Cela faisait à peine quelques semaines que je traînais à Kumo, mais cela m’avait suffi pour que j’entende parler d’une petite communauté assez impressionnante d’assimilateurs, comme moi. Un parmi tous ressortait un peu du lot à mes yeux : Rokkaku Goro. Un assimilateur de feu, tout comme moi, il maîtrisait cet art qu’était les flammes. J’avais des questions et des choses à apprendre de lui, j’en étais sûr. Notamment, est-ce que tous les assimilateurs katon étaient pyromane ? Ce trait n’était vraiment pas fort chez moi, mais je l’avais déjà ressenti par le passé.
Notamment cette fameuse soirée. Celle de mon départ du domicile parental. Une vision m’était apparue, celle des dégâts que je pouvais réaliser si j’assouvissais mes pulsions. C’était certainement un mal pour un bien. Je n’aurais peut-être pas pu rejoindre Kumo si je m’étais laissé emporter.
Revenons-en à Monsieur Rokkaku. Plus âgé que moi, j’étais persuadé d’avoir beaucoup à apprendre de lui. C’était pour cette raison que j’avais décidé d’attendre un peu plus longtemps à un point névralgique du centre-ville afin de voir passer notre homme, mais rien. Malgré les heures d’attentes, aucune nouvelle de Goro. Je changeais donc de stratégie.
« Eh. Tu peux filer ça à Rokkaku Goro quand il passe s’il te plait ? » Lançais-je à la personne qui se tenait à l’accueil du bâtiment ou les missions étaient distribuées.
Bah quoi ? J’avais dit s’il te plait en plus. Même s’il est vrai que comme à mon habitude, je n’avais pas été très fin. Dans tous les cas, l’homme avait pris mon papier et m’avait fait comprendre que c’était ok, même si son langage corporel plus général voulait dire « va crever ».
Soit, le message donnait rendez-vous à Goro demain en milieu de matinée pour un entraînement.
Le lendemain Cela faisait maintenant quelques minutes que j’étais arrivés sur place. Un très léger crachin se faisait une petite place sur Kumo, mais à la vue du vent et du peu de nuage qui s’annonçait, la journée allait être belle. Il ne me restait plus qu’à attendre maintenant, voir si Goro avait eu mon message et s’il daignait se déplacer vers moi.
La jeune génération avait ce petit quelque chose, ce brin d'insolence et d'insouciance qui défiait l'ordre des choses, les poussant vers l'avant perpétuellement. Ils ne s’embarrassaient pas d'autant de politesse et de notion de respect que leurs aînés, faisant en sorte d'atteindre leurs objectifs, cherchant l'évolution et le savoir. Là où un vieux shinobi y réfléchirait à deux fois avant de faire parvenir une convocation à un camarade ninja plus âgé que lui, le jeune lui n'hésitait pas un seul instant. Et il fallait voir de quelle manière il s'y prenait. Alors que Goro s'était rendu au bureau des missions afin de jeter un œil à celles disponibles, sa curiosité avait été piqué à vif lorsque l'homme à l'accueil lui avait transmis un papier lui étant adressé. Quelqu'un disait-il, un gars avec une sale cicatrice sur la tronche et une tignasse blonde, lui aurait demandé de lui remettre ce bout de papelard lorsque l'incendiaire se présenterait ici. Curieux qu'un type , dont il ne connaissait rien d'après la description physique qu'on lui avait faite de l'énergumène, lui veuille quelque chose de spécifique.
Le message lui donnait un lieu de rendez-vous, une horaire et un emplacement. Ainsi qu'un nom, Urasawa Junpei. « Vous le connaissez ? » Avait-il simplement demandé au type à l'accueil avant de s'en aller, l'autre lui ayant répondu à la négative. S'il n'était pas connu, il n'était pas gradé. Ou alors, l'autre à qui il avait posé la question était un abruti incompétent. On ne semblait pas lui laisser le choix dans cette lettre, ni même y avoir mis beaucoup de forme pour l'inciter à accepter de faire le déplacement. Ce qui n'allait pas empêcher le colosse de se pointer sur les lieux comme espéré par le commanditaire. Ne serait-ce simplement que pour mettre un visage sur ce nom, ainsi que de découvrir pourquoi lui spécifiquement avait été choisi. Au lendemain, il se présenta à l'endroit convenu sous une légère pluie qui n'aidait pas à son humeur, légèrement irrité par le mauvais temps. Il n'aimait naturellement pas ce qui s'approchait à l'élémentaire opposé au sien, à celui de son pouvoir. La pluie tout particulièrement. Ce qui ne l'empêchait pas de prendre un bon bain évidemment, mais il veillait toujours à ce que la température soit particulièrement élevée. Sur les lieux, un petite terrain dégagé de toute habitation ou autre bâtisse gênante, se tenait déjà face à lui un homme. Ou du moins, un demi-homme. Petit non pas par la taille, mais par l'âge. Il devait à peine côtoyer la vingtaine.
