Doucement, les soubresauts qui animaient la sanguine se calmaient, même si l’envie était toujours présente, elle essayait de se maîtriser.
Lentement, à l’aide de ses mains, elle se redressa avant de se mettre debout, surplombant de sa hauteur du manipulateur de lave. Elle se rapprocha doucement, incertaine ou pas. Ses bras tendus vers lui, les paumes se posèrent sur ses joues, l’incitant à relever son faciès vers elle. Ses pupilles rosées s’étincelaient et lisaient tous les traits du visage d’Ashitaka. Ses mèches rousses tombaient sur ses épaules. Elle savait.
«Je crois que je suis déjà prisonnière, de toi. Alors autant s’emprisonner ensemble ? »
Ses joues se colorèrent doucement, faisant ressortir ses joyaux saumon. Alors, elle se laissa tomber à genoux, tandis que ses bras glissèrent sur ses épaules, s’enroulant autour de sa nuque. Plus proche que jamais, elle avait peur, très peur. C’était dangereux, risqué, elle le savait, mais ses ailes brulaient ardemment et elle ne pouvait résister. Plus petite maintenant, elle tenta de se rehausser comme elle le pouvait, s’appuyant sur ses épaules, rapprochant son visage. Son front se collait au sien. Cette proximité faisait trembler tout son être, mais elle le voulait, il en valait la peine.
«Cela va être dur… très dur…»
Murmura-t-elle, peu habituée à vouloir autant de proximité avec quelqu’un, pour une très bonne raison. Son attention visait plus particulièrement les lèvres du jeune homme, elle les regardait, sans savoir quoi faire, sans savoir s’y prendre… Elle les voulait. Les mordre ? Non. Amiko souhaitait lui partager ce qu’elle voulait et ressentait, elle voulait essayer, découvrir ce que ça faisait, mais pas en lui faisant mal. Et si à cause de ses dents cela se passait mal ? Son cœur se mit à battre, tandis que ses mains se resserraient sur sa nuque, prise d’une nouvelle angoisse.
«J’ai peur, Ashitaka…»
Ses iris rosés retrouvèrent ce regard qui la rassurait tant, elle cherchait de l’aide, un besoin qu’il la réconforte comme il savait tant le faire, qu’elle sache qu’il ressentait ça lui aussi. Le volcan instable qu’elle était grondait et tremblait, il avait besoin de ce miracle capable de le calmer.
Le rouquin restait le plus près possible de la belle aux mèches magmatiques. Elle le captivait rien que par son regard tandis que lui la surplombait physiquement. Elle répondit dans un souffle à l'une de ses taquineries, lui donnant plus encore l'envie de la prendre dans ses bras pour ne jamais la relâcher. Prisonniers ensemble... Il en rêvait en cet instant. Il la laissa le toucher, lui prendre le visage et plongea à nouveau ses yeux dans les iris de la ravissante amejine.
« Si tu l'acceptes, alors je ferme volontiers la porte et je perds la clef... »
Un petit sourire sur le visage, il choisit de lui laisser de l'espace. Malgré ses mots, il voulait qu'elle demeure libre. Il ne voulait pas lui prendre ses ailes si belles. Cela allait contre ses opinions. Jamais il ne la priverait de la plus belle des choses, la liberté. Cependant, si elle acceptait qu'il reste à ses côtés pour l'aider, la soutenir mais aussi l'arrêter lorsqu'elle en avait besoin, alors il était prêt. Il était prêt à tout pour elle. Il le savait déjà. Amiko n'avait qu'à demander et il ferait tout pour la combler, la rassurer.
Soudain, alors qu'il se perdait dans ses pensées, elle se releva et finit par se rebaisser pour poser son front contre le sien. Prit dans un torrent inattendu de sentiments, le guerrier hésita. Le souffle de la belle était sur sa peau et sa propre respiration s'accélérait.
Dur ? Oui. Résister l'était. Ça l'était affreusement. Il en mourrait d'envie. Elle était beaucoup trop proche. Après quelques instants d'hésitation, il posa à nouveau une main sur la joue de la demoiselle tandis que l'autre allait sur son épaule, toujours en douceur. Alors qu'il allait céder cependant, il sentit Amiko se raidir. Elle avait à nouveau peur, elle n'était pas encore sereine. Les yeux dans les yeux, à quelques centimètres d'elle, il parla à nouveau. Il ne pouvait pas la laisser si incertaine.
