Cela faisait des mois et des mois que je voyageais à la recherche d'un endroit où me rendre, d'un endroit où je pourrais en apprendre plus sur mes capacités et où je pourrais m'améliorer. Des mois ? Cela faisait peut-être plus d'un an en fait. Mes pas m'avaient mené vers l'ouest, tout du moins était-ce la dernière direction que j'avais prise. J'avais fait pas mal de détours pendant mon voyage. Je n'avais pas rencontré beaucoup d'humains, mais j'avais rencontré pas mal de bêtes imposantes. Bien évidemment, j'avais tenté de les affronter. Pour mon dîner ? Non pas vraiment. Pas seulement. Juste parce que je voulais m'améliorer et que j'adorais me battre. Et bien que certaines fois, j'étais sorti victorieux de mes débâcles, bien souvent je me faisais envoyer valser par un sanglier géant. Mais après ces longues recherches distraites où j'avais au final erré dans le Yukan, j'avais fini par tomber sur un groupe de villageois non loin d'une immense chaîne de montagnes qui semblaient se perdre dans les nuages. Ils m'indiquèrent que je me trouvais au Pays de la Foudre, et tout excité, je leur demandai de m'en dire plus. Après les avoir provoqué en duel et m'être opposé à un refus blasé de la part de ce papy et cette mamie -en même temps, ils ne semblaient pas très forts et assez courbaturés donc je laissai couler- ils finirent par m'indiquer les chaînes de montagnes.
-Hey p'tit, tu vois là-bas tout en haut ? Y a un village il s'appelle Kumogakure no Sato ! Apparemment y a plein de shinobis là-bas, paraît qu'ils sont forts ces bougres. Vas-y et fiche nous la paix un peu, veux-tu ?
Je penchai la tête sur le côté, d'un air pensif alors que je me tournais vers ces montagnes. Puis je me retournai à nouveau vers le couple de vieux et leur offrit un large sourire.
-Merci les vieux !
Et je commençai à courir vers les montagnes en leur faisant un signe de la main, rigolant de joie et d'excitation alors que j'entendais les cris de protestation du papy grincheux. Petit à petit, j'accélérai jusqu'à atteindre une bonne vitesse, des petits éclairs parcourant mon corps. Et une fois que je fus à proximité d'une des montagnes, je profitai de l'élan de ma course pour sauter et courir sur la montagne. Une petite technique que mes parents m'avaient apprises. J'avais entendu parler des "shinobis", un nom un peu compliqué pour désigner des ninjas. Ceux qui maîtrisaient les affinités primaire et le chakra pour en faire tout un tas de choses marrantes. Cela différait beaucoup de l'art des samouraïs, mais c'était peut-être une bonne chose. Plus d'une fois, j'avais entendu que les ninjas étaient des êtres puissants dont il fallait se méfier, même si les samouraïs possédaient des capacités qui pouvaient sur certains points rivaliser avec ces hommes. En apprenant des deux camps, peut-être que je pourrais devenir encore plus fort ?
~~
Cela faisait maintenant quelques mois que j'étais à Kumo, et je m'étais inscris à l'Académie. Rapidement, j'avais été diplômé genin, et j'étais fin prêt à commencer ma vie de ninja. Toutefois, en me baladant en sautillant un peu partout, le sourire aux lèvres, je me rendis compte que je ne connaissais rien du village. Il fallait que je trouve des gens pour me guider ? Mais qui ? Des compagnons ninja ? Et il semblait que les ninjas de Kumo n'étaient pas les seuls à occuper le terrain. Des gens du "Teikoku" ? Je trouvais cela bizarre, mais je ne m'en préoccupais guère. Cela pouvait faire plus de gens avec qui s'entraîner et contre qui combattre !
Oh qu’il l’aimait cette bibliothèque le rouquin. Il ne pouvait s’empêcher d’y passer la majeure partie de son temps libre. C’était comme si l’on donnait à un ivrogne une fontaine à bière inépuisable. Ce monument connu dans tout le Yuukan était une source de savoir infinie. Et quand elle était fermée, il ne se gênait pas pour emprunter autant de livres et parchemins qu’il pouvait. Passer des nuits entières à se cultiver ne lui faisait pas peur. En général, il ne se rendait pas compte du temps qui passait et était ramené à la réalité par les premiers des oiseaux, à l’aube.
En tant que ninja du village il était exempté de toute restriction de quota d’emprunts. Contrairement aux civils, qui eux, ne pouvaient pas en emprunter autant qu’ils voulaient en une seule fois. Et en plus de ça, c’était gratuit ! Etre Genin apportait pas mal d’avantages, des fois. Tengoku ayant un mode de vie très modeste avec son seul salaire de Genin, il n’aurait pu se permettre d’aller si souvent à la bibliothèque si cela avait été payant. Mais, pour lui, c’était normal que ce système existe. Les différents ouvrages que contenaient les innombrables étagères rassemblaient de nombreuses connaissances utiles aux Shinobis. Et il était donc fortement recommandé à ces derniers d’aller étudier là-bas, le plus souvent possible. Beaucoup d’écrits les aidant dans la compréhension de nombreuses facettes des arts ninjas. Ce qui derrière, les rendrait plus aptes à défendre les intérêts du village. Tout ça n’était que politique, comme d’habitude.
Ah… La politique. Vaste fumisterie pour Tengoku. Pourtant, c’était ce qui faisait tourner le monde. Quelques mieux nés, plus malins et plus riches que les autres qui utilisaient tout le monde en dessous d’eux pour parvenir à leur fin. Sans se soucier le moins du monde des conséquences. Les dégâts collatéraux, qu’ils appelaient ça. Les victimes qu’on oubliait vite alors que sans eux le pays ne pourrait pas vivre. Les fermiers, les agriculteurs, les artisans, etc. Tout autant de personnes si peu considérés par les grandes instances qui ne pensaient qu’à étendre leur territoire, leur hégémonie. Tengoku donnerait tout pour un jour avoir le pouvoir de tout renverser. Mettre en place une justice globale dans ce monde qui considérerait chaque personne à sa juste valeur. Un monde en paix, sans frontière où personne n’aurait peur d’aller à un endroit ou un autre. Chaque vie compterait comme une autre.
Tengoku fut sorti de ses pensées car il faillit faire tomber la pile de livres et de parchemins qui montait bien plus haut que sa tête. Il en avait pris peut-être un peu trop cette fois, se disait-il. Le week-end, la bibliothèque fermait tôt. Mais il était presque à mi-chemin de son appartement. Il apercevait la place du village par laquelle il aimait passer. Son ambiance populaire lui réchauffait le cœur. Ça lui rappelait la foire où il aller avec ses parents pour vendre les récoltes de l’année. Il se surprenait parfois à avoir ce genre de pensée d’une justice globale. Un lointain rêve qui ne serait accessible qu’à force d’acharnement de toute une vie. Il essaya de se reprendre et de penser plus sereinement. Au final, tout ce qu’il voulait était un monde en paix. Là où n’importe qui pourrait vivre dans une grande plaine, à l’air libre et sans barrière. Sans pour autant avoir peur de se faire écraser par l’armée du pays voisin, qui viendrait taper sur les doigts d’un dirigeant qui aurait dit un mot de travers. Un beau rêve naïf tout de même.
Et le voilà, qu’il était repartit de plus belle. Encore perdu dans ses pensées il ne put faire attention au jeune homme qui semblait perdu et sautiller hasardeusement au milieu de la place du marché.
L’inévitable arriva, se surestimant avec la pile de livres trop grande Tengoku ne put rien faire et un instant plus tard les deux jeunes hommes se retrouvèrent par terre. Accompagnés par les écrits éparpillés çà et là.
Nous sommes soit en début de soirée soit en début d'après-midi. On peut très bien imaginer que la bibliothèque ferme à 12h le dimanche et 18h le samedi. Je fais le chemin de la bibliothèque à chez moi. Sur la route Ikari et Tengoku se percutent au niveau de la place du marché.
Le retour de Chôkoku Tomoe au sein du village caché des nuages n’était pas quelque chose qui était passé totalement inaperçu. Si elle n’était pas tant ici par choix, elle avait pu croiser quelques soldats, voire Kumojins, qui l’avaient connue alors que l’Empire disposait encore d’un nombre important de ses rangs ici même. Une période qui s’était un tantinet apaisé, laissant aux bons soins de Hokazuka Rie, la régence de ces terres. Ainsi, au même titre que beaucoup de Teikokujins, elle avait regagné Urahi pour suivre de nouveaux objectifs. Mais depuis quelques jours à peine elle avait été convoquée pour une raison que l’ancienne Capitaine ignorait encore. Revenir au coeur même de la cité pour le moins intéressante, avait réveillé quelques projets personnels, petits comme grands. La jeune femme comptait donc profiter de son séjour pour s’occuper de ces-derniers, du moins autant qu’elle le pourrait.
Fraîche journée débutée depuis quelques heures déjà, Tomoe souhaitait rejoindre l’Assemblée Calcinée. La population semblait vaquer à ses occupations, et la jeune brune pouvait se satisfaire de cette tranquillité pour aller se chercher un encas. Se dirigeant simplement vers un petit marchand local, elle pénétra dans sa boutique et scruta de ses deux petits yeux arrondis chacune des gourmandises. Celle surnommée l’Explosive au sein de l’Empire ressemblait presque à une enfant avec ses petites billes sombres mais pétillantes devant les quelques douceurs proposées.