« Urasawa Junpei, je présume ? Rokkaku Goro, l'homme que tu as fais venir comme un Kage convoquerait un de ces éléments. J'espère que tu as une bonne raison à cela, garçon. » Bras croisés, le visage fermé, passablement agacé de constater à qui il avait affaire, il le darda d'un regard noir. Il n'était pas du genre dédaigneux, mais avait horreur de perdre son temps. Plus encore lorsqu'il s'agissait d'un lapin de quelques semaines qui venait jouer les durs avec lui. Ce monde n'était déjà pas très intéressant à ses yeux, il n'avait pas en plus besoin qu'on le fasse courir pour des gamineries. Pour autant, ce n'était pas un singe et il ne ferait pas appel à la violence sans même avoir pris connaissance de ce qu'on lui voulait. Un peu de civilités ne faisaient pas de mal. Si en revanche il s'avérait que tout ceci n'était qu'une vaste blague, alors l'ambiance grimperait en température à n'en pas douter. C'était aussi ça, être un trentenaire aux portes de la quarantaine. Il n'était certes qu'un ninja de bas rang, mais il avait de la bouteille et pouvait éduquer la mauvaise graine afin qu'elle pousse correctement. Et s'il fallait faire brûler la mauvaise herbe alors soit...
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Dernière édition par Rokkaku Goro le Ven 10 Juil 2020 - 23:31, édité 2 fois
Cela ne faisait pas bien longtemps que j’attendais Goro, posé sur mon rocher quelque peu mouillé par la fine pluie qui était apparue à Kumo. Je m’amusais avec mes doigts afin de faire passer le temps, essayant de lancer des petits projectiles de feu à partir de ceux-ci. Je n’avais même pas eu le temps de m’ennuyer, que j’entendais mon nom venant de derrière. Il était venu ! Je me retournais aussi vite que possible et mon esprit partait dans tous les sens. Ouah il est énorme. Il en impose ! C’est un pyromane ?
« Oiu… Oui c’est moi. J’ai une bonne raison ouais ! »
J’avais envie d’en apprendre plus sur moi et une seule question me brûlait les lèvres, mais l’incandescent n’avait pas l’air d’être là pour rigoler. Il avait même plutôt l’air agacé. Je me ressaisissais rapidement. Je ne pouvais me laisser submerger par mes émotions aussi facilement. Aussi rapidement que Goro était arrivé, j’avais laissé derrière moi l’insécurité maladive pour laisser la place au masque que je me créais. Craquant mes doigts entre eux, je grattais ma gorge avant de lui demander.
« J’vais pas y aller par quatre chemins… T’as pas apprécié ma convocation, mais tu es venu quand même. »
J’haussais les épaules en lui disant cela et oui je le tutoyais, après tout il le faisait lui aussi, non ? Et puis en plus, moi vousoyer quelqu’un ? Haha. Notre homme avait certainement une curiosité élevée.
« Alors. J’ai appris que vous étiez un assimilateur de feu. »
Je marquais une courte pause, tout en m’approchant du Rokkaku et concentrant mon chakra afin de créer à partir de mes mains deux traits de feu que je faisais tournoyer autour de lui.
« Comme tu le vois, moi aussi. » Finalement, j’y allais peut-être par quatre chemins. « T’es bien plus puissant que moi. Enseigne-moi, je veux devenir meilleur. »
Il ne quittait plus du regard l'énorme cicatrice qui barrait la tronche de l'énergumène sous son nez, ce n'était vraiment pas beau à voir, qu'importe la hauteur à laquelle on la regardait. Il se demanda ce que le gamin avait bien pu endurer pour se retrouver ainsi marqué à vie. Une telle marque sur la fiole suffisait à vous attirer les regards et les commentaires des autres, ceux ne manquant pas une occasion pour parler sur votre dos. A la longue, si on ne se montrait pas suffisamment fort psychologiquement, on en développait des troubles, des craintes, des angoisses. Goro ne ferait aucune remarque à ce sujet, cela n'avait jamais été dans son genre de s'attaquer gratuitement au physique de quelqu'un. S'il prenait la parole pour remettre quelqu'un à sa place, il y avait généralement une bonne raison. Ici, ils n'était pas là pour ça. La raison réelle étant bien plus intéressante à ses yeux.