« Je suis là, Amiko. Tu n'as pas à avoir peur. Je suis là. Je serai toujours là si tu le souhaites... Tu n'as qu'à me le demander... Mais pour ça... Désolé, je ne peux plus résister... »
L'instant d'après, il ferma les yeux pour l'embrasser. Une seconde à peine. Une éternité. Rouvrant les yeux, il rougit et essaya de détourner le regard mais n'y parvint pas.
« Tu es si jolie... Tu ne devrais pas avoir peur... N'aies plus peur, je suis là... »
Cédant à nouveau à son envie, il voulu l'embrasser une seconde fois, quelques secondes de plus. Tendrement, qu'elle se sente aimée et protégée dans ses bras qui s'étaient refermés sur son dos pour lui offrir chaleur et protection. Elle n'avait rien à craindre. Elle était dans ses bras.
Liberté, c’était ce qu’elle souhaitait, mais paradoxalement, elle s’emprisonnait de vivre. Se lier avec lui l’enfermait-elle un peu plus dans cette cage ? Elle ne savait pas, mais s’il l’acceptait comme elle était, alors être libre et s’accepter en retour devrait être possible. La jeune femme sourit alors doucement, un peu embarrassée. Toujours, debout, face à lui, elle le surplombait et l’observait de ses orbes cristallins.
«J’ai toujours voulu me sentir libre, mais je me suis toujours bridée, c’est étrange hein ? Si tu acceptes ma nature et que tu veux être lié à moi, je pense que je n’aurais plus peur d’être ce que je suis.»
L’étau qui se resserrait sur son corps et son âme depuis tant d’années semblait se détacher petit à petit. Un nouveau courant d’air frais glissait sous son nez, lui offrant un oxygène apaisant et agréable. Ashitaka lui permettait cette possibilité, peu importe ce qu’elle pouvait être, qu’elle puisse avoir envie de le mordre, il était là, restait, pour l’aider. Comment ne pas succomber à cet attendrissement et cette douceur envers sa personne ? Amiko se perdait, se laisser envelopper dans des flammes qui ne faisaient pas mal, bien au contraire. Elle se laissa tomber à genou, passant ses bras autour de sa nuque pour s’y accrocher, telle une bouée. Son visage contre le sien, elle encrait l’âme de ses pupilles rosées dans le magma des siennes. C’était dur, entre la peur et l’envie, l’affection et la crainte de faire mal. Il fallait qu’elle croie en lui, Ashitaka lui offrait toutes les clés de la confiance, c’était à elle de les prendre et de déverrouiller toutes les serrures qui l’empêchaient d’être heureuse.
La main sur sa joue l’électrisa de nouveau, chaque geste sur sa personne la faisait fondre, craignant presque de perdre le contrôle de son assimilation face à tant de confusion, pour se liquéfier sur place. Mais non, elle tenait, elle le voulait. Son souffle vint caresser la peau de l’amejin, tandis que ses mots, l’atteignaient une fois de plus. L’assimilatrice voulait lui dire, qu’elle souhaitait qu’il reste avec elle, mais il ne lui en laissant pas le temps, bravant tous les flots des océans, les vagues de lave qui menaçaient de tout brûler. Son regard s’écarquilla tandis qu’il déposa un baiser chaste, bref, mais qui chamboula la brune. Amiko n’avait pas décroché son regard de son visage, ils brillaient si fort qu’on pourrait voir ses yeux dans la nuit la plus sombre.
«Ashitaka...»
C’était si beau et si agréable qu’elle en restait interdite. Jusqu’à entendre les battements de son propre cœur. Puis les douces paroles du Borukan vinrent ensorceler la demoiselle, qui reprit son esprit. Il était là, avec elle. Il céda une nouvelle fois, et Amiko accepta, se laissa bercer par ce flot de tendresse qu’elle ne connaissait pas. Ses yeux se fermèrent, doucement, ses lèvres se pressèrent plus fortement contre les siennes, se laissant emmener dans ce monde où les craintes ne devaient pas avoir place. Lorsqu’il fallait se séparer, le supplice fut tel qu’elle se surprenait à avoir apprécié cet échange inattendu. Ses joues rougirent automatiquement, sans pour autant détourner le regard. Non, la jeune femme ne voulait pas fuir.