Le choix fut aussi simple que rapide. Un lot de trois mochis qu’elle embarqua joyeusement après avoir payé l’artisan Kumojin. Elle sortait à peine de la petite boutique, obnubilée par le parfum de ses trouvailles, quand elle sentit sous son pied droit une drôle… Marche ? Il n’y en avait pas à l’allée…Et dans son élan, la lieutenante glissa, se rattrapant de justesse sur son autre genou par terre. Cependant, les trois mochis n’avaient pas cette chance et, dans la volée, ils s’étaient échappés des mains de la jeune femme pour prendre leur envol. Elle les regarda avec désarroi, ouvrant grand la bouche, le regard abattu en observant l’atterrissage. La retombée en plein milieu de ces piles hasardeuses de bouquins, la Chôkoku comprit enfin ce qu’il l’avait fait trébucher. Vérifiant cela d’un coup d’oeil, elle vit donc un livre qui s’était échappé et sur lequel elle avait marché.
Tomoe venait de perdre toute sa gaieté dans cette chute qui lui avait coûté ses mochis. Elle ramassa l’ouvrage qui avait été sur sa route, l’empoignant fermement. Alors, le visage nettement plus colérique qu’auparavant, elle alla d’un pas bruyant rejoindre ces deux jeunes hommes, qui pour elle, étaient responsables de “l’accident”. « Eh ! » Mais elle s’arrêta un instant en voyant la tête rousse qu’elle connaissait déjà. Elle lança un regard sur le deuxième individu qui, lui, ne lui disait rien. « Tengoku ! Ton ami et toi comptez provoquer plus de catastrophe en restant plantés là ? Qu’est-ce que vous attendez ? » Le ton sévère retrouvé, elle avait perdu sa bonne humeur de plus tôt. Elle tapota deux fois de son autre main sur le livre comme pour les presser un peu. Oui, elle venait vraiment de comparer le gâchis de ses mochis à une "catastrophe"...
_________________
Event 5 : l'Homme au Chapeau:
Dernière édition par Chôkoku Tomoe le Mar 19 Mai 2020 - 16:16, édité 1 fois
Foudroyant accident aux conséquences explosives; Ou comment gâcher la journée de tous avec une délicieuse pâtisserie locale. Par une calme journée d’hiver, je pris le temps d’aller faire une balade en ville, cherchant à m’occuper l’esprit avec une activité peu exigeante. Me connaissant, il me faudrait délirer un brin, que dis-je, tout un tas de foin si je voulais le moindrement y parvenir. Je souhaitais aussi dévorer, oui je l’admets, un peu de cet air frais, chargé en oxygène, qui caractérisait la saison hivernale à Kumogakure no Satô, m’en mettre plein les yeux avec ces odorants parfums citadins, multiples et diversifiés, de la place centrale, marchande, trop occupée ce jour-là pour ses dimensions encombrées.
Je traversai déjà, décrivant par-ci par-là tantôt les commerces aux enseignes colorées cherchant à piéger de leurs griffes des clients déroutés, tantôt la verdure et la flore si particulières qui manquaient à l’appel dans cet espace montagneux désolé. Ouais, en fait, il n’y en avait pas un iota. La populace, par contre, pullulait ici, presque aussi visible que tous ces soldats du Teikoku qui nous pourrissaient l’existence depuis déjà trop longtemps. J’avais bien hâte qu’ils déguédinent la queue entre les jambes, ces cabots de l’Empire. C’étaient des gens bruyants, gueulards et incivilisés qui détenaient, il est important de le mentionner, un fort penchant pour d’infectes boissons alcoolisées. On pouvait les observer, tels des animaux dans un zoo, se bagarrer à la nuit tombée, dans les tavernes et auberges – avec permis d’alcool ! - de la cité kumojine. Le vacarme et le chaos incarnés, ces bestioles, je vous le jure. Enfin, passons.
Une odeur, d’abord, captura mon sens le plus développé d’entre tous. Un sens que j’avais su améliorer par un entraînement aussi intensif qu’exigeant dans les plus belles boulangeries du village. J’aurais pu parier (et pas avec ma vie, cette fois-ci) qu’une charmante pâtisserie trainât dans le coin, en attente d’une Natsumi affamée ou trop influencée par l’appel du ventre. La salive me montait à la bouche, tant de salive qu’elle aurait pu me sortir par les deux trous du nez si j’avais poussé un peu plus loin la description. Mon regard chercha impatiemment l’origine de ce doux effluve, pris d’une panique soudaine de ne pas pouvoir déguster pareille plaisir. Enfin, je la vis, juste là, droit devant, avec son panneau de bois qui criait : Venez goûter les meilleurs éclairs au chocolat de tout Kumagakure, une bouchée et le coup de foudre est assuré ! Bien malin qui voulut m’attirer par l’humour, car il l’avait emporté sur mon infaillible résistance aux bonnes choses de la vie. Je défonçai l’entrée (une image, mes amis, une image), puis ressortis aussitôt avec, entre les mains, le trésor que j’avais tant convoité : l’éclair au chocolat, une spécialité culinaire locale. Je me précipitai alors, les deux yeux fixés sur cette nouvelle et succulant prise, sans m’attendre à ce qui venait à mes devants. Boom ! Là, devant moi, un terrible vêtement surgissait de nulle part prêt à dévorer ce que j’avais si durement gagné. Il se retrouva tout barbouillé, le pauvre, il ne savait donc pas manger proprement? Non, réalité, la faute revenait à cette femme, qui aurait pu faire plus attention, avant de s’arrêter aussi brusquement ! Qu’elle se pousse donc, maintenant... Oui, non, je lui dis plutôt, de mon air le plus pitoyable et surtout, le plus mignon, ces quelques mots mielleux :
« Pardon madame... mais je crois que votre vêtement, il a mangé ma pâtisserie... »
Funeste journée et funeste destin pour une regrettable collation, qui venait de conclure sa route au sol, laissant derrière elle une trace bien sentie de son passage sur cette terre. Quelle tristesse, quelle honte de gâcher ainsi un plaisir de la vie. Il faudrait, de toute évidence, qu’on lui prépare les funérailles. Resquiescat in pace, mon amie, je ne t’oublierai jamais. Pleurs.
Je ne connaissais pas très bien encore la disposition du village; mais s’il y avait bien un endroit que je pouvais me vanter de connaître, c’était bien la place marchande. Presque au milieu du village, la place était un carrefour presque obligatoire pour tous ceux qui voulaient acheter à manger et se délecter de la bonne humeur des lieux. L’ambiance était souvent festive, ou alors était-ce ma perception des choses qui était biaisée. Venant de Tetsu et d’une famille de samouraï, tout était toujours si sérieux, si droit. Ici, tout semblait bien plus détendu. J’éprouvais un sentiment de liberté que je n’avais que rarement senti au fil des ans sur mes terres natales. Cela me rendait tout guilleret. L’odeur de la nourriture était à la fois douce et riche, et les effluves me narguaient, me poussant à butiner de stand en stand pour trouver mon bonheur. L’une des agréables surprises que j’avais découverte lors de ma promotion au rang de genin des Nuages était le salaire que je le voyais offert. On me payait pour apprendre à me battre ! N’était-ce pas trop bien ? Quelque part je me disais que j’avais bien fait d’écouter mon père et de quitter mon pays pour venir ici. Cela ressemblait de tout point de vue à un coin de paradis. Et au fur et à mesure que je gambadais en sautillant sur la place publique, un sourire de plus en plus large étirait mes lèvres.
Sortant la tête d’un stand où l’on semblait vendre des boulettes de viandes alléchantes, je reculai toujours en sautillant dans l’optique de continuer mon butinage. Mais un brutal choc dans mon dos m’empêcha d’aller plus loin, et perdant l’équilibre, je trébuchai pour foncer tête la première vers le sol en poussant un petit "Oh !" d'exclamation. Quelques réflexes plus tard, je me retrouvai à quatre pattes sur le sol, évitant de justesse une commotion cérébrale. Suite à cela, je me retournai vers la source du choc en m'asseyant sur le sol en tailleur pour découvrir une montagne de livre derrière lesquels se trouvait un jeune homme aux cheveux orangés. Je penchai ma tête sur le côté et observai le jeune homme de manière un peu curieuse. Je laissai passer une petite seconde où j'observai la tonne de livre qu'il transportait avant de me rappeler que j'étais certainement rentrer sur le pauvre homme et l'avait fait tomber. Je lui souris alors grandement en me grattant l'arrière de la tête.
-Désolé m'sieur ! J'avais pas vu que vous étiez là. Vous allez bien ?
Etait-ce un shinobi de Kumo ? Je n'avais jamais été à la bibliothèque, mais on me l'avait présenté quand j'étais genin. Toutefois, lire des livres dans le silence et sans bouger pour éviter de déranger les autres, ce n'était pas vraiment mon truc. Et il était certain que mes petites blagues risquaient de ne pas beaucoup amuser la personne qui gérait cette bibliothèque. Mais l'une des choses que j'avais retenu, c'est que les citoyens normaux ne pouvait emprunter qu'une certaine quantité de livres, là où cette restriction ne s'appliquait pas aux ninja du village. Et en voyant tous ces livres éparpillés au sol, quelque chose me disait que le nombre sous mes yeux dépassait de loin ce qui était autoriser pour les citoyens. Un ninja donc ? Mon sourire s'agrandit, tout en cherchant son bandeau frontal qui montrerait que, comme celui que je porte sur mon épaule droite, il appartenait à Kumo. Et je m'apprêtais à lui demander s'il voulait bien se battre contre moi lorsqu'une deuxième personne fit irruption. Elle semblait avoir la tête ailleurs et ne nous remarqua pas, jusqu'à ce qu'elle trébuche sur l'un des livres et se rattrape in extremis avant de tomber. Mais les mochis qu'elle avait dans les mains, quant à eux, finirent sous le sol sous mon regard un brin perdu dans les évènements. Rapidement, elle identifia l'objet de sa déroute et ramassa l'un des bouquins. L'expression de son visage initialement pensif vira à une teinte beaucoup plus sévère, presque colérique, qui n'était pas sans me rappeler les regards que me jetaient mes instructeurs à Tetsu. Etait-elle aussi forte qu'eux ? Alors qu'elle s'adressait à Tengoku - tel était le nom de celui que j'avais bousculé-, je me relevai d'un bond pour lui faire face avec un sourire.
-Vous avez l'air forte m'dame !
Mais avant que je n'ai pu proposer à la kunoichi de se battre contre moi, une quatrième personne fit irruption et trébucha elle aussi, non pas à cause des livres, mais de la femme à l'air sévère qui avait perdu ses mochis. Et la dernière arrivante sembla elle aussi perdre sa nourriture sur les habits de son aînée. Je ne pus m'empêcher en voyant le spectacle de rire aux éclats, d'un rire qui sonnait un peu enfantin.
En cette journée ordinaire, le flavescent souhaitait rompre la monotonie qui était son quotidien depuis bien des années. Il ne savait pas où aller ni même quoi faire, mais était décidé à trouver coute que coute, quitte à y passer des heures. Sa recherche d’activité ne lui prit qu’une vingtaine de minutes, le jeune homme envisageait de prendre une tasse de thé en terrasse, il faisait beau temps, quoi de mieux que d’aller prendre l’air. Aussitôt l’idée trouvée, le Nakamura revêtit une tenue civile ainsi que son traditionnel cache œil, qu’il plaça tout naturellement sur le côté droit de son visage. Avant de s’en aller, le Chûnin prit un bloc-notes et de quoi écrire pour s’occuper l’esprit entre deux gorgées de boissons infusées.
Malgré un enthousiasme débordant, l’homme de vingt-trois ans ne pouvait s’empêcher d’adopter une démarche nonchalante. C’est ainsi qu’il déambulait au sein de la cité des nuages. Durant son trajet, le flavescent croisa la route d’anciens clients de son père, qui ne manquèrent pas de le saluer et d’entamer une brève discussion avec lui. Cela faisait une dizaine d’années que Nakamura Leiko (ancien Jônin reconverti en libraire) perdit la vie. Le taciturne n’appréciait pas que l’on remette cette histoire sur le tapis, braqué, il écourta la conversation pour éviter de proférer des propos qui dépasseraient sa pensée. Lui qui avait réussi à faire le deuil de son paternel, à présent il n’avait que cette image en tête : le corps inerte sur le sol de leur logement.
Voulant se vider l’esprit le borgne accéléra la cadence, dans l’unique but de prendre place en terrasses avant qu’elles ne soient prises d’assaut. Il espérait que les gens n’avaient pas eu la même idée que lui. A arrivé devant le premier établissement, le constat fût cuisant puisqu’aucunes places n’étaient libres. Le fringuant psychopathe ne désespérait pas puisqu’il sillonna deux-trois autres tavernes à la recherche de la sainte place. Encore une fois c’était un échec. Enervé, le shinobi proférait des insultes dans sa « barbe », parce que selon lui cette situation ne se serait pas produite s’il n’avait pas rencontré ces foutus clients.
A présent il errait dans les ruelles du village comme une âme en peine. Au bout du coup la chance lui souriait enfin ou presque. Le jeune homme venait de trouver l’endroit idéal mais il y avait un léger problème. Ses deux élèves semblaient s’entretenir avec un membre de l’Empire, cette femme il ne l’avait jamais vu auparavant ni même l’autre jeune homme. Curieux, il se rapprocha du petit groupe et à son arrivée il entendit seulement la fin de la phrase du garçon téméraire.
« Je miserai sur lui. » dit-il en pointant du doigt le garçon qui lui était inconnu.
Le borgne remarqua que la femme n’était pas un simple soldat. Comment le savait-il ? Depuis l’occupation, il passait beaucoup de temps à jouer des tours aux être inférieurs qu’étaient les soldats, et cette demoiselle ne possédait pas le même insigne observé jusqu’à présent. En l’espace de quelques instants il oublia la raison pour laquelle il s’était déplacé, parce qu’il était rare de rencontrer des officiers et encore plus rare d’avoir la possibilité de les tester.
« Penses-tu être en mesure de le battre ? » le flavescent ne quittait pas du regard l’officier du Teikoku et ne pu retenir son sourire malicieux.
_________________
« La faiblesse oblige la force, comme la trahison engendre le sang...»
Effet papillon. Quand un battement d’aile peut causer une tempête.
Quelle drôle de scène qui avait lieu dans l’enceinte du village caché des nuages. Rassemblant : un jeune homme survolté, une lieutenante fâchée, une jeune fille maladroite, un parieur compulsif et un lecteur invétéré.
Ce lecteur était Tengoku, il avait été au mauvais endroit, au mauvais moment. Et il n’était pas le seul dans ce cas. Ô qu’il se maudissait d’avoir surestimait la capacité de son gabarit en tentant de ramener autant de livre. Avant même d’analyser ce qu’il se passait autour de lui, il pensa aux réprimandes du bibliothécaire quand il ramènerait certains livres en mauvais états. S’il devait payer une compensation, il demanderait remboursement au garçon qui était en plus milieu de la route. C’était sa faute, après tout ? Que faisait-il, à avoir des mouvements imprévisibles en sautillant de la sorte en pleine rue bondée.
Le jeune homme blond, qu’il avait percuté, semblait avoir le même âge que lui. Ce dernier commença par s’excuser en demandant au Genin orangé s’il allait bien. Tout dépendait des dégâts qu’avaient les livres, se disait-il. Le blondinet semblait assumer toute la responsabilité dans cette collision accidentelle. Parfait, se dit Tenfoku. Comme ça, s’il fallait payer, le garçon ne pourrait pas refuser. Il semblait tout de même prendre cela à la rigolade. Pour commencer, Tengoku comptait bien lui demander de l’aider à porter les livres jusqu’à chez lui. Une bien maigre compensation méritée pour l’avoir fait ainsi perdre pied. Alors qu’il allait s’adresser à lui avec une voix mielleuse pour le réquisitionner, quelqu’un l’interrompu en chutant. Sortant d’une boutique alimentaire une jeune femme glissa malencontreusement sur un livre avant de se rattraper comme elle pouvait dans sa chute, finissant sur trois appuis.
Mais ce n’était pas n’importe quelle femme, Tengoku la connaissait. C’était le lieutenant Chôkoku Tomoe, alias l’Explosive, avec qui il avait eu le plaisir de faire un entraînement. A quel point le karma lui en voulait tant pour avoir mis ce livre sur le chemin de cette personne et pas une autre. Mais pourquoi une guerrière de ce niveau n’avait-elle pas vu le livre ? S’il suffisait de ça pour faire tomber un Shinobi de cette envergure, alors, il se promettait qu’il en ferait un Jutsu. La Chôkoku semblait ne pas s’être fait mal, mais la conséquence de cette chute était bien pire. Non loin de là traînaient trois mochis dans un sol tout poussiéreux. Ils étaient fichus, tout comme lui se dit-il. L’expression du lieutenant passa par plusieurs phases en comprenant qu’elle ne pourrait déguster son encas fraîchement acheté. Elle finit par un regard qui semblait lancer des lasers depuis ses yeux rouge-feu. Fatalement, la réprimande tomba. Mais, Tengoku s’attendait à une réaction plus disproportionnée. Elle intima aux deux jeunes hommes de ramasser ce bric-à-brac éparpillé sur le sol. Le Genin ne put s’empêcher de penser qu’elle devait être de bonne humeur, ce jour-là.
Elle attendait, alors que Tengoku allait commencer à ramasser un premier livre. L’histoire aurait très bien pu se finir ici. Une belle fin, pour continuer sur une agréable journée. Mais comme un marionnettiste qui tirait les ficelles d’un mauvais compte pour enfant, une force supérieure en avait décidé autrement. Sortie de nulle part, ou plutôt de la même boutique, une Natusmi sauvage apparu. C’était fou ! Etait-ce le destin qui agissait ? Perdue, les yeux dans les yeux avec sa pâtisserie préférée, un nouveau coup de tonnerre s’abattu sur la place du marché. Maladroite comme elle était, Natsumi n’aurait pas pu tomber par terre comme d’habitude sans causer de dégâts ? Non, pas cette fois. L’éclair en chocolat qu’elle tenait dans la main alla directement à la rencontre du haut de l’impériale Explosive. Voici donc le combo parfait ? Une chute causée par un livre au sol suivi d’une attaque à l’éclair au chocolat ?
La scène était surréaliste aux yeux du jeune rouquin. A tel point qu’il était encore les fesses au sol à observer, subjugué. Natsumi s’excusa, d’une façon tout autant maladroite. Le jeune homme que Tengoku avait percuté, quant à lui, se leva et s’excusa égalem… Ah non ! Il proposa un duel à la jeune femme ! Maintenant, il en était sûr et certain, il devait rêver. Ce n’était pas possible autrement ? Comme si ce n’était pas suffisant un cinquième énergumène vint rejoindre la troupe. La troupe, car la scène, irréelle, avait attiré l’attention de la foule qui s’était placée en cercle avec pour épicentre la joyeuse bande. Ils observaient, attendant de voir la réaction de la femme impériale ainsi provoquée. La dernière personne était le Sensei de Natsumi et Tengoku. Enfin, il fut soulagé. Il se disait, légitimement, que Nakamura Syoto viendrait apaiser la situation…
Un pari ?! Ce fou proposait de parier sur le jeune Genin et mettait au défi le lieutenant. Mais il ne la connaissait pas non plus, visiblement. Cette fois, s’en était trop pour Tengoku qui se leva pour intervenir. Se plaçant entre le Genin blond inconscient et l’Explosive il tenta de parler avec diplomatie.
« Un combat ? Je ne pense pas que ce soit nécessaire, nous sommes en pleine rue passante et je te ferais remarquer que tu dois m’aider à ramasser tous ces livres avant qu’ils ne soient plus abimés que cela. Si tu pouvais m’aider à les amener chez moi d’ailleurs.» dit-il au blondinet avant de se tourner vers le lieutenant Chôkoku.
« Je vous prie de nous excuser, LIEU-TE-NANT. » Il insistât volontairement sur chaque syllabe en regardant les deux autres hommes pour qu’ils comprennent la situation, surtout en plein cœur de la ville. « Ne les écoutez pas, ils sont un peu… Inconscients. Et mon amie, derrière vous, une autre Genin, supporte une blessure grave qui fait qu’elle trébuche parfois… Et puis… Vous étiez un peu au milieu du passage… A vrai dire…»
Enfin, en s’adressant à tout le monde :
« Ce que je peux vous proposez pour satisfaire tout le monde. »
Il se tourna vers le jeune homme qu’il avait percutait.
« Toi. Si tu veux affronter quelqu’un, tu peux te battre contre moi. »
Puis il regarda Le Nakamura.
« Sensei, vous n’avez qu’à parier sur le vainqueur de notre duel. Et laisser le lieutenant tranquille, voulez-vous ? »
Tengoku oublia délibérément sa jeune amie de l’équation afin qu’elle ait une occasion de s’éclipser en catimini. Il espérait que la situation se clamerait et que l’Explosive retournerait à ses occupations. Après tout, elle avait de la lessive à faire.
Une fraîcheur surprenante. Un frisson fugace. Alors que Tomoe surplombait les deux garçons qui pataugeaient dans cette flopée de livres en tout genre, elle sentit une drôle de sensation. Elle en fronça subitement les sourcils, totalement perplexe par rapport à ce qui lui donnait cette crispation le long depuis le milieu de son dos et le long de sa colonne vertébrale. Il se frayait un chemin sur sa peau visible depuis que la Chôkoku avait choisi un nouveau style vestimentaire. Bien plus malléable qu’un kimono, c’était sûr. Néanmoins, il était évident qu’il présentait certains désavantages…
D’une lenteur assumée, l’Explosive tourna la tête jusqu’à ce qu’elle dû également faire demi-tour d’un pas ou deux. Les yeux à présent posés sur cette adolescente qui semblait presque désolée, Tomoe ne se rendit pas immédiatement compte de ce qu’elle lui racontait. C’était qui d’ailleurs ? Alors qu’elle s’apprêtait à répondre par une question prévue pour être désobligeante, une petite masse accrochée dans son dos se détacha, lui arrachant alors une petite grimace à peine lisible. Ne sachant pas de quoi il en retournait, elle ne fit le lien qu’en cet instant. La pâtisserie ! Ses prunelles ne purent faire autrement que de monter au ciel avant que sa main -celle qui ne détenait pas le livre- n’aille vérifier son hypothèse. Cette matière à peine gluante, celle de la crème qui était dans le feu éclair au chocolat, qu’elle ramassa légèrement du bout de ses doigts. Ses mâchoires contractée durcirent son visage fin avant qu’elle n’inspire longuement. « Un nettoyage qui va te coûter ma jolie. » Tomoe força son plus beau sourire sarcastique avant d’être interpellée une nouvelle fois.
Le sort en avait-il définitivement après elle ? A peine les yeux écartés de la petite sotte qui avait abîmé une partie de son haut, et forcée de faire avec une odeur de chocolat, ce fut au tour du blond réprimandé au même titre que Tengoku de la reprendre d’assaut. Cependant, sa vivacité eut un certain effet de surprise sur Tomoe. Haussant un sourcil, son regard accusateur se transforma en une certaine curiosité. Elle ne savait absolument pas à quel genre d’énergumène elle avait affaire, pourtant il lui rappela un vague souvenir… Sa jeunesse lointaine. Sortant de ses pensées par une voix un peu plus éloignée, elle n’eut même pas le temps de donner quelconque réponse que déjà un autre semblait se presser de voir ledit affrontement.
Mais pour qui se prenaient-ils tous ? Ils semblaient vraiment tous à côté de la plaque s’ils pensaient vraiment -consciemment ou inconsciemment- que la lieutenante allait vraiment perdre son temps ici avec eux, alors que les affaires de l’Empire l’attendaient. La Hijine qui n’avait voulu qu’un simple encas se retrouvait maintenant à examiner un borgne sorti de nulle part. Ses veines se réchauffaient de plus en plus à chaque intervention, et pourtant, étonnamment le plus surprenant fut le rouquin qui sembla s’interposer.
Tengoku avait donc compris la situation, et que si évidemment Tomoe n’aurait pas donné suite aux quelques avances et prétentions de chaque individu, elle n’en serait sûrement pas restée silencieuse. Alors la Chôkoku soupira. observant les uns après les autres tous les Kumojins. Le rouquin avait peut-être crié un poil trop fort puisque maintenant, au moins toute la place du marché savait de quel bois elle avait été sculptée au sein de l’Empire. Ce n’était que l’intention qui comptait…
« La présomption est une qualité comme un défaut, crois-en mon expérience. » Soupira-t-elle d’abord à l’encontre de l’électrique dont elle ignorait le nom. « Je pense que ce village a déjà bien souffert des combats… Improvisés, tu ne crois pas ? » Une rhétorique finement choisie accompagnée d’un léger sourire provocateur sur le bout de ses lèvres. Évidemment qu’ils le savaient tous. Puis la jeune femme ne détourna qu’à peine la tête pour observer du coin de l’oeil, le borgne apparemment “Sensei”, donc gradé au sein de Kumo. « Si tu es l’enseignant de Tengoku, alors j’ose imaginer que tu n’es pas aussi insensé que tu le montres là. Je ne te connais pas, mais même moi je ne vois aucun intérêt à accéder à sa requête, pour l’heure... » Un sous-entendu qu’elle laissa en suspens alors qu’elle posa le livre attrapé plus tôt sur la tête du roux. « Quant à toi, oui, tu ferais mieux de ramasser tout ça. »
Enfin, elle n’avait évidemment pas oublié la maladroite. L’Explosive lui fit face à nouveau, de son visage le plus glacial pour longuement l’observer. Mais rien. Sa voix n’en prononça pas davantage. Tomoe contourna la jeune fille et entama déjà son départ, bien obligée de retourner chez elle pour aller nettoyer cette pagaille chocolatée qui tâchait son dos.
Spoiler:
Si aucun de vous n’interagit avec Tomoe après ça, alors considérez qu'elle est repartie chez elle, et donc que je ne reposterais pas <3
Éclair au chocolat no jutsu; Ou l’art de se mettre le pied - et la prothèse - dans les plats. J’étais bien embêtée par le résultat presque explosif de ma triste maladresse, oh que oui. Il ne faisait pas bon d’être une Natsumi aujourd’hui, voyant dans quel pétrin je m’embourbais. Non seulement avais-je perdu ma sublime collation chèrement payée, mais, en plus, une impériale créature me menaçait d’un regard aussi froid qu’accusateur. Un degré de moins et je paralysais sur place, transformée en iceberg kumojine, c’est pour vous dire. Pourtant, l’absurdité de la scène dans laquelle je me retrouvais, bien malgré moi, à jouer un rôle de premier plan, m’empêcha de capter un détail crucial, nécessaire à la survie de l’espèce natsumienne : la gravité de la situation. Une shinobi mal chaussée, comme le répétait la populaire expression, et encore plus pour une utilisatrice du Mitsudo qui se faisait une fierté de maîtriser une telle force.
Je fixai la colérique dame, incrédule, pendant ce qui me parut durer une courte éternité. Elle engueulait mon pauvre Tengo, celle-là, vociférant des ordres et des paroles incompréhensibles - pour moi - à l'endroit des garçons, là-devant, pour avoir prétendument déposé quelques bouquins sur son chemin. Ah, les coquins ! Lui avaient-ils littéralement tendu un piège dans l’objectif de la faire trébucher ? Oh et puis, quel caractère si... explosif chez cette monstruosité de femme. Une vraie teikokujine en action, n’est-ce pas ?
« Euh... Vous vous connaissez madame, Tengo et toi ? » lui demandai-je, irritée par ce qu'elle beuglait à mon coéquipier.
S’approcha soudainement un nouvel individu, un chûnin psychopathe que l’on aurait pu remarquer d’entre mille, qui n’apporta d’ailleurs rien pour aider à diminuer la tension du moment. Surgissait dans la mêlé le mystérieux Syoto, notre sensei à Tengoku et moi, un louche personnage aux tendances sadiques et malicieuses. Le genre de professeurs qui n’hésitait pas à détruire psychologiquement ou à manipuler ses élèves si cela pouvait bien leur apprendre la leçon du jour. Un être vil, bref, qui s’approcha uniquement pour parier sur un hypothétique combat... Sérieusement, sensei ?!
Et la voilà s'enfuyant déjà, la teikokujine impérialement écœurée par autant de pitreries en un si court laps de temps. Je n’en avais, pourtant, pas terminée avec elle. Pour qui se prenait-elle à ainsi s’éclipser sans rembourser ce qu’elle venait si durement de m’arracher - avec son dos - des mains. Instinctivement, je lui saisis un bras, probablement aussi surprise que la lieutenante par mon geste tantôt stupide, tantôt suicidaire. Plus le choix, pensais-je, autant y aller franchement, bam dans les dents :
« Tu oublies un détail, je crois, madame la LIEU-TE-NANTE... » lui dis-je avec une pointe d’arrogance à son endroit, tout en pesant solidement sur les syllabes qui composaient son grade, de la même manière que l’avait prononcé Tengoku. Le souvenir de son interaction avec la jeune femme me revint aussitôt en mémoire. Je m’emportai, défiante, le regard cinglant, crachant mon venin en sa direction : « J’ai bien voulu m’excuser pour ma maladresse, mais tu es tout de même la responsable du meurtre de ma pâtisserie. Le public entier en est dorénavant témoin. Je demande dédommagement, car je n’ai plus rien à me mettre sous la dent, maintenant, par ta faute ! Et arrête d’embêter mon Tengo, ou tu ne trouveras pas qu’un éclair au chocolat dans le creux de ton dos... »
De quelle inconscience, fis-je preuve, par un tel acte d’insubordination, surtout après la tentative diplomatique du pauvre Tengo, qui semblait craindre plus que tout cette femme à qui je venais de bêtement répliquer. Une piètre erreur, qui, je l’espérai, n’allait pas me charcuter (Bonjour, Mme Sweeney Todd) un membre de plus. Le visage blêmi par l’effroi qui me gagnait, je compris, trop peu trop tard, à qui j’avais affaire et priai intérieurement, une dernière fois, pour l’intervention d’une quelconque déesse iwajine sculpteuse d’herculéens pandas. Au secours, par pitié, au secours. Regret.
Alors que je m’adressais à la jeune femme aux cheveux bruns et au teint sévère qui avait trébuché sur le livre du roux, un enieme protagoniste fini par arriver. Il portait un cache-œil sur son œil gauche, faisant penser que celui-ci était devenu obsolète. Ou alors il cachait un secret dans cet œil ? On pouvait voir de tout dans le monde ninja, et si jamais je venais à découvrir que les borgnes ne l’étaient pas vraiment, c’était bien en ce monde que je serais le plus susceptible d’y croire. Toutefois, si ce dernier arrivait après toute la catastrophe pour nous observer, ce n’était certainement pas pour offrir des conseils de paix et d’amour. Au contraire. Son ton était provoquant, et il incitait la jeune femme à se battre avec moi, en échange de paris. D’ailleurs je disais « il », mais à part le timbre de sa voix et son absence de poitrine, bien peu de choses indiquaient qu’il faisait parti du même genre que moi. Toutefois Pes yeux scintillèrent d’excitations à ces paroles, et je regardai la brunette avec une lueur d’espoir dans le fond de mes pupilles. Avant que Le Roux ne finisse par y mettre fin en se relevant brusquement.
Son discours, courtois mais qui m’avait l’air un peu paniqué, était aussi une manière bien peu subtile de nous indiquer clairement le rang de la jeune femme qui avait pris l’initiative de nous réprimander. Une lieutenante ? Cela voulait dire qu’elle faisait parti de l’empire de Hi no Kuni et occupait une position relativement importante. De ce que je savais, le grade de Lieutenant était a peu près l’équivalent du grade de chunin, dans notre hiérarchie de Shinobi. Ou tout du moins c’est ce que j’avais cru comprendre. Ce qui signifiait sans le moindre doute que cette dernière était forte. Au moins plus que je ne l’étais. Pendant une fraction de seconde, un très léger courant électrique vint parcourir la chevelure blonde tandis que les yeux s’émerveillaient d’avantage devant l’anticipation du combat à venir. Par ailleurs, le dernier Shinobi qui nous avait rejoint et dont Le Roux avait appelé Sensei semblait lui aussi être plutôt bon. J’en trépignais presque sur place. De plus si ce dernier était Kumojin, c’était peut être la raison pour laquelle il avait provoqué la demoiselle ? Mais avant que je n’ai pu exposé plus grandement mes envies, Le Roux revint à la charge avec ses remarques et ses demandes, renforcées par les mots de la gradée. Je fis une moue boudeuse, un peu contrarié, mais après un petit soupir je finis par dire.
-Ok ok, mr.Rabat Joie. J’t’aiderai a ramener tout ça chez toi. Et on pourra se battre tous les deux ! J’ai hâte de voir ce que tu vaux ! Même si j’ai l’impression que tu es moins fort que la lieutenant et ton sensei, finis-je avec un regard envieux dans leur direction.
Après une courte pause, je me retournai pleinement vers eux et leur offris l’un de mes plus grand sourire.
-Mais on s’affrontera un autre jour, Lieutenant-san, Sensei-San ! Moi c’est Ikari !
Puis j’allais me retourner pour commencer à aider le jeune homme studieux dans la collection de ses gros livres sur le sol lorsque la voix de la deuxième maladroite s’éleva. Cette dernière, bien qu’ayant perçu le ton de l’ami Roux, décida tout de même de s’adresser à la guerrière de Hi avec une certaine véhémence et une certaine impunité. Et au vu du tempérament visiblement explosif de la dernière, je doutais que cet acte resterait impuni. Peut-être pourrions nous enfin avoir ce cher combat ?! Avec un regard rempli d’espoir, je m’arrêtai dans ma quête de récupérer les livres pour faire face aux deux jeunes femmes et voir ce qui allait se passer. Mon espoir était revenu, comme renaissant d’entre les cendres pour m’offrir une nouvelle chance d’assouvir mon désir de puissance. Allais-je finalement obtenir ce que je voulais grâce à cet éclair au chocolat ?!
L’arrivée impromptue du Nakamura surpris les bados, qui ne pensaient pas que ce nouveau protagoniste allait mettre de l’huile sur le feu, avec ce défi complètement absurde et insensé. Les villageois n’étaient pas les seuls à réagir de cette façon, le jeune Tengoku l’était également, après tout cela n’était guère étonnant, puisque qu’il ne connaissait pas la roublardise de son nouvel instructeur. L’élève devait s’attendre à tout venant de l’homme ambré, c’est peut-être pour cette raison qu’il suppliait la femme tatouée de pas répondre aux provocations, à la vue de cette scène le Chûnin souriait.
Si on avait dit à Syoto qu’il serait un jour à la tête d’une équipe, et qu’il verrait un de ses apprentis se ridiculiser sous ses yeux, il n’aurait jamais avalé de telles couleuvres. Ce qui se déroulait devant lui n’était pas une fiction mais bien la triste réalité. Pour tenir comme il se doit ce tableau, la potiche ajoutait une couche en manquant ouvertement de respect à cet officier, pour une raison futile qui plus est. Une pâtisserie. Oui, oui, un simple éclair au chocolat avait réussi à remuer la jeune fille. Lui qui espérait avoir tout vu d’elle et bien il se trompait largement sur son compte. Inconsciemment, il laissa échapper un soupire qui en disait long sur ce qu’il pouvait penser d’elle.
Pendant un court instant, le Kumojin se focalisait sur les paroles d’Ikari et de Tengoku, les deux Genins souhaitaient en découdre mais pas dans un lieu aussi exposé que le quartier commerçant. A ce moment précis, le fourbe eut une idée qui saurait les contenter, alors il s’adressa directement à eux.
« Etant donné que vous êtes motivés à vous affronter, il serait fâcheux de détruire les environs. Que dîtes vous de remettre ça sur le terrain d’entrainement ? Dans ce duel, mon choix ira tout naturellement vers mon élève. Je suis persuadé qu’il peut l’emporter. -Il marqua une courte pause le temps de scruter les livres que le turbulent Ikari ramassait, et compris que ces manuels appartenaient donc à Tengoku. Cette donnée changeait la vision qu’il avait du roux. En revanche, j’assisterai à ce combat et j’en serais également l’arbitre. Pour ajouter un peu d’enjeu le perdant deviendra le valet de l’autre, et tout ça pendant un mois entier. » dit-il sérieusement.
Sans plus attendre il s’avança nonchalamment vers Natsumi et y déposa une main sur son épaule, un geste anodin en somme mais qui avait une signification particulière.
« Ne te mets pas dans tous ces états seulement pour un gâteau… Si tu veux, j’irai t’en acheter un autre, d’accord ? » le jeune gradé cautionnait à moitié les agissements de son apprenti et pour ne pas la brusquer il lui porta un regard bienveillant. Parce qu’ils étaient en public.
Toute son attention se dirigeait à présent vers l’officier de l’Empire. Son étonnement fût grand lorsqu’il constata qu’elle ne répondit pas à ses provocations, ce qui le mit en joie. Le borgne était ravi de voir que la taouée n’était pas comme l’horrible secrétaire de la Régente, ou plutôt du moins elle cachait fort bien son jeu. Il est vrai que sans le public environnant et les consignes prononcées par sa hiérarchie, l’officier se serait donné à cœur joie de les massacrer. La femme semblait faire preuve de maitrise de soi, comme pour se donner une bonne image, mais était-ce vraiment cela qu’elle souhaitait ? Ce comportement lui paraissait suspect et espérait creuser pour avoir le fin mot de cette histoire.
« Dis-moi la tatouée, que fait une personne de ton rang ici ? Tu t’ennuyais dans ta tour d’ivoire ? ces questions n’exigeaient pas nécessairement de réponse, le flavescent passa aussitôt à autre chose. Comme tu as pu l’entendre je suis effectivement l’instructeur de Tengoku mais également de cette jeune fille prénommée Natsumi. Etant sous mes ordres, j’endosserais donc la responsabilité pour leurs actes, si tu devais t’en prendre à quelqu’un serait moi. »
Il marqua une nouvelle pause avant de reprendre la parole.
« Je suis persuadé que tu es comme certains de tes collègues du même rang. On a tous en nous une part sombre que l’on ne souhaite pas dévoiler au grand jour, la tienne je la vois très clairement. Donc inutile de la cacher. Effectivement, comme tu l’as bien souligné, on ne se connait pas. Que dirais-tu d’y remédier en allant prendre un verre ? Comme ça, tu pourras me dire ce que tu attends de moi afin de tirer un trait sur la bêtise de mes subordonnés. »
Un tel comportement provenant du Nakamura était inattendu et très étrange… Que manigançait-il ? Et surtout, est-ce que le lieutenant accepterait ? Allez savoir.
_________________
« La faiblesse oblige la force, comme la trahison engendre le sang...»
La foudre ne tapait jamais deux fois au même endroit, la folie en revanche…
Tout le monde avait-il été frappé par la démence en ce jour ? La pire n’était-elle pas la maladroite Natsumi ? Quelle mouche avait bien pu la piquer ce jour-là. Dans un premier temps l’Explosive accepta de calmer le jeu. Elle semblait déjà bien lasse de cette situation et ne souhaiter qu’une chose : prendre la poudre d’escampette. Pourvu qu’elle n’ait pas à rester une seule seconde avec ce groupe de timbrés. Elle remit donc tout le monde à sa place tout en restant courtoise. Néanmoins, avec son ton autoritaire et menaçant habituel qui lui plaisant tant.
Toute cette histoire aurait pu s’arrêter là. Restant qu’une petite maladresse causant un carambolage de Shinobis. Mais Natsumi en décida autrement.
En plus de s’adresser au lieutenant comme à une bonne copine, elle osa lui agripper un bras pour la stopper dans son départ. Vous pensiez que c’était fini ? Oh que non. Elle exigeait maintenant remboursement de sa pâtisserie qui s’était partiellement retrouvée sur le sol (le reste étant encore dans le dos de la jeune impériale). Déjà que les bornes avaient étaient largement dépassées, le pire restait encore à venir. La jeune Genin se mit à menacer l’autre jeune femme. Elle n’avait pas appréciait la façon dont cette dernière c’était adressé à son coéquipier. Dans une autre situation peut-être que Tengoku aurait pu être touché, impressionné. Mais là, ce n’était pas le cas. Seriez-vous impressionnez si vous voyez une mouche s’attaquer à un ours ? Non. La situation était bien similaire. Alors, avant que la prédatrice sorte sa tapette à mouche pour éradiquer tous les nuisibles du coin, Tengoku intervint, une fois de plus.
Il s’interposa entre les deux jeunes femmes puis pris la main de sa coéquipière qui tenait le bras du lieutenant pour lui faire lâcher sa prise. Il s’adressa à la gradée en restant devant Natsumi, la gardant bien derrière lui.
« Lieutenant, je vous prie, encore une fois, d’excuser le comportement de mon amie. Elle ne doit pas être dans son assiette aujourd’hui. »
Il termina sa phrase en regardant Natsumi par-dessus son épaule avec un regard lourd de sens. Cette fois, il avait réellement peur de la réaction que la jeune femme aux yeux rouge pourrait avoir alors, il resta devant Natsumi. Pour qu’elle ne puisse pas s’en prendre à elle. En tous cas, pas avant de s’en être pris à lui…
Le jeune survolté, quant à lui, qui avait des envies de combats semblait contrarié après que Tengoku lui ait coupé l’herbe sous les pieds. Il semblait même déçu de devoir affronter le rouquin plutôt que son Sensei ou le lieutenant. Etait–il vraiment fort ? Etait-il fou ? Sous-estimais t’il Tengoku ? Pour l’heure, rien ne permettait de répondre à ces questions. Il ne préféra pas relever le tout à voix haute pour le moment et remercia simplement le jeune garçon.
« Je te remercie, une fois qu’on aura ramené les livres chez moi on pourra convenir d’une date et d’un lieu pour ce combat d’entrainement, que tu souhaites tant. »
Il s’adressa de nouveau à sa coéquipière, pour détourner le plus possible son attention afin d’éviter toutes autre réaction inapproprié envers le lieutenant.
« Tu pourrais m’aider aussi à apporter les livres chez moi s’il te plaît, Natsu ? »
Toute idée de combat contre la Chôkoku fut abandonner et Tengoku en fut sastisfait. Cependant, Nakamura Syoto prenait très au sérieux cette histoire de combat et surtout cette histoire de pari. Le jeune homme fut très déçu par le comportement de son aîné, que cherchait-il au juste ? Cette idée avait juste était là pour éviter tout affrontement avec le lieutenant. Pensait-il que c’était de la lâcheté ? Pour Tengoku, c’était surtout du bon raisonnement. Il aurait été irresponsable d’organiser un tel évènement clandestin surtout devant des témoins, qui pourrait mal tourner. Ne trouvaient-ils pas, tous, que les relations avec le pays du Feu étaient déjà assez compliquées comme ça ?
« Sensei, la seule motivation qui m’anime ici est celle d’éviter tout débordement entre Kumo et le Teikoku. Alors s’il faut se battre pour ça, je le ferais, car c’est nécessaire et non pas car j’en ai envie. Ça aurait dû être votre rôle en tant qu’aîné de calmer la situation plutôt que de jeter de l’huile sur le feu. »
Il laissa un temps afin de bien organiser ses pensées avant de continuer.
« Concernant le pari, nous ne sommes pas dans les endroits que vous avez l’habitude de fréquenter le soir… Alors si vous voulez parier, faites. Mais sortez-moi de vos combines s’il vous plaît. De plus, un pari n’engage que celui qui le fait. C’est au parieur de gagner ou de perdre quelque chose en fonction du résultat et non au combattant. Je n’ai rien à gagner à miser un mois de servitude, c’est ridicule et très immature, je trouve. »
Il jaugea son aîné blond quelques instants avant de terminer avec : « Ce n’est que mon avis, avec tout le respect que je vous dois… »
Il aurait pu rajouter qu’il trouvait que son Sensei avait un comportement irresponsable pour son grade, surtout envers ses subordonnés et face à son homologue Teikokujin. Mais il semblait qu’il voulait lui aussi maintenant calmer la situation car il alla raisonner Natsumi et invita le lieutenant à partir avec lui. Etait-ce une prise de conscience soudaine de la situation ou alors avait-il quelque chose derrière la tête ? Pour le moment, Tengoku était loin de faire confiance à son Sensei, c’était quelqu’un de qui il fallait se méfier, selon lui.
Cette légère pression sur son bras l’arrêta immédiatement. Tomoe qui avait pourtant pris soin d’être assez claire, et qui avait volontairement ignoré la question de l’adolescente précédente de cette dernière. Mais elle était apparemment plus coriace que les autres. Qui plus est, pour une simple pâtisserie. La Chôkoku n’en avait pas fait tant de scandale pour ses mochis ! Alors d’un soupire, les pupilles comme possédée par un brasier assassin, brûlant d’agacement, menaçant de la soumettre à une vive immolation, la Teikokujine se retourna lentement, lui adressant dès lors ce regard pouvant être vu terrifiant. Le baratin qui suivit était d’un ennui mortel. Croyait-elle ardemment que Tomoe lui rembourserait le moindre ryô ? Sans un mot, elle arracha son bras de l’emprise que la Kumojine avait sur elle, commençant déjà à élever son autre main pour aller saisir le pauvre visage qui, tantôt, se voulait faussement mignonnet. Mais l’intervention du rouquin mit immédiatement fin à l’entreprise de la jeune femme. Il n’y en avait donc pas un pour rattraper l’autre. Rabaissant alors son bras pour le laisser retomber le long de son corps, ce fut donc Tengoku qui dût subir, à son tour, le regard méprisant de la lieutenante. Pas dans son assiette ? De mieux en mieux. C’était presque hilarant pour la jeune femme d’entendre pareille sornettes. Et pour quelle raison ? Parce qu’il semblait craindre quelconque réprimande à l’égard de sa partenaire.
Le genin fut bien vite rejoint par le parieur compulsif, assurément maître des deux jeunes shinobis. Mais à les écouter, bien que partielle parce que la Chôkoku était déjà bien las de toute cette discussion qui n’avait pas lieu d’être, elle sembla changer d’expression, s’amusant presque de leurs mots. Elle lança d’abord un regard à Ikari, quelque peu intriguée par sa soif de combat, mais ne lui adressa qu’un simple hochement de tête comme pour attester qu’elle retiendrait son nom. Puis elle revint vers la petite mais fine équipe -de bras cassés selon elle.
Il était tout bonnement amusant pour la lieutenante, qui avait eu à charge des soldats, de témoigner des leçons donnés de Tengoku à son Sensei. Il n’était pas aussi idiot, apparemment. C’était déjà ça. Il était dans le vrai, la situation actuelle du territoire des nuages était des plus tendue, et c’était bien la seule “motivation” qui empêchait Tomoe de réduire en charpie cette gamine effrontée. Elle n’aurait eu aucun scrupule, en d’autres lieux, en d’autres circonstances. Mais revenir en ces lieux pour finalement y causer davantage de dégâts n’était sûrement pas le but de sa présence. On l’avait demandé pour autre chose assurément, mais certainement pas pour remettre quelques individus à leur juste place.
L’Explosive avait les muscles un peu plus détendus que quelques secondes auparavant. Contrôlant ses pulsions pour ne pas aller arracher quelques-unes de ses jolies dents blanches à cette… Natsumi ? Les suggestions, ou plutôt propositions du borgne ôtèrent à la brunette un haussement de sourcils plus que significatif. C’était qui ce clampin ? Aller boire un verre ? Il n’avait donc rien de mieux à faire visiblement. Alors elle soupira longuement, laissant chacun d’eux dans leurs arguments, sans leur donner réponse, et se contenta de tourner une nouvelle fois les talons pour rejoindre le blondin. « C’est amusant la manière que tu as de prétendre tout savoir, N’a-qu’un-oeil. » Commença-t-elle sur un ton ampli de dédain. « J’ai d’autres choses à faire, alors va boire un verre tout seul. Je n’ai pas besoin d’attendre quoique ce soit de toi, Kumojin. » Elle s’arrêta un instant, dépassant alors d’un pas le Chûnin pour enfin faire volte-face et regarder fixement Natsumi d’un regard redevenu menaçant. « Ce sont donc tes méthodes ? Protéger tes élèves de leurs erreurs. De leurs responsabilités. Pathétique, il ne grandiront donc jamais. C’est bien dommage pour Tengoku. » Ne lançant qu’à peine un coup d’oeil à ce fameux Sensei, Tomoe reprit alors son chemin lentement dans l’autre direction. Pas à pas pour se sortir de ce piteux spectacle. Elle voulait fermer le rideau. « Enfin, ta manière de faire ne regarde que toi. Et je dirais même que je n’en ai rien à cirer. Je vais même de ce pas retourner à mes occupations, dans l’espoir que cette fois vous saurez retenir cette gosse. » L’Explosive avança un peu plus, leur tournant totalement le dos pour commencer à se fondre dans la masse qui observait la scène. Mais elle reprit bien plus fort, comme une énième provocation, une dernière suggestion. « Et si cette gamine a si faim, elle n’a qu’à lécher le sol pour récupérer ce qu’il reste de sa pâtisserie. » Un léger sourire sournois se dessinait sur son visage tandis qu’aucun d’eux n’aurait pu le déceler.
Les habitants et autres spectateurs laissèrent passer la lieutenante qui était maintenant bel et bien partie pour aller, d’abord se changer, et ensuite retrouver une occupation bien loin de ces quelques joutes verbales Ô combien agaçantes.
Impérialement explosive. Diplomatiquement vôtre. À la limite du surréalisme, la scène se déroulant sous mes yeux aurait pu être le point culminant de ma (trop) courte existence si ce n’avait été des spectateurs, foule impressionnante ici rassemblée tel un joyeux troupeau d'alpagas curieux – mais sur leurs gardes, et de la vivacité d’esprit de mon preux chevalier de Tengoku. Ce dernier s’était précipité à mon secours (oh, mon héros !), sauvant sa belle des griffes de la dégénérée, bien conscient du danger imminent que posait la frustration d’une prédatrice en son genre. Il la connaissait déjà, après tout, non? La lieutenante aurait sans doute cédé à de violentes pulsions meurtrières, à en juger par son regard menaçant et le mouvement de bras qu’elle avait entamé en ma direction, sans la présence de ce bouclier que formait le corps de mon coéquipier. Quelle chance de l’avoir à mes côtés, suite à ma fatale maladresse. Une fois de plus, il couvrait mes arrières... ou, plutôt, mes devants. Mon regard, à la fois paniqué et reconnaissant, fit des va-et-vient constants entre la colérique teikokujine et le jeune panda, qui usait d’une grande diplomatie pour mettre un terme à cette situation qui, sous forte tension, risquait d’un moment à l’autre de dégénéré en un bain de sang – mon sang. Quel héros, cet Hercule, et quelle force d’esprit (ou inconscience?) pour agir ainsi à mon endroit ! Un charmant rouquin, oh oui ! Il me faudra trouver un moyen de le remercier, éventuellement.
La lieutenante détourna alors lentement son attention tout en s’approchant de Syoto, notre sensei, qui venait de poser sur moi une main rassurante (?), ponctué d’un sourire qui, je le sentais, ne présageait rien de bon pour moi, malgré son apparence sympathique. Prête à réagir je-ne-savais-comment encore, l’impériale lui fit la morale quant à ses méthodes d’enseignement, purement et simplement, comme on l’aurait fait à un gamin venant de réaliser son énième mauvais coup. Oh, le vilain garçon ! Elle nous quitta ensuite, écœurée par de pareils enfantillages inutiles, me jetant au passage un dernier regard, glacial, une dernière phrase moqueuse, qui me paralysa sur place, accompagné d’un sentiment écrasant d’infériorité qui me cloua le bec aussitôt. Je ne dis mot ensuite, les yeux au sol, sous le choc de ce que j’avais commis, un manque de respect flagrant à l’égard d’une supérieure hiérarchique de l’Empire. Si je n’avais point goûter réprimande de la part de la femme tatouée, je le savais, oh que oui, que le Nakamura ne manquerait pas l’occasion de m’apprendre une leçon de plus. Et le goût en serait probablement amer. Beurk ! Je répondis finalement, le visage blêmi par la terreur, à l’invitation de Tengo, de lui venir en aide avec sa trop importante gourmandise littéraire du jour. Apporter des livres chez lui ? Bien sûr, que je le voulais !
« Pa... Pardon Tengoku... j’aurais pu tous nous mettre en danger... » m’excusai-je, regrettant ma témérité - ou folie? - soudaine. Je savais que j’avais fait courir un risque immense, non seulement à moi-même, mais à mon sensei et mon coéquipier. Un acte peu digne d’une kunoichi de Kumo, d’une shinobi tout court. « Je... je veux bien t’aider à ramener les livres chez... chez toi. Si tu acceptes tou-toujours. Me-merci de m’avoir défendu... »
Je me retournai vers le blondinet chûnin, la mine basse, déçue de mes agissements, mais avec la volonté de répondre aux conséquences de mes actes. Après tout, je paraissais pour l’idiote, dans cette situation. Rien de nouveau, vous allez me dire, n’est-ce pas? Je vous vois venir, n’oubliez pas. Je pris parole, pas fière du tout, ça non :
« Pa... pardonnez-moi Syoto-sensei. Je... je sais que j’ai mal agi. J’accepterai la réprimande, quelle qu'elle soit. J’ai... J’ai été stupide. »
Et la pile électrique, Ikari, là-dedans ? Je n’y portai point attention. J’en avais déjà assez sur les épaules comme ça. Bon.
Et ne voilà-t-il pas que, lorsque tout semblait indiquer que la tempête dans laquelle je nous avais embarqué était sur le point de s'estomper, Natsumi reprit les hostilités de plus belle. Outrée et profondément déçue par la perte de son éclair au chocolat, celle-ci oublia toute commune mesure à l'égard de la lieutenante et s'en prit presque à elle physiquement, lui attrapant le bras pour l'empêcher de vaquer à des occupations autrement plus importantes. Cela ne vous rappelait-il pas quelqu'un ? Moi, si. J'eus un large sourire lorsque je vis le geste de la demoiselle, et j'étais prêt à tout moment à ce qu'une bataille éclate. On s'amuserait bien, et on apprendrait à faire d'avantage connaissance, j'en étais sûr. Mais il semblait que mes compères de sexe masculin n'étaient pas réellement en accord avec mes pensées. Et rapidement, une fois de plus, ils calmèrent le jeu. Le senseï de Tengoku et Natsumi ne tarda pas à s'approprier la charge qui pesait sur les épaules de la maladroite comme sienne, voulant défaire cette dernière de toute responsabilité. C'en était presque mignon, et réprimant mon envie de combattre, je souris à ce geste.
Toutefois, sa proposition de pari et de combat était nul. J'étais tout à fait d'accord pour m'entraîner avec ce Tengoku, bien que j'ignorais totalement ce dont il était capable, mais je ne voulais pas servir d'esclave -ni d'avoir d'esclave-, ce qui rendait les termes de son pari caduque. Et le rouquin à la chevelure en pagaille était visiblement d'accord avec moi -surement pour la première fois de la soirée. Il accepta mon offre, et après s'être lui aussi excusé du comportement d'une Natsumi toute gênée, projeta de se retirer à sa maison avec les livres que je devais l'aider à transporter. Je me décidai tout de même à donner mon nom à la guerrière du feu, et cette dernière, après ce qui semblait être une brève hésitation, acquiesça. Cela voulait-il dire qu'elle acceptait de combattre avec moi un jour ? Un nouveau sourire, plus enfantin cette fois, fleurit sur mon visage tandis que Tengoku faisait presque la morale à son senseï.
Quant au senseï Syoto, le blondinet avec un cache-oeil, la proposition douteuse qu'il fit à la Lieutenante pour aller boire un verre fut immédiatement et sans le moindre tact refuser. Ce village était décidément bien drôle. Je fis aussi mine de ne pas comprendre les paroles de l'Explosive vis-à-vis de Natsumi car ces dernières n'étaient pas des plus gentilles. Mais la demoiselle ne sembla pas s'en accommoder, et se confondit plutôt en excuse pour avoir "mis en danger" tout le monde. Je haussai un sourcil en le penchant de côté avec une moue un peu pensive.
-J'pense pas qu'elle aurait fait quoi que ce soit. Elle nous a elle même réprimander sur les combats sur la place...j'pense pas qu'elle ait la mémoire courte !
Mais je ne la connaissais pas. Et je ne pouvais parler en son honneur. Puis alors que Natsumi ne pouvait s'arrêter de se confondre en excuse pour tout, je ramassai quelques livres qui, empilés dans mes bras, faisaient facilement ma taille. Et me tournant vers le trio, je dis de manière enjouée.
Qui aurait cru qu’une rencontre improvisée avec ces individus aussi décalés l’uns que les autres, plairait fortement au Nakamura ? Eh bien personne. L’offre émise précédemment par ses soins fût rejetée sans véritablement de surprise, il s’attendait à une réponse négative et cela ne l’empêcha pas d’en faire la demande. Par ailleurs, le flavescent appréciait la cruauté verbale employée par son homologue du pays du feu, trouvant cette attitude plus qu’intéressante. En effet, sa curiosité fût attisée par cette femme appartenant au Teikoku, parce qu’en apparence elle avait bien plus de points communs avec le gradé au service de Kumo, qu’avec ses propres collègues impériaux. L’androgyne resta silencieux et afficha un large sourire, qui en disait long sur son état mental. Une personne dite normale aurait été vexée à la suite de ces propos, Syoto lui ne broncha pas, cette absence de réponse laissait penser qu’il avait quelque chose à l’esprit. Mais quoi donc ? Difficile à dire pour le moment… En tout cas, il garda en mémoire le visage de cette Lieutenante et espérait recroiser tôt ou tard sa route.
Ecouter les leçons de morales prodiguées par son propre disciple à son égard ne le touchaient absolument pas. De plus, celui-ci semblait prendre au sérieux le pari énoncé un peu plus tôt, ou du moins trouvait cette idée complètement stupide. C’était bien le cas. En réalité, le borgne ne se préoccupait pas de ce défi inutile, observer les capacités intrinsèques des deux Genins était son véritable dessein. Rien de mieux que d’être aux premières loges, afin de connaitre aussi bien les points forts que les faiblesses des deux futurs combattants, sans éveiller le moindre soupçon. Par son discours assuré presque à la limite de l’insubordination, Tengoku venait de creuser sa propre tombe, en était-il conscient de cela ? L’ambré réservait toute la malice qui était sienne pour faire baver son élève irrespectueux, valait mieux pour lui qu’il s’y connaisse dans l’art des sceaux, si ce n’était pas le cas il était voué à être défait de manière humiliante. Vaincre ses adversaires n’était pas la priorité du Nakamura, qui préférait largement jouer avec les nerfs de ses opposants, Natsumi pouvait en témoigner.
Concernant cette jeune demoiselle, son changement de comportement lui sauta aux yeux puisqu’elle était prête à accepter les conséquences de ses actes. Ce revirement de situation était beaucoup trop facile selon lui, et en bon tortionnaire il n’infligerait pas la sentence de suite, la laissant croire qu’elle y échapperait. Il n’y avait rien de pire que pour une personne en perte de confiance que d’attendre le verdict final. La sanction pouvait aussi bien tomber le jour-même, mais également des jours plus tard voire même des semaines après. Les choses arrivaient à point à ceux qui savaient attendre, Syoto faisait parti de cette catégorie de personnes qui prenaient sur elle. Il posa son regard chaleureux sur la Kunoichi pour de nouveau la rassurer et décida enfin de sortir du silence.
« N’aies craintes… Tu as su reconnaître tes torts et c’est le plus important. » dit-il avec sagesse à son disciple. Celle-ci et elle seule pouvait admirer la lueur qui brillait dans le regard de l’instructeur, cela ne présageait rien de positif pour elle puisque de nombreuses idées de châtiments traversaient son esprit. Cette lueur disparut aussi rapidement qu’elle apparut, c’est-à-dire en quelques secondes.
Le dernier Kumojin répondant au nom d’Ikari suscitait sa curiosité. Était-il comme il le prétendait, un garçon ne souhaitant se confronter qu’aux personnes lui étant nettement supérieur ? Ou avait-il quelque chose derrière la tête en agissant ainsi ? Il était difficile pour le blondinet de sonder les réelles intentions de ce jeune homme. Intérieurement, il espérait qu’Ikari ne se brûlerait pas les ailes avant de lui avoir dévoiler ses motivations, mais pour l’heure, l’enseignant avait des choses plus importantes à faire. Il s’était délecté de cet agréablement moment passé avec eux, à présent il était temps de partir.
« Soyez sages. »
Sur ces simples mots, Syoto quitta le petit groupe et sur des pas nonchalants il se mit en route vers une direction qui était à l’opposée de celle de la tatouée.
_________________
« La faiblesse oblige la force, comme la trahison engendre le sang...»
Alors que Tengoku tentait d’aller le plus vite possible pour s’interposer entre Natsumi et la lieutenante, il put constater à travers la réaction qu’avait cette dernière qu’il avait raison d’intervenir. En effet, son expression changea immédiatement et elle commença à lever la main vers Natsumi. Qu’aurait-elle fait s’il n’avait pas été là ? Se demandait légitimement Tengoku. En tous cas, cette dernière stoppa son geste quand elle vit Tengoku se placer devant se coéquipière. Après les explications du jeune garçon la lieutenante semblait déçue et lui lança des lasers avec son regard de feu et de sang. Tengoku s’en voudrait plus tard d’avoir déçu la gradéa mais à ce moment il se préoccupait plus de la sécurité de son amie. Il lui en voudrait aussi, peut-être. Tengoku trouvait tout de même que le sang-froid dont faisait preuve l’Explosive montrait qu’elle ne méritait peut-être plus ce surnom. Au final, aucune vague n’aurait lieu en plein cœur de Kumo.
L’attention de la jeune femme revenant sur Syoto elle en oublia complètement le jeune duo tellement que la proposition devait lui sembler étonnante. Elle n’était plus énervée mais semblait lasse de cette situation et n’avait qu’une envie : s’éloigner d’ici. Elle ne manqua pas de provoquer Natsumi en partant avec une phrase sanglante. Cependant, Natsumi était bien fautive sur le coup et elle pouvait s’estimer heureuse que ça se finisse ainsi alors Tengoku ne releva pas.
Natsumi en profita pour s’excuser auprès de lui, elle semblait enfin prendre conscience de ses actes et son regard semblait terrifié. Comme si elle venait d’imaginer ce qu’aurait la femme aux yeux rouges si Tengoku n’avait pas été là pour l’en dissuader.
« Ne t’inquiète pas, la tempête est passée. Que ça te serve de leçon et penses à faire attention à l’avenir. » Lui dit-il avec bienveillance.
Ce serait inutile de la réprimander plus que de raison, elle comprendrait ses erreurs par elle-même, le jeune garçon n’en doutait pas. Ou plutôt, il l’espérait.
« Bien sûr je veux bien que tu m’aides à rapporter les livres » Lui répondit-il en lui mettant quelques livres dans les bras.
Ikari sembla revenir à la raison et arrêta toute tentative de provocation envers la lieutenante. Il avait dû comprendre que la situation dégénèrerait aussi. Il remarqua également que la Chôkoku ne ferait rien en ces lieux à cause du contexte actuel entre les deux factions. Il accepta gentiment de l’accompagner chez lui pour l’aider à ramener les livres dont il ramassa une partie. Tengoku prit le reste. A trois, la quantité de livres à porter par personne était bien plus raisonnable et aucun autre accident ne devrait se produire, en théorie. Il s’assura tout de même que Natsumi en ait un peu moins pour éviter qu’elle ne tombe à cause de son handicap.
«Ça va aller, Natsumi ? »
A côté de cela leur Sensei qui venait de se faire envoyer promener semblait en avoir cure. Il changea complétement de ton avec Natsumi et lui assura que tout irait bien. Cet individu semblait toujours cacher quelque chose, changeant d’humeur et de comportement comme de chemise. Il fallait s’en méfier certes mais Tengoku avait du mal à le cerner. Qu’avait-il voulu faire en ce jour, au juste ?
« Allez, on y va. Suivez-moi. »
Ainsi les trois genins partirent en direction de l’appartement de Tengoku.
HRP:
C'est finit pour moi ici, merci à tous on aura bien rigolé :).