« Un Assimilateur Katon, je vois. » Il observa du coin de l’œil le feu s'agitant autour de lui, pas le moins du monde effrayé. Que pouvait-il bien craindre de son élément naturel ? Cela faisait bien longtemps qu'il ne ressentait plus aucun négatif face au feu, que sa chaleur était devenue inoffensive sur sa peau. Bien longtemps qu'il ne lui faisait plus de mal, sa présence étant au contraire réconfortante aux yeux de Goro. Aussi, lorsqu'il avait pris conscience de qui était l'enfant devant lui, son attitude générale changea. Il devint moins crispé, ses traits semblant se radoucir, sa posture s'assouplir. « Tu es comme moi. Enfin, presque. » A quelques dizaines d'années près, et une psyché différente. Personne n'était la copie conforme d'un autre, c'était ce qui faisait que ce monde était si fascinant. En revanche, il existait des similitudes entres individus, des points communs, des aptitudes similaires, identiques.
« Tu veux devenir meilleur ? » Une chose tout à fait naturelle dans cette société à la recherche de puissance et de renommée. L'accomplissement social passait par une reconnaissance de son talent par ses pairs chez les êtres doués de chakra. Qui n'avait jamais rêvé de devenir une légende parmi les siens ? Qui ne souhaitait pas accroître son pouvoir et en exploiter la moindre parcelle pour en acquérir toute sa puissance ? Cette phase que traversait ce Junpei, il la connaissait bien. « Tu n'as pas de sensei pour t'entraîner ? Un maître à qui c'est réellement son rôle que de te transmettre son savoir et ses compétences. » Évidemment que ce ne serait pas pareil si ce dit sensei n'était pas un assimilateur, mais le colosse incendiaire n'était pas un homme très porté sur les rudiments de l'apprentissage. Surtout quand il s'agissait d'être celui qui enseignait. Lui qui s'était fait tout seul, sans l'aide de personne.
Il s'enflamma, le feu recouvrant la moitié supérieure de son corps, tandis qu'il restait bras croisés face au mutilé. « Je vais t'aider petit, mais je te promets rien. Je suis pas un enseignant moi, ni un formateur. » Il le fixa un instant, se demandant dans quelle connerie il était en train de se lancer cette fois. « Commence déjà par me faire voir ce dont t'es capable, ce que tu sais ou ce que tu sais pas faire. Ces flammes, jusqu'à quel point tu peux les contrôler ? » Avant de lui partager quoique ce soit de son talent, il devait savoir de où ils partaient. La petite démonstration de tout à l'heure ne suffirait évidemment pas.
Eh. J’avais piqué au vif la curiosité du géant avec ma petite démonstration. Finalement, on était tous pareils. Cette fameuse question me taraudait toujours l’esprit, revenant sans cesse. Je savais que j’allais lui poser, maladroitement, à un moment pas très opportun. Je voulais la réponse.
« Oui. C’est pour cette raison que je t’ai appelé toi et pas n’importe quel autre. »
Il rebondissait par la suite sur ma déclaration, celle disant que je voulais devenir meilleur… En vrai, pourquoi ? Moi-même je ne le savais pas. Trouver ma place ? Mais est-ce que je ne me voilais pas la face finalement ? Ne pas s’ouvrir, ne pas se confier.
« Oui. Je veux grimper les maîtriser mon pouvoir sur le bout des doigts. » Je marquais une très légère pause avant de reprendre. « Non je n’ai pas encore de senseï pour m’entraîner. Pourquoi je m’embêterais d’un incapable qui ne comprendrait pas comment fonctionne un assimilateur ? »
Enfin, mes paroles ne reflétaient pas vraiment mes pensées, j’allais devoir les expliquer.
« Je parle pour des apprentissages, un senseï c’est bien, pour les missions et autres. » Je marquais une légère pause avant de reprendre, oubliant que lui aussi n’était que genin. « Deviens mon senseï ! »
Quelques secondes après ça, Goro s’enflammait, dégageant une chaleur importante, mais pas dérangeante. Il acceptait de m’aider. Je serais les poings, content du dénouement de cette discussion. Je devais d’abord lui montrer de quoi j’étais capable.