«Je… tu ne les sens pas trop, quand… ?»
Sa véritable obsession concernait ses quatre canines qui étaient plus acérés et plus longues que le reste de sa dentition. Elle ne savait que dire ou faire, le temps passait et elle ne voulait se séparer de lui. En fait, Amiko voulait encore y goûter, mais ce contact qui ouvrait des portes et des sensations qui l’effrayait. Son sang se chauffait anormalement, sa gorge lui brûlait et tout son corps tremblait, mais elle était heureuse et ne voulait lui faire de mal pour rien au monde.
« Tu comprends mieux les taches de sang, maintenant… Si tu le souhaites, je suis prête à te parler un peu plus de tout cela, du passé... »
Poser des mots sur ses tourments, sur sa culpabilité et sur sa souffrance. Elle n’aimait pas les cicatrices sur son corps et son esprit, mais en même temps, c’était ce qui lui permettait d’être forte. La Sakki, sentant ses genoux s’engourdir, se décida à se lever pour plus de confort, elle attrapa ses mains et l’incita à en faire de même, sans les lâcher. Son minois se leva vers lui, qui était plus grand, et elle lui offrit un sourire, vrai, sincère, celui qu’il semblait tant aimer.
Le Loup la tenait près de lui. Il ne fallait pas qu'elle parte. Il ne le voulait pas. Mais en même temps, il ne forçait pas. Si elle voulait partir, elle le pouvait facilement. Il avait besoin d'elle. Il avait besoin d'elle pour continuer, pour avancer. Alors il la rassurait. Il lui parlait pour qu'elle se sente bien. À vrai dire, il en avait sans doute aussi besoin qu'elle-même en avait besoin. Oui. C'était ça. Un besoin. Une nécessité.
« Alors n'aies plus peur, Amiko. Je suis là... Si tu veux bien que je reste avec toi, alors je reste... »
Toujours doux avec elle, Ashitaka continua de la garder contre lui pour qu'elle se sente bien jusqu'à ce qu'il ose l'embrasser. Elle s'était trop approchée, c'était sa faute... Lorsqu'il se détacha d'elle l'instant d'après, il hésita d'abord avant de revenir à elle, de la regarder. Elle ne l'avait toujours pas repoussé. Elle était d'accord ? Elle était d'accord. Il l'embrassa à nouveau, plus longuement. Cette fois-ci, ce n'était pas un vol. C'était partagé. Il le sentait. Son coeur battait vite. Plus qu'il ne l'avait jamais fait peut-être. Ou alors c'était simplement différent.
Lorsqu'il se séparèrent, le guerrier resta rêveur, envouté. Cette fois-ci, il garda son regard vers elle, les yeux plantés dans ceux de sa belle. La chûte ne faisait que commencer. Rapprochant sa main, lui lui caressa la joue à nouveau, dans cette envie de contact nouvelle pour lui. Il fallait qu'elle reste, il ne voulait pas l'effrayer, mais il avait besoin de ça. De cette énergie qu'elle lui transmettait. De cette chaleur interne. Il fronça un peu les sourcils lorsqu'elle parla, ne comprenant pas immédiatement là où elle voulait en venir.
« Hein ? De quoi tu ?.. Ah... Non... »
Lui faisant un sourire pour la rassurer à nouveau, il lui déposa un nouveau baiser sur les lèvres, similaire au premier.
« Ne t'en fais pas Amiko. Tu es parfaite... »
La caressant encore un peu pour continuer de la rassurer sur ce point qui semblait toujours la perturber, il l'écouta reprendre la parole en hochant la tête.
« Je comprends, ne t'en fais pas. Si tu veux me parler, je suis là. Maintenant, demain, dans une semaine, dans un an. Tu peux m'en parler quand tu te sens prête, d'accord ? Moi je serai toujours là pour t'écouter. »
Il la prit dans ses bras, la serrant contre lui, posant sa tête sur le côté de celle de sa douce. Après une longue poignée de secondes, il la relâcha pour reprendre un peu de distance.
