De ton regard habituellement placide, tu lis dans son intégralité le message écris à l’encre noir sur un mur d’une des maisons qui donnaient sur une rue très fréquentée de Kumo. Un message dont tu avais déjà connaissance, l’ayant entendu oralement lors de sa retranscription.
Le message:
« Chers Kumojins, chers compatriotes; Nous vous annonçons qu'un Yondaime Raikage a été nommé pour le temps que durera l'occupation de l'Empire, ainsi que la guerre qui nous oppose à Hi.
Ne croyez pas que la chute du village signifie celle de l'esprit et de la volonté Kumojin, et nous allons le faire comprendre à l'envahisseur, celui qui n'a trouvé de solution que dans la vengeance et la violence.
Ne laissez pas l'étincelle qui anime vos âmes Kumojin s'étouffer sous les boniments de l'envahisseur, ne vous laissez pas persuader que c'est mieux ainsi. Kaminari, et Kumo sont venus en aide à un pays du feu alors en proie à la criminalité, les Kumojin ont sacrifié leurs vies pour aider cette nation face aux attentats perpétrés par le Shoshikidan.
Les précédents Raikage ont commis une erreur, celle de se laisser emporter par leur fierté; mais Hi no Kuni, ou cet empire; a commis une erreur plus terrible encore : celle de se laisser convaincre par un homme, Yamanaka Rei, qui a participé au déclin de sa nation, un homme qui a collaboré avec l'homme au chapeau, un homme qui doit sa vie à se dernier.
Cette attaque est le fruit d'un hasard calculé; tandis que nous tentions de protéger les moines d'Hikari à Hayashi face à l'Homme au chapeau; les hommes de Yamanaka Rei dirigés par ce dernier ont agi. La coïncidence n'existe pas, tirez-en vos propres conclusions.
Ainsi, veuillez, chers compatriotes, garder à l'esprit que nous, Heidans et anciens dirigeants de Kumo, n'avons pas laissé notre village et notre nation à l'abandon, et encore moins aux mains de l'envahisseur. Mais pour autant, il est inutile, pour le moment; de faire preuve de violence à leur encontre. Les ressortissants d'Hi no Kuni ne sont que les victimes de la machination fomentée par cet empereur.
Par ailleurs, un conseil restreint de guerre a été formé et comporte les ninjas les plus influents du village. Ce conseil et tous ceux alors présents, civils et shinobi; a élu, en son âme et conscience un nouveau Raikage; la Yondaime Uzumaki Sazuka. Nous vous rappelons que l'élection d'un shinobi au grade de Raikage n'est pas soumis au choix de la population ni à celui du Seigneur; il s'agit de désigner le shinobi le plus puissant du village, et le plus à même de le guider. Repensez à l'élection du premier Raikage par la peuple... Elle fut truquée.
A été décidé de la création d'une nouvelle unité spéciale : le Fukkatsu. Cette dernière est dirigée par Meikyû Raizen en collaboration avec Metaru Itagami et Uzumaki Sazuka . Elle réuni toutes les unités spéciales de Kumo. Sont éligibles à rejoindre cette nouvelle unité tous les shinobi aptes au combat. Ces derniers seront considérés comme juunin de la foudre et auront toutes les responsabilités incombant à ce grade.
Une fois que le pays et le village auront retrouvé leur souveraineté, Kumo sera réformé. Et un nouveau Raikage pourra être désigné.
Chers Kaminarijins, Chers Kumojins, gardez espoir durant ces heures sombres et gardez à l'esprit que notre pays, et son village shinobi ne seront jamais les victimes d'une nation et d'un Homme criminel.
A l'attention du Teikoku et de ses ressortissants : aucun mal ne sera fait à ceux et celles quittant le territoire de la foudre avant le retour de la Yondaime Raikage et du Conseil Restreint. Une fois l'échéance passée, cette condition ne saura être garantie.
Le Conseil, la Yondaime Raikage Le Fukkatsu »
Le même message était visible un peu partout actuellement au sein de Village Caché des Nuages. Sur les murs des bâtiments connus, sur des façades des maisons des civils lambdas. Tu ne serais même pas étonnée d’apprendre que celui-ci était parvenu jusque dans l’enceinte des maisons des hauts dirigeants du Teikoku. Après tout sa mode de diffusion était de plus efficace. En effet, les porteurs du message étaient des chauves-souris faites d’encre, capables de se faufiler un peu partout avant de s’éclabousser sur le support de leur choix pour afficher le message qu’elles portaient.
Tu étais une des personnes à être au courant de la provenance du message d’espoir pour les pro-kumojin et de problèmes à venir pour les autres. Il suffisait de voir les réactions de ceux qui le lisaient pour constater que les opinions divergeaient. Certains avaient une lueur d’espoir dansant au fond du regard, d’autres affichaient une appréhension silencieuse alors que quelques-uns ne cachaient pas leur réprobation.
Ayant assez vu, tu t’éloignes pour finir dans une des tavernes les plus fréquentées du Village. Endroit où tu venais souvent jadis mais où tu n’étais pas revenue depuis un moment, ayant cessé les sorties nocturnes sans intérêt. Il n’était qu’au milieu de l’après-midi mais l’endroit était déjà assez fréquenté.