« Eh bien, ça va être très court… Mes capacités sont vraiment… moindres. »
Je concentrais mon chakra afin de transformer tout mon corps en flamme, l’espace d’un instant. Je recommençais pour cette fois, transformer uniquement mon bras. Honteux d’avoir déjà fait le tour de mes capacités, j’évitais le regard de l’homme en face de moi.
« Voilà, c’est tout. En plus de ce que je vous ai déjà montré tout à l’heure. »
J’attendais maintenant, un conseil, une nouvelle technique ?
« Je vois. T’as bien fait dans ce cas, même si comme je te l’ai déjà dit, je te garantis rien. Si j’avais des compétences dans l’enseignement et l’apprentissage, ça se saurait. » Il ne voulait pas procurer de faux espoirs au jeune Assimilateur, qui semblait tout de même avoir tout placé dans cet échange. Vouloir partager ses compétences et parvenir à transmettre efficacement le moyen de le faire étaient deux choses différentes. Rien n’assurait au balafré qu’il parviendrait à utiliser les mêmes techniques que l’homme qu’il avait désigné pour être son sensei. « Ce serait mentir que d’affirmer que je connais chaque shinobi ce village, mais des comme nous, j’en ai pas croisé beaucoup. Je crois même que t’es le premier qui partage le même élément. » Il n’était pas très porté sur les échanges et les relations sociales, mais depuis son arrivée à Kumo, les Assimilateurs Katon ne s’étaient pas vraiment bousculé. De ce fait, il n’irait pas jusqu’à dire qu’il était le plus puissant d’entre eux, mais il devait être bien positionné.
« Je ne vais pas te contredire sur ce point, j’ai préféré développer mon pouvoir dans mon coin plutôt que de le confier à des mains ignorantes. » Nombreux étaient ceux qui courraient après un maître afin de devenir plus fort et parvenir à contrôler plus rapidement le pouvoir qui était le leur. Désireux de recevoir les enseignements d’une légende, d’une grosse tête, d’un génie dans son domaine, quitte à s’enfermer durant des années avec une personne qui ne leur convenait pas. Le pouvoir d’un Assimilateur était trop particulier pour qu’un type n’y connaissant rien puisse réellement l’exploiter. Mieux valait encore faire la route seule qu’accompagné de la mauvaise personne selon lui. Dans son cas, il n’avait de toute manière pas eu le choix, ayant passé de nombreuses années seul, errant de territoires en territoires. Ce qu’il possédait aujourd’hui, il l’avait façonné de ses propres mains et ne le devait à personne. En y réfléchissant bien, il doutait de vouloir changer cela. Même si on lui proposait, il avait passé l’âge d’avoir un maître.
La logique voulait qu’il transmette son savoir, plutôt que le contraire. Là encore, il rechignait à la tâche. Son passé lui avait forgé un esprit solitaire qu’il avait du mal à gommer, encore fallait-il pour cela qu’il le veuille vraiment. Ce petit serait sans doute une exception, il se voyait mal devenir du jour au lendemain l’entraîneur personnel de chaque nouvel Assimilateur qui foutait les pieds au village caché des nuages. « Je ne maîtrise pas mon pouvoir sur le bout des doigts et je ne sais pas si ce sera le cas un jour, mais je me démerde pas trop mal avec jusqu’ici. » Il avait bien deux ou trois techniques en tête à lui montrer, quelques petits trucs sympas pour le dépanner. De quoi allègrement foutre le feu à la zone durant un combat et s’amuser. Quelque chose lui disait que c’était son truc, tout cramer. Peut-être sa tronche. Il observa avec attention l’étendue des capacités de ce qui était devenu à l’instant son tout premier élève. Il ne cacha pas son amusement en constatant à quel point l’utilisation du mot “moindre” était adapté pour qualifier ce qu’il savait faire.
« Effectivement, c’est pas grand-chose. » Junpei, honteux, n’osait même plus croiser son regard. Il pouvait le comprendre, il en était qu’aux prémices de son apprentissage, il découvrait à peine son pouvoir. « Ce qui nous donne une marge de progression énorme, c’est un bon point. Tu peux que progresser, quoi qu'il arrive. » Sa manière à lui de dire que même s’il se révélait être un maître d’apprentissage en carton, le mioche pourrait en tirer quelques bénéfices. Il ne perdrait pas son temps, ni l’un ni l’autre. « Bon, on va commencer du coup. » Il avait déjà une petite idée de ce qu’il tenterait de lui faire apprendre. Tout simplement ce qui représentait à ses yeux l’une des techniques de base concernant leur capacité spéciale. « Frappe-moi et ne retiens pas ton coup. »