« Si tu te sens prête maintenant, alors je t'écoute. »
Était-elle la biche égarée pour le traqueur assoiffé ? Dans les bras du jeune homme, c’était comme si toute méfiance et toute envie de garder cette distance avait disparu. Elle était devenue si frêle, si tremblante entre ses bras. Ce pouvoir magnétique qu’il avait sur elle en était affolant, elle se perdait dans ses bras, oubliant tous ses démons qui pourtant étaient bien présents. Rester avec elle ? Bien sûr qu’elle le souhaitait, il le devait même, s’en était devenu autant une nécessité pour lui que pour elle. Chaque palpitation résonnant dans le creux de son âme lui était destinée. Le contact nouveau qui s’en suivit scella définitivement ce besoin de l’avoir auprès d’elle, c’était aussi enivrant que lorsqu’elle goûtait au sang. Cela faisait du bien, ça revigorait, mais en plus, il n’y avait pas les mauvais contrecoups. Pas de souffrance, qu’un désir de douceur et de tendresse entre les deux iwajins, ni cette peur ni cette crainte, ou alors elle aspirait différemment ; celle de perdre l’autre.
Lorsque le Borukan comprit qu’elle en avait autant envie que lui, il réitéra l’échange doucereux et agréable et Amiko se laissa bercer par cette envolée de sensations différentes, insistant encore plus sur ce baiser. Lorsqu’il cessa, c’était un brouillard confus qui planait au-dessus d’eux. Un envoûtement, faisant luire ses pupilles saumon d’une étincelle nouvelle. Son visage était chaud, ses joues se coloraient à chaque contact de sa main sur sa joue, tandis qu’elle détournait le regard après l’avoir questionné sur ses dents. Et même lui fut surpris par cette interrogation, et pour la rassurer, il vint l’embrasser brièvement, comme si c’était naturel. Qu’est-ce que cela, signifiait-il ? La Sakki n’avait jamais été ainsi avec quiconque. Les seules marques d’affection qu’elle donnait, étaient pour Fuyumi ou Taiyo, mais c’était encore différent. C’était un sentiment tout autre, et poser un mot dessus semblait si difficile mais pourtant évident.
Grâce à Ashitaka, la jeune femme se sentait plus à l’aise, plus sereine, elle sentait qu’elle était soutenue par lui et n’avait pas peur de se montrer comme elle était. Les apparences n’étaient nécessaires devant le jônin qui venait de lui prouver qu’on pouvait rencontrer cette personne qui serait capable d’entendre les choses les plus sombres qu’il soit, et de l’accepter. Face à face, relevés, Amiko sourit de nouveau après une forte embrassade qui procurait un bien fou. Prêt à l’écouter hein… L’assimilatrice lâcha sa main avant de lui lancer un petit regard et de se diriger vers le bord de la rivière, mains enlacées dans le dos.
« La première erreur de ma naissance fut d’être née en tant que fille. Une famille patriarcale qui a bien vite fait de faire savoir où était ma place, mais si seulement, c’était la seule chose… Ils m’ont bien fait comprendre que j’étais une erreur de la nature, et que mes “excroissances” me rendaient monstrueuse. Ma mère était tellement soumise à mon père qu’elle-même ne me reconnaissait pas comme son enfant.»
La brune aux mèches rousses se pencha sur le bord de l’eau et plongea son regard dans son reflet instable par les petits ruissellements de la rivière. Cela représentait bien l’être déchiré qu’elle était.
« Mais en plus, je fais partie d’un clan qui manipule le sang et qui… s’en abreuve. Une chose dont je n’ai malheureusement pas échappé et dont j’ai été initiée pour finir par en devenir dépendante. Mon père, n’est pas un être humain, il me faisait du mal lorsque j’étais désobéissante ou que je ne voulais pas me nourrir. Mais à la fin, je finissais toujours par céder, parce que c’est un besoin viscéral. »
Amiko se retourna vers le manipulateur de la lave, une main contre son ventre, dont les ongles s'enfonçaient, tremblants. Un sourire triste s’afficha sur son visage de porcelaine. Des voiles du passé qui faisaient mal apparaissaient devant elle, alourdissant son cœur.