A peine t’étais-tu installée sur l'un des nombreux tabourets qui longeaient le comptoir que tes oreilles attentives captent ce que tu étais venue récolter en ce lieu. Tu n’avais pas investi cet endroit pour le simple plaisir de rincer ton gosier avec de l'alcool mais pour constater discrètement le résultat de la diffusion du tract de la « Yondaime Raïkage ». Ton passé t’avait appris qu’il n’y avait pas meilleur endroit qu’une taverne pour récolter des données sur des faits actuels. Tu en entendras certainement plus en venant le soir, heure où l’établissement serait le plus fréquenté mais c’était également à cette heure que les clients soûlent commençaient à dire n’importe quoi. Or, ce que tu désirais entendre étaient des propos sortant des bouches des gens ayant encore toute leur lucidité.
Après avoir commandé une bouteille du meilleur saké que la taverne servait, tu commences à boire tout doucement et en silence, prêtant oreille attentive à ce que se disait d’intéressant …
Tout s’était joué comme si une bille avait poussé l’autre, mais avant qu’elles terminent leur parcours, tout s’était mis en branle pour qu’à ces dernières s’ajoutent d’autres billes, pléthore de couleurs, de matières et de formes, pour accompagner et faire dévier des trajectoires tracées les deux billes originelles. D’un côté, l’Empereur. De l’autre, une nouvelle Raikage. Autour d’eux, tout un pulsar de fragments détachés d’étoiles éclatées.
Les tracts avaient frappé tant les esprits de ceux foulant les terres du Pays du Feu que de ceux foulant celui de la Foudre. Les commérages par extension avaient abondé, jusqu’à finir aux oreilles curieuses et attentives des membres de l’Unité Impériale ; plus vite encore que les vents, les bruits de couloir avaient traversé la frontière et les plaines pour venir à la portée de Taizen Jiguro, qui sur elles referma sa poigne de stratège notoire. Le Capitaine de l’Unité Impériale n’avait pour ainsi dire pas exprimé la moindre émotion. Rien ne pouvait déséquilibrer un homme aussi sûr de ses choix. Il n’eut pas même à attendre l’ordre de Yamanaka Rei, ni de sa Régente ou de son Porte-Parole ; trois pièces sur le plateau pour qui la mission était de gouverner, non de lui apprendre ce qu’il devait faire. L’ombre était sa meilleure amie.
Le Kotsuzui était la solution. D’entre tous les dispositifs qu’il avait adopté en jetant sa toile sur l’Unité à sa charge, celui qu’il avait mis sous la gouverne du Shinrin était la plus redoutable à l’heure où, tapissant le fond de sa pensée, le Fukkatsu prenait la forme d’un lion qu’il fallait dévorer, avant que d’être dévoré par lui. Avant de se confronter à un tel prédateur pourtant, le Capitaine avait pris le parti de jeter ses vautours en pâture ; les oiseaux de proie ne craignent pas les fauves quand il s’agit de se disputer le butin. Et le Shinrin faisait partie de ces charognards auquel il n’accordait qu’une confiance illusoire et dont il espérait bien se débarrasser tôt ou tard.
Il savait que son Lieutenant le trahirait, un jour ou l’autre. Alors même qu’il était la source d’une certaine inspiration pour lui. Le Lieutenant avait absorbé de Jiguro la presque totalité de son savoir-faire ; et trouvait même parfois des solutions inattendues, témoignage subtil de sa créativité. Parmi les charognards autour des lions, il y avait les vautours et les hyènes ; et les deux ne se toléraient guère.
Shinpachi était donc arrivé à Kumogakure, peu de temps après l’apparition des tracts. Sur ordre de son Capitaine, il avait investi la cité et jeté ses cervicales entre les murs de la cité, dans l’ombre de tous. Six d’entre eux vagabondaient depuis au gré des routes et des murmures pour y déceler les empreintes des félons, jouant au petit soldat modèle, mais mettant en marche un complot bien plus sournois. Un complot organisé, d’une part, pour lutter contre cette Résistance. Un complot organisé, d’autre part, pour pousser le Capitaine à la faute.
En dépit de ce qu’il avait prétendu, le Lieutenant savait pertinemment que son maître à penser n’avait pas pu ignorer un terrain si fertile pour exprimer son génie tactique que celui offert par la Résistance. Jiguro était là, quelque part. Et peut-être ne s’intéressait-il même pas à la Résistance. Peut-être s’intéressait-il, en réalité, à lui.
Une guerre invisible entre le Capitaine et le Lieutenant de l’Unité Impériale, sur l’autel du chaos qu’engendreraient la Résistance et le Fukkatsu.
De son visage, rien n’était reconnaissable ; il puait la résine et l’écorce. Un masque camouflait superbement ses traits, au point de paraître étonnement réels. Au point de ne pas même susciter le doute, sauf peut-être pour quelqu’un doté d’un certain flair ; raison pour laquelle il évitait judicieusement les chiens.
Il était entré dans ce bar, presque par négligence, en feintant de ne s’intéresser à rien. Il n’avait pas décoché un mot, sinon pour demander une boisson chaude et sucrée. Puis il s’était installé, ombre silencieuse, en sirotant le nectar onctueux qui se tasse se glissait à ses lèvres pour adoucir son ennui.