L’encre coulée sur les froissements du parchemin évoquait de multiples thèmes, mais chaque mot se liaient intimement à la force. Du corps, de l’esprit, du sixième sens, elle allait au-delà du possible. Un art à risque élevée, mais tout de fois pratiquer par de nombreuses personnalités courageuses. Le hachimon ne s’accordait pas aux êtres faibles et sans confiance. Une maîtrise de l’âme doit régner pour apprivoiser les huit portes célestes. Malheureusement, ou heureusement, la mort ne devait pas être une inquiétude pour adhérer à ce régime. En toute honnêteté, cet art menait à une lente destruction, mais ce n’était pas ce détail qui apportait une quelconque inquiétude chez la mercenaire.
Bien qu’envahie par un empire sans remord, Kumo restait un point de rencontre bruyant. Que ce soit les rues ou dans le creux de son nid, il semblait être impossible de trouver le calme. Peut-être était-ce lié à son titre de mercenaire et à son entraînement pointilleux, mais tous les bruits autour d’elle venait lui attaquer l’ouïe. Échapper à ce bout de la carte serait un rêve. Ses nombreux allé-retour entre Hi et Kumo ne lui apportaient rien de bon, sauf quelques rencontres étonnantes. Dans cette grande partie se cachait quelques coins mystérieux. La forêt entourant l’éclair était digne des désirs de la verte : puisque, assise dans l’herbe séchée de l’automne, elle se sentait en paix.
Le parchemin déroulé sous ses yeux montrait quelques dessins du corps, des notes illisibles et beaucoup de textes. Entre la pratique et le théorique, Mei se perdait. Ses tentatives à ouvrir la première porte se résumait à un échec flagrant, la honte l’embrassait. Elle n’apprenait pas la base, elle sautait trop haut, sans aile.
Elle roula le parchemin et le rangea dans la poche de son hakama. Même si le soleil la saluait et lui offrait de chaleureux rayons, Mei n’arrivait pas à retourner la faveur. Une étrange froideur lui glaçait ses émotions. C’était une sensation anormale, mais elle l’accueillait sans broncher. Midori ne soignait pas son mal, ainsi que ses espoirs. Une mauvaise journée, tout simplement.
Son dos frappa doucement le sol. Ses paupières perdirent peu à peu l’intérêt des moutons que formaient les nuages. Elle ne les comptait plus, elle se reposait dans la noirceur de son esprit. Naturellement, son réflexe de kunoichi l’amena à analyser les alentours. Comme des vagues qui traversaient la forêt, elle sentait plusieurs coeurs. Celui des insectes, celui des animaux, celui d’un humain. Elle ouvrit lentement ses prunelles, observant faussement ce visiteur. Qu’importe son sexe, il respirait de façon normal. Son souffle semblait être tiré d’un corps large, ou grand. Mei considérait respirer comme une grande personne, mais celui-ci était plus long, d’une seconde. Cette remarque ne faisait pas de sens, mais elle associait ce détail à un trait physique. Grand, fort peut-être, définitivement un shinobi. Sa main se leva vers le ciel, comme si ce geste allait lui permettre d’effleurer l’inconnu de la forêt.
Un lointain bourdonnement la fit sursauter. Elle ne l’entendait pas, mais elle le voyait parmi les vagues. Si petit, et pourtant, affreusement douloureux. Sa grosseur dépassait celle de l’espèce typique. Une guêpe jaune. Mei priait silencieusement pour que l’insecte s’éloigne, mais il continuait de tourner autour d’un arbre, et bientôt, il s’approcha de l’humain. Sourcils froncés, la mercenaire se redressa et amplifia sa sensorialité. Elle se remit sur ses pieds et avança à pas de loup vers l’objet de sa courte obsession.
Un homme, définitivement membre de l’empire du feu. Mei ne ressentait rien de particulier, trop occupé à observer la guêpe qui s’installait discrètement sur la nuque du brun. Elle assistait silencieusement au spectacle, attendant avec patience que la bête agisse sur sa cible, sans raison. Pourtant, une pulsion inconnue la poussa à avancer et interrompre l’attaque de façon rapide.
« Elle est sur ton cou. » murmura-t-elle, sans reconnaître le ton suspect de sa phrase.
Sans se préoccuper de la distance qui se réduisait peu à peu, Mei venait déposer son index sur la guêpe. Elle voyait le dard dépassé, c’était fascinant. L’insecte changea sa direction et préféra s’attarder sur le doigt, mais une faible explosion brisa la guêpe. Les cendres de celle-ci s’échappèrent dans le vent. Sans attendre plus longtemps, Mei décida d’observer l’inconnu. Elle n’hésita pas à faire quelques tours autour de lui, un faible sourire sur son visage épuisé.