« Jusqu’au jour où tout a cessé. Seule la soif est restée, accompagnée de la culpabilité. J’ai refusé de me nourrir de mon amie, c’est normal non hein ? Mais pas pour mon père. Il m’a punie, marqué éternellement, comme il l’a fait plusieurs fois sur mon corps. Mais ce jour-là, je n’ai pas pu me contenir et ça a fini en cauchemar. »
Elle ne se souvenait pas de tout ce qui s’était déroulé. Mais l’image finale qui s’était offerte à elle, après être sortie de son évanouissement avait suffit à comprendre à quel point elle avait été monstrueuse. Le sang, la chair, les corps sans vie… La douce ferma les yeux pour essayer d’enlever cette image de la tête avant de porter de nouveau son attention sur Ashitaka. Il était là, devant elle, lui offrant cet espoir qu’elle pouvait être heureuse et essayer de vivre avec toute cette souffrance, en faire une force même. La femme volcanique en avait beaucoup dit, elle avait confié des choses horribles, des faits dont elle n’était pas fière, elle se sentait salie par sa propre famille, souillée par le fer chaud qui marquait sa peau, transformée en une bête assoiffée de sang. Mais cela ne l’avait pas empêché d’être plus qu’humaine, d’avoir des sentiments, le désir de faire le bien, est-ce que Sa Sainteté accepterait cette petite partie d’elle qui faisait entorse à la vie humaine ?
« C’est à se demander si tu ne risques pas plus pour ta vie en restant avec moi, qu’en allant sur un champ de bataille...Entre mon clan qui pourrait vouloir ma tête et... mon instabilité... Cela, en vaut-il vraiment la peine, Ashitaka ?»
Amiko se laissait tomber dans cette chute infernale, acceptant de rester au creux de ses bras, mais avait-elle envie qu'il tombe avec elle et qu'il rate son atterrissage ? Bien évidemment que non. Ses doutes revinrent encore une fois au galop. Pourtant, le reflet de ses iris magmatiques lui montraient qu'elle n'avait aucune raison d'avoir cette peur. Pourquoi était-ce si difficile ?
Ashitaka laissa la belle s'écarter de lui, l'accompagnant en gardant une légère distance, l'observant. Si elle avait besoin de se détacher pour en parler, alors il ne la forcerait pas au contact. C'était elle qui choisissait. Pour tout. Il ne fallait pas qu'elle souffre. Il ne fallait plus qu'elle souffre. Et surtout, il ne supporterait pas d'être l'origine de ces souffrances.
Attentif, il lui prêta l'oreille dont elle avait besoin. Et s'efforça de ne pas trop montrer ses émotions sur l'instant, essayant de comprendre le fond de son histoire. De ce qu'elle lui délivrait. Plus que ses sentiments à lui, c'était ceux de la demoiselle qui étaient importants ici. Mais dès la première phrase que la voix douce d'Amiko porta à ses oreilles, il sentit comme une envie de tout détruire. Comment des parents pouvaient mener un enfant à dire ça ? "J'aurais dû être né autrement" ou "Le fait que je sois comme ça a été une erreur". Erreur de quoi ? C'était grotesque. Et que ses parents lui aient donné ses pensées donnait au guerrier magmatique l'envie d'aller les frapper suffisamment fort pour qu'ils comprennent que les erreurs, c'était eux. Ce bouillonnement de rage fut complexe à retenir, faisant perdre toute rationnalité l'espace d'un instant à Ashitaka, mais rapidement il retrouva un semblant de calme, la plaque glacée posée sur son coeur l'y aidant à nouveau. Surnaturellement.
Restant silencieux, il l'écouta utiliser des qualificatifs bien cruels mais ne fit pas de commentaire. S'il la contenait, sa rage devait cependant transparaître en partie sur son visage devenu bien plus sombre qu'il ne l'était jusque là. Calme toi. Ce n'est pas tes sentiments qui sont importants pour l'aider. C'est les siens, à elle. Calme toi ce n'est pas à toi de t'énerver tout seul comme un débile. Respirant lentement, il reprenait difficilement pied. Si la glace qui le dévorait en partie le contrôlait, elle ne semblait parvenir à contrôler qu'une seule partie de sa rage. Ou alors était-ce parce que le magma à l'intérieur de lui bouillonnait plus fort qu'il ne l'avait jamais fait depuis la Résonnance ? C'était bien possible...
La suite l'aida un peu à se calmer puisqu'elle ne parla non plus d'elle même exactement, mais de ce qu'elle lui avait dévoilé plutôt, Enfin, jusqu'à ce qu'elle mentionne son père et que le Borukan sente sa haine bouillonner contre cet homme. Il avait une fille si magnifique, comment pouvait-il lui avoir fait du mal ? Quel genre d'homme pouvait être aussi bas pour s'en prendre à une enfant, encore plus la sienne ?
Lorsqu'elle se retourna et qu'il vit qu'elle était en train de se faire du mal cependant, il ne parvint plus à respecter cette distance. D'un geste vif et précis, sans hésitation, il attrapa cette main qui la blessait. Avec douceur, il la posa à plat sur l'une des siennes tandis que l'autre venait la recouvrir, la renfermer. Sans un mot. Il la laissa continuer, relevant les yeux pour retrouver son regard envoûtant. Il sentait cette peine en elle, une peine immense qui l'atteignit. D'un regard, elle avait arrêté cette haine qui l'habitait. Elle était plus importante que tout ça. Il fallait juste qu'elle arrête d'avoir cette souffrance qui l'habitait. Qu'il l'en arrache.
La fin de son histoire fut assez brutale, il ne s'y attendait pas. Son père avait voulu la forcer à boire le sang de quelqu'un à qui elle tenait ? Mais apparemment, elle y avait mit fin. Elle l'avait tué donc. "Je n'ai pas pu me contenir et ça a fini en cauchemar." Est-ce qu'au contraire ce n'était pas plutôt le début de son réveil ? La fin du cauchemar qui s'annonçait ? Parce qu'à l'écouter, le cauchemar était présent depuis sa naissance. Triste pour tout ce qu'elle avait pu vivre mais loin d'être effrayé par elle, le jeune homme garda sa main dans la sienne mais leva l'autre jusqu'à son visage pour carresser sa joue à nouveau. Doucement, pour la rassurer. À vrai dire, il aurait bien aimé qu'elle refasse comme un peu plus tôt, à s'y lover avec son visage si mignon, si innocent. Il voulait qu'elle puisse faire ça tout le temps, sans avoir ce fond sombre en tête. Que ce soit un passé accepté, un passé derrière elle, qui ne la menace plus.
« La seule chose qui n'est pas normale, c'est la manière dont ils t'ont traité. Ce n'est en aucun cas tes réactions. Tu n'as fait que te défendre et défendre ton amie. »
Alors qu'elle fermait les yeux, il l'embrassa sur le front avant de la serrer contre lui, lui caressant le dos doucement pour la rassurer à nouveau. Lorsqu'il sentit qu'elle voulut à nouveau parler, il se détacha légèrement pour lui faire face, mais sans la lâcher pour autant. Il la gardait dans ses bras.
« Je te l'ai dit. Je veux rester avec toi. Plus que tout au monde, c'est ça que je veux. Que tu me laisses te protéger. »
La reprenant un peu plus contre lui, il continua sur sa lancée.
« Si ton clan vient pour autre chose que présenter leurs excuses, je les arrêterai. Si tu as du mal à être stable, que ce soit ton assimilation ou ton besoin de sang, je serai là pour t'aider. Est-ce que ça en vaut la peine ? Bien sûr que oui. Tu mérites plus que quiconque que je t'aide. Et puis plus simplement comme je t'ai dit tout à l'heure... Parce que j'en ai envie. Et si j'en ai envie, alors la question ne vaut même plus la peine d'être posée. »
Souriant, il lui caressa les cheveux et la resserra contre lui un long moment avant de la laisser se détacher. Il respirait lentement, sentait le parfum d'Amiko qui lui donnait à nouveau envie de l'embrasser. Il sentait ses respirations à elle aussi. Il sentait son souffle sur son épaule. Doucement, il s'écarta enfin, la regardant à nouveau dans les yeux.
« Je n'ai pas de longue ou terrible histoire à te raconter. Mais si tu as la moindre question, n'hésite pas, je t'y répondrais sans hésiter. Ah... Et si jamais tu es fatiguée, je peux te raccompagner à Iwa, la journée est bien avancée et tu n'as peut-être pas les mêmes libertés que moi... Tu as quel grade d'ailleurs ? Je ne te l'ai pas encore demandé. »
Incapable de ne pas sourire à la belle maintenant que sa fureur était passée grâce à leur échange et cette étonnante plaque glacée, il restait près d'elle en essayant de ne pas l'étouffer pour autant. Elle lui était bien trop précieuse pour qu'il lui fasse le moindre mal.