« Je te pensais plus petit, peut-être blond, mais ce que je vois est plus logique. »
Elle ne faisait aucun sens, mais la logique n’était pas toujours sa précieuse amie. Mei s’arrêta, face au jeune homme et s’inclina doucement.
« Tu es un soldat, n’est-ce pas? Tu n’es pas suffisamment discret pour être un kumojin, le reflet de tes yeux est digne d’un Hijine. » son pouce caressa sa lèvre inférieur, elle faisait mine de réfléchir. Puis soudainement, elle souriait comme si la fatigue quittait peu à peu son corps. « Unité impériale et lieutenant, est-ce que je me trompe? »
Elle lançait des possibilités sans s’attendre à un retour positif. Les soldats appréciaient rarement son attitude trop ouverte.
Akira effectuait son tour de garde régulier. Par chance pour lui, son poste était assigné à l’extérieur du village. Chargé de surveiller la forêts alentours pour attraper d’éventuels contrebandiers ou autres malfrats tirant profit de transferts au village de la foudre, le jeune homme ne pouvait pas rêver d’un meilleur poste que celui-ci. Son aversion pour Kumo lui aurait sans doute valu un peu de zèle ou au contraire de laxisme pour ne pas avoir à côtoyer de Kumojins s’il avait été en poste au village. Car Akira, aussi court son temps de présence fût-il au sein de Kaminari no kuni, détestait Kumo. La haine que portaient ces gens envers un peuple qu’ils avaient eux-même massacré auparavant le dégoûtait, et bien que son dégoût s’exprime de manière passive, le jeune homme ne pouvait décemment pas côtoyer ces gens. Tout ici puait la rancoeur et la haine, cette atmosphère n’était pas faite pour un solitaire tel que lui. Si bien que, malgré les quelques Kumojins amicaux qu’il eut croisés, le soldat se préférait en ermite solitaire.
Et même au sein de la forêt, il lui arrivait de faire des rencontres. Bandits, déserteurs, parfois fous ou simples amants en quête d’intimité… Akira n’avait jamais eu besoin de dégainer son katana, mais n’avait jamais non plus passé l’éponge. Quiconque se trouvait ici pour un motif suspect était renvoyé au village. Pour le reste, ce n’était plus de son ressort. Parfois, il lui arrivait également de croiser des camarades soldats. Après tout, cette forêt était trop grande pour un seul homme. Les collègues s’adressaient alors des salutations formelles avant de continuer leur ronde. Pourtant, ce jour la, la rencontre qu’il fit n’était pas de cette nature.
En effet, alors qu’il marchait dans un coin de la forêt plus dense que les autres, le soldat fut surpris par la présence d’une jeune femme. N’étant pas spécialement en alerte, il ne l’avait pas remarquée avant de la voir de ses yeux. Voyant que c’était une soldat tout comme lui, et baillant aux corneilles en plus de cela, Akira était prêt à simplement passer devant. Après tout, ça pouvait lui arriver aussi… malheureusement, la jeune femme n’avait pas l’air d’être de cet avis et l’invectiva en lui touchant la nuque du doigt. Et le jeune homme pris ce geste bien plus comme une agression qu’une simple guêpe se posant sur son doigt.
“ Ne me touche pas. “
Dit-il en envoyant son coude en arrière par réflexe tout en prenant ses distances. Pour qui se prenait cette femme au juste ? Akira avait rarement croisé des individus aussi intrusifs. Il compris peu après que la jeune femme avait fait ça pour chasser -ou pas- une guêpe s’étant invitée sur sa nuque. Mais cela ne faisait rien.
“ D’accord. “
Dit-il face aux paroles complètement incompréhensibles qu’elle proférait. Akira ne chercha même pas à comprendre, sans doute était-elle dérangée ou droguée ce qui expliquerait le fait qu’elle se soit isolée en pleine forêt. Quoi qu’il en fut, Akira resta à la regarder un instant avant de reprendre sa marche pour s’éloigner d’elle rapidement, voyant déjà venir un échange sans queue ni tête.
“ Tu es encore moins discrète que moi. “
Dit-il en évoquant son comportement… singulier. Et à mesure qu’il s’éloignait, le jeune homme s’arrêta en route pour lui répondre.
“ Tu as tout faux. Qu’est-ce que ça peut te faire ? “
S’il n’était pas spécialement agressif ni même amer en temps normal, Akira n’appréciait pas ce genre d’intrusions et se braquait immédiatement.
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Dans la Guerre, Victoire. Dans la Paix, Vigilance.
Dans la Mort, Sacrifice.
Particularités - Akira fait 1M96 - Nombreux tatouages sur le corps (Torse/Dos/